Message Le magazine du Sénateur Olivier PaccaudTerres d’Hist’OiseMAI 2023 - N°6L'Oise et ses personnagesSaint Louis, Corréus, Victor Hugo, Joseph Bonaparte, William Waddington, ...
Terres d’Hist’OiseLa collection
1SommaireDirecteur de la publication : Olivier Paccaud • Rédaction : Olivier Paccaud • Photos : Les Yeux des Oisiens • Mise en page : le Marin et l'AmiénoisEntre rosaces et gargouillesPour la P'tite Hist'OiseIls font l’Oise...Un Sénateur au service de l’Oise Virginie Douat Franck Pia Sandrine Connell David Lazaruset aussi Patrice Marchand, Guy Provost, Brigitte Lefebvre, Benoit Biberon.Olivier Paccaud : " Plus qu'un législateur, un sénateur doit être un ambassadeur et un protecteur de son territoire "et aussi les lavoirs, William Waddington, Louis-Napoléon Bonaparte, Jeanne Hachette.Pages 61 à 75Pages 3 à 29Pages 40 à 55Pages 30 à 37C'était l'Oise d'hier ...Pages 38,39Bon sang ne saurait mentir ! Corréus Joseph Bonaparte Saint Louis Victor HugoQuand les dynasties sont... municipales Pages 56 à 59
Olivier PACCAUDSénateur de l’OiseConseiller Départemental du canton de MouyNewsletter Citoysiennes, CitoysiensFacebook Olivier Paccaud« L’architecture est le grand livre de l’Humanité » (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris). Comme toujours, Victor Hugo a le verbe juste, la métaphore fertile et précise pour ciseler une vérité éternelle, la poétiser. Et si la diseuse de bonne aventure lit l’avenir dans les lignes de la main, un peuple peut, lui, exhumer son passé dans les rides centenaires de ses églises, de ses châteaux, ces bâtiments devenus monuments. Mais aussi de ses villes et villages, usines, mairies, écoles, routes, gares… cet héritage de briques et de pierres, de bois et d’ardoises, d’acier et de sable. Tout ce qui fait que l’homme d’aujourd’hui est redevable à la longue cohorte de ses aînés.Oui, le patrimoine, ce legs de nos anciens, est le plus beau des cadeaux, l’orande la plus inestimable. Et l’Oise d’hier fut une mère bien généreuse pour ses enfants du troisième millénaire.Désormais, comme le constatait à regret Stefan Zweig, les hommes ne construisent plus de cathédrales. Ils n’en ont ni le temps, ni l’envie. Leur foi s’est souvent évanouie, happée par une insatiable soif de consommation, de loisirs, de jouissance immédiate. On ne prend plus le temps. On court après pour ne jamais le rattraper, sans savourer l’instant présent. La vie de tant de nos contemporains n’est plus qu’un interminable marathon d’insatisfaction. Carpe diem ! Ayons donc la sagesse de cueillir les roses du jour sans toujours espérer demain une fragrance plus enivrante.Dans cette quête de sérénité et de philosophie, la lanterne de l’Histoire peut s’avérer précieuse et lumineuse. Car du haut du balcon des siècles, on voit souvent mieux et plus loin. Parce qu’elle se raconte, l’Histoire peut faire rêver. Mais aussi méditer, relativiser.Pour ce nouvel opus, Terres d’Hist’Oise a choisi de baguenauder sur les sentiers des vieilles pierres sacrées ; cathédrales, chapelles, églises mais aussi fresques, vitraux, statues, peintures, sculptures, retables ou même une grotte et des ruines.Entre rosaces et gargouilles, nous parcourerons près de 30 étapes à travers l’Oise, de Flavacourt à Morienval, de Chiry-Ourscamp à Tracy-le-Val, avec des escapades merveilleuses à Rhuis, Senantes, Fontaine-Chaâlis, Lieu Restauré…sans oublier les grandes Dames de Noyon, Senlis et Beauvais.Mais l’Histoire, ce sont aussi des personnages aux mille aventures. Sous le sceau de la tragédie ou de l’apothéose, ils ont fait vibrer tout un peuple hier et nous fascinent encore aujourd’hui. Ils s’appellent Victor Hugo, Corréus, Saint Louis, Joseph Bonaparte, William Waddington, Jeanne Hachette… Ils nous ont laissé des œuvres, des mythes, des talismans, édifiant chacun un mur, un arc-boutant, une croisée d’ogives dans la merveilleuse basilique qu’est l’Oise.Bonne lecture, bon voyage et beaux rêves ...Du haut du balcon des siècles ...YoutubeOlivier PaccaudIci l'Oise" Ayons la sagesse de cueillir les roses du jour "
BeauvaisSenlisNoyonFontaine-ChaalisSaint-SulpiceSaint-Germer-de-FlyCompiègneSaint-Leu-d'EsserentSaint-Martin-aux-BoisBrasseuseCatillon-FumechonFlavacourtJonquièresMontjavoultPonchonRhuisTrois-EtotsSenantesTracy-le-ValBerthecourtBorestMorienval Chiry-OurscampSur les chemins de l'Oise sacréeBonneuil-en-Valois ( Lieu Restauré )DaméraucourtLe HamelVitrailRosaceEgliseCathédrale
Entre rosaces et gargouillesAvec près de mille églises et chapelles, trois cathédrales, q u e l q u e s a b b a y e s e t d’innombrables calvaires, l’Oise est une vieille terre chrétienne o ù l a f o i d e n o s a n c ê t r e s a profondément imprimé sa marque. Dans la pierre, les paysages, l’horizon. Du haut de ses clochers, ères oriammes de roche, plusieurs siècles, parfois presque un millénaire, nous contemplent et nous guident, points cardinaux d’une géographie spirituelle oubliée. Là pour nous rappeler d’où nous venons.Tout aussi christianisée est notre toponymie. D’Abbeville Saint Lucien à Vineuil Saint-Firmin, en musardant par Monceaux l’Abbaye, Hadancourt le Haut-Clocher, La Chapelle en Serval, Pont-l’Évêque ou le Mont Saint-Adrien, près de 80 communes du département doivent leur nom à un saint ou au vocabulaire religieux. Sans compter les lieux dits!Même après 250 ans de déchristianisation, l’avènement de l’ère de la consommation et des loisirs, ou encore la laïcisation de notre société, la croix, le Christ, ses apôtres et les évangélisateurs n’ont pas disparu. Ainsi notre calendrier, notre culture, nos fêtes, nos traditions, ce quotidien invisible, sont pétris de ce levain chrétien si ancien.Certes, la pratique catholique s’est fanée et la peau de chagrin des croyants remplit bien moins les nefs que jadis. Certes, beaucoup d’entre nous ne prêtent plus guère attention à ces sanctuaires souvent érodés par le venin du temps. Et pourtant… A la fois miroir et livre d’histoire, ces bibles de pierres à l’âme ancestrale inépuisable, véritables boussoles et lanternes minérales, rayonnent. Car une église, ce n’est pas seulement un bâtiment, un monument ayant traversé les âges. Une église, c’est d’abord une racine. Une de nos racines. Une part profonde de notre identité. Un des plus saisissants témoignages du génie de notre Humanité, de sa capacité à déer le temps, à oser sculpter des titans.Au cœur de ce Moyen-Âge mal aimé fut tissé ce blanc manteau d’églises, cette tunique empierrée qui nous réchaue, nous illumine et nous émerveille encore. Immuables et sereines, toisant nos cités, ces maisons de Dieu fascinent.Chacune est unique. Qu’elle soit romane, gothique, renaissance ou même plus rarement contemporaine. Parfois même un subtil alliage, une nef du XIIème siècle, un chœur du XIVème siècle et un chevet à la paternité nébuleuse, nés des méandres du temps, au gré des chantiers interrompus faute d’argent. Qu’elle soit dotée de fresques, statues, vitraux, retables, tableaux. Par le mystère de la croisée d’ogives, la magie des arc-boutants, la dentelle d’une rosace et le rictus de la gargouille, nos églises constituent un trésor patrimonial et historique parmi les plus admirables et admirés de France et d’Europe.Oui, nous ne construisons plus de cathédrales. Ni même d’églises. Nos aînés l’ont fait pour nous, généreux donateurs et bâtisseurs du patrimoine, cet eldorado partagé, oert aux plus humbles comme aux plus fortunés. Sachons donc savourer et préserver cette richesse touristique et spirituelle. Et partons âner du côté de cette Oise chrétienne et éternelle." Une église, c'est une de nos racines "
4 | 5Terres d’Hist’Oise N°6Entre rosaces et gargouillesFlavacourtL’ orchestre des angesAux portes de la Normandie, e n t r e V e x i n e t P a y s d e B r a y , F l a v a c o u r t e s t u n c h a r m a n t village de plus de 700 âmes dominé par un fier et imposant clocher de briques et de pierres, celui de l’église Saint-Clair.Si la nef et le chœur datent du XIIe siècle roman, et sont constitués de pierres de taille, moellons, calcaire et silex, le clocher, non pas construit au-dessus de la croisée ou du chœur, mais surplombant le bras Sud du transept, exprime, lui, un style gothique flamboyant typique du XVIe siècle. Coiffée d’un clocheton couvert d’ardoises, cette tour impressionnante présente deux niveaux, l’un carré, l’autre octogonal, ornés de pinacles et gargouilles, et surmontés d’une balustrade.Outre cette architecture remarquable, Saint-Clair de Flavacourt ne peut aussi qu’attirer les amateurs d’art et de beauté pour la richesse de sa décoration intérieure. Ses vitraux, tout d’abord, classiques ou modernes, étonnent par leur qualité, mais aussi leur objet. Notamment le « vitrail de la délivrance », posé après la seconde guerre mondiale, pour remercier la Vierge d’avoir épargné la commune d’éventuels massacres et exactions de l’occupant nazi.La baie présentant la vie de Saint-Clair, ses miracles et son martyr, aimante aussi le regard. Tout comme les différents autels majestueux, la statuaire fine et variée (un saint Jean-Baptiste du XVe siècle, un Saint-Roch, avec son chien, ou encore une Vierge Marie, à la grappe de raisins), ainsi que la somptueuse chaire à prêcher.Mais c’est surtout la charpente en carène de la sacristie, décorée d’anges m u s i c i e n s q u i v o u s s u b j u g u e r a . R e m o n t a n t probablement à la première moitié du XIVe siècle, peinte sur bois, cette voûte lambrissée est unique. Et magique. Car la symphonie d’angelots concertistes, tenant chacun un instrument différent, est une merveille, ainsi qu’une plongée dans l’histoire musicale, du luth au cornet, du psaltérion au tympanon, de la chalémie à la vièle, de la lyre à la guiterne. Une merveille, mais aussi un mystère. Pourquoi ces 36 séraphins, musiciens appliqués, sont-ils là ? L’énigme reste entière, tout comme la féerie. À voir absolument !" Du psaltérion au tympanon, les séraphins envoûtent "La vièle, ancêtre du violonLe cornet pouvait, plus ou moins alambiqué et serpentin, prendre multiples formes
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeSaint-Germer-de-Fly Double joyauEntre Beauvais et Rouen, au bord de la nationale 31, Saint-Germer de Fly est une petite bourgade tranquille d’un peu moins de 1800 habitants où l’on vit bien. Et où le promeneur découvrant l’Oise sera sidéré de trouver en plein centre de la commune, non pas un, mais deux édifices religieux aussi grandioses que splendides, sagement alignés.Cet ensemble monumental en bon état, unique dans l’Oise et rare en France, constitue le legs patrimonial d’une ancienne abbaye fondée en 630 par Saint-Germer. Détruite à deux reprises par les Normands, elle renaît de ses cendres et connaît une grande prospérité à partir du XIème siècle. Cette richesse permettra de financer en un peu plus d’un siècle d’abord la construction de l’abbatiale, entre 1135 et 1200 puis, aux alentours de 1260, de la chapelle, copie quasi conforme de la Sainte-chapelle édifiée par Saint Louis, à Paris, sur l'île éponyme.Alors que l’abbatiale longue de plus de 60 mètres et digne d’une cathédrale, entrelace les oripeaux du Roman finissant et l’audace de la dentelle gothique naissante, la chapelle de la vierge, à la finesse cristalline avec ses gigantesques murs de vitraux et sa rosace majestueuse, respecte admirablement tous les codes du Gothique le plus rayonnant.Admirable à l’extérieur, ce complexe religieux est fascinant à l’intérieur. Déambulatoire, travées, chapelle, colonnes et chapiteaux, croisées et clés de voûte, arcades et quadrilobes, tout est maîtrisé, orfèvrerie de pierre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les joyaux de Saint-Germer-de-Fly figuraient dans la première liste des monuments historiques classés dès 1840. Les beautés d’hier sont aussi souvent celles d’aujourd’hui.Une densité architecturale sans pareilleAu plus haut vers les cieux" Comme si Notre-Dame et la Sainte Chapelle s'embrassaient ... "
6 | 7Terres d’Hist’Oise N°6MorienvalTrois clochers pour un chef d’œuvreLe Valois est un territoire béni des dieux. Notamment d’Athéna, déesse de la sagesse qui veille sur la civilisation et l’architecture. Car dans cet espace boisé et vallonné à souhait, le long des vallées de l’Automne et de la Sainte-Marie, petites rivières au nom ouvrant la porte aux songes, se trouve un chapelet merveilleux de clochers. C’est d’ailleurs là, au cours du XIIème siècle que furent semées les premières graines de l’art gothique. Et Notre-Dame de Morienval fut pionnière dans cette transhumance de pierre du Roman au Gothique. De la voûte en berceau à la croisée d’ogive. Cas d’école pour tout étudiant en histoire de l’art et en architecture, l’abbatiale Notre-Dame de Morienval, vaisseau insubmersible surgi de la haute mer du Moyen-Âge, surprend et séduit ceux qui la découvrent. Ses trois clochers, voiles et vigies de roche, lui ont fait traverser l’océan des siècles, la désignant comme un bâtiment religieux unique, reconnu monument historique dès 1840, dans la première liste de ces joyaux patrimoniaux à préserver. Bâtie pour desservir une ancienne abbaye bénédictine de femmes fondée par le roi Charles le Chauve qui avait un palais à Morienval, cette impressionnante église est inattendue au cœur de ce petit bourg de mille âmes ancré dans un val verdoyant entre Compiègne et Crépy-en-Valois. Elle vaut plus que le détour ; un arrêt, une visite et des photos pour une plongée minérale dans la splendeur des premiers temps capétiens, sous les règnes de Philippe Auguste et Saint Louis." Notre-Dame de Morienval, pionnière dans la genèse gothique "
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeFontaine-ChaâlisLe plafond du paradisFontaine-Chaâlis, à lui seul ce nom invite à la rêverie, évoque l’appel d’une muse généreuse, semeuse de pépites féériques, de sources merveilleuses...Fontaine-Chaâlis, un lieu à la fois hors du temps mais profondément ancré dans notre histoire. Un palais de verdure où l’on fête la rose, où la sérénité vous enlace, où même les ruines, majestueuses, éveillent les chimères et peuplent les songes.Fontaine-Chaâlis, abbaye cistercienne fondée par le roi Louis VI le Gros en 1137 dont il reste quelques colonnes, murs et baies que l’érosion, en artiste romantique, a laissé témoigner de sa splen-deur passée.Fontaine Chaalis, où le château de plaisance abrite désormais, et depuis plus d’un siècle, à l’initiative de Nélie Jacquemart-André, un musée aux collections éclectiques, vaste promenade géographique et historique au cœur de la beauté.Enfin, Fontaine-Chaâlis, où se trouve un petit bijou gothique, la chapelle Sainte-Marie, édifiée au milieu du XIIIème siècle à l’initiative de Saint Louis. Outre la dentelle de pierre à la rosace parfaite, la décoration intérieure aux fresques et peintures magiques, vous saisira.Datant de la Renaissance et de François Ier, œuvre de l’artiste aux talents multiples le Primatice (il était à la fois peintre, architecte et sculpteur), ce plafond d’Eden où anges, apôtres et Saints se côtoient, est incontestablement un des trésors les moins connus de l’Oise. A voir absolument.En sortant du domaine de Chaâlis, prenez la direction du centre de la commune pour admirer une curiosité récente. La petite église communale dédiée à Saint-Saturnin se voit en effet ornée sur sa façade de merveilleux émaux représentant des anges réalisés à la fin du XIXème siècle par le peintre Paul Balze et initialement placés dans la chapelle Sainte-Marie. Rangés au fin fond du grenier de la mairie pendant près d’un siècle, retrouvés voici une dizaine d’années par le maire Alexis Patria, ces angelots viennent désormais égayer les murs jadis austères de Saint-Saturnin. Quelle chance et quel plaisir pour les yeux!Certains la surnomment la " Sixtine du Valois ". Magistrale référence évocatrice ..." Une dentelle de pierre à la rosace parfaite "
8 | 9Terres d’Hist’Oise N°6Trois-Etots En pleine RenaissanceEn lisière de Trois-Etots (hameau de Cernoy), entre une mare et un bosquet d’arbres, entourée d’un tapis de verdure planté d e q u e l q u e s p i e r r e t o m b a l e s , c e t t e chapelle semble sortie de nulle part. « Out of nowhere». On se croirait dans la campagne anglaise. Ou dans un poème des premières fugues d’Arthur Rimbaud.Là, parée de ses briques à la robe s a u m o n , c o q u e t t e s a n s ê t r e p r é t e n t i e u s e , harmonieuse et grâcieusement aérée p a r s e s v a s t e s b a i e s , o n p l o n g e e n p l e i n e Renaissance, avec ce bâtiment typique de la première moitié du XVIème siècle. Une inscription encore visible laisse à penser que ce sanctuaire fut édifié en 1544.Classé en 1970 mais longtemps laissé à l’abandon, ce monument remarquable du Sud du plateau picard a retrouvé une nouvelle jeunesse grâce à la mobilisation d’une association de passionnés et de quelques élus dont Isabelle Barthe, la maire de Cernoy. De concerts en expositions, une nouvelle vie, artistique désormais, lui est promise." De briques et de foi "Prosper MériméeQuand le père protecteur du patrimoine choyait l'OiseEcrivain à succès, historien, homme politique (il fut Sénateur), Prosper Mérimée a surtout marqué l’histoire du patrimoine. C’est en effet lui qui, des années 1830 à la fin du Second Empire, va commencer à inventorier et appeler à la préservation de nos plus beaux trésors architecturaux.En 1840, Inspecteur Général des Monuments Historiques, il dresse, avec l’aide des Préfets, une liste de monuments majeurs du pays à protéger. Parmi les mille joyaux de cette série des merveilles, l’Oise occupe une place de choix avec 13 bâtiments exceptionnels ; un seul édifice profane, l’Hôtel de Ville de Compiègne, et 12 monuments sacrés : les églises de Baron, Tracy le Val, Saint Antoine de Compiègne, la basse œuvre de Beauvais, les abbatiales de Chiry-Ourscamp, Morienval, Saint-Martin aux Bois et Saint Germer-de-Fly, la prieurale de Saint-Leu-d’Esserent ainsi que les trois cathédrales.
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeMontjavoult De Jupiter à RodinComme Montmartre accueille le Sacré-Cœur, Montjavoult voit trôner l’église Saint-Martin. Alors que la butte parisienne fut dans les temps antiques consacrée à Mars, le dieu de la guerre (d’où le mont de Mars, Montmartre), cette colline du Sud du Vexin, culminant à 207 m, était, elle, dédiée à Jupiter (Jovis en latin) et abritait jadis un premier sanctuaire. Idéalement placé, ce site sacré païen fut réinvesti par les chrétiens qui décidèrent d’y édifier une église dont le portail a fasciné le grand Auguste Rodin lui-même. Le prince des sculpteurs l’a d’ailleurs décrit avec des mots particulièrement forts dans son ouvrage Les cathédrales de France, paru en 1905 :« Le portail de cette église est un peu l’Arc de Triomphe romain, plus simple, carrément en relief adossé à l’église. Quelle élégance ! Ce n’est pas le Panthéon, c’est la gloire de la beauté française. On distingue, en approchant, des détails délicieux. La divine Renaissance, qui n’avait pas l’idolâtrie de la métropole, faisait aussi beau pour les paysans que pour les rois. »Même si l’édifice remonte avant tout au X V I e s i è c l e , s a b a s e s ’ a v è r e b i e n p l u s ancienne, probablement le XIe siècle. C’est à Jean Grappin, architecte de Gisors, que l’on doit la tour et le portail sculpté qui font la somptuosité et la célébrité du monument. La statuaire intérieure, et notamment trois vierges à l’enfant, dont une en bois de chêne du XVIIe siècle, est aussi splendide." L'Art de la Renaissance n'oubliait pas les campagnes ""L'arc de Triomphe" selon RodinDu haut du clocher de Montjavoult, on voit jusqu'à Paris
10 | 11Terres d’Hist’Oise N°6Tracy-le-Val Un chef d’œuvre ressuscitéIl e s t d e s d e s t i n s é t o n n a n t s t e l celui de l‘église Saint-Eloi de Tracy-le-Val. Chef d’œuvre de l’art roman dont la première pierre fut posée au début du XIIème siècle, cet édifice particulièrement bien proportionné se distinguait d’abord par son clocher, à la fois majestueux et cristallin. Considéré comme l’un des plus beaux exemples du savoir-faire de l’architecture romane du Nord-Est de l’Oise, cette église fut parmi les premières à être classée. Dès 1840.Attirant de nombreux touristes, elle fut décrite dans les termes les plus admiratifs : « le clocher de Tracy-le-Val est une des perles de l’art français » (André Hallays – En flânant à travers la France (1910)). « Véritable merveille architecturale, elle nous séduit tout d’abord par la grâce de ses lignes et l’irréprochable harmonie de ses proportions ; elle nous captive par la suavité de ses détails. Si vos regards se dirigent vers la gauche du monument, ils s’arrêtent émerveillés sur le clocher, un chef d’œuvre en son genre. Carré au premier étage, octogonal au second, terminé par une pyramide en pierre, percé de nombreuses ouvertures, imposant et léger tout à la fois, il est richement orné, mais avec un goût si exquis et si pur qu’il semble que rien ne saurait lui être ajouté, ni enlevé ». (Alexis Martin : Promenades et excursions dans les environs de Paris. Région du Nord (1893-1894)).Par malheur, les canons n’ont jamais pitié des vieilles pierres. Même les plus magnifiques. Et le sanctuaire, au cœur du champ de bataille, fut impitoyablement châtié entre 1914 et 1918. Presqu’entièrement détruit. N’en subsistait que le portail. Par bonheur, la volonté des hommes fait parfois des miracles. La résurrection n’est pas monopole divin. L’architecte possède aussi ce don. Et c’est ainsi que Saint-Eloi a ressurgi de ses ruines, reconstruite à l’identique dans les années 1920, et qu’elle est toujours un des plus beaux édifices de l’Oise." Les canons n'ont jamais pitié des vieilles pierres "Foudroyée en 1918Ressuscitée une décennie plus tard
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeSaint-Pierre des Minimes ( Compiègne ) et Saint-Pierre ( Senlis )Du culte à la cultureSi les églises débordaient naguère de croyants lors des messes, c’est désormais beaucoup plus rare. N’est-il dès lors pas regrettable de voir ces grands volumes, ces superbes constructions condamnées au vide et au silence ? C’est pourquoi dans certaines villes, là où l’on trouve souvent plusieurs églises et chapelles, quelques édifices ont été désaffectés au culte, et ont retrouvé une seconde vie généralement culturelle. À Compiègne et à Senlis par exemple, où Saint-Pierre des Minimes et Saint-Pierre sont devenus des espaces destinés à accueillir, entre autres, des expositions ou des concerts. Passer du culte à la culture s’avère une belle métamorphose, d’autant plus que l’acoustique ou le cadre sont parfois idéalement adaptés pour accueillir diverses formes d’expression artistique. Alors que la construction de nouveaux bâtiments coûte cher, faire de ces anciennes bibles de pierres de nouvelles scènes ou salons, les doter de cimaises, est loin d’être stupide. Reconversion, résurrection… Peu importe, le nom donné à cette évolution, mais les modèles senlisien et compiègnois sont là pour illustrer la pertinence de ces choix." Reconversion, résurrection "Un espace parfaitement adapté pour les concerts, les conférences, les salonsY-a-t'il plus belle salle d'exposition ?Saint-Pierre des Minimes ( Compiègne )Eglise Saint-Pierre ( Senlis )
12 | 13Terres d’Hist’Oise N°6Saint Leu d’Esserent La cathédrale du CreilloisDominant la vallée de l’Oise et veillant sur la ville depuis presqu’un millénaire, l’église Saint-Nicolas de Saint-Leu -d’Esserent, comme de nombreux ouvrages religieux majeurs du Département, a vu le jour à partir d'une abbaye bénédictine, filiale de Cluny. A l’instar des édifices de Saint-Martin-aux-Bois, Saint-Germer-de-Fly ou Morienval, tout aussi vastes et ma-jestueux, c’est donc une abbatiale (même si certains spécialistes préfèrent parler d’église prieurale).Alors que la première pierre fut posée à l’aube du XIIème siècle, la légende veut que sa fondation, due au Comte Hugues de Dammartin, soit liée à la première croisade. Prisonnier, le chevalier fut libéré grâce à des religieux du monastère de Saint-Michel-sous-Saint-Leu qui payèrent sa rançon. Reconnaissant et généreux, Hugues permit donc le lancement d’un chantier grandiose sur le site d’une église primitive. Les moines jouissaient d’une incontestable opulence grâce aux terres fertiles données par le Comte Hugues ainsi qu’au droit de passage perçu pour franchir l’Oise.Echelonnés sur plusieurs décennies durant le XIIème siècle, complétés au XIIIème siècle, ces travaux donnèrent naissance à un des plus beaux exemples de transition du Roman au Gothique. Son gabarit imposant (plus de 71 m de long et 27 m de hauteur de voûte), digne d’une cathédrale et sans équivalent dans ce secteur de l’Oise, en font un édifice remarquable. Et remarqué ! En effet, Saint-Nicolas de Saint-Leu figure sur la fameuse première liste des monuments historiques à classer, élaboré en 1840, sous l’égide de Prosper Mérimée.Après avoir traversé le dédale des siècles sans encombre, l’abbatiale fut violemment meurtrie en août 1944 par un bombardement allié, un projectile ayant troué la toiture de la nef et soufflé tous les vitraux. Quand on sait que Saint-Leu fut réduite en ruine à plus de 85 % à l’été 44 (les alliés cherchaient à détruire les infrastructures ferroviaires et fluviales, le pont, et surtout les carrières souterraines abritant des V1), que l’abbatiale ait survécu au milieu d’un champ de ruines (comme la cathédrale de Beauvais) tient du miracle et démontre, si besoin était, que les bâtisseurs d’églises et cathédrales savaient construire beau, mais aussi solide." Belle, mais aussi solide "Aussi impressionnnante en façade, vue du ciel, qu'au pied du chevet.L'un des plus beaux chevets de l'Oise
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeRhuisLe Roman rayonnantSitué entre Pont-Sainte-Maxence et Verberie, entre les flots de l’Oise et les futaies d’Halatte, Rhuis est un charmant petit village de 140 âmes aux jolies maisons de pierre dominées par une église aux dimensions harmonieuses. Une église de poupées pourrait-on oser. Une des plus anciennes, des plus petites et des plus belles du département. Dédiée à Saint-Gervais et Saint-Protais, bâtie à flanc de coteaux sur un talus, elle est un des meilleurs exemples de l’architecture romane dans le Nord de la France avec ses murs épais, ses maigres fenêtres et son chœur couronné d’une abside en hémicycle. Vieille de presque un millénaire (datant du milieu du XIème siècle), n’ayant jamais été modifiée par la maîtrise et les perspectives gothiques, elle fut classée monument historique dès 1894.Son clocher, assurément l’élément bâtimentaire le plus admirable, et l’un des plus vieux du Nord de la France, à trois étages ajourés et découpés par de fines baies, toise paisiblement le cimetière, jouxtant le sanctuaire ancestral, et offre sa silhouette délicate aux pinceaux des peintres." Une église de poupées au délicat clocher "Un des plus vieux, des plus ers et des plus beaux clochers de l'Oise
14 | 15Terres d’Hist’Oise N°6Ponchon Quand le diable paraît...Connue pour être une des plus anciennes du Beauvaisis, avec des origines remontant aux temps carolingiens et la base de la nef datant des premières heures romanes, l’église Saint-Rémi de Ponchon doit surtout sa renommée à ses fresques. Couvrant toute la longueur de la nef, ces peintures du XIIIème siècle, véritable bande dessinée biblique, représentent de nombreuses scènes et personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament ; Adam et Eve, le sacrifice d’Abraham, diverses scènes de la Passion, de la Nativité, quelques épisodes de l’enfance du Christ... Plus pittoresque, le moine Théophile vendant son âme au diable suscite la curiosité. Probablement des générations de jeunes Ponchonnais ont-ils été terrifiés par ce Satan cornu. Aujourd’hui, ce dessin quelque peu naïf n’effraie plus et fait plutôt sourire. Autres temps, autres moeurs...Le démon enlaçant le moine éophileAdam et EveLa crucixion du christ" Une bande dessinée biblique "BerthecourtIci fut la RépubliquePar sa forme et son histoire, sa taille et son ornementation, chaque église est unique. Telle Saint Martin de Berthecourt, seul édifice de l'Oise à arborer au fronton la devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité. Et une des très rares en France ( seuls 140 environ affichent le triptyque républicain sur les 40 000 sanctuaires du pays ).C’est la Seconde République qui adopta cette devise en 1848, avant que la Troisième République n’œuvre pour la décliner dans la société. Mais dans un pays aux vieilles racines chrétiennes devenu laïc non sans heurts et tensions notamment via la fameuse loi de 1905, la République préférait imprimer sa marque ailleurs que sur les pierres sacrées. Le fronton de Saint-Martin de Berthecourt est donc une exception.
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeLieu RestauréLes arabesques du cyclopeAvec ce nom aussi étrange, aux consonances quelque peu québécoises, Lieu Restauré allume bien des bougies de rêve. C’est en fait une ancienne abbaye qui appartient désormais au patrimoine privé et où l’on ne prie plus depuis longtemps. C’est au cœur de ce Valois généreux et mystérieux, et plus précisément sur le territoire de Bonneuil-enValois, que se dresse cette nef robuste et massive. Édifié au XIIème siècle, victime des assauts de la guerre de cent ans, reconstruit, ce sanctuaire de Lieu Restauré pourrait n’être qu’un parmi cent autres, s’il n’était doté d’une des plus belles rosaces de France.Car cette pivoine aux arabesques parfaites, même veuve de ses vitraux inconnus, rayonne de tous ses bourgeons et pétales de roche, tel un soleil pétrifié. Comme l’œil du cyclope ou la bouche du titan prêt à rugir, on ne voit qu’elle. Hypnotique. Cratère ou geyser d’où jaillit l’esprit.S’il est privé, l’endroit est cependant accessible, animé par des passionnés, qui cherchent à le sauvegarder au rythme de l’histoire et de la culture." Cette pivoine de pierre, gueule de titan, d’où jaillit l’esprit "Il est des personnalités passionnantes et passionnées, éclairantes et éclairées. Des voix qui portent, qui ne parlent pas pour ne rien dire, et qui magnifient les causes qu’elles servent.Tel est Stéphane Bern, loin des caricatures superficielles, mégalo ou sulfureuses de certaines stars du petit écran.Chevalier des vieilles pierres, sémillant guide de nos compatriotes dans le labyrinthe de tous les secrets d’histoire, il met son esprit subtil, sa bonne humeur, sa culture encyclopédique et son sourire sincère au service de ce trésor que nous ont légué nos pères depuis des millénaires : notre patrimoine.En tant que Sénateur, membre de la Commission Culture, j’ai le plaisir de régulièrement l’accueillir avec mes collègues au Palais du Luxembourg.Unis pour défendre nos joyaux patrimoniaux.s
16 | 17Terres d’Hist’Oise N°6SenantesLe plus beau des suaires de pierreVallonné, tressé de bocages, parsemé de 9 hameaux aux noms délicieusement pitto-resques (Corbeauval, Epluques, Montplaisir, Goulancourt,...), Senantes est un joli village du pays de Bray, une commune discrète où il fait bon vivre, riche d’un trésor abrité dans l’église : une mise au tombeau vieille de près de 500 ans.Sculpté dans la seconde moitié du XVIème siècle en plein tourbillon des guerres de religion qui ensanglantèrent le royaume de France, ce ballet de statues à taille humaine réunit 7 personnages bibliques majeurs s’apprêtant à porter le Christ au sépulcre après son martyr. Pleurant son fils, la Vierge Marie lui dit un dernier adieu, tandis que Marie-Madeleine, reconnaissable à sa longue chevelure, lave et parfume les pieds de Jésus à la douceur de sa toison.Au pied du Christ, ciselés en relief, trois soldats contemporains de la création de l’œuvre s’inclinent. Peut-être là pour rappeler la violence des temps, où la guerre semblait sans fin. Abîmé par quelques sans-culottes enragés lors de la Terreur en 1793, l’ensemble a été restauré à la fin du XIXème siècle puis classé en 1912.Par sa dimension spectaculaire, mais aussi la finesse et la délicatesse de certains détails ( les plis du suaire, les entrelacs des barbes, les ornements des robes, capes et toges...), ce petit bijou d’art chrétien vaut le détour jusqu’à Senantes. Vous y serez bien accueilli." Quand mise au tombeau rime avec beau "Un catéchisme de pierre et de couleurs
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeNotre-Dame du HamelCaméléon ou puzzle minéralRiche de ses presque cent communes, la Picardie Verte est souvent oubliée. Pourtant cette terre, la plus rurale de tout le département, possède un merveilleux collier d’églises, perles de pierres généreusement semées par de petits poucets bâtisseurs. Avant tout de dimensions modestes, ces édifices n’en manquent pas moins de caractère. Et il en est un qui surprend et intrigue. A la fois par sa taille impressionnante, mais aussi par son architecture mosaïque. C’est Notre-Dame du Hamel, qui semble marier deux et même trois sanctuaires en un seul. Fruits des aléas des siècles, des revers de fortune et des révolutions architecturales, nos églises sont des caméléons minéraux à l’imprévisible robe finale. En voici là un exemple saisissant avec un chœur géant digne d’une basilique, si ce n’est d’une cathédrale, qui domine le clocher scaphandre d’ardoises, coiffé d’un capuchon à la ciselure florentine. Entre les deux, une frêle nef, étroit corridor. Briques, silex, pierres, ardoises, colombages s’associent dans ce puzzle, en une harmonie à l’à peu près joyeux. Là avait lieu jadis un important pèlerinage dont la genèse s’est perdue entre traditions et légendes orales. François 1er lui-même y vint et ordonna de l’embellir. D’où cette imposante maison de Dieu au mobilier intérieur par ailleurs remarquable.DaméraucourtLa tunique blanche et rouge de Saint-DenisCaractéristique avec ses striures de briques et de pierre, cet empilement à la régularité sans fantaisie d’albâtre et d’amarante, Saint-Denis de Daméraucourt surveille avec soin son village d’un peu plus de 200 âmes du haut d’un léger promontoire.Remontant au XIIIème siècle pour certaines parties, le bâtiment se distingue par un clocher massif, presque fortifié, véritable donjon religieux. Une superbe cuve baptismale de la fin du XIIème siècle, une merveilleuse poutre de gloire (du XVIème ou XVIIème siècle), séduiront aussi l’amateur d’art sacré qui n’aura pas oublié de saluer la statuette de bois de Saint-Denis, martyr décapité, qui garde l’entrée de l’église.
18 | 19Terres d’Hist’Oise N°6Saint-Martin-aux-Bois Un réverbère au cœur des blésPlanté sur le Plateau Picard, au beau milieu d’une vaste plaine agricole, vigie surplombant une riche abbaye, ce grand vaisseau à la carène de pierre et de verre fut qualifié par Henri IV, selon la tradition orale, de "plus belle lanterne du royaume". Le vert galant ayant souvent chevauché et guerroyé dans l’Oise, et le monument s’avérant impressionnant, la citation semble vraisemblable.Pourtant, le bâtiment, aux dimensions gargantuesques, est inachevé ou incomplet. En fait, il n’y a que le chœur, couronné d’une abside aux étroites et longues verrières bleutées caractéristiques du gothique rayonnant, qui culmine à près de 27 mètres.Une nef et un transept proportionnés au chœur auraient donné un édifice titanesque.Bâtie au cœur du XIIIème siècle, entre la fin des années 1240 et 1260, en plein règne de Saint Louis et alors que l’abbaye était prospère, l’église n’a connu qu’un seul chantier d’une quinzaine d’années. Pourquoi la construction s’est-elle arrêtée à la limite de la nef et n’a jamais repris? Probablement parce que les fonds manquaient.Mais, même limitée à son chœur, cette église est incontournable pour qui s’intéresse au patrimoine de l’Oise et à ses pépites chrétiennes. Le mobilier de l’édifice, et plus précisément les stalles, vieilles de plus de 500 ans, finement sculptées et décorées, sont par ailleurs remarquables." Un aquarium gargantuesque illuminé par la foi "Même les stalles peuvent se révèler facétieuses et précieusesTel un menhir ciselé, dressé sur la plaine verte
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeBrasseuseLa Lourdes de l’OiseIl est un lieu aujourd’hui disparu, autrefois objet d’un culte fervent dédié à Marie. Un lieu de pèlerinage intense qui attirait des croyants venus de bien au-delà de l’Oise pour obtenir les grâces de la Vierge. Un lieu surprenant et évocateur de la force de la foi de nos aïeux ; une foi teintée de superstition.C’est ainsi qu’au tournant des années 1900 fut érigée à Brasseuse, au cœur du village, non loin de la vieille église romane, une reproduction à l’identique de la grotte de Lourdes. Le sanctuaire pyrénéen où la vierge était apparue à Bernadette Soubirou restait évidemment l’épicentre de l’adoration de la mère du Christ. Mais le voyage étant long et coûteux pour les fidèles de l’Oise et du Nord de la France, l’idée d’édifier une copie de la caverne sacrée s’avéra judicieuse. D’autres territoires suivirent le même pieux filon et des grottes jumelles fleurirent un peu partout en Europe et jusqu’en Amérique, là où la foi catholique gouvernait les âmes. Nul besoin de la magie de la géologie ; beaucoup de ciment et une escouade de maçons façonnèrent vite le nouveau temple marial.Les autorités ecclésiastiques encou-r a g è r e n t l e p r o j e t e t l ’ é v ê q u e l o c a l , Monseigneur Douais, vint bénir l’ou-vrage. Notre-Dame de Brasseuse était née p o u r n e v i v r e c e p e n d a n t q u e q u e l q u e s décennies. Aujourd’hui, il ne reste plus rien. Tout a été démoli dans les années 1980. Mais de nombreuses cartes pos-tales permettent de mesurer l’importance qu’avait acquis ce petit Lourdes du sud de l’Oise.Un grand pèlerinage y avait lieu chaque année, début septembre. Des transports spéciaux étaient même affrétés à partir des gares de Pont-Sainte-Maxence et Senlis pour amener les croyants jusqu’à Brasseuse. Ultimes vestiges de ce sanctuaire éphémère, la statue de la Vierge et l’autel qui s’y trouvaient ont pris place dans l’église." Notre-Dame de Brasseuse, un Ave Maria de ciment "
20 | 21Terres d’Hist’Oise N°6Borest Cinégénique !Terre de foi catholique, l’Oise est aussi un terroir fertile pour le septième art puisque de nombreux films y ont été tournés.Nos forêts, nos monuments, nos vieilles rues pavées ont ain-si constitué des dé-cors à l’authenticité appréciée et recherchée. Si les châteaux de Pierrefonds, Compiègne et Chantilly furent le théâtre de bien des tournages, nos pierres sacrées ne sont pas en reste. Et cer-tains petits édifices ont pu « taper dans la caméra » de certains cinéastes. Par exemple, Borest, dont le portail de la petite église, ayant récemment retrouvé sa blanche jou-vence, a accueilli Jacquouille la fripouille et ses Visiteurs voici 30 ans mais aussi en 2017 l’équipe de Coexister, une autre comédie à succès de Fabrice Eboué avec Guillaume de Tonquédec, Ram-zy Bedia, Jonathan Cohen... Ne vous y trompez d’ailleurs pas ; ce n’est pas par ha-sard que l’équipe du film a choisi ce char-mant petit oratoire. Avec ses proportions harmonieuses, sa rosace simple et bien dé-coupée, c’est une église modèle. A voir au cinéma ou sur place !" L'Oise, terre de cinéma "Le parvis de l'église de Borest, un plateau de tournage recherchéMais où sont ces clochers qui chantent sur nos têtes ?Ni roman, ni gothique, voici l’un de plus récents clochers de l’Oise, à quelques kilomètres de Beauvais Il est des clochers si majestueux qu’ils semblent faire l’aumône à leur nef, orant l’éclat de leur robe à un régiment de pierres sacrées au garde à vous. Tel est celui de RavenelDiscrètement dissimulés à l’ombre des canopées de pierre des cathédrales et églises ou enfouis au cœur d’ilots de maisonnées, de hameaux rescapés, quelques chapelles émergent, ornées de clochers presque frêles. Bonlier La Chapelle du Berval ( Bonneuil-en-Valois )Ravenel
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeJonquières Le génie et la magie de l’Abbé DelignyA q u e l q u e s k i l o m è t r e s d e Compiègne, blottie au creux d’un édredon douillet de champs et de prés verdoyants, Jonquières est une commune soignée et recherchée, dont l’histoire a été marquée au XIXème siècle par un personnage hors normes : l’abbé Deligny.Car cet homme d’église ne s’est pas contenté de son ministère catholique. Arrivé à Jonquières au milieu du XI Xème siècle, Théodore-Cyrille Deligny est resté dans l’Histoire. Non pas pour ses sermons, mais pour ses vitraux. Rien ne prédestinait pourtant cet homme à devenir un maître-verrier admiré non seulement pour la qualité de ses œuvres, mais aussi pour leur originalité. On peut même affirmer qu’il fut, sans le vouloir, avant-gardiste et révolutionnaire dans cet art si particulier qu’est le vitrail. Par sa technique, la simplicité de ses dessins aux formes quasiment naïves, ce pur autodidacte a presque un siècle d’avance. Produisant entre 1849 et 1859 à Jonquières des vitraux qu’on pourrait vouloir rattacher, si on ne connaissait pas le parcours si original de l’abbé Deligny à l’art déco, au cubisme, voir à l’art moderne.Parmi ses créations les plus étonnantes, la baie surmontant le portail de l’église est consacrée à des instruments de musique. Ses contemporains, et surtout ses « collègues » maîtres verriers ne comprennent pas son travail, le moquent et le critiquent sévèrement. Alors qu’eux s’inspirent des grandes heures du Gothique et réalisent des vitraux sous forme de tableaux, il divise ses baies en petites f e n ê t r e s o u médaillons très colorés avec un graphisme limité presque naïf et très peu de personnages.Il privilégie en effet les objets, toujours symboliques, dote ses dessins de légendes. Et surtout utilise des verres déjà colorés avec une technique personnelle inédite de superposition qui offrent une luminosité intense à ses travaux. En bon catéchiste cependant, il reproduit à sa façon l’Ancien testament.Après près de 30 ans passés à Jonquières, entre 1834 et 1861, l’abbé Deligny, par ailleurs natif de Francières, poursuivit son sacerdoce à Rémy. Là, il reprit ses outils et offrit à l’église Saint-Denis de superbes verrières jumelles de celles de Jonquières. Il termina sa carrière ecclésiastique et sa vie au Carmel de Compiègne." Précurseur et pionnier, l'Abbé Deligny a presque un siècle d'avance "" Du veau d'or au serpent d'airain ... "La fameuse baie des instruments. Un vitrail unique, sur le fond et sur la forme.
22 | 23Terres d’Hist’Oise N°6Catillon-FumechonDe Marie à MarianneDans notre république laïque où la séparation de l’église et de l’Etat s’est faite dans la douleur avec la loi de 1905 et ses avatars, l’idée de métamorphoser une église en mairie peut en étonner certains.Pourtant, quand on possède deux édifices religieux mais qu’on n’a plus de prêtre à demeure et qu’on y célèbre à peine un ou deux offices par an, il n’est pas stupide de vouloir redonner une nouvelle vie à l’un des deux bâtiments. Ce fut ainsi le cas à Catillon-Fumechon, commune née dans les années 1960 de la fusion de deux villages voisins (si proches d’ailleurs qu’un vieux dicton disait : « Entre Catillon et Fumechon, on ne peut planter un oignon ! »).La nouvelle commune était riche de deux clochers dont l’un s’avérait plutôt en piteux état. C’est alors que la municipalité, dirigée par une femme de caractère, Micheline Vantomme, eut l’audace d’envisager de transformer la maison de Dieu située à Catillon en palais de Marianne. Après de longues années de réflexions, quêtes de subvention puis travaux, cette mairie unique dans l’Oise est pleinement opérationnelle. Installée dans la nef du bâtiment, elle est désormais prolongée par une très belle salle socioculturelle, abritée dans le chœur. Un bel exemple à suivre pour préserver et valoriser le patrimoine, en réconciliant Pepone et Don Camillo. N’en déplaise aux grincheux !" La réconciliation de Pepone et Don Camillo "Trois oriammes tricolores et européens bien placéesConcerts et expositions ont remplacé prières et sermons
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeSaint-Sulpice L’ étrange orphelineMême si chaque ville ou village a sa forme propre, sa géographie urbaine, son plan où rues, parcs et équipements divers s’entrecroisent, on retrouve souvent au centre de la commune quelques bâtiments majeurs : l’église, la mairie, l’école, parfois une place. Dans la plupart des cas, l’église est l’élément bâti le plus ancien du territoire, celui autour duquel le village a progressivement grandi. Et si on a ça et là quelques petites chapelles isolées au milieu des champs, les églises sont très rarement situées hors des agglomérations.C’est cependant le cas à Saint-Sulpice, non loin de Beauvais, à l’orée du Pays de Thelle, où la maison de Dieu, seule au sommet d’un monticule aux pentes douces, domine les alentours. On y verrait plutôt un donjon protecteur, surveillant ses ouailles du haut de sa motte castrale. Mais non, c’est une église, de facture somme toute classique, savant mariage de Roman et Gothique. Probablement là parce qu’un sanctuaire gallo-romain l'y a précédé (les Chrétiens, marchant souvent sur les traces des païens polythéistes, s’appropriaient leurs lieux de culte pour mieux imposer leurs croyances). Là, jouxtant le cimetière. Il fut d’ailleurs une époque, aux temps mérovingiens, où l’on établissait les sépultures à l’écart des habitations.L’église de Saint-Sulpice demeure néanmoins étonnamment isolée depuis toujours, comme une enfant abandonnée dès la naissance à la vue cependant des hameaux de la commune. Pourquoi ? Mystère!" Paisible et énigmatique, sur son perchoir verdoyant "
24 | 25Terres d’Hist’Oise N°6Chiry-Ourscamp, ChaâlisRuines et MerveillesIl est un architecte qui ignore les crayons, les plans, les règles et les tables à dessin, un architecte dont chaque création est unique. Un architecte imprévisible, avant tout destructeur mais qui sait parfois mystérieusement sculpter des formes inédites, incroyables et magiques. Souvent vorace, même insatiable, il peut tout effacer, livrer à la poussière, mais aussi préserver un mur, une colonne, une baie, une nef, un semblant de je ne sais quoi appuyé sur le vide... Cet architecte invisible, c’est le temps. Armé du burin de l’érosion, il œuvre sans relâche en nous offrant des ruines !Oui, ces ruines peuvent être merveilles. Ces vestiges, bâtiments mutilés à la vie jadis intense, désormais livrés à l’empire des songes, aux cavalcades de l’imagination. Vous en doutez ? Rendez-vous avec la fascination au pied des haillons de pierre des abbatiales de Chiry-Ourscamp ou Chaâlis.Même au creux des ruines, l'esprit veilleBeauté peut rimer avec éternité" Le temps, cet architecte aux plans mystérieux "
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréeBeauvais, Noyon, SenlisLe rosaire des cathédralesL’Histoire est parfois facétieuse, désarçonnante, paradoxale. Alors que le Moyen-Âge est souvent et injustement considéré comme une période obscure et brutale, une fosse hostile et maléfique où aurait glissé la civilisation entre les génies de l’Antiquité et de la Renaissance, c’est en fait la période la plus généreuse en merveilles patrimoniales.Il en est ainsi du fameux « blanc manteau d’église » évoqué par le moine Raoul Glaber qui s’est déployé juste après l’an Mil. Et dans les plis de cette étoffe de pierre sont apparues des broderies encore plus magnifiques et majestueuses : les cathédrales. L’Ile de France et la Picardie les ont vu fleurir, surtout entre les XIIème et XIVème siècle. L’Oise, à elle seule, en compte trois : les deux Notre-Dame de Noyon et Senlis, ainsi que Saint-Pierre de Beauvais.Notre-Dame de Noyon, dont la construction débutée à partir de 1145, est la plus ancienne. Sa contemporaine, Notre-Dame de Senlis, sort du plissement de la tectonique gothique à partir de 1151. D’un siècle plus jeune, Saint-Pierre de Beauvais voit ses premières pierres posées en 1255. Fille de l’ambition et de la démesure, elle se voulait la plus grande, la plus belle. Mais elle épuisa ses bâtisseurs et leurs finances, restant à jamais inachevée. Elle est néanmoins la plus haute au monde dans l’univers gothique, avec un chœur culminant à 48,5 mètres. Peut-être pour donner la main aux Dieux ? Une éphémère flèche construite au XVIème siècle, écroulée en 1573, s’élevait même à 153 mètres de haut !Impressionnant, l’édifice se serait révélé la plus vaste des cathédrales gothiques, devant celle d’Amiens, si les architectes et maçons avaient pu mener leur travail à terme. Las, ils ne purent achever que le chœur et le transept. Ceux qui ne s’y connaissent guère en architecture et en art sacré ne peuvent cependant deviner que l’ensemble, si harmonieux, est amputé de plus de la moitié de son dessin fini. On ne peut qu’être saisi par tant de puissance et de finesse, Les yeux des cieux, les feux des dieuxLa véritable reine de Beauvais, c'est sa cathédrale !" Une falaise blanche plongeant sur Beauvais prosternée "
26 | 27Terres d’Hist’Oise N°6par ces falaises blanches plongeant sur la ville prosternée. Même les tours ventrues du palais épiscopal semblent des sentinelles lilliputiennes pétrifiées face à ce colosse aux muscles parfaitement ciselés. L’intérieur est tout autant somptueux avec le chant des lumières, la pluie de flocons de couleur jaillis des vitraux. L’horloge astronomique, l’horloge médiévale, mais aussi le cloitre ou encore le mobilier liturgique sont de véritables trésors offerts par le génie de nos aïeux.Moins spectaculaire, moins audacieuse, plus discrète mais non moins grâcieuse, pelotonnée au cœur des millénaires pavés de la cité capétienne, Notre-Dame de Senlis préfère charmer plutôt qu’impressionner, séduire plutôt qu’ébahir. Car tout est délicatesse en cette madone ; entre arabesques, pinacles et gargouilles, la dentelle de son corsage de roche n’a rien de la tunique d’une amazone. Pas d’arrogance ostentatoire, mais l’élégance soignée des jeunes filles bien élevées. Seule fantaisie notable, fierté visible du lointain des plaines des lisières du Valois, une flèche aux pans de pierre, haute de 78 mètres, fusée parfaite pour atteindre une acropole céleste. Ces tours coiffées d’une pyramide à base hexagonale ou octogonale se retrouvent régulièrement dans le Multien ou le Valois ; à Versigny, Montagny-Sainte-Félicité, Baron, Acy-en-Multien, Béthisy Saint-Pierre...La cathédrale senlisienne offre en outre un joyau quasi unique en France ; un portail plus que richement sculpté avec une superbe galerie de personnages bibliques et d’anges, le tout nimbé d’une polychromie exceptionnelle. Car si toutes nos églises sont aujourd’hui intégralement parées de voiles blanc ou gris, leur jeunesse fut souvent plus gaie et colorée ! C’est le temps, prédateur invincible, qui a peu à peu happé tous ces pigments, effaçant jusqu’à leur souvenir. Nos ancêtres médiévaux aimaient les couleurs et n’hésitaient pas à en draper statues et sculptures. Le tympan senlisien, avec ses vestiges de coloris encore bien présents, permet de bien s’en rendre compte. A voir et revoir.Enfin, Noyon, doyenne austère, dresse fièrement ses tours casquées là où Charlemagne fut sacré roi des Francs. Bel exemple de la première cohorte des cathédrales gothiques, celles qui cherchaient " Tout s'incline devant cette force de la foi qui animait les bâtisseurs de cathédrales"Le ranement senlisien se retrouve jusque dans les broderies, de sa cathédraleQuand la couleur illumine la pierre
ENTRE ROSACES ET GARGOUILLES, sur les chemins de l'Oise sacréed’abord à défier la hauteur avant de penser à ciseler leurs parures. Aucune fioriture, une allure spartiate, quasi-militaire, d’autant plus que la Révolution a sacrifié les sculptures des portails de la façade. Le chevet de l’édifice, à l’harmonieuse ceinture de chapelles en rotonde, exprime la maîtrise des architectes du milieu du XIIème siècle qui souhaitaient dépasser le cadre roman, construire plus haut et plus fin, tout en s’appuyant sur le raffinement de l’abside.Mais c’est assurément l’intérieur du lieu sacré qui s’avère le plus inattendu ; entre cirque maxime et haut vaisseau cerné de tribunes, tout y est grandeur et majesté. Jusqu’au silence. Tout s’incline devant cette force de la foi qui animait les bâtisseurs de cathédrales. Même les canons, qui métamorphosèrent Noyon en un tapis de ruines au printemps 1918, ne purent la mettre à terre. Martyrisée par les bombardements qui firent de la forêt de chêne de la charpente de la nef un brasier, elle resta debout. Fièrement. Au pied de cette dame immortelle se trouve un bâtiment unique en France ; l'une des plus vieilles bibliothèques du pays, âgée de plus d’un demi-millénaire et reposant sur des piliers de bois. Bien plus qu’une curiosité, une perle patrimoniale.Dans les coursives du vaisseau cathédraleDu haut de ces clochers, près de 900 ans contemplent Noyon" N'oublions pas Noyon, l'impératrice douairière "
28 | 29Terres d’Hist’Oise N°6La Picardie, Pépinière magnique des cathédrales gothiquesAu cœur des Hauts de France, la Picardie porte haut le flambeau du patrimoine. Car outre les trois cathédrales oisiennes, la Somme (avec Amiens), et surtout l’Aisne (forte de ses grandioses citadelles de la foi de Laon, Soissons et Saint-Quentin) complètent cette mosaïque unique de beauté sculptée dans un rayon d’une soixantaine de kilo-mètres. Après avoir parcouru les chemins de l’Oise sacrée, n’hésitez donc pas à em-prunter la grande route de la Picardie des cathédrales, pour un supplément d’âme, de magie et de rêve.Amiens, la colossaleC’est la plus vaste de France. Ce mammifère de pierre sans rival dans l’océan des cathédrales pourrait même avaler Notre Dame de Paris dans son immense carcasse. Mais plus qu’imposante, elle rayonne par la splendeur de sa façade avec 3 portails aux tympans parfaits.Saint-Quentin, la classique et l’ambitieuseSans être une véritable cathédrale puisqu’elle n’a jamais abrité d’évêché, la basilique de Saint-Quentin, par sa taille et son histoire, a cependant tout d’une « grande ». On la présente d’ailleurs souvent comme la «septième cathédrale de Picardie». Martyrisée en 14-18, elle a retrouvé toute sa vigueur et sa splendeur. Princesse sans être reine, cette grande dame minérale recèle en son sein un trésor à découvrir, son dallage en labyrinthe.Soissons, l’escalier vers les cieuxSi Saint-Gervais et Saint-Protais de Soissons ne possède ni la majesté de sa grande sœur d’Amiens, ni la grâce de sa cousine de Laon, elle exprime une originalité architecturale frappante avec ses trois niveaux sur la façade, comme trois marches menant vers une acropole céleste…Laon, la cristallinePerchée sur la colline dominant la ville, Notre-Dame de Laon frappe avant tout par sa nesse. On la croirait presque fragile. Ce n’est pas un cyclope aux pieds d’argile, plutôt une titane féline aux ancs de de verre. Et ses bœufs acrobates au haut des tours ne cessent d’interpeler. Les sculpteurs savaient être facétieux.
OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEOlivier PaccaudSénateur, mais d'abord législateurReprésentant de l’Oise depuis 2017 au sein de la Chambre Haute, nous avons souhaité faire un bi -lan de l’action législative d'Olivier PaccaudÊtes-vous satisfait de votre travail en tant que législateur ? Que répondez-vous à ceux qui disent que le Sénat ne sert pas à grand-chose puisque l’Assemblée Nationale a le dernier mot ?Depuis 2017, j’ai rédigé une quinzaine de propositions de lois, une centaine d’amendements. J’ai aussi cosigné de nombreux textes avec mes collègues. Le travail de législateur est avant tout technique, parfois ingrat. Chaque mot, chaque virgule comptent. Un sénateur qui travaille beaucoup a forcément des déceptions parce qu’une bonne partie de ses propositions n'est pas adoptée. Mais, on ne peut qu’être satisfait d’améliorer un texte de loi.Quant à ceux qui doutent de l’utilité de la Chambre Haute, qu'ils sachent que plus de 60% des amendements adoptés par le Parlement viennent du Sénat.Pouvez-vous nous donner quelques exemples de lois amé-liorées grâce à vos propositions ?D’abord la création d’un délit d’entrave à la liberté d’enseigner. Suite à l’assassinat de Samuel Paty, j’ai déposé une proposition de loi en ce sens, fin 2020, pour mieux protéger les professeurs critiqués par des fanatiques religieux ou des parents agressifs. Ma proposition de loi est devenue article de la loi sur le séparatisme début 2021.Autre exemple, dans le cadre du texte sur les retraites, j’ai fait adopter, à l’unanimité, une mesure permettant aux professeurs des écoles de bénéficier du même régime que leurs collègues de collège ou lycée. Concrètement, grâce à « l’amendement Paccaud », les professeurs des écoles pourront désormais partir en retraite à leur date d’anniversaire de l’âge légal de fin d’activité. A contrario, quelles sont celles restées lettre morte alors que vous y teniez ?Il y en a plusieurs. Notamment ma volonté de supprimer l’aide juridictionnelle aux terroristes. Une société n’a pas à défendre ceux qui veulent la détruire. J’ai aussi œuvré sans succès pour que soit réformé un mécanisme fiscal d’une injustice totale : le FNGIR (Fonds National de Garantie Individuelle de Ressources) qui fait payer à certaines communes des contributions en fonction de recettes disparues du fait de la cessation d’activité d’entreprises locales. Certaines communes de l’Oise en sourent depuis des années comme Eragny-sur-Epte ou Cramoisy.Certaines lois positives sont par ailleurs votées mais diicilement applicables.Malheureusement oui ! Comme la loi sur la protection du patrimoine sensoriel de nos campagnes pour
30 | 31Terres d’Hist’Oise N°6OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEOlivier PaccaudSénateur, mais d'abord législateurReprésentant de l’Oise depuis 2017 au sein de la Chambre Haute, nous avons souhaité faire un bi -lan de l’action législative d'Olivier Paccaudlaquelle j’étais monté à la tribune. Elle vise à défendre notamment nos agriculteurs en consacrant « les sons et les odeurs » de nos campagnes et en évitant que n’importe quel néorural mal luné puisse attaquer le fermier d’à côté pour « trouble anormal de voisinage ». On a voté une belle loi mais les outils pour l’appliquer (à savoir un inventaire du patrimoine sensoriel) n’ont pas été mis en place.Quelle est la dernière proposition de loi que vous avez déposée ?La création d'une médaille de l’Intégration. Son but est simple ; valoriser, mettre à l’honneur les mérites d’étrangers ayant acquis la nationalité française (ou le pouvant) et se révélant de beaux exemples à suivre.Vous avez été aussi à l’initiative de plusieurs propositions de lois très politiques visant notamment à interdire les parachutages électoraux, à assouplir la règle des 500 parrainages d’élus pour l’élection présidentielle... Vous avez aussi proposé que tout candidat à la présidentielle ait aussi été préalablement élu d’une collectivité territoriale ou membre du Parlement.C'est une mesure de bon sens. Il est un savoir particulier, une science unique, qu’aucun diplôme ni aucune fortune ne pourront jamais orir. Ce trésor, c’est l’expérience. Aussi pourrait-il s’avérer précieux que tout candidat à la fonction suprême ait déjà exercé un mandat électif. Car on ne dirige pas un pays comme une entreprise. La relation avec les concitoyens est un exercice délicat qui s’improvise rarement avec succès.Lorsque j’ai proposé cette loi, j’ai été critiqué par certains journalistes. Aujourd’hui, beaucoup me disent que, finalement, j’ai peut-être raison. Mais je sais être persévérant. Et je remonterai au créneau !Vous faites aussi partie des sé-nateurs les plus actifs pour ce que l’on appelle « les lois du ter-roir »; implantation d’éoliennes, transfert des compétences eau et assainissement, ou encore le fameux Z.A.N. (Zéro Artificialisa-tion Nette), vous êtes à la pointe du combat pour rendre aux com-munes une partie de leurs pou-voirs perdus.Plus on éloigne la décision d’un territoire, plus on fragilise la démocratie. Le cas des éoliennes en est un bon exemple. De 2013 jusqu’à maintenant, les communes pouvaient voir des fermes éoliennes sortir de terre sur leur territoire, malgré une opposition totale des élus et des habitants. Je me suis donc battu depuis près de 6 ans pour réformer cette législation et que les élus des territoires soient enfin consultés. Ce sera désormais le cas.Même chose pour le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement vers les intercommunalités. Pourquoi imposer cette mesure et supprimer des syndicats d’eau ou d’assainissement qui fonctionnent bien à coûts réduits ? Je milite avec certains autres sénateurs pour que ces transferts soient facultatifs. Dans toute gouvernance, la souplesse est vertueuse. Le cas du Z.A.N. en est une illustration caricaturale. Avec ce texte, le gouvernement prône la sobriété foncière. Mais les décrets d’application sont si contraignants qu’ils aboutissent à geler tout développement en zone rurale. Concrètement, nos campagnes deviendraient des réserves de peaux rouges. Et parallèlement, on encourage la densification et la verticalité dans les agglomérations. Alors qu’on a dépensé des milliards d’euros avec l’ANRU pour démolir des immeubles devenus ghettos, on s’apprête à refaire la même erreur ! Face au tollé des élus, le gouvernement a suspendu la loi. Le Sénat a nommé une commission spéciale pour la réécrire. J’en ai fait partie. Parmi les atouts français, il y a nos vastes espaces. Faisons confiance à l’intelligence et au volontarisme des territoires. Ne décidons pas tout de Paris !
OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEPourquoi avoir décidé de créer ces outils de communication si originaux dans le monde politique ? Faire la loi ne vous suisait pas ?La mission des parlementaires, est double : légiférer et contrôler l’action du gouvernement. Mais il me semble qu’un sénateur est aussi bien placé pour défendre et promouvoir son territoire. Quand il fait bien son travail, il le parcourt de long en large et connait bien ses richesses patrimoniales, environnementales, économiques, humaines... Aussi peut-il eectivement en être un bon « ambassadeur ». J’essaie de vanter et présenter tous les trésors et atouts parfois cachés et méconnus de l’Oise.Il est donc peu de curiosités, de recoins charmeurs de l’Oise qui vous soient inconnus ? Avez-vous déjà visité les 679 communes du Département ?Oui, bien sûr. Et cela remonte à longtemps. Lors de mon élection au Sénat en septembre 2017, je m’étais fixé un objectif : aller durant le mandat au moins deux fois dans chacune des communes. Engagement tenu et même dépassé. Cela nourrit mes articles et émissions vidéos. Notre département est si riche !Peut-on dire que vous êtes amoureux de l’Oise ?Sans hésiter ! Cela vient à la fois de ma vie, de mon parcours professionnel mais aussi de ma formation d’agrégé d’Histoire. J’ai grandi dans l’Oise, y ai toujours travaillé, j’y ai mes parents, mes amis… Je suis allé à l’école et au collège à Mouy, au lycée à Clermont. J’ai enseigné à Beauvais, Compiègne, Neuilly-en-Thelle, Sainte-Geneviève…. J’ai habité Mouy, Foulangues, Ponchon, Beauvais. J’ai foulé tous les terrains de foot et de tennis du département. Mon attachement pour l’Oise a toujours été très fort.Ma passion pour notre territoire a été décuplée lorsque j’ai pris conscience de sa place si particulière dans l’Histoire de notre belle France. Car l’Oise a vu tant d’évènements majeurs et fondateurs, du grand roman national s'y dérouler qu’on peut dire que c’est en grande partie dans l’Oise qu’est née la France, qu’ont été semées les premières graines du bouquet tricolore. J’aime à rappeler que Charlemagne, avant d’être sacré empereur à Rome en 800, est devenu roi des Francs à Noyon en 768. Compiègne, Senlis, Beauvais ont été des théâtres si importants dans la grande fresque historique française. Jeanne d’Arc, notre héroïne nationale, a malheureusement achevé sa chevauchée fantastique devant Compiègne. Les deux armistices de 1918 et 1940, ont été signés dans la majestueuse forêt entourant la cité impériale… Je pourrai continuer longtemps. C’est ce que mettra en valeur le musée d’histoire de l’Oise sur lequel je travaille et qui verra le jour à Mouy sur le site d’une ancienne brosserie.Aucun autre département de France n'ore une si remarquable galerie de monuments historiques, Sénateur, mais aussi ambassadeurOutre son travail de législateur minutieux et hyperactif, Olivier Paccaud se singula-rise par une action unique pour valoriser et mieux faire connaître l‘Oise, à travers son magazine Terres d’Hist’Oise et ses émissions Ici l’Oise. Un sénateur pas comme les autres, véritable ambassadeur de notre territoire.La diplomatie parlementaire existe. Vice-président du groupe d'amitié France-Etats-Unis, Olivier Paccaud est ici avec Denise Bauer ambassadrice des Etats-Unis en France " L'Oise, berceau de la France, et bénie de la géographie "
32 | 33Terres d’Hist’Oise N°6OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISESénateur, mais aussi ambassadeurallant des dolmens jusqu’au wagon de l’armistice en passant par nos extraordinaires cathédrales et châteaux.Votre Musée a donc un peu pour ambition de redorer le blason de l’Oise ?L’Oise est le berceau de la France.Appuyons-nous dessus pour donner une image positive de notre département qui soure d’un déficit de notoriété. De nombreux Français ont du mal à situer l'Oise. Chantilly a sa petite réputation comme Pierrefonds. Senlis, Compiègne et Beauvais aussi. Servons-nous de cette mine d’or historique et patrimoniale pour la mettre en lumière, donner envie aux touristes de la visiter, aux entreprises de s’y installer.D'autant plus que nous sommes bénis des dieux de la géographie, non loin de Paris, sur la route du Royaume-Uni et du Benelux, avec deux autoroutes, le futur canal Seine Nord Europe, l'aéroport de Tillé (dont il faut cependant maîtriser la croissance), la proximité avec Roissy… Que d’atouts !L’Oise ne manque-t-elle pas d’un grand évènement culturel de portée nationale ?Peut-être. Une ville comme Bourges a connu une ascension fulgurante en terme de notoriété avec son festival musical, comme Angoulême avec la bande dessinée, Arles et la photo, et bien sûr, dans une dimension internationale, Cannes et le cinéma. Le sport de haut niveau et la culture sontdeux vecteurs de promotion et de communication formidables. Il y a de nombreux évènements culturels et festivals de grande qualité et surtout très variés dans l’Oise ; le Festival des forêts dans le Compiégnois, le Blues autour du Zinc ou le Festival de violoncelles de Beauvais, les Zicophonies ou les Musicales de Clermont. Pas besoin d’ailleurs d’une grande collectivité pour organiser des manifestations de qualité, comme la fête de l’Osier à Reilly, la nuit des concerts à Porquéricourt, le festival du court-métrage d’Orry la Ville, les Jartdins de Montagny-en-Vexin, les moments musicaux de Gerberoy, le Célébration days à Cernoy… Le Conseil départemental, avec sa Vice-présidente, Anne Fumery, a aussi lancé une programmation ambitieuse au cœur des territoires avec ses villages culturels (Bitry et Le Coudray Saint Germer en 2023).Il y avait auparavant les Nuits de feu à Chantilly, grandiose spectacle de feu d’artifice qui rayonnait par-delà les frontières départementales. L’idée d’un grand évènement culturel original et fédérateur est à creuser.Outre son travail de législateur minutieux et hyperactif, Olivier Paccaud se singula-rise par une action unique pour valoriser et mieux faire connaître l‘Oise, à travers son magazine Terres d’Hist’Oise et ses émissions Ici l’Oise. Un sénateur pas comme les autres, véritable ambassadeur de notre territoire.Qu'elles sont belles, nos trois couleurs, portées par une jeunesse souriante, ici à Villers-sous-Saint-Leu avec le maire, Guy Laforest.
OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEPlus que législateur et ambassadeur, le sénateur n’est-il d’abord pas le protecteur d’un territoire ? Celui vers qui on se tourne pour avoir un appui, une aide, une intervention pour empêcher une fermeture de classe, obtenir une subvention, faire venir une entreprise…Clémenceau, avait coutume de déclarer que la politique est une sorte de « médecine sociale ». Qu’en pensez-vous ?Ce n’est pas faux ! Ainsi l’immense majorité des citoyens sollicitent leurs élus lorsqu’ils ont besoin d’un coup de main. Avec l’expérience et le relationnel, le sénateur peut parfois faire avancer des dossiers délicats, débloquer des situations. Mais attention, je ne suis pas un magicien et je le dis bien à mes interlocuteurs. Vous êtes notamment souvent sollicité pour tenter d’éviter des fermetures de classeOui. 2023 se révèle très compliquée avec un grand nombre de fermetures. Il y aura environ 65 fermetures et 25 ouvertures. Début janvier, une centaine de communes a été informée d’une éventuelle fermeture. J’ai alors été saisi par une trentaine de maires. Je suis intervenu pour chaque cas et avec succès pour plus d’une vingtaine.Les maires, notamment ruraux, ont du mal à accepter la logique de l’Education Nationale qui se réjouit d’avoir des classes dédoublées de 12 élèves en réseau d’éducation prioritaire et ferme certaines classes ailleurs parce que les eectifs n’y sont « que » de 22.Ces maires ont raison de s’insurger. Malgré les beaux discours du ministre et la bonne volonté du Recteur et de l’Inspecteur d’Académie, la ruralité est la grande oubliée de l’école et de bien d’autres politiques publiques. C’est d’autant plus injuste qu’on y trouve aussi des élèves en diiculté et que leurs parents sont des contribuables payant autant d’impôts pour moins de service public.J’ai récemment interpellé le Ministre Pap Ndiaye pour lui demander d’ouvrir une classe à Janville, à côté de Compiègne. Actuellement, il y a 52 élèves dans deux classes dont 28 en Sénateur, et enfin protecteurclasse unique du CP au CM2. A la rentrée, ils seront 57 dont 30 dans la classe unique élémentaire. C’est inacceptable. Je ne lâcherai pas le ministre jusqu’à l’ouverture de cette classe.Vous agissez aussi en tant que conseiller départemental.C’est eectivement mon second mandat. J’y tiens tout particulière-ment parce que le conseil dépar-temental de l’Oise mène des po-litiques remarquables et eicaces pour améliorer les services et équipements oerts aux Oisiens.Je pense au Pass permis citoyen que j’ai conçu et dont j’ai rédigé le règlement en 2015. Un dispositif unique en France qui permet aux jeunes de 16 à 19 ans de recevoir 600 euros pour financer leur permis de conduire en échange de 70 heures de contribution citoyenne auprès d’une mairie ou d’une association. Près de 25 000 jeunes en ont bénéficié. L’aide à la garde d’enfants, les subventions pour l’achat de vélos électriques, l’installation d’alarme, de boitiers Ethanol pour les automobiles… Voici des aides concrètes bienvenues pour nos concitoyens.Par ailleurs, le soutien massif du Avec Nadège Lefebvre, une réelle complicité et une même passion pour l'Oise" Nous sommes là pour servir, et non se servir "
34 | 35Terres d’Hist’Oise N°6OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEPlus que législateur et ambassadeur, le sénateur n’est-il d’abord pas le protecteur d’un territoire ? Celui vers qui on se tourne pour avoir un appui, une aide, une intervention pour empêcher une fermeture de classe, obtenir une subvention, faire venir une entreprise…Sénateur, et enfin protecteurConseil départemental auprès des communes fait de l’Oise un des départements les plus généreux envers ses villes et villages : 50 millions d’euros par an. Cela permet non seulement d’améliorer tous les bâtiments publics (écoles, mairies, collèges, salles polyvalentes, stades…) mais aussi de faire travailler les entreprises locales. Ce n’est pas un hasard si l’Oise est le département des Hauts de France à avoir le moins de chômage.On vous voit souvent avec la Présidente du Conseil départemental, Nadège Lefebvre, lors des inaugurations ou des manifestations qui fleurissent dans l’Oise. On peut dire que vous êtes sur la même longueur d’onde ?Nous partageons les mêmes valeurs et la même philosophie de l‘action politique. Nous sommes là pour servir, et non se servir.C’est une excellente présidente, une grande travailleuse, qui maîtrise parfaitement ses dossiers tout en étant aussi très présente sur le territoire. C’est aussi une femme de caractère assumant ses décisions avec franchise. Elle défend bec et ongles le département. Elle peut compter sur mon soutien. Certains technocrates parisiens ont voulu supprimer les départements. Régulièrement, le gouvernement s’attaque à leurs finances et leur souveraineté. Grosse erreur ! Les conseils départementaux constituent des boucliers sociaux qui protègent leurs habitants.En parlant de protection, j’ai oublié une politique importante du conseil départemental depuis 2015 : le développement de la vidéo-protection avec désormais un centre de supervision départemental unique en France. Les gendarmes en louent l’eicacité. Et ils sont les mieux placés pour en juger.On vous sait aussi proche du président du Conseil régional des Hauts de France, Xavier Bertrand. Êtes-vous favorable à la création d’un conseiller territorial siègeant aussi bien au conseil departemental et au conseil régional ?Xavier Bertrand est mon ami. Il incarne la démarche politique qui m’a toujours animé, le gaullisme social, conciliant l’ordre et la justice sociale, le travail et la redistribution des richesses, la souveraineté et la responsabilité. C’est une chance pour les Hauts de France de l’avoir comme président. Il n’élude jamais les problèmes, est sans arrêt sur le terrain tout en ayant une réflexion globale fondée sur une grande connaissance du pays et une expérience précieuse. Je regrette qu’il n’ait pu défendre son projet pour la France lors des dernières élections présidentielles. Quant au conseiller territorial, c’est évidemment une idée de bon sens pour mieux coordonner les politiques départementales et régionales. Ayant été jadis conseiller régional de Picardie et étant actuellement conseiller départemental de l’Oise, je suis convaincu de la pertinence de ce nouvel élu au cœur des territoires. Ce pourrait être le pilier d’une nouvelle étape de la décentralisation dont notre pays a besoin. « On n’administre bien que de près » dit l'adage...Avec Xavier Bertrand, une vraie fraternité politique
OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISERAVENELc’est être au se rvice de l’Oise,Être Sé nateur, SUR LE PLATEAU PICARD, ON CULTIVE LA CONVIVIALITÉ ET LA BONNE HUMEUR, COMME À RAVENEL AVEC LE MAIRE, BERNARD MERLIN ET SON PREMIER ADJOINT, GÉRARD LEROY, HEUREUX D’ACCUEILLIR LE MAIRE DE WAVIGNIES, ANDRÉ RENAUX ET LE SÉNATEUR. AU SUD DES SABLONS, À NEUVILLE-BOSC, D’ÉTRANGES INSECTES, GÉANTS ET COLORÉS, VOUS ACCUEILLENT SOUS LE REGARD BIENVEILLANT DE LA MAÎTRESSE DES LIEUX, LE MAIRE, ANNIE LEROY. LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE EST UNE DES PROBLÉMATIQUES MAJEURES DE NOS TERRITOIRES, ÉPARGNANT BIEN PEU D’ESPACES. A LABOSSE, LE MAIRE, JEAN-CLAUDE DUTHION, A DÉCIDÉ D’INSTALLER UNE BORNE DE TÉLÉMÉDECINE. IL EN EST TRÈS SATISFAIT. VOICI QUELQUES MOIS, A ÉTÉ OUVERTE À MÉRU UNE GRANDE DÉCHETTERIE MODERNE ET PERFORMANTE SOUS L’ÉGIDE DU SMDO, LE SYNDICAT MIXTE DU DÉPARTEMENT DE L’OISE, PLUS VASTE GROUPEMENT DE TRAITEMENT ET DE VALORISATION DES DÉCHETS DE FRANCE, PRÉSIDÉ PAR PHILIPPE MARINI. CELA VALAIT BIEN UNE BELLE INAUGURATION.SOUTENONS NOS GENDARMES ! NOUS AVONS TANT BESOIN D’EUX. A LA TÊTE DE LA BRIGADE DE MOUY, LE MAJOR LUDOVIC AUBIN FAIT UN TRAVAIL REMARQUABLE. IL MÉRITAIT BIEN LES FÉLICITATIONS DU MAIRE DE HERMES, GRÉGORY PALANDRE, ET DE LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DÉPARTEMENTALE, NADÈGE LEFEBVRE. FLAVACOURTLABOSSENEUVILLE-BOSCMERUHERMESA BROQUIERS, JOLIE PETITE COMMUNE DE PICARDIE VERTE, LA MAIRE, YOLAINE DELETTRE, A ÉTÉ RÉCEMMENT MISE À L’HONNEUR EN PRÉSENCE DES CONSEILLERS DÉPARTEMENTAUX, MARTINE BORGOO ET PASCAL VERBEKE, POUR PLUSIEURS DÉCÉNNIES DE BONS ET LOYAUX SERVICES AU SEIN DU CONSEIL MUNICIPAL. BROQUIERSPARMI LES PLUS BEAUX MARCHÉS DE NOËL DU DÉPARTEMENT, CELUI DE FLAVACOURT, DANS LE PAYS DE BRAY, VAUT VRAIMENT LE DÉTOUR. XAVIER HUE, LE MAIRE, VOUS ACCUEILLERA AVEC PLAISIR ET SOURIRE ! de tout e l’Oise !
36 | 37Terres d’Hist’Oise N°6OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEc’est être au se rvice de l’Oise,Être Sé nateur, 36 | 37de tout e l’Oise !EVÈNEMENT ANNUEL INCONTOURNABLE DE TOUS LES AMOUREUX DES FLEURS : LES JOURNÉES DE LA ROSE, AU DOMAINE DE CHAALIS, CHAQUE MOIS DE JUIN, SOUS LE PATRONAGE DU CHANCELIER DE L’INSTITUT DE FRANCE, XAVIER DARCOS ET DU MAIRE, ALEXIS PATRIA. LA VICE-PRÉSIDENTE DU DÉPARTEMENT EN CHARGE DE LA CULTURE, ANNE FUMERY, ÉTAIT AUSSI DE LA PARTIE. A NOGENT-SUR-OISE, LA MUNICIPALITÉ AIME SA JEUNESSE ET INVESTIT DANS LA QUALITÉ, TOUJOURS AVEC ORIGINALITÉ. C’EST AINSI QU’UN SUPERBE ESPACE PÉRISCOLAIRE VIENT D’ÊTRE ÉDIFIÉ ET BAPTISÉ « PIERRE PERRET ». LE CHANTEUR ÉTAIT D’AILLEURS PRÉSENT POUR L’INAUGURATION OÙ IL A PU ENTENDRE LA CHANSON QUE LE MAIRE DE NOGENT-SUR-OISE, JEAN-FRANÇOIS DARDENNE, ET SON ADJOINTE, PATRICIA RICHARD, AVAIENT ÉCRITE EN SON HONNEUR. UN GRAND MOMENT D’ÉMOTION ET DE SOURIRE.DANS L’OISE, IL Y A DEUX BÉTHISY. BÉTHISY-SAINT-PIERRE ET BÉTHISY-SAINT-MARTIN, COMMUNES LIÉES PAR LA TOPOGRAPHIE , LA GÉOGRAPHIE (ELLES SONT ACCOLÉES), L’HYDROGRAPHIE (LA RIVIÈRE L’AUTOMNE LES LIE) ET UN RICHE PASSÉ. AVEC DEUX MAIRES BIEN SYMPATHIQUES ; JEAN-MARIE LAVOISIER, À BÉTHISY SAINT-PIERRE, ET ALAIN DRICOURT, À BÉTHISY SAINT-MARTIN. JE SUIS ALLÉ LES SALUER AVEC LA CONSEILLÈRE RÉGIONALE, MARTINE MIQUEL. CHAQUE COMMUNE (OU PRESQUE) POSSÈDE SA MARIANNE. SOUVENT COIFFÉE D’UN BONNET PHRYGIEN, PLUS OU MOINS IMPOSANTE. A GIRAUMONT, DANS LE PAYS DES SOURCES, LE MAIRE, MICHEL GUIBERT, EST FIER DE LA SIENNE, UNIQUE DANS L’OISE, ET AUX TRAITS RAPPELANT MADAME DE RÉCAMIER, ÉGÉRIE DE LA VIE INTELLECTUELLE, ARTISTIQUE ET POLITIQUE DU DÉBUT DU XIXÈME SIÈCLE.PARMI LES MILLIERS D’OISIENS À PRENDRE LE CHEMIN DE FER POUR ALLER À PARIS CHAQUE SEMAINE, IL Y A LE DÉPUTÉ MINOT ET LE SÉNATEUR PACCAUD DÈS LORS BIEN PLACÉS POUR CONSTATER LES DYSFONCTIONNEMENTS TRÈS (TROP) FRÉQUENTS DE LA SNCF : TRAINS RETARDÉS, SUPPRIMÉS, BONDÉS. LES TRANSPORTS EN COMMUN, C’EST SYMPA ! SURTOUT QUAND ÇA MARCHE.DANS LE CADRE DES JEUX OLYMPIQUES 2024, UNE FORMIDABLE PISTE DE BMX VIENT D’ÊTRE AMÉNAGÉE À VENETTE. LE MAIRE, L’HYPER-ACTIF ROMUALD SEELS, Y EST POUR BEAUCOUP. BETHISY-SAINT-MARTINNOGENT-SUR-OISEFONTAINE-CHAÂLISVENETTEGIRAUMONTETRE SÉRIEUX SANS SE PRENDRE AU SÉRIEUX, ÇA REND LA VIE PLUS AGRÉABLE, NON ?A CLERMONT, ALORS QUE LA VILLE CÉLÈBRE SON MILLÉNAIRE, LA MUNICIPALITÉ A ORGANISÉ AVEC L’ASSOCIATION DIAPHANE ET LE PHOTOGRAPHE GIL LEFAUCONNIER UNE EXPOSITION ORIGINALE RETRAÇANT LES GRANDES HEURES CLERMONTOISES AU COURS DES SIÈCLES AVEC DES FRESQUES PHOTOGRAPHIQUES RÉUNISSANT DES CLERMONTOIS D’AUJOURD’HUI JOUANT LE RÔLE DE LEURS GLORIEUX AINÉS. LE MAIRE LIONEL OLLIVIER A JOUÉ LE JEU, ET LE SÉNATEUR A PORTÉ LE HAUT DE FORME !CLERMONTDANS LES LISIÈRES DE L’OISE, AUTOUR D’ATTICHY, PIERREFONDS, TRACY-LE-MONT, CUISE-LA-MOTTE, TROSLY-BREUIL. LES ÉLUS JOUENT COLLECTIF AUTOUR DE LEUR PRÉSIDENTE, SYLVIE VALENTE-LE HIR. TOUJOURS PRÉSENTS ET SOURIANTS. BETHISY-SAINT-PIERRE
Au tournant des années 1900, la modernité est à l’orée des bois et des villes, prête à conquérir les territoires, à bouleverser les modes de vie, à révolutionner le quotidien. Les premières voitures sont là, tout comme les premiers autobus, dignes descendants des diligences. Le chemin de fer a déjà dessiné sa toile depuis plusieurs décennies et près de 300 gares accueillent les panaches blancs des locomotives à vapeur. L’avion est aussi là, fascinant, faisant rêver des foules immenses venues admirer ces fous volants qui réalisent le rêve d’Icare. Pourtant en ce début du 20ème siècle comme depuis près de deux millénaires, c’est encore au rythme des bœufs et des chevaux que l’on vit, qu’on travaille et laboure, qu’on va au marché. Les animaux sont plus des auxiliaires de labeur que des compagnons. Le machinisme agricole, ingénieux, inventif, multiplie les outils toujours plus eicaces, fabriqués chez Albaret à Rantigny, ou Bajac à Liancourt. Les batteuses envahissent les campagnes mais les tracteurs n’existent pas. Les historiens ont appelé ces années d’avant-guerre la Belle Epoque. Tout n’y est cependant pas radieux, la misère existe encore, à l’image de tant d'abris de fortune. Et même si la révolution industrielle a imprimé ses marques, la nature demeure une mère nourricière indispensable. Elle fournit le bois, la tourbe, l’argile mais aussi les fruits, les légumes. Plus de la moitié des habitants vit encore du travail de la terre. En cette Oise d’hier, on tue encore le cochon dans la cour de la ferme ou au seuil de la rue. C’était l’Oise d’hier, et même d’avant-hier. A la fois si lointaine et si proche.« Même si les automobiles et les trains sont là, on vit et travaille encore souvent au rythme des boeufs et des chevaux »C’était l’Oi se d’hier ...
On annonce les nouvelles au son du tambour. On croise les marchands ambulants, on fait aiguiser ses couteaux par le rémouleur, on prend l’eau au puits, à la mare, on nettoie le linge au lavoir. Les commerces sont nombreux. On trouve même des maisons de société, comme « au Petit bonheur » à Beauvais, où l’on vend du plaisir. On travaille bien sûr beaucoup, et pas qu’aux champs ! Les sucreries sont légion, plusieurs dizaines, comme à Néry, Pierrefonds, Grandfresnoy, Bresles. Terre de poteries et de céramiques depuis longtemps, l’Oise abrite nombre de fabriques de pots, briques et carreaux, comme à Saint Paul, La Chapelle aux Pots, Buicourt. On fait du textile à Moliens, des boutons à Méru et dans les Sablons, des chaussures à Mouy, des brosses dans le Beauvaisis, du verre à Feuquières, des lacets à Paillart, des cores-forts à Creil. La métallurgie s’est installée à Montataire, Noyon, Beauvais. Mais dans cette Oise d’hier, on sait aussi prendre du bon temps. Au café ! Chaque village a le sien et même souvent plusieurs où les dames sont rares. On fait la fête aussi. En l’honneur de Jeanne d’Arc comme à Compiègne et Noyon. Beauvais célèbre aussi les fleurs et bien sûr Jeanne Hachette. On aime le tir à l’arc comme à Bury. Et de grands rassemblements d’archers, les bouquets provinciaux, scandent la vie départementale. On fait de la musique dans les nombreuses fanfares et harmonies. Parmi les traditions, il y a enfin la choule, ce rugby venu du Moyen-âge. Et la longue paume. Ce tennis de jadis qu’aimait tant Henri IV, très présent sur le plateau picard. Le sport est balbutiant mais il s’imposera vite et attirera les foules. On commence à construire des stades, des vélodromes. On a aussi édifié des écoles, souvent des mairies-écoles comme à Warluis pour instruire la jeunesse et former de bons citoyens républicains. Il y a même parfois des écoles maternelles. Ainsi, à Crèvecœur le Grand, où plus de 70 bambins sont répartis en deux classes. C’était l’Oise d’hier et même d’avant-hier. A la fois si proche et si lointaine.Merci aux Editions Delattre pour leurs cartes postales.« On sait aussi prendre du bon temps. Et faire la fête »C’était l’Oi se d’hier ...
Ils font l'OiseFranck PiaMaire de BeauvaisVice-Président du Conseil Départemental en charge de l’Education, de la Jeunesse, de la Citoyenneté et des Fonds EuropéensEn devenant maire de Beauvais après 27 ans de mandat (dont six dans l’opposition), avez-vous réalisé votre rêve politique ou avez-vous d’autres ambitions personnelles ?Je suis évidemment extrêmement heureux car être maire de la ville préfecture de l’Oise est un immense honneur, qui procure beaucoup de joie, qui suscite de la passion mais qui induit aussi de vastes responsabilités. Je suis surtout heureux de servir les Beauvaisiennes et les Beauvaisiens. Être utile, eicace et protecteur, est pour moi une vraie source d’épanouissement.Mes seules ambitions personnelles sont familiales. Mon ambition de maire c’est le travail d’équipe et l’engagement collectif.Votre principal défi n’est-il pas d’imprimer votre propre marque, d’incarner cette figure de premier magistrat de la ville-préfecture, de sortir de l’ombre de votre prédécesseur ?Je ne vois pas du tout les choses ainsi. Je m’inscris dans la continuité de l’engagement de Caroline Cayeux pour les Beauvaisiens, dans la continuité de son amour pour Beauvais, de sa passion pour notre ville, dans l’esprit « Beauvais Pour Tous » qui est le nôtre à savoir un engagement ouvert, non partisan, au service de tous. Après, j’ai exprimé ma volonté d’être un maire protecteur, qui permet à chacune et chacun d’entre nous d’avoir une vie meilleure dans notre ville.Valéry Giscard d’Estaing souhaitait mettre en œuvre « le changement dans la continuité ». Est-ce votre cas ?Oui, comme je viens de le dire, c’est un changement dans la continuité, presque naturel, qui s’est fait avec beaucoup de fluidité et dans un parfait esprit de complicité. J’ai pour Caroline Cayeux une grande aection et un immense respect.Ces 20 dernières années, Beauvais a beaucoup changé, avec le développement de ses zones d’activité, la rénovation de certains quartiers, le nouveau visage de la place Jeanne Hachette, le parc Marcel Dassault… Quels équipements majeurs souhaitez-vous améliorer ou même implanter ?Je suis entièrement impliqué dans le Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine (NPNRU) en cours pour les quartiers Argentine et Saint-Lucien et dans le plan Action Cœur de Ville. J’ai également voulu lancer de nouvelles actions et initiatives en termes de solidarité, de jeunesse et lutte contre les discriminations avec le Plan de Protection Solidaire, que nous venons de lancer, et le nouveau Plan Action Jeunesse.J’ajoute que je me suis engagé avec force et conviction dans la transition écologique à travers le Plan de sobriété énergétique et notre projet GAÏA pour une ville toujours plus verte.Il est un sujet important pour nombre de Beauvaisiens et l’attractivité de la ville : sa liaison ferroviaire avec Paris (1h10 minimum). De nombreuses promesses ont été faites pour « rapprocher » Beauvais de Paris. Sans succès cependant. Allez-vous reprendre ce dossier en main ?Oui, parfaitement et nous venons de cosigner avec Caroline Cayeux une lettre au président de la SNCF pour réclamer de nouvelles actions et lui demander la mobilisation totale de Beauvais
40 | 41Terres d’Hist’Oise N°6la SCNF au côté de la Région Hauts de France sur ce dossier. Xavier Bertrand est à nos côtés pour soutenir cette initiative stratégique pour notre territoire et son développement.Beauvais est indissociable du Beauvaisis. Les transferts de compétence ont désormais entrelacé les politiques municipales et intercommunales. Le maire de la ville centre est aussi président de l’intercommunalité. C’était le cas dans le Beauvaisis. Cela ne l’est plus actuellement. Quelle est votre vision à ce sujet, sachant que le Beauvaisis compte 53 communes et que la ruralité veut aussi être considérée ?Pour le moment, je souhaite me consacrer pleinement à ma mission de maire : être sur le terrain, rencontrer les Beauvaisiens, les écouter et agir pour eux.Avec Caroline Cayeux présidente de la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis, nous formons un parfait tandem et cela apporte un bel équilibre entre la ville centre et les communes rurales de l’Agglo.Je connais très bien les maires ruraux par mes anciennes fonctions à la Chambre d’Agriculture et, surtout, via mon mandat de conseiller départemental en binôme avec Nadège Lefebvre, la présidente du Conseil départemental.J’aime la ruralité que je considère indissociable du Beauvaisis et complémentaire à Beauvais.Vous êtes aussi Vice-Président du Conseil départemental en charge de l’Education. Vous avez donc une so-lide expérience locale. Pensez-vous que nous devrions aller encore plus loin dans la décentralisation ? Que changeriez-vous dans le millefeuille ?Oui, l’État est toujours gagnant quand il fait confiance aux élus locaux et aux collectivités locales. J’ai aussi la conviction qu’il faut simplifier le millefeuille, réduire les normes règlementaires qui nous étouent sur le terrain, autoriser les expérimentations locales et, surtout, consacrer la diérenciation des politiques selon les territoires. Moins de lourdeur administrative, plus de souplesse pour plus d’eicacité en faveur de nos concitoyens. Il ne faut jamais perdre de vue que les collectivités locales sont les services publics de première ligne.Vous communiquez beaucoup sur les réseaux sociaux, avec de nombreuses photos. Ne craignez-vous que la forme prime sur le fond ? Cette omniprésence sur les écrans est-elle une contrainte obligatoire pour les élus d'aujourd'hui ?Non, vraiment pas car je suis aussi un homme de dossiers. Je travaille beaucoup et j’aime analyser et comprendre avant de décider. Mais les réseaux sociaux font aujourd’hui partie de notre société et la vie politique n’y échappe pas. Je n’en abuse pas, ils ne sont que le reflet de ma présence concrète sur le terrain et de mon engagement pour les Beauvaisiens.N’est-il pas diicile de concilier votre vie privée et personnelle avec vos obligations politiques ? Et si c’était refaire ?Cela dépend des périodes et des circonstances. Évidemment, lorsque ma fille a été touchée par une maladie grave, il a été très éprouvant pour moi de concilier mon rôle de maire et celui de père de famille. Mais l’aection des Beauvaisiens, en particulier, les centaines de messages que j’ai reçus sur les réseaux sociaux nous ont aussi donné, à mon épouse Catherine et à moi-même, une incroyable énergie.Comme cela peut être le cas pour de nombreuses personnes qui ont des diicultés personnelles graves, j’ai tenu à assumer mes missions de maire et à tenir la barre de la mairie. C’était mon devoir.Pour le reste, je me suis engagé en politique en accord avec mon épouse. Jamais je n’aurais suivi cette voie si elle avait considéré que cela pouvait nuire à notre vie personnelle. Je l’en remercie ici du fond du cœur car elle est mon pilier au quotidien.Portrait Chinoisien Votre devise : « Liberté Égalité Fraternité» Votre couleur préférée : Le BleuUn lm qui vous a marqué : Le Grand Bleu / Out of AfricaUn monument qui vous fascine : La Cathédrale de BeauvaisUn poème, un roman ou une chanson qui vous touche : Beautiful that way (chanson du lm « La vie est belle »)La personnalité historique ou politique qui vous inspire :Simone Veil
Ils font l'OisePatrice MarchandVice-Président du Conseil Départemental Maire-Adjoint de GouvieuxPrésident du Parc Naturel Régional Oise-Pays de FranceMardi 28 mars, lors d’un conseil municipal plein d’émotion, Patrice Marchand, élu maire de Gouvieux en mars 1983, a transmis l’écharpe tricolore à son premier adjoint, Thomas Iraçabal. Une belle passation de flambeau qui valait bien un focus sur le parcours de cet élu brillant et attachant dont la longue et persévérante action, toujours réfléchie, aura profondément marqué le Sud de l’Oise au cours des 4 dernières décennies, que ce soit comme Maire de Gouvieux, Conseiller départemental du canton de Chantilly ou Président du Pays Naturel Régional.Après 40 ans de bons et loyaux services à la tête du conseil municipal de Gouvieux, vous avez décidé de passer la main, en cours de mandat. Quelles images marquantes, quelles réalisations retiendrez-vous ?Je regarde peu dans le rétroviseur. Je suis toujours tourné vers l’avenir, la tête pleine de projets… En 40 ans, j’ai fait beaucoup de choses. Tout d’abord, j’ai assaini les finances de la commune. Puis j’ai transformé la commune. Je l’ai modernisée tout en valorisant son authenticité. Elle est devenue très attractive. Le mandat de maire, surtout sur la durée, permet de construire. J’ai vécu 40 années de pur bonheur politique à Gouvieux. Aujourd’hui, je souhaite aider mon successeur, Thomas Iraçabal, à poursuivre ce travail. Je n’oublie pas qu’en 1983, lorsque je suis devenu maire, j’étais secondé par un adjoint de grande qualité, Daniel Méresse, qui m’a extraordinairement soutenu pendant trois ans. J’ai en quelque sorte une dette à rembourser.Vous êtes aussi à la tête d’une structure moins connue qui vous tient particulièrement à cœur, le Parc Naturel Régional.Eectivement. Je l’ai fondé en 1996 avec le député-maire de Senlis, Arthur De-haine. Le Parc réunit 70 communes, 45 de l’Oise et 25 du Val d’Oise. Son but est de préserver ce territoire à l’extraordinaire richesse patrimoniale et environnementale menacée par la pression périurbaine francilienne. Cela passe par le respect d’une charte opposable aux PLU et Scot locaux. Et le P.N.R., dont les bu-reaux sont situés à Orry-la-Ville, est une sorte d’assistant à maîtrise d’ouvrage pour toutes les problématiques envi-ronnementales.Entre le début des années 1980 et maintenant, notre société a considérablement évolué. Est-il selon vous plus diicile d’être élu aujourd’hui qu’hier ?Il est en eet beaucoup plus diicile d’exercer un mandat aujourd’hui qu’il y a 40 ans, pour deux raisons. Premièrement la vie municipale a été extrêmement complexifiée. Il y a 40 ans avec mon premier adjoint nous avons rédigé tous les deux le plan d’occupation des sols de Gouvieux, sans recourir à un quelconque cabinet. Aujourd’hui ce serait impossible : rédiger un PLU impose le recours à plusieurs cabinets et requiert au moins trois ou quatre ans. Je pourrais multiplier les exemples de complexité : agenda d’accessibilité programmée, inventaires écologiques multiples pour la mission régionale, ZAN, subventions qu’il faut demander à la Région, au Département, à l’Europe, à l’Etat (DSIL, DETR, fonds vert…) et à tous les autres; ADEME, Agence de l’eau… Deuxièmement, le comportement des citoyens a changé avec le développement des réseaux sociaux. Précédemment bien entendu il existait aussi des gens Gouvieux
42 | 43Terres d’Hist’Oise N°6qui pensaient des choses fausses ou stupides. Mais ils ne pouvaient partager ceci, sauf exception, qu’avec leur entourage direct. Aujourd’hui il suit de mettre des fake news sur Facebook pour avoir quelques milliers de lecteurs qui poursuivront la diusion. C’est clairement ce qui s’est passé avec les fakes news en matière de Covid par exemple. Cette multiplication des fausses nouvelles s’est accompagnée d’une dégradation des comportements, puisque maintenant on peut dire n’importe quoi avec une chance de succès. Donc libération de la parole et libération des comportements, avec le développement de l’agressivité de ceux qui ont toujours raison !Un mandat de parlementaire, député ou sénateur, vous aurait-il tenté ?J’ai failli être député en 1986 puisque j’étais cinquième sur la liste RPR-UDF. II était prévu que nous aurions quatre députés, et le décès de Marcel Dassault pouvant évidemment s’imaginer, je devais devenir député à ce moment. Marcel Dassault m’avait d’ailleurs dit qu’il était fier qu’un ingénieur lui succède. Tout s’est déroulé de la façon prévue sauf qu’au lieu d’avoir quatre Députés nous en avons eu trois, à 450 voix près, c’est-à-dire 1/1000.Je n’ai eu aucun regret, parce que je pense que j’aurais fait un mauvais député, j’étais trop fonceur, j’aurais eu beaucoup de mal à composer avec les exigences d’un fonctionnement en groupe.Quant au Sénat en fin de carrière, j’aurais peut-être pu servir à quelque chose puisque je pense qu’il faut envisager un mandat uniquement sous cet angle. J’ai évidemment une grande expérience de la fonction territoriale, mais j’ai aussi l’avantage de bien connaître la fonction publique d’État. Cela étant, la fonction municipale est très opérationnelle et elle convient bien à mon caractère.Parallèlement à votre engagement municipal, vous avez toujours pour-suivi votre activité professionnelle. Ce cumul n’était-il pas compliqué ? Comment le gériez-vous ?J’ai bénéficié d’un privilège d’une part parce que mes fonctions au ministère des finances pouvaient s’exercer en partie à domicile sur la base des dossiers remis par les sociétés (bien avant le télétravail !) , d’autre part parce que dans la fonction publique, il est usuel d’accorder une certaine disponibilité aux élus, d’autant plus que la loi a fixé les crédits d’heures dont les élus peuvent bénéficier, et que l’usage est dans le cas particulier ( c’est un très gros avantage ) de maintenir la rémunération des fonctionnaires élus même lorsqu’ils sont absents.Vous êtes conseiller départemental du canton de Chantilly depuis plus de 20 ans. Vous connaissez parfaitement le fonctionnement de cette collectivité. Pensez-vous que le paysage politico-administratif doive évoluer ? Y a-t-il trop de strates dans le millefeuille ?En ce qui concerne les institutions territoriales, je suis partisan de la suppression des régions qui donnent une rente de situation à quelques apparatchiks de partis politiques mais n’apportent rigoureusement rien. Les fonctions territoriales de la région pourraient être attribuées au département : routes nationales, gestion des lycées, gestion de la formation… Les autres fonctions, plus régaliennes, comme les TER (dont le fonctionnement ne s’est nullement amélioré depuis que les régions sont responsables des transports ferroviaires ! ) seraient rendues au préfet de région.Portrait ChinoisienVotre devise : C e l l e d e p o l y t e c h n i q u e , « Pour la patrie, les sciences et la gloire ». La patrie avec son petit village de Gaulois, Gouvieux. Les sciences, analyse, synthèse, et humilité. La gloire, parce qu’il faut toujours viser haut et loin. Votre couleur préférée : L’orange, couleur de la chaleur, de la vitalité et de la créativitéUn lm qui vous a marqué : Out of Africa . Un monument qui vous fascine : La pyramide du Louvre. Il fallait quelque chose et à cet endroit ça ne pouvait être que ça. La personnalité historique ou politique qui vous inspire :Le Général de GaulleAvec omas Iraçabal, nouveau maire de GouvieuxGouvieux
Ils font l'OiseVirginie DouatMaire de Crépy-en-ValoisVice-Présidente de la Communauté de Communes du Pays de ValoisMaire de Crépy-en-Valois depuis octobre 2021, vous avez accédé à cette responsabilité importante dans des circonstances particulières avec le rejet des comptes de campagne du maire précédent, Bruno Fortier, dont vous étiez adjointe. Vous ne vous étiez pas forcément préparé pour cette fonction prenante.Pourquoi avez-vous décidé de franchir le pas ? Par « devoir » ? Par envie ?Avez-vous hésité ? Eectivement, je n’y étais pas tout à fait pré-parée, mais en tant que 1re adjointe, mon objectif était de m’en-gager plus profon-dément dans les dossiers, les projets, et d’ac-compagner le Maire Bruno Fortier. J’ai décidé de franchir le pas, par engage-ment vis à vis de notre équipe et des Crépynois.Je n’ai pas hésité, car j’ai eu tout le soutien de l’équipe de la majorité, et je l’ai également fait par respect pour les Crépynois, qui avaient voté, non seulement pour une liste municipale, mais aussi pour les projets que, tous ensemble, nous avions proposés.Avec près de 15 000 habitants, au Sud-Est de l’Oise, non loin du pôle de Roissy, au cœur d’un territoire à l’envi-ronnement enviable et au patrimoine re-marquable, Crépy bénéficie de solides atouts. Quels sont les défis que vous souhaitez relever, les ambitions que vous vous êtes fixées pour votre ville dans les an-nées et décennies futures ?Tout d’abord, je sou-haite dévelop-per le dy-namisme écono-mique et culturel de la Ville, et accroître son ore d’enseignement supérieur. Ren-forcer l’attractivité de Crépy-en-Valois, tout en conservant sa dimension à taille humaine, perpétuer sa devise : modernité et tradition. Les probléma-tiques environnementales sont égale-ment au cœur de mon action. Les démissions d’élus sont de plus en plus nombreuses. Qu’en pensez-vous ?Les élus sont en première ligne pour défendre les citoyens. C’est un rôle gratifiant, car nous sommes garants des souhaits de la population, mais c’est également un rôle très ingrat, avec des responsabilités de plus en plus lourdes, des contraintes administratives croissantes, moins de moyens et peu de reconnaissance.Je peux comprendre ces démissions, mais si je dois comparer le rôle des élus à celui des bénévoles dans les associations, il leur faut rester motivés et optimistes afin de porter nos projets pour l’avenir de nos communes.Même si les élections municipales ne sont pas les plus touchées, l’abstention ne cesse de progresser dans notre pays ? Seriez-vous favorable au vote obligatoire ? Ou au droit de vote dès 16 ans ?Je pense qu’il appartient aux élus locaux de faire en sorte que leurs administrés aient envie de donner leur opinion en allant voter.Qu’ils aient 16 ou 18 ans, pour s’inscrire dans une politique ou dans le cadre d’une éducation citoyenne, les jeunes devraient davantage être initiés aux Crépy en Valois
44 | 45Terres d’Hist’Oise N°644 | 45ébats, aux questions sociales. Ces sujets auraient ainsi pour eux plus de sens. A Crépy-en-Valois, c’est ce que nous tentons de faire, avec le Conseil Municipal des Jeunes. Nous avons également en projet de mettre en place, en partenariat avec l’Education Nationale, un livret citoyen qui consisterait à proposer, à des enfants de CM1 et CM2, de réaliser un certain nombre d’actions autour de plusieurs thèmes : le partage des valeurs de la République, la protection des citoyens, de l’environnement et du patrimoine, le bien vivre ensemble, le devoir de mémoire.Votre municipalité a-t-elle engagé une politique volontariste en matière de transition énergétique ? Oui, l’environnement est au cœur de mon action.Face aux changements climatiques, nous œuvrons pour la préservation de l’eau avec une gestion durable des eaux pluviales, nous réduisons nos consommations électriques avec le plan lumière, améliorons nos performances de tri de nos déchets, et ça ne s’arrête pas là ! Jardins familiaux, végétalisation des cimetières, sensibilisation à destination des habitants et des agents communaux, fauchage tardif, éco-pâturage, zéro phyto…sont autant d’actions menées dans le but d’accompagner Crépy-en-Valois vers des changements durables et cohérents, et de valoriser ainsi son patrimoine naturel et historique exceptionnel.Comme de nombreux territoires, Crépy en Valois est touché par des problèmes de raréfaction médicale. Cela vous préoccupe-t-il ?Oui évidemment. Sur la commune et aux alentours, les témoignages d’habitants sont nombreux, démontrant ainsi la diiculté,à obtenir un rendez-vous chez un spécialiste ou un médecin généraliste, qui accepterait de nouveaux patients. Une inquiétude tout à fait légitime. Je prends très au sérieux le droit d’être soigné à distance raisonnable de chez soi. Pour autant, la Ville ne peut pas agir seule en matière de santé. Elle n’est pas habilitée à travailler directement sur l’ore de soins. Elle réalise donc un travail de l’ombre en s’associant à des projets ou en menant des actions à son échelle, notamment, il y a quelques mois, avec la mise à disposition de cabinets médicaux au 1er étage de l’espace Rameau, le temps que le Pôle de Santé du Valois sorte de terre.A ce jour, ce nouvel établissement a ouvert ses portes. Il est l’aboutissement d’un projet, initié par la polyclinique Saint Côme, et soutenu par la Ville, et il vient orir un plateau technique complet, en vue d’améliorer l’attractivité médicale sur Crépy-en-Valois, et ainsi faciliter de nouvelles installations.Il complète une ore existante, notamment le centre de santé du Valois, qui conserve une place majeure dans l’ore globale de santé en proposant aux médecins généralistes de se salarier, la maison de santé l’Olivier ainsi que les praticiens médicaux et paramédicaux disséminés aux quatre coins de la Ville.Partagez-vous l’opinion de certains élus qui airment qu’il existe une compétence « cachée » mais essentielle pour les municipalités : cultiver et entretenir le Vivre Ensemble.Je pense que cette compétence existe, et qu’elle ne devrait pas être cachée. Le bien Vivre Ensemble est une absolue nécessité.Tout le monde est concerné par le Vivre Ensemble. Il en va de la cohésion sociale qui est fondamentale. Aujourd’hui d’autant plus, lorsque nous sommes face à des courants politiques ou des plateformes médiatiques qui tentent de faire peur aux gens avec des questions de diérences religieuses ou de couleur de peau.Le mieux Vivre Ensemble c’est l’intégration par la culture, par le sport, par l’éducation. Accepter les diérences, être à l’écoute, faire preuve d’estime, de respect et de reconnaissance envers autrui et vivre dans un esprit de paix et d’harmonie. Le vivre ensemble se veut à la fois comme un objectif mais aussi comme une mesure de prévention pour garantir la non violence.Portrait ChinoisienVotre devise : « Les erreurs ne se regrettent pas, elles s’assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L’amour ne se crie pas, il se prouve ». Simone VeilVotre couleur préférée : Le BleuUn lm qui vous a marqué : Vol au-dessus d’un nid de coucou.Un monument qui vous fascine : La tour de Pise, dont le côté penché exprime à la fois force et faiblesse.Un poème, un roman ou une chanson qui vous touche :Les feuilles mortes, poème de Jacques PrévertLa personnalité historique ou politique qui vous inspire :GandhiCrépy en Valois
Ils font l'OiseDavid LazarusMaire de ChamblySituée à la lisière du Val d’Oise et de l’Ile de France, Chambly a une localisation très particulière qui peut se révéler à la fois un atout et un inconvénient, non ?L’enjeu est eectivement de savoir gérer le développement démographique, urbanistique et économique de notre ville dont l’emplacement est stratégiquement enviable. Non seulement, Chambly est bien placée, avec une belle ore foncière à proximité, mais nous avons aussi une connexion routière de qualité aussi bien vers Paris qu’en direction du Nord (A16), sans oublier notre gare qui nous relie au cœur de la capitale en près de 30 minutes.En fait, notre volonté et notre défi est de faire de Chambly la première ville de province et pas la dernière de banlieue !Votre but est donc de bâtir une ville à taille humaine et d’éviter la banlieurisation.Tout à fait. N’oublions pas qu’au début des années 1970, Chambly ne comptait que 2500 habitants. Nous avons dépassé les 10 000 aujourd’hui. Notre ville a donc connu une très forte croissance en 50 ans. Et pourtant, elle aurait pu être bien plus impressionnante puisque, lorsque nous avons été élus avec Michel Françaix en 1995, nous avons stoppé la tendance à l’hyper construction, en imposant des contraintes au niveau des règles d’urbanisme. En ce qui concerne les hauteurs de bâti par exemple, nous ne voulions pas de grandes tours mais au contraire que Chambly reste une petite ville où il fait bon vivre. Il y avait d’ailleurs un vrai retard en termes d’équipements. Nous devions remettre la ville à niveau.Vous venez d’inaugurer un superbe stade de football. Une salle de sport est lancée. La salle de spectacle, Josiane Balasko, a aussi vu le jour voici quelques années… On peut dire que vous êtes un maire bâtisseur ?Et j’en suis fier. Je dois cependant rendre hommage à mon prédécesseur Michel Françaix, député-maire, dont j’ai emprunté le chemin tout en essayant d’imposer ma propre marque.Bâtir est passionnant, améliorer les services et les équipements oerts à vos administrés est un vrai plaisir. Mais ça peut se révéler un sacerdoce et même parfois un parcours du combattant. Que d’obstacles avons-nous dû surmonter pour réussir à édifier le stade Walter Luzi ! C’était presque le rocher de Sisyphe. En matière de recours, je suis désormais doté d’une expérience assez redoutable. J’avais déjà eu bien des malheurs et contrariétés avec la salle Balasko. Sincèrement, je m’en serais bien passé.Michel Françaix a beaucoup compté dans votre parcours municipal, non ?Évidemment. Il a été ma figure paternelle politique. J’ai beaucoup appris grâce à lui et à ses côtés. Puis il m’a laissé prendre mon envol sans s’accrocher à la mairie et en se consacrant à la députation. Son ouverture d’esprit, sa vision, sa volonté " Faire de Chambly la première ville de province et non la dernière de banlieue "Chambly
46 | 47Terres d’Hist’Oise N°6de faire toujours mieux sont de beaux exemples à suivre. J’ai d’abord été son conseiller délégué à la Jeunesse et au Point Emploi entre 1995 et 2001. Puis je suis devenu adjoint aux grands projets, au budget, aux ressources humaines et à l’administration générale. J’ai donc eu le temps de parfaitement apprendre à maîtriser les rouages de la municipalité ; et le 4 avril 2013, lorsque je suis devenu maire, j’étais prêt.Y a-t-il un équipement qui manque aujourd’hui à Chambly ?Il manque clairement un lycée. Des communes similaires à Chambly, comme Clermont ou Chantilly ont un lycée. Et c’est tout le sud de la Thelloise qui connait une vraie hausse démographique. Je pense à nos voisins de Mesnil-en-Thelle. Malheureusement, l’implantation d’un tel équipement structurant n’est pas de mon ressort mais de celui de l’Etat (plus exactement de l’Education nationale) et de la Région. Et pour l’instant nous ne sommes pas dans les radars.Toutes les communes de France ont subi de très fortes baisses de dotations de la part de l’Etat ces 10 dernières années. Dès lors, n’est-ce pas la quadrature du cercle que de boucler les budgets quand en plus on se veut être un maire bâtisseur ?Entre 2010 et 2020, nos dotations annuelles sont passées de 1,3 million d’euro à environ 700 000 euros, soit une réduction de moitié. Comme en parallèle nous avons fait le choix de ne pas augmenter les taux d’imposition, l’exercice budgétaire s’avère toujours plus diicile. Surtout en cette période de remontée des taux d’intérêt. Alors, on serre la vis, d’autant plus que je ne veux surtout pas que l’on supprime les politiques publiques que nous menons. Ainsi, j’ai par exemple dû supprimer un poste de directeur de la communication et d’une chargée de mission auprès du maire. Par contre, j’ai augmenté le nombre de policiers municipaux.Quelles sont d’ailleurs vos politiques publiques prioritaires ?Notre premier poste budgétaire est consacré à la jeunesse, la petite enfance, la réussite éducative. La culture et le sport ont aussi une large place, plus développée que dans la plupart des communes de notre taille. Mais c’est un choix clairement revendiqué avec l’objectif que nos habitants s’épanouissent dans la cité grâce à ces activités qui permettent à la fois de fédérer tout en orant à chacun une voie d'accomplissement individuel.Et vous, êtes-vous un maire heureux ?Je dirai que je suis un père heureux parce que je sais qu’à Chambly, mes enfants trouveront la crèche, les écoles, les associations qui leur permettront de grandir, de se construire et de trouver leur bonheur !Portrait ChinoisienVotre devise : « A coeur vaillant rien d’impossible »Votre couleur préférée : Le Bleu-Blanc-RougeUn lm qui vous a marqué : GildaUn monument qui vous fascine : Le Château de VersaillesUn poème, un roman ou une chanson qui vous touche :Je citerai 3 romans :Le vicomte de BragelonneLa chartreuse de Parme Guerre et PaixLa personnalité historique ou politique qui vous inspire :Jean Jaurès" Entre 2010 et 2020, nos dotations d'Etat ont été divisées par 2 "Chambly
Ils font l'OiseBrigitte LefebvreConseillère départementale du canton de Beauvais 1Maire-Adjointe de SavigniesVice-Présidente de la Communauté d’Agglomération du BeauvaisisPrésidente de Oise TourismeIl n’y a ni mer, ni montagne dans l’Oise, et pourtant, nous avons un formidable potentiel touristique, non ?Oui. Il y a bien évidemment nos mo-numents qui attirent de nombreux amoureux du patrimoine. L’Oise est aussi connue pour ses parcs d’attrac-tion, comme Astérix ou le Parc Saint Paul. Mais il y a bien d‘autres atouts à mettre en va-leur pour attirer les touristes. Je pense notam-ment à cer-taines richesses naturelles dont on n’a pas tou-jours conscience du potentiel.Ces deux dernières années, Oise Tourisme a ainsi beaucoup travaillé sur le thème de l’eau. Avec par exemple, la volonté de développer les activités nautiques sur le Thérain, qu’il s’agisse de kayak ou de paddle. En partenariat avec nos collègues du Val d’Oise, nous allons aussi lancer des croisières sur l’Oise sur des bateaux de standing.Nous œuvrons aussi pour ce qu’on appelle le « slow tourisme », c’est-à-dire les randonnées pédestres ou à vélo qui connaissent un réel essor. Quand on connaît nos fo-rêts et nos chemins ruraux, il y a vraiment de quoi faire. Il y a aussi des évè-nements ponctuels pour lesquels Oise Tourisme peut œuvrer avec eica-cité, comme les prochains 800 ans de la cathédrale de Beauvais.Pouvez-vous nous présenter Oise Tourisme ?C’est une petite structure d’une vingtaine de salariés basée à Beauvais qui travaille bien sûr étroitement avec le Conseil Départemental et plus particulièrement certains services comme la culture. La mission d’Oise Tourisme est de valoriser tous les atouts de notre territoire par la communication, mais aussi d’accompagner tous les acteurs du monde du Tourisme, qu’il s’agisse des hôtels, des campings, des chambres d’hôtes… Oise Tourisme peut aussi être un bon interlocuteur pour coordonner des politiques globales au niveau de tout le territoire ; prenons ainsi l’exemple de l’accueil des délégations olympiques pour les Jeux de 2024. A nous d’aider à les attirer pour les loger dans l’Oise !L’Oise possède-t-elle suisamment de structures d’accueil pour les touristes (hôtels, chambres d’hôtes,) ?Globalement oui. Il nous manque cependant peut-être quelques hôtels de très grand standing.Parallèlement, depuis deux ans, de nombreux grands gîtes ont ouvert. Des bâtiments de vaste taille, idéaux pour des fratries, des grandes familles de 10 à 15 personnes qui veulent passer une semaine ou un week-end ensemble.Savignies
48 | 49Terres d’Hist’Oise N°6Il y a d’ailleurs eu un « eet Covid ». Les gens cherchent de plus en plus à se retrouver au sein d’un cocon amical ou familial, dans la nature.Notre proximité de l’Ile de France (et ses 10 millions d’habitants), notre environnement naturel de qualité et notre ore touristique pour toutes les bourses sont des atouts plus qu’enviables !Vous siégez au Conseil departemen-tal avec votre sœur, Nadège, qui le préside. Est-ce un hasard ? Vos pa-rents vous ont-ils inculqué une fibre citoyenne ?Disons que le hasard a bien fait les choses. Car je n’ai pas du tout le même parcours que Nadège. Elle s’est engagée très jeune dans la vie municipale. Elle avait ainsi à peine 20 ans lorsqu’elle a été élue au conseil municipal de La Chapelle aux Pots. Nos parents étaient commerçants. Ils tenaient un garage automobile. Aussi, même s’ils avaient leurs idées, ils ne les clamaient pas sur les toits. De mon côté, ma « carrière » a commencé beaucoup plus tard, en 2014 lorsque l’adjoint au maire de Savignies, Michel Boquet (devenu depuis maire) est venu me chercher pour être sur la liste municipale. Je suis alors devenue conseillère. Puis sont arrivées les élections cantonales en 2015 et Charles Locquet m’a sollicité. Il ne savait alors même pas que Nadège était ma sœur ! Les choses se sont ensuite enchaînées. En 2020, je suis « montée en grade » à Savignies en devenant adjointe. J’ai aussi été nommée Vice-Présidente de l’Agglomération.En parlant de Savignies, ce beau village au riche passé potier est doté d’une vaste salle culturelle et polyvalente, construite en partenariat avec les deux villages voisins du Mont Saint-Adrien et Pierrefitte-en-Beauvaisis. Cet investissement mutualisé a-t-il fait naître des idées de fusion de communes ?C’est vrai qu’un tel investissement aurait été diicile à assumer pour une commune seule. Mais le fonctionnement est assez compliqué. Il y a un syndicat qui s’occupe de la gestion de la « salle des trois villages ». Il est présidé par le maire de Savignies. Mais Il n’est pas toujours aisé de se mettre d’accord.Quant à une commune nouvelle, réunissant les trois petites cités, ce n’est pas à l’ordre du jour. Chacune a son histoire, sa personnalité et désire continuer ainsi.Vous êtes Conseillère départemen-tale d’un canton particulier puisque mi-urbain, mi-rural, avec le Nord de la ville de Beauvais et 7 petites communes rurales du Beauvaisis (Savignies, Le Mont Saint-Adrien, Fouquenies, Milly-sur-Thérain, Saint-Germain-la-Poterie, Pierre-fitte-en-Beauvaisis, Herchies). Com-ment vous répartissez-vous la tâche avec votre binôme Charles Locquet, lui-même élu à Beauvais ? Vous oc-cupez-vous de la campagne quand lui s’occupe de la ville ?Non, je ne veux pas voir mon périmètre d’action limité à la ruralité. D’autant plus que je travaille à Beauvais depuis de nombreuses années. J’assume donc totalement ma mission départementale à Beauvais même si je regrette d’être parfois oubliée dans les invitations.Quelle est votre vision de la transition énergétique et écologique, avec l’installation de nouvelles structures comme les éoliennes, les méthaniseurs, les panneaux photovoltaïques, … ?C’est vrai que ces sujets sont devenus majeurs dans le débat public. Nous devons bien sûr prendre soin de notre planète, mais ces nouveaux outils n’ont pas que des vertus. Je pense aux gigantesques socles de bétons qui ancrent les éoliennes. N’est-ce pas une forme de pollution ? Qu’en est-il aussi du recyclage des pales ? Ou encore des panneaux photovoltaïques. Nous réfléchissons d’ailleurs à installer ce type de panneaux sur les locaux du SDIS, bien conscients de leur apport écologique. Néanmoins, en toutes choses, il faut garder une juste mesure. Sachons peser les avantages mais aussi les inconvénients.Portrait Chinoisien Votre devise : « Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien » (Abbé Pierre)Votre couleur préférée : Le BleuUn lm qui vous a marqué : La ligne verte de Franck DarabontUn monument qui vous fascine : La chartreuse du Reposoir (74)Un poème, un roman ou une chanson qui vous touche : Je n’aurai pas le temps de Michel FugainLa personnalité historique ou politique qui vous inspire :Marie Curie
Ils font l'OiseBenoit BiberonMaire de NoaillesConseiller départemental du canton de Chaumont-en-VexinMaire de Noailles, Conseiller Départemental du canton de Chaumont-en-Vexin, en charge de l’agriculture, Benoit Biberon est un des élus qui monte dans l’Oise. Toujours pragmatique et ignorant la langue de bois, c’est un homme de valeurs et de convictions. Une personnalité attachante, avec des analyses intéressantes.Un vieux dicton d’élu airme qu’un « bon maire doit savoir être à la fois un patron et la bonne à tout faire de la commune ». Qu’en pensez-vous ?Evidemment, un maire doit savoir diriger, prendre des décisions. Il peut aussi ramasser les papiers par terre lorsqu’il traverse la place communale. Mais le plus important, c’est d’être un vecteur d’esprit, d’avoir des valeurs, de les incarner, d’être vertueux, exemplaire.Un bon maire doit être animé par l’ouverture d’esprit, la volonté d’unité, de concorde, de solidarité… Et surtout être le maire de tous, ne laisser personne au bord du chemin.Vous êtes cependant connu pour votre franc-parler. Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire pour faire régner cette concorde ?La franchise peut parfois avoir des inconvénients. Mais mieux vaut des vérités qui dérangent que des non-dits. Et surtout, il faut savoir écouter.Vous êtes maintenant maire depuis près de 10 ans. Avez-vous modifié votre gouvernance depuis vos débuts ?Bien sûr. L’expérience est toujours pré-cieuse. Elle permet d’éviter de refaire les mêmes erreurs. Un maire doit avoir l’esprit d’équipe. Tra-vailler en symbiose avec ses adjoints et conseillers, sans né-gliger personne, no-tamment le personnel communal. J’ai aussi découvert les subtilités de la fonction publique ter-ritoriale ! Quelle est votre grande fierté municipale ? Votre déception la plus amère ?D’abord d’avoir ramené l’unité au sein de la commune. D’ailleurs, en 2014, lorsque j’ai été élu maire, trois listes s’arontaient. En 2020, il n’y en eut qu’une seule. Autre fierté, avoir sorti Noailles de son marasme financier sans augmenter les impôts. Quant à ma déception, c’est que les choses n’aillent jamais assez vite. Je suis souvent impatient.On assiste ces dernières années à de nombreuses démission d’élus. Comment analysez-vous ce phénomène inquiétant ?Porter l’écharpe tricolore est souvent diicile. Certains élus ne mesuraient pas toujours la diiculté de la tâche avant de prendre place au sein d'un conseil municipal. De plus, la fonction municipale est de plus en plus diicile avec des contraintes administratives qui ne cessent d’empirer.Nous vivons aussi dans une société toujours plus individualiste avec des administrés très exigeants qui se soucient peu du bien commun et refusent toute règle ou autorité. Être maire est donc de plus en plus ardu. Il faut être à la fois médiateur et décideur. Cela peut être fatiguant." Un bon maire est l'élu de tous. Il ne laisse personne au bord du chemin "Noailles
50 | 51Terres d’Hist’Oise N°6A Noailles, la vie associative est très riche. Est-ce une de vos priorités ?Oui, car les associations sont irremplaçables en matière de cohésion sociale, de lien social, de Vivre Ensemble. La mairie les accompagne donc mais tout repose sur le bénévolat. N’oublions jamais que les associations fonctionnent pour les habitants mais aussi avec les habitants. N’oublions aussi jamais le but non lucratif des associations. Une mairie n’est dès lors pas uniquement un guichet distribuant des subventions ! Je répondrai toujours présent pour aider une assocation en diiculté. Mais quand une structure a de grosses réserves financières, un " trésor de guerre ", il est logique que la municipalité lui donne un peu moins.Avec 71 communes, votre canton, celui de Chaumont-en Vexin, est l’un des plus grands de l’Oise. Est-il trop grand ? Pensez-vous, comme certains, qu’il y a trop de petites communes en France ?Vaste question ! Il faudrait sérieusement rationaliser notre organisation territoriale. Prenons les cantons, les intercommunalités, les brigades de gendarmerie, les circonscriptions de l’Education Nationale, les arrondissements préfectoraux… Aucune carte ne se superpose !Quant aux petites communes, il y a certainement des seuils critiques pour un bon fonctionnement du fait de la suradministration. Mais quoi qu’il en soit, aucun changement ne pourra se faire « d’en haut ». Tout doit venir d’en bas. Il y a certainement des gisements d’économies à faire. Et quoi qu'on en dise, la meilleure gouvernance reposera toujours sur le bon sens.Vous êtes agriculteur. N'est-il pas diicile de cumuler votre profession avec vos diérents mandats ?Cela demande bien sûr beaucoup de travail. Mais avec de la volonté et de l'organisation rien d'impossible. Et puis, je ne suis pas seul. Mon épouse, Murielle, est à mes côtés pour diriger l'exploitation et nos employés. Et il n'est pas question que je cesse mon activité. J'y suis trop attaché. Être régulièrement à la ferme ou dans mes champs est un moyen idéal pour garder les pieds sur terre au sens propre comme au sens figuré.Portrait ChinoisienVotre devise : « Ne jamais se prendre au sérieux »Votre couleur préférée : Le Bleu Un lm qui vous a marqué : L e s e n f a n t s d u m a r a i s de Jean BeckerUn monument qui vous fascine : Les monuments aux morts, et les noms qui y sont gravés .Un poème, un roman ou une chanson qui vous touche : The Mission d'Ennio Morricone La personnalité historique ou politique qui vous inspire : Patrice Marchand" Ma erté est d'avoir sorti Noailles de son marasme nancier sans augmenter les impôts "NoaillesMurielle et Benoit Biberon; agriculteurs, éleveurs et ers de l'être ! Goûtez leurs asperges, elles sont délicieuses !
Ils font l'OiseVous êtes une jeune élue au parcours atypique ? Quelle a été la source de votre engagement citoyen ? Le regrettez-vous ou, au contraire, y avez-vous pris goût ?Après deux mandats de conseillère municipale dans diérentes communes du canton de Crépy-en-Valois, secrétaire adjointe pour la deuxième fois au sein de l’Oice de Tourisme de l’Agglomération de Compiègne et engagée dans le milieu associatif, certains élus ont proposé ma candidature afin d’accompagner Véronique Cavaletti, maire de Feigneux, en tant que suppléante dans la campagne pour les élections cantonales. Finalement, quelques mois après notre élection, Madame Cavaletti a démissionné, j’ai naturellement repris ses fonctions.Le regrettez-vous ou, au contraire, y avez-vous pris goût ?Je n’ai absolument aucun regret. Bien au contraire, c’était une fierté de pouvoir être élue au sein de notre beau canton. Mon rôle est avant tout d’assurer une certaine proximité entre les riverains, les communes et la présidence du département. C’est une mission importante et nécessaire que j’essaye d’exercer au mieux quotidiennement.Vous êtes élue dans un grand et beau canton, celui du Valois et de la Vallée de l’Automne, autour de Crépy-en-Valois, Verberie, avec 25 communes. Comment vous organisez-vous avec votre binôme, Luc Chapoton ? Vous répartissez-vous « géographiquement » le travail ?Avec Luc Chapoton, nous essayons d’être présents ensemble sur la plupart des manifestations, des commémorations et des événements de l’ensemble des communes du canton. Nous organisons des permanences le jeudi de 17h à 18h comme suit : le premier du mois à la maison de ressources « France services » à Crépy-en-Valois, le deuxième jeudi du mois à la mairie de Verberie sur rendez-vous et le troisième jeudi du mois à la mairie de Bonneuil en Valois sur rendez-vous également. Nous organisons également des réunions cantonales avec l’ensemble des maires et leurs adjoints. Nous visitons régulièrement l’ensemble des communes et sommes extrêmement à l’écoute de leurs demandes. Notre mission première est de pouvoir accompagner les communes, les associations et les riverains sur le terrain.Notre société est marquée par un recul de la citoyenneté. De plus en plus d’abstention lors des élections, de moins en moins de candidats… Qu’en pensez-vous ?Nous sommes dans une situation préoccupante. J’ai le sentiment que les Français, peu importe leurs origines, niveau social et pensées politiques n’ont pas une connaissance approfondie du fonctionnement de nos institutions et du rôle des élus de proximité. Il me paraît nécessaire de lancer une campagne de communication auprès de tous pour réexpliquer l’importance d’exprimer son opinion à travers le vote. C’est un devoir civique, une chance de pouvoir exprimer ses pensées. Par exemple, les élections cantonales permettent à l’ensemble des habitants de choisir des hommes et des femmes de proximité qui les représenteront dans diérentes Sandrine ConnellConseillère Départementale du canton de Crépy-en-ValoisConseillère municipale de SaintinesSaintines
52 | 53Terres d’Hist’Oise N°652 | 53instances. L’abstention n’est pas un moyen de montrer son opposition ou son mécontentement. Il est nécessaire d’exprimer ses convictions en allant voter.Être candidat, c’est avant tout être à l’écoute de la population, disponible et réactif. Dans un contexte économique complexe et un climat social préoccupant, le choix d’être candidat peut parfois amener à une réflexion diicile avant de s’engager. Être élu, c’est un engagement vis-à-vis de nos compatriotes. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris lorsque vous avez découvert le fonctionnement des collectivités (commune, département) en bien et en mal ?Quand j’ai pris mes fonctions en tant que Conseillère départementale du canton de Crépy-en-Valois, j’ai été subjuguée par le professionnalisme des équipes travaillant au sein de l’hôtel du Département. Je pourrais définir en quelques mots ce que j’ai ressenti lors de ma prise de parole au sein de l’hémicycle : rigueur, respect, politesse, organisation et engagement.En tant que conseillère municipale, j’ai pris également conscience qu’il existe un lien très étroit entre les acteurs de notre région et de notre département. Certaines communes ont des projets plus ou moins ambitieux pour le développement de leur territoire et sans l’aide humaine, technique et financière des élus de proximité, les communes ne pourraient pas s’en sortir seules. Nous sommes, au final, une grande famille !L’irrespect, les agressions envers les élus sont malheureusement de plus en plus fréquents. Y-avez-vous été confrontée ? Cela vous inquiète-t-il ? Il est intolérable de voir des élus dans le cadre de leur fonction se faire agresser. Le manque de respect à quelque niveau que ce soit doit être condamné. Aussi bien au sein de sa propre famille, dans le cadre de son travail, dans ses études ou dans ses fonctions d’élus, le respect est ma priorité. Encore une fois, exprimer son opinion peut être fait de diérentes manières sans avoir à recourir à la violence verbale et physique.Pour ma part, je n’ai pas été confrontée à ce genre de situation. Mon engagement est simple, pur et respectueux. Je suis avant tout disponible pour aider mes prochains, sans aucune arrière-pensée. C’est simplement ma personnalité. Donner, c’est recevoir.Si vous étiez parlementaire, sur quel sujet souhaiteriez-vous légiférer ? Quel problème voudriez-vous résoudre en changeant la loi ?Aujourd’hui, mes préoccupations sont de l’ordre de préserver la France et les Français de la vitesse à laquelle notre société se transforme et évolue. Notre pays est riche à la fois par la diversité de son territoire, de son savoir-faire, de sa culture, de sa gastronomie, de ses sciences et technologies. Préservons nos ressources, limitons la délocalisation de nos talents, réduisons nos importations, redonnons priorité à l’enseignement et aux valeurs démocratiques pour lesquelles nos ainés se sont tant battus. Redonnons le goût du travail à nos compatriotes, inculquons à nos jeunes les valeurs du respect, de la famille et de l’autorité.Portrait ChinoisienVotre devise : « Donner, c’est recevoir ». Votre couleur préférée : Le BleuUn lm qui vous a marqué : Le cercle des poètes disparusUn monument qui vous fascine : Le donjon de VezUn poème, un roman ou une chanson qui vous touche : Chanson d’automne de Paul VerlaineLa personnalité historique ou politique qui vous inspire :Simone VeilSaintines
Ils font l'OiseGuy ProvostMaire de MarollesDoyen des maires de l’Oise, entré dans sa quatre-vingt-dixième année, le toujours jeune Guy Provost est un personnage haut en couleur. Amoureux de sa commune de Marolles, passionné de culture, il garde l’enthousiasme et la foi municipale des premiers jours tout en portant à merveille la sage redingote de l’expérience. Terres d’Hist’Oise a rencontré avec grand plaisir cet édile à la convivialité et au sourire contagieux.Entre vous et votre commune, c’est une vraie passion ! De quand date cette idylle ?On peut même parler d’une histoire d’amour de 90 ans ! En eet, si je suis né à Paris en janvier 1934, mes parents m’ont mis en nourrice à Marolles dès mes premières semaines. Ils n’ont pas choisi ce village par hasard puisque mes grands-parents y vivaient. J’ai alors grandi à Marolles. Mes parents étaient commerçants à Paris. Ils tenaient une des plus belles maisons de charcutier-traiteur de la capitale et étaient donc très pris par leur métier. Je suis allé à l’école à Paris mais je revenais à Marolles chaque jeudi et chaque week-end. J’y avais tant d’amis. Je me souviens des bals du samedi soir. Je jouais aussi au foot dans l’équipe locale. J’étais goal. Avant d’avoir ma première voiture, une deux-chevaux, je revenais en train. Je descendais à la Ferté-Milon, à deux kilomètres de là.Et votre arrivée au conseil municipal ? Un membre de votre famille était-il déjà élu ?Non, personne à la maison n’était élu, mais notre famille était très intégrée dans la commune. Dans les années 1950, lorsqu’une des principales entreprises du village, une boutonnerie qui comptait plusieurs dizaines d’employés a dû fermer, de jeunes Marollais sont venus travailler à Paris dans une miroiterie : ce sont mes parents qui se sont débrouillés pour les loger. J’étais fier de ces parents si généreux. Lorsqu’ils venaient à Marolles, ils apportaient toujours des bocaux de nourriture et les oraient aux gens du village.Quant à moi, j’ai été élu en 1971 adjoint et je suis devenu très vite maire. Je connaissais toutes les familles et j’étais par ailleurs soutenu et même poussé par les principaux notables de Marolles, les Waddington, dont une descendante siégeait d’ailleurs au Conseil municipal (voir article William Waddington, de Marolles à Matignon, pages 72-73).Elu depuis plus de 50 ans, vous avez vu votre village mais aussi la fonction de maire se métamorphoser, non ? Et alors, c’était mieux avant ?Oui et non ! J’ai connu Marolles avant que l’adduction d’eau, l’assainissement ou l’enfouissement des réseaux ne soient réalisés… Mais c’est vrai qu’avant, il y avait une convivialité, une sorte de fraternité villageoise qui s’est fortement estompée. Par exemple, il y avait deux cafés au village. On se retrouvait autour de la chopine. Il y avait de vrais liens aectifs qui ont aujourd’hui disparu. Désormais, à la mairie, on ne voit plus grand monde. On n’a même plus besoin d’y venir pour y faire ses papiers d’identité ! En tant que maire, je ne célèbre plus beaucoup de mariages. Seulement 2 en 2022. Parfois, un PACS… Jadis, c’était presque tous les week-end… Les temps ont changé ! Parallèlement à votre mission municipale, vous avez mené une belle carrière professionnelle, il me semble !Oui, alors que mes parents auraient souhaité me voir reprendre l’entreprise Marolles
54 | 55Terres d’Hist’Oise N°654 | 55familiale avec mon frère, je me suis épanoui dans un domaine totalement diérent : la décoration intérieure. J’ai toujours aimé embellir. D’ailleurs, la première chose que j’ai faite à la mairie de Marolles, c’est d’y installer des rideaux. J’avais eu le même réflexe lors de mon service militaire en dotant ma chambrée de Mailly-le-Camp de rideaux en papier crépon rose… Ma société de décoration intérieure fut une très belle réussite. Mon fils a repris le flambeau.La culture est un de vos chevaux de bataille …Tout à fait. J’ai longtemps organisé de superbes concerts dans la splendide église Sainte-Geneviève de Marolles, avec des musiciens de très grand talent. Plusieurs centaines de personnes se pressaient dans la nef pour y assister. Il faut dire que mes deux filles sont de formidables musiciennes. Cela m’a permis de nouer des relations précieuses. Cette passion pour la culture m’a logiquement amené à devenir Vice-Président à la culture de la Communauté de communes du Pays de Valois. Et l’une de mes fiertés est d’être l’un des fondateurs de l’école de musique de Crépy-en-Valois.Quel est votre secret pour continuer à entretenir cette flamme municipale après plus de 50 ans ?C'est évidemment la passion pour ma commune et les Marollais. Mais aussi la capacité à bien s’entourer, à travailler en harmonie. Que ce soit avec le conseil municipal, mais aussi avec la secrétaire de mairie et les cantonniers. Il faut savoir les valoriser, les féliciter. Pensez que j’ai eu la même secrétaire de mairie pendant plus de 37 ans !Enfin, le dernier secret, c’est toujours d’avoir des idées. Je rêve toujours. J’essaye toujours d’embellir. J’ai toujours quelque chose à réaliser, pour moi ou pour Marolles. On me traite parfois de doux rêveur. La rêverie est un beau moteur. Dès lors, le principal obstacle est l’absence ou la rareté des finances …En 2020, lors des dernières municipales, avez-vous hésité avant de repartir devant les électeurs ?Non, je suis en pleine forme. Je fais du vélo tous les jours ; dans ma salle de sport en hiver, le long de l’Ourcq dès que les beaux jours arrivent.Mon toubib m’a promis que je serai centenaire et il m’a conseillé de poursuivre mes mandats. Je passe en mairie matin et soir. Et j’y suis heureux.Vous avez tenté de devenir conseiller général du canton de Betz, sans succès.Oui je me suis présenté à trois reprises dans les années 1980-1990. J’ai perdu de seulement 7 voix lors d’une élection. Les campagnes cantonales étaient de belles aventuresPortrait ChinoisienVotre devise : « A cœur vaillant, rien d’impossible »Votre couleur préférée : Le blancUn lm qui vous a marqué : Crin BlancUn monument qui vous fascine : La Sainte-Chapelle et l’Eglise de MarollesUn poème, un roman ou une chanson qui vous touche : Douce France de Charles TrenetLa personnalité historique ou politique qui vous inspire :Saint Louis" Je rêve toujours "Votre dernier combat en date est celui de l’école.Exact. J’y tiens beaucoup. Nous avons ainsi réussi à éviter cette année la fermeture de classe dont nous étions menacés. Pour nos petites communes, l’école est un atout majeur. Quand une famille vient s’implanter quelque part, elle demande d’abord s’il y a une école, une cantine, un accueil périscolaire. C’est le cas chez nous, où les enfants sont accueillis de 7h à 19h. C’est important pour les parents qui travaillent souvent à Roissy ou Villers-Cotterêts.Cas rarissime dans notre République laïque, c'est sur la mairie elle-même que Sainte-Geneviève s'est installée pour mieux choyer Marolles.Marolles
BON SANG NE SAURAIT MENTIR !Bon sang ne saurait mentir !Si tous les livres d’Histoire évoquent les grandes lignées royales (Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens sans oublier les deux Bonaparte) qui ont forgé la France avant de transmettre le ambeau à Marianne et à la République, on parle beaucoup moins de ces familles si attachées et dévouées à leur commune qu’elles leur ont fourni un, deux, trois et même parfois quatre ou cinq maires. L’ Oise en compte de nombreux cas, surtout dans les zones rurales. En voici quelques exemples.Quand les dynasties sont… municipalesSéry-Magneval : Deux maires, mais un seul discours à un siècle d'écartEn 1922, une foule énorme se pressait au cœur de cette petite commune du Valois pour inaugurer le monument aux morts. A cette occasion, le maire de la commune prononça un discours fort et émouvant en hommage aux ls de Séry-Magneval morts pour la patrie. Il s’appelait Louis Levasseur. Un siècle plus tard, le 13 novembre 2022, ce même cénotaphe était rénové pour son centenaire. Le maire d’aujourd’hui, Bernard Levasseur, symboliquement, a alors relu le discours rédigé cent ans auparavant. Avec un fort pincement au cœur parce que le premier magistrat du début des années 20 n’était autre que son arrière-grand-père. Une bien belle histoire, et un dévouement plus que centenaire de la famille Levasseur envers Séry-Magneval depuis 4 générations, puisqu’entre Louis, maire de 1908 à 1929, et Bernard, adjoint dès 2008 et maire depuis 2020, trois autres Levasseur ont siégé au conseil municipal.Une affaire... de couplesLa passion municipale peut-elle eurir et s’épanouir au sein d’un couple? Assurément. Nous en avons ainsi plusieurs exemples dans l’Oise. Comme à Verberie, où Michel Arnould (maire) et son épouse Odile (adjointe à la Culture) siègent ensemble au conseil. A Milly-sur-Thérain, où Christophe de l’Hamaïde, Monsieur le Maire, peut compter sur une conseillère particulièrement dévouée et assidue, sa femme Valérie. A Bornel, où Christiane Toscani (adjointe en charge des fêtes et de la Culture) et son mari, maire, Dominique, ne se quittent pas. Enn à Bonneuil-en-Valois où Ana Paula Laveur, adjointe aux aaires scolaires, seconde ecacement son époux, Gilles. Enn, à Vil-lers-Saint-Sépulcre, Pascal et Agnès Wawrin, maire et adjointe, forment un duo de choc.Michel et Odile Arnould (Verberie)Valérie et Christophe de l'Hamaide (Milly sur érain)Dominique et Christiane Toscani ( Bornel )Gilles et Ana-Paula Laveur ( Bonneuil-en-Valois )Agnès et Pascal Wawrin (Villers-Saint-Sépulcre)
56 | 57Terres d’Hist’Oise N°6Bon sang ne saurait mentir !Quand les dynasties sont… municipalesBrasseuse, la République AcciaiOn parle souvent d’entreprise familiale, de club sportif familial, parce qu’une famille y joue un rôle clé depuis longtemps, qu’elle a fondé le commerce, la société ou l’association et que sans elle, rien n’aurait été possible.A Brasseuse, on peut oser parler de mairie familiale, tant la famille Acciai y est active et présente. Car outre Maxime, le maire jovial et emblématique, on trouve au sein du conseil municipal trois autres membres de la famille: son père, Amaddio, son épouse, Odile, et sa lle, Marie. Sans oublier Patrick, le frère, qui a aussi siégé au conseil municipal.Tels parents, tels enfantsParce que leur père, le plus souvent, parfois leur mère, portait l’écharpe tricolore, ils sont nombreux à être tombés très jeunes dans la marmite municipale et à avoir, au plus profond de leur ADN, le sens du bien commun, de l’engagement municipal, et du dévouement à leurs administrés.Ainsi, à Montiers, sur le plateau picard, depuis 1904, les Deneuourg ont ceint l’écharpe bleu blanc rouge, et, depuis 119 ans, la commune a été dirigée par un membre de cette famille pas moins de 89 ans. D’abord Henri, de 1904 à 1921, puis Léon de 1921 à 1944, André de 1953 à 1974 avant son ls Xavier, maire depuis maintenant 23 ans, qui a d’ailleurs désormais comme adjointe sa lle Julia.Non loin, à Grandvillers aux Bois, c’est la famille Candelot qui occupe le fauteuil de maire depuis plusieurs décennies. D’abord Louis, le grand-père, puis Jean-Marie, le père, de 1971 à 2008, enn son ls Bertrand, qui lui a succédé.Du côté de Froissy, alors que Gérard Enquebecq est adjoint au maire, sa lle, Sandrine, occupe les mêmes fonctions dans le village voisin, Maisoncelle-Tuillerie.Non loin, à Hardivillers, on siège aussi en famille au Conseil où Marielle Martin est l’adjointe de sa lle, Maïlys Derivry.A Omécourt, en Picardie Verte, Hubert Trancart, toujours en fonction, a, lui, succédé à la mairie à son père, André, premier édile pendant 40 ans, de 1947 à 1987. A quelques kilomètres à Broquiers, pas moins de 3 Delettre sont autour de la table du Conseil Municipal: Yolaine (à la fois mère et maire), Joël (père et adjoint), et Jenna (lle et conseillère municipale). Autre grande famille d’élus, les Loisel, dans l’ancien canton de Breteuil, à Bonvillers, où Philippe fut maire avant. Son ls, Vincent, qui a repris le témoin principal depuis 2008. Quant à sa lle, Christine, elle fut maire de Montgérain ayant pris la suite de son beau-père, René Warmé, avant de voir son mari, Philippe, devenir maire à son tour.Amaddio, Odile, Marie, Maxime et PatrickSandrine Enquebecq, adjointe de Mainsoncelle-Tuilerie, a de qui tenir : son père, Gérard, est adjoint à Froissy
BON SANG NE SAURAIT MENTIR !Alain Bouteleux, maire de Fontenay-TorcySi Pascal Verbeke, brillant Vice-Président du Conseil départemental est devenu maire d’Hétomesnil, c’est peut-être en partie parce que sa mère, Muguette, maire de Choqueuse-les-Bénards, lui a transmis le virus.Même chose du coté du Plessier sur Bulles où Jean-Paul Baltz, le maire a succédé à sa mère Denise qui avait géré la commune durant trois mandats de 1983 à 2001.Quant au Plessier sur Saint Just, François Lefebvre, a certainement beaucoup appris de son père Marc, qui l’avait devancé dans le costume de maire.A Héricourt-sur-Thérain, le schéma est un peu plus original puisque le maire, Jacky Paris, a pour adjointe sa bru, Lucie!Enn à Catenoy, Michel Rubé, doyen des maires en exercice puisqu’il est maire depuis 1965, a le soutien actif de sa lle, Annie Mittelette, seconde adjointe.Frères et mairesL orsque deux frères deviennent maires (de communes généralement assez proches), ce n'est pas un hasard. Qu'elle soit familiale, génétique ou culturelle, l'origine de leur engagement municipal n'est souvent pas à chercher très loin.C'est ainsi que le père des frères Commelin, Germain, fut pendant des décennies premier adjoint de Saint-André-Farivillers, dans l'ancien canton de Froissy. Désormais, Germain Commelin doit être er de voir ses deux stons diriger les municipalités de Saint-André-Farivillers pour Hervé (depuis 2008) et de Campremy pour Dominique (depuis 2020).Dans le Sud-Est du département, entre Valois et Multien, c'est la famille Collard qui a oert deux frères maires à son territoire; Michel à Ivors et Sylvain à Boursonne, deux jolis petits villages.Enn, en Picardie Verte, les frères Bouteleux sont bien connus ; Alain, maire de Fontenay-Torcy et « deux ex machina » passionné et passion-nant du Moulin de Cleutin, cet éco-musée d'une richesse extraordinaire où l'on apprend tout sur la vie de ja-dis dans la haute vallée du érain. Et Pascal, premier édile de Monceaux l'Ab-baye, tout aussi sympathique que s o n frère aîné.Les faux jumeauxNe cherchez pas l'erreur, il n'y en a pas! Même nom, même prénom, mais deux Philippe Barbillon. Et aucun hologramme ! L'un est maire de Ville dans le Noyonnais, l'autre de Cinqueux, dans la Vallée dorée, près de Liancourt. Aucun lien de parenté. Mais une même jovialité et un même caractère bien trempé, sans langue de bois. Au moins sont-ils jumeaux de tempérament.Philippe Barbillon, maire de CinqueuxPhilippe Barbillon, maire de VilleLe toujours jeune et souriant Michel Rubé avec sa lle et adjointe, Annie Mittelette.Pascal Bouteleux, maire de Monceaux L'AbbayeGermain, Hervé et Dominique Commelin
58 | 59Terres d’Hist’Oise N°6Charles et Guy-PierreFrères et mairesLes faux jumeauxDu grand-père au petit-lsDans le domaine du passage de témoin de mandat politique, l’exemple le plus célèbre de l’Oise est incontestablement celui de la famille Dassault. Sénateur puis Député de l’Oise de 1957 à 1986, le légendaire Marcel Dassault emmenait souvent dans Dans le canton de Nanteuil le Haudoin, la famille de Kersaint a fourni pas moins de 4 conseillers généraux (tous aussi maires de Versigny, le ef familial). Guy-Pierre, maire actuel de Versigny, est le seul à ne pas avoir aussi siégé à l’Assemblée Départementale.ses tournées du dimanche son petit-ls Olivier, semant ainsi dans son esprit des graines d’amour de l’Oise et le sens de l’engagement citoyen. Et c’est ainsi qu’Olivier Dassault reprendra pendant 28 ans, entre 1988 et 2021, l'écharpe de Marcel.Autre grande dynastie de conseillers généraux, celle des Vasselle, qui a représenté le canton de Froissy pendant près d’un siècle, de 1919 à 2015, date de la disparition de ce canton tout en dirigeant la mairie d’Oursel-Maison. Ce fut d’abord le grand-père, Louis, jusqu’en 1948, puis le père, Paul, (de 1948 à 1974) et enn le ls, Alain, conseiller général pendant 41 ans et aussi sénateur durant plus de 20 ans.Enn, du côté de Senlis, la famille Patria imprime sa marque depuis près de 50 ans à la vie publique avec d’abord Pierre Patria, maire de Fontaine-Chaâlis, Député puis Sénateur de l’Oise. Son ls, Christian, lui a succédé à Fontaine-Chaâlis en 1971 avant d’être élu Conseiller général et de devenir lui aussi Député. Et aujourd’hui, c’est Alexis, le petit-ls, qui préside aux destinées du Conseil municipal de Fontaine-Chaâlis.Pierre, Christian, Alexis, la belle trilogie PatriaRaoul, Guy-Henri et JacquesPaul VasselleAlain Vasselle
60 | 61Terres d’Hist’Oise N°6Un président pour une héroïneParmi les monarques français à avoir marqué l’Oise de leur empreinte, Napoléon III n’est pas des moindres. A Compiègne, évidement où l’Empereur aimait recevoir sa cour chaque année, à l’orée de l’automne, par « séries » d’invités d’une semaine. A Pierrefonds, aussi où il ressuscita avec le talent de Viollet le Duc, le château médiéval en ruine. Grand promoteur des lignes de chemins de fer, le neveu du grand Napoléon parcourut le reste du Département, n’oubliant pas Beauvais, où il vint, le 6 juillet 1851, inaugurer la grande statue de Jeanne Hachette qui trône encore sur la place principale.C’était alors la Seconde République et Louis-Napoléon en était le Président. Le premier Président de toutes nos Républiques. Élu en décembre 1848, il cultivait sa popularité en allant régulièrement dans les provinces. Sa venue dans la ville préfecture de l’Oise pour honorer Jeanne Hachette revêtait d’ailleurs un symbole tout particulier puisque c’est Napoléon 1er qui, en 1806, avait rétabli les fêtes Jeanne Hachette interrompues par la Révolution. Le neveu marchait dans les traces de l’oncle…Financé par une souscription des Beauvaisiens, abondée par le Conseil Général et la mairie, la statue fut réalisée par le sculpteur Gabriel Vital-Dubray et exposée quelques jours dans la cour du Louvres avant de rejoindre Beauvais.Une grande fête fut orga-nisée pour l’installation oicielle de l’héroïne beauvaisienne repré-sentée dans une glo-rieuse posture de combat-tante. La foule, nombreuse, se pressait. Et lors d’un bref discours, le Président Bo-naparte rendit un vibrant hommage à Jeanne Hachette sans oublier Jeanne d’Arc. Cet extrait de l’allocution présidentielle, plein de lyrisme, surprendra peut-être notre XXIème siècle matérialiste et paritaire…« Il est encourageant de penser que, dans les dangers extrêmes, la Providence réserve souvent à un seul être l’instrument de tous ; et, dans certaines circonstances, elle l’a même choisi au milieu du sexe le plus faible, comme si elle voulait, par la fragilité de l’enveloppe prouver mieux encore l’empire de l’âme sur les choses humaines, et faire voir qu’une cause ne périt pas lorsqu’elle a pour la conduire une foi ardente, un dévouement inspiré, une conviction profonde.Ainsi, au XVème siècle, à peu d’années d’intervalles, deux femmes obscures, Jeanne d’Arc et Jeanne Hachette, apparaissent au moment le plus désespéré pour remplir une sainte mission. L’une à la gloire miraculeuse de délivrer la France du joug étranger ; l’autre inflige la honte d’une retraite à un prince qui malgré l’éclat et l’étendue de sa puissance, n’était qu’un rebelle, artisan de guerre civile. Et cependant, à quoi se réduit leur action ? Elles ne firent autre chose que de montrer aux Français le chemin d’honneur et du devoir et d’y marcher à leur tête »Louis-Napoléon Bonaparte, premier Président de la République françaiseDu haut de son piedestal, Jeanne Hachette protège toujours les Beauvaisiens
Pour la p'tite Hist'OiseSaint Louis, un roi qui aimait l’OiseSamedi 11 mars dernier, le maire de la Neuville en Hez, Jean-François Dufour, entouré de tout son conseil municipal et de nombreux habitants, a inauguré la statue de Saint Louis restaurée qui se trouve en lisière de la commune, au pied des lacets menant au massif de la forêt de Hez, sur l’emplacement d’un château fort médiéval où la légende veut que le roi soit né. Édifiée à la fin du XIXe siècle par le duc d’Aumale, descendant de la couronne de France, cette statue rappelle le lien fort qui a uni l’Oise à Louis IX . Terres d’Hist’Oise y revient.S’il est un souverain choyé par le Roman National, c’est bien Louis IX. C’est d’ailleurs le seul de nos monarques à être plus connu par sa sainteté que par son « numéro ». C’est aussi le seul roi de France à avoir été canonisé.Traditionnellement représenté au cœur des images d’Épinal, qui tapissaient les murs des écoles de la IIIe République sous un chêne où il rendait la justice, Saint Louis est resté dans l’imaginaire collectif français, comme le roi juste, à l’écoute des plus modestes, désireux de rétablir leurs droits face à l’administration et à la noblesse. Et si le fameux chêne des manuels d’histoire est censé se trouver à Vincennes, l’Oise a fait partie des lieux de séjours favoris du souverain justicier. Le royaume de France était alors bien plus étroit que notre hexagone et avait pour cœur l’Île-de-France originelle, dont l’Oise occupe une place majeure. Durant son long règne, Louis IX séjourna souvent dans l’Oise. À Beauvais, Compiègne, Crépy, Senlis, Clermont, Creil, et aussi la Neuville en Hez. Devenu roi en 1226 à la mort de son père, Louis fut d’abord un apprenti monarque, sous le regard exigeant et bienveillant de sa mère, la régente, Blanche de Castille.Pendant les 43 ans qu’il passa sur le trône, sa politique fut marquée par la constance. Et d’abord la volonté de renforcer le pouvoir royal et d'élargir son domaine, en s’attaquant à la puissance des grands féodaux, et en s’appuyant sur une administration rigoureuse et eicace. Il n’hésita d’ailleurs pas à faire respecter son autorité par la force des armes.Ainsi, en 1233, il nomma aux fonctions de maire de Beauvais un bourgeois senlisien, Robert de Muret, à la grande fureur des Beauvaisiens et de leur évêque. S’ensuivit une émeute et le nouveau maire ne sauva sa tête qu’en s’enfuyant piteusement. La réaction du roi fut immédiate. Venu sur place, il fit arrêter et bannir les meneurs (avec en plus la démolition de leurs maisons). Sans compter une peine financière à payer par l’évêché. À Compiègne il fit édifier une forteresse et consolider les remparts. Philanthrope, bon envers les faibles et les malades, il finança la reconstruction de l’Hôtel-Dieu (devenu aujourd’hui les salles Saint-Nicolas). Une des fresques ornant la salle du conseil municipal représente ainsi le roi et son fils portant le premier malade accueilli dans l’hôpital. C’est aussi sous son règne que le Comté de Clermont fut à nouveau rattaché au domaine royal. Enfin, Chambly a un lien fort avec le souverain qui vint en 1248 y rendre visite au Seigneur local, Pierre, qui l'avait protégé lors d'un combat. Pour célébrer la venue royale, un feu de joie fut allumé. Depuis, chaque Saint Louis est toujours présent à la Neuville-en-Hez, au moins par sa statue
62 | 63Terres d’Hist’Oise N°6année, la tradition perdure, c'est la fête du Bois Hourdy. L'église Notre-Dame de Chambly, superbe édifice gothique, fut édifiée à la même période, et avec l'aide financière de Saint Louis, en respect d'un voeu exaucé de guérison de sa mère. Louis IX se distingua par ailleurs par sa piété, considérant sa vie comme une longue pénitence ; n’abusant ni de vin, ni de bonne chair, portant un silice, se faisant fouetter le vendredi en souvenir du martyr du Christ, soignant et lavant les pauvres, nourrissant lui-même les lépreux…Sa foi toute puissante l’amena aussi à guerroyer vers la Terre sainte. Il s’embarqua ainsi pour les septième et huitième croisades, emmenant avec lui bien des seigneurs de l’Oise. Beaucoup ne revinrent pas. Saint Louis, lui-même, fut victime de la peste devant Tunis en 1270.Roi bâtisseur, notamment de bâtiments religieux majeurs, comme la Sainte Chapelle ou l’abbaye de Royaumont, Saint Louis a laissé son empreinte dans l’Oise. La statue de la Neuville-en-Hez mais aussi celle ornant la façade de l’Hôtel-de-Ville de Compiègne en sont deux des plus belles traces.La naiLa naissance de Louis IX à La Neuville-en-Hez : mythe, légende ou réalité ?Alors que la plupart des historiens pensent que Saint Louis est né à Poissy en 1214, certains puits de science locaux d’hier et d’aujourd’hui maintiennent mordicus qu’il a vu le jour à la Neuville-en-Hez, avant d’être baptisé à Poissy. Outre la tradition orale, la conviction repose sur un courrier de Louis XI rédigé à Compiègne en 1468 évoquant une exonération d’impôts pour La Neuville en Hez « [… ] À cause de ce que au lieu de la Neuville, Monsieur Saint Louis, notre prédécesseur de glorieuse mémoire, fut né, et y prit sa naissance ». Pas d’autres traces. Aucune preuve écrite ou matérielle. Malgré la fierté de nos érudits locaux, et la force de la revendication de la paternité oisienne du sanctifié monarque, on ne peut donc être sûr de rien. Ce qui permet toutes les hypothèses…Au moins, savons-nous que le souverain a souvent séjourné dans l’Oise à La Neuville en Hez, aux portes de ces bois giboyeux.Saint Louis portant le premier malade dans l'Hôtel-Dieu de Compiègne reconstruit sur sa volonté (fresque de la salle du Conseil Municipal de Compiègne).
Pour la p'tite Hist'OiseCorréus, notre VercingétorixCésar. Plus qu’un grand homme, un mythe. Un des rares acteurs majeurs de l’histoire à avoir vu son patronyme transformé en nom commun : César, Kaiser, Tsar, synonyme de souverain tout-puissant, maître absolu. Peut-être plus qu’Alexandre le Grand, à peine moins que Napoléon, César a marqué les esprits à jamais, même si ses conquêtes et son empire furent bien moins vastes. Et le génie, l’originalité de ce fils de Rome fut de bâtir lui-même sa légende en la rédigeant au sens propre.Parti chercher la gloire en Gaule pour mieux conquérir le pouvoir à Rome, Jules César dût y guerroyer plus de huit ans. Or tout au long de ses campagnes, il a toujours veillé à informer Rome de l’avancée et des victoires de ses troupes, se donnant le beau rôle. Ce récit de ses exploits, destiné à le rendre populaire, est connu sous le titre de « Guerre des Gaules ». Un ouvrage unique en son genre, premier acte de propagande « moderne » au service du seul général romain. Mais aussi une mine d’or pour les historiens leur permettant, après avoir évité de tomber dans les pièges de l’autoglorification, de mieux connaître cette Gaule si compliquée, divisée en tribus redoutables et souvent rivales.Parmi elles, les Bellovaques, dont le territoire s’étendait sur une grande partie de notre Oise, et qui ont donné leur nom à Beauvais. « Les Bellovaques, dont la gloire militaire surpassait celle de tous les Gaulois », d’après César (La Guerre des Gaules – Livre VIII). Les Bellovaques, dont le chef Corréus (ou Corréos) fut un des principaux ennemis de Rome, un des résistants les plus coriaces à la conquête des légions de César. Les Bellovaques, qui continuèrent le combat alors que Vercingétorix avait été vaincu à Alésia et emmené captif à Rome. Les Bellovaques, et surtout Corréus, guerrier charismatique « auquel la masse obéissait, parce qu’on le savait animé d’une haine particulièrement violente contre Rome » (La Guerre des Gaules – Livre VIII).Si on ne sait pas grand-chose sur la vie de Corréus, le défi qu’il lance à l’envahisseur romain et sa mort héroïque nous sont connus par le récit de César. La guerre des Gaules avait commencé 7 ans plus tôt, en 58 avant Jésus-Christ. L’emprise romaine s’étendait alors sur le sud de la Gaule, la Narbonnaise (qui regroupe l’actuelle Provence et le Languedoc-Roussillon) étant une province directement sous administration de Rome. Le reste de la Gaule, dite « chevelue » (car très forestière) divisée selon les Romains en trois territoires, l’Aquitaine, la Celtique et la Belgique, était une mosaïque de tribus sœurs mais indépendantes et querelleuses.Prudente, mais très attentive à tout ce que qui se passait au-delà des Alpes, craignant la force au combat de ces fiers Gaulois, la république romaine rêvait de dominer cette Gaule aux mille richesses et dangers. Les Gaulois de Brennus n’avaient-ils pas saccagé l’Italie et même occupé Rome en 387 avant Jésus-Christ ? Ces barbares au physique imposant et aux cheveux longs ne constituaient-ils pas une « Les Bellovaques, dont la gloire militaire surpassait celle de tous les Gaulois ... »La mort de Corréus, tableau disparu de Diogène Maillard
64 | 65Terres d’Hist’Oise N°6menace permanente, un ennemi héréditaire ?Aussi, lorsque l’ambitieux César, après avoir occupé la fonction principale de Consul en 59 avant Jésus-Christ, est nommé l’année suivante pour 5 ans proconsul de Gaule Cisalpine et Transalpine (le Nord de l’Italie), il imagine tirer parti de cette opportunité pour s’orir une gloire militaire précieuse afin de servir sa soif de pouvoir. Les circonstances vont alors lui permettre de prendre militairement pied en Gaule. Tout commence au printemps 58 lorsque les Helvètes (peuplade occupant l’actuelle Suisse), menacés par un peuple germain, les Suèves, décident de migrer vers l’Ouest, vers l’Atlantique, contre la volonté des Eduens, tribu alliée de Rome, dont le territoire (au Nord du massif Central) se trouve sur leur passage. Les légions de César interviennent alors et contraignent par la force les Helvètes à retourner chez eux.Entrées en Gaule, les troupes romaines n’en sortiront plus et devront aronter successivement la plupart des tribus gauloises, unies ou séparées.Dès 57 avant Jésus-Christ, c’est le premier arontement avec les Bellovaques, mais aussi les Suessions et les Nerviens. Puis, à raison d’une campagne chaque année, César et ses hommes vaincront les Vénètes en Armorique, les Germains Outre-Rhin, les Eburons, les Sénons, les Trévires, les Carnutes, … avec même un passage en Angleterre.En 52 éclate la grande révolte menée par Vercingétorix qui, après l’échec romain devant Gergovie, se terminera victorieusement pour Rome avec la reddition du chef arverne à Alésia. Le printemps 51 verra l’ultime campagne, notamment contre les Bellovaques, mais aussi les Bituriges, les Carnutes, les Eburons et les Trévires. Dès lors totalement soumise, la Gaule devient une province romaine, et la civilisation gallo-romaine pourra s’épanouir.Mais le baroud d’honneur des Bellovaques occupe une place importante dans le dernier grand livre de La Guerre des Gaules. D’abord parce que ce fut le combat décisif. Ensuite car Corréus était un combattant redoutable et redouté. Etant parvenu à coaliser aux Bellovaques d’autres tribus (les Ambiens, Auberques, Calètes, Véliocasses, Atrébates), et escomptant les renforts de Germains, Le théâtre de Vendeuil-CaplyLes arènes de SenlisCésarbien plus qu'un personnage historique, un mythe !
Pour la p'tite Hist'OiseCorréus établit un camp fortifié sur une colline pour y attirer César et le forcer à l’assiéger. Prudent et méthodique, le général romain fit bâtir à son tour face à la citadelle des Gaulois un bastion défendu par un parapet, un double fossé, un rempart et de hautes tours. Lui aussi, outre plusieurs légions, bénéficiait du soutien de Gaulois ralliés à sa cause : Les Rèmes, les Lingons et même quelques Germains.Après plusieurs jours d’observation avec de régulières escarmouches entre de petits commandos, les Romains, galvanisés par l’arrivée annoncée de légions supplémentaires s’attaquèrent à la place forte de Corréus ; les Gaulois se replièrent, poursuivis par les Romains, jusqu’à l’arontement final où périt Corréus ; « combattant avec un grand courage et blessant beaucoup de monde, il finit par obliger les vainqueurs, emportés par la colère, à l’accabler de leurs traits » (La Guerre des Gaules – Livre VIII).Orphelins de leur chef, les Bellovaques demandèrent la paix ; Le vainqueur, désireux de finir de pacifier le reste de la Gaule, l’accorda, rappelant cependant à ses adversaires qu’ils avaient « seuls contre tous persévéré avec opiniâtreté »… Parti mâter les dernières poches de résistance, il laissa quand même d’importante cohortes en pays bellovaque pour parer à toute nouvelle révolte.Corréus, chef de la « nation la plus belliqueuse », semble un peu ignoré de la grande histoire. Pourtant comme Vercingétorix, il a osé braver César. Mais, contrairement au vainqueur de Gergovie et vaincu d’Alésia, il est mort au champ d’honneur et ne s’est pas rendu. Emmené en captivité à Rome, emprisonné, exhibé enchaîné lors du triomphe organisé par César en 46 avant Jésus-Christ, Vercingétorix fut mis à mort par étranglement. A nous, lointains successeurs des Bellovaques, de ressusciter la mémoire du courageux Corréus, l’oublié de la postérité.« Corréus, l'injuste oublié de la postérité »Même Uderzo et Goscinny ont oublié Corréus !
66 | 67Terres d’Hist’Oise N°6Victor Hugo, l'apprenti poète de TroissereuxPoète, romancier, dramaturge, auteur d’une pluie de chefs-d’œuvre, mais aussi pair de France, député, sénateur, Victor Hugo est l’un des géants de nos lettres et de notre Histoire. Flambeau et conscience, il incarna à lui seul la République et l’opposition à Napoléon III entre 1851 et 1870. Alors que son énergie légendaire lui permit de traverser presque la totalité de ce XIXème siècle où les grandes plumes furent nombreuses à rayonner en France (de Châteaubriand à Flaubert, de Stendhal à Balzac, de Lamartine à Dumas…), son génie précoce et son talent intemporels, sa vision humaniste, sa capacité à ériger l’art en un révélateur social et une arme politique en ont probablement fait le phare le plus puissant, guidant les masses et les esprits vers les horizons du progrès, de la fraternité et de la liberté. A la tribune des assemblées, dans les journaux, à travers les destins de Gavroche, Cosette ou Jean Valjean, Victor Hugo, par la magie de son verbe et son labeur colossal, n’a jamais cessé d’œuvrer pour le beau et le bien.Comme tous les grands écrivains, Hugo a parsemé ses poèmes, ses romans et ses drames au gré de sa géographie intime. Là où il a vécu, là où il est passé, ici fut souvent la source de son inspiration. L’Espagne de son enfance (Hernani, Ruy Blas), Paris, sémillante dont il connait tous les monuments et les moindres recoins, Villequier où il a tant pleuré, Jersey, Guernesey, Bruxelles, terres d’exil et de travail… Parmi ces territoires hugoliens, point d’Oise. Et pourtant, il y est venu. Au sortir de l’enfance, aux balbutiements de l’adolescence. A Troissereux précisément, dans ce beau château qui fait toujours la fierté de la commune.C’est d’ailleurs une belle histoire de famille et d’amitié. Victor Hugo et ses deux frères, Abel et Eugène, eurent une jeunesse compliquée, tiraillés entre des parents qui ne s’entendaient pas et vivaient séparés. Leur père, « ce héros », courageux général napoléonien, proche de Joseph Bonaparte, accueillit ses fils en Espagne où Joseph avait reçu la couronne royale et tentait de pacifier un pays rebelle à la conquête française. Parmi les proches de Léopold Hugo, glorieux militaire, il y avait l’un de ses collègues, aussi gradé que lui, le général Edmé-Aimé Lucotte. Leurs familles devinrent proches et les fils Hugo se lièrent aux enfants Lucotte. Ce lien perdura pendant des années, bien au-delà du séjour espagnol ….. D’abord parce que les deux « tribus » vécurent en voisines d’immeuble à Paris dans les années 1812-1815 (Mme Hugo mère ayant alors « repris » ses enfants). Ensuite parce que Victor éprouvait une forte admiration pour la générale « Lucotte », de son prénom Jeanne Philippine Rosalie, qui préférait cependant se faire appeler plus simplement Rosalie. Il lui dédia d’ailleurs plusieurs de ses premiers vers. On trouve témoignage de cette attirance du jeune Victor pour cette femme mûre séduisante dans l’ouvrage écrit bien des années plus tard par Adèle, l’épouse du Victor Hugo, une légende française
Pour la p'tite Hist'Oisegrand écrivain.Or Rosalie, née en 1776, est descendante de la famille de Corberon qui possède sous l’Ancien Régime des titres de Seigneurie sur Tillé, Rieux, Troissereux et son superbe castel Renaissance de briques. Son grand-père , le marquis de Corberon, fut même Président du Parlement de Paris. Dans les temps troubles de la Révolution, Rosalie connut des malheurs et des miracles. Alors que son père et son frère sont décapités en 1794, à l’apogée de la Terreur, et qu’elle-même est arrêtée et emprisonnée à Chantilly, promise à son tour à l’échafaud, elle ne doit son salut qu’à un mariage éclair avec son geôlier, un pur sans-culotte du nom de Jean-Marie Babillon. Ce mariage de circonstance, de « salut public », ne dura évidemment pas, une fois la guillotine rangée.Quant au château de Troissereux et ses terres, ils sont saisis par l’Etat, en tant que biens nationaux, tandis que le mobilier est vendu aux enchères.Après 1795, la tornade révolutionnaire se calme, puis s’éloigne, et un certain Bonaparte rétablit l’ordre dans le pays après voir cueilli une gloire militaire en Italie. Souhaitant ramener la sérénité et encourager le retour des familles nobles qui avaient quitté la France, le Premier Consul Bonaparte fait publier un décret de restitution des biens confisqués par l’État s’ils n’ont pas été vendus. Or, ni le château de Troissereux, ni ses terres, n’ont été mis en vente ! Les héritiers Corberon, Rosalie et son frère Daniel, retrouvent ainsi leur propriété.Avec Bonaparte et le Consulat, la paix civile et la prospérité tant attendues sont de retour. On veut rattraper le temps perdu après les dix années où le volcan de la Révolution a tout renversé. Pour Rosalie, Vénus admirée, c’est le temps de tous les possibles. Alors que dans le sillage de Napoléon, le prestige de l’uniforme est à son apogée, Rosalie s’amourache d’un des nouveaux héros du moment, un militaire renommé devenu Général, Edmée-Aimé Lucotte, qui dirige les troupes basées dans l’Oise. Lui-même réside à Beauvais. La légende veut que le mariage ait été arrangé par l’Empereur lui-même lors de sa venue avec Joséphine de Beauharnais à Beauvais Léopold Hugo, général napoléonien et héros de ses ls« Entre malheurs et miracles, Rosalie de Corberon passe des marches de l’échafaud à l’estrade de la Haute Société »Victor Hugo enfant
68 | 69Terres d’Hist’Oise N°6en 1802. Toujours est-il que les noces ont lieu le 17 juillet 1802 et que deux enfants aux prénoms très napoléoniens (Jean-Charles Napoléon et Joséphine Julie Edma), naissent vite.Les aléas des aectations militaires enverront le "Générale Lucotte" en Italie, où le frère aîné de Napoléon, Joseph, est devenu roi de Naples. Là, Lucotte côtoie un autre général, Léopold Hugo. Et lorsque Joseph passe du trône de Naples à celui de Madrid sur la volonté de l’Empereur, les généraux Lucotte et Hugo le suivent.Là, encore enfant, Victor, se lie aux Lucotte. Et quelques années plus tard, Rosalie sera une de ses premières muses. Il lui écrira plus d’un poème, toujours poli et respectueux. C’est un amour évidemment platonique. Le futur père des Misérables n’est alors âgé que de 12 à 14 ans. Mais la maîtrise technique de la versification est déjà là.A Madame la générale Lucotte« Madame, en ce jour si beauQui vous annonce un an nouveauJe vous souhaite de bonnes années,Des jours de soie et d’or filés,Et surtout en votre vieillesseDe bons enfants et des richesses.Ainsi, Madame, pour en finir,C’est avec bien du plaisir Que je vous présente en ce jour Et mon hommage et mon amour »Par son serviteur, Victor Hugo – 1er janvier 1814.Ou encore ce madrigal écrit un peu plus tard, d’une plume très classique :« Mon cœur suit pour vous aimer, Ma voix suit pour vous le dire, Mais, hélas, pour vous l’exprimer, Madame, quelle voix pourrait jamais suire ?»A-t-il composé des vers à Troissereux ? Nul ne le sait. Mais il y vint. Il y rêva, il s’y inspira, troublé par la belle Rosalie. Même discrète et cachée sous une vie de génie, l’Oise a donc une petite place dans l’uni-vers hugolien, telle une primevère dans une rose-raie merveilleuse.« La « Générale Lucotte », châtelaine de Troissereux, et première muse avouée de Victor Hugo »
Pour la p'tite Hist'OiseWilliam WaddingtonDe Marolles à MatignonCe n’est pas le plus connu des grands élus du début de la IIIème République. Et pourtant, c’en est un des pères fondateurs. Plusieurs fois ministre (de l’Instruction Publique, des Aaires Etrangères), il fut surtout Président du Conseil (l’équivalent du Premier Ministre aujourd’hui).Si son patronyme britannique peut surprendre, William Waddington fut lié à Marolles pendant près de 50 ans. Cette petite commune, à l’extrême orient de l’Oise, enclavée dans l’Aisne, fut son port d’attache et havre de repos. Il fut d’ailleurs Sénateur de… l’Aisne de 1876 à 1894.On ne s’appelle pas Waddington par hasard. S’il est né dans l’Eure et Loir à Saint-Rémy-sur-Avre en 1826, William Waddington est bien d’origine britannique, et plus précisément écossaise par son père, filateur. Il suivit d’ailleurs de brillantes études à l’université de Cambridge. Spécialiste de l’antiquité méditerranéenne archéologique, il voyagea en Syrie au début des années 1860.Durant ces années, il choisit définitivement la France. Et la République ! Après avoir opté pour la nationalité française, celle de sa mère, il s’implique dans les cercles républicains qui ont bien du mal à exister sous le Second Empire de Napoléon III.Mais dès l’eondrement du régime napoléonien, après la déroute de Sedan face à la Prusse, la IIIème République est proclamée le 4 septembre 1870 et les Républicains prennent immédiatement les rênes de l’Etat, tentant de continuer le combat. William Waddington commence alors la carrière politique qui le mènera au sommet. En février 1871, il est ainsi élu député de l’Aisne. Il siège bien sûr parmi les Républicains aux côtés de Clémenceau, Gambetta, Louis Blanc et le grand Victor Hugo. La même année, son prestige, sa solidité intellectuelle le font aussi élire à la Présidence du Conseil Général de l’Aisne qu’il occupera jusqu’en 1879.Preuve qu’il fait partie de ceux qui comptent, en 1873, il est membre de la commission des Trente chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Il devient pendant une courte semaine Ministre de l’Instruction Publique, des Cultes et des Beaux-Arts en mai 1873.En 1876, il quitte l’Assemblée pour se faire élire au Sénat. Il y siégera jusqu’à sa mort en 1894. La même année, il rentre à nouveau au gouvernement, toujours comme Ministre de l’Instruction Publique. Fin 1877, il change de portefeuille, devenant Ministre des Aaires Etrangères.L’année 1879 voit l’apogée de sa carrière puisqu’il devint président du Conseil. Parmi ses ministres, il nomme l’ancien maire de Paris, un certain Jules Ferry, à l’Instruction Publique. Son ministère dure William Waddington
70 | 71Terres d’Hist’Oise N°611 mois, bien plus que la moyenne à l’époque. Sous son égide, quelques décisions symboliques mais importantes seront prises : l’adoption de la Marseillaise comme Hymne National, une loi d’amnistie pour les communards, enfin le retour des députés à Paris (ils siégeaient depuis 1871 à Versailles).Après 1879, il ne sera plus membre du gouvernement, mais siégera toujours au Sénat où il sera réélu en 1885. Néanmoins, bénéficiant d’une stature d’Homme d’Etat, il occupera la prestigieuse fonction d’Ambassadeur de France à Londres, de 1883 à 1893. Le Royaume-Uni étant alors la première puissance mondiale, il s’agit là du poste diplomatique le plus important après celui de ministre des Aaires Etrangères.Quant à Marolles, il y séjourne régulièrement. Son lien avec le village fut d’abord amoureux. En 1850, il épouse Mathilde Henriette Lutteroth, héritière du château de Bourneville qui se trouve sur le territoire de Marolles. Mais le bonheur se mue en drame puisque Mathilde meurt à peine deux ans plus tard lors de l’accouchement de leur premier enfant, un garçon, Henri. Jeune veuf, William Waddington restera toujours fidèle à son domaine de Marolles. Il se remariera en 1874 avec une citoyenne américaine. Jusqu’à ces dernières années, la famille Waddington résidait encore au château de Bourneville, et pendant tout le XXème siècle, elle a eu une influence majeure sur la vie du Conseil municipal. Guy Provost, le maire actuel, en place depuis plus de 50 ans confesse d’ailleurs que c’est avec l’adoubement des Waddington qu’il devint maire.Raviver le souvenir aujourd’hui bien discret de William Waddington est loin d’être inutile, car l’arc-boutant qu’il apporta à l’édification de la cathédrale républicaine ne saurait être minoré. Et Marolles, charmante petite commune excentrée de l’Oise, aux portes de Villers-Cotterets l’Axonaise, mérite d’être connue.La résidence de Waddington à Marolles« Un patronyme britannique, mais un grand serviteur de la République française »Bernard Cazeneuve, un autre Oisien à MatignonIl est un autre rejeton prodigue de l’Oise pas-sé par Matignon. Un homme politique à la fois brillant et discret, moins charismatique qu’à la solide technique. Ce premier ministre, pas forcé-ment resté dans toutes les mémoires mais unani-mement respecté pour son sens de l’Etat et de la République, c’est Bernard Cazeneuve. Ephémère chef du gouvernement sous François Hollande, de décembre 2016 à mai 2017, après avoir suivi sagement un cursus honorum impressionnant ( maire d’Octeville puis Cherbourg-Octeville, conseiller général, régional, député, ministre des Aaires Européennes puis du Budget et enfin de l’Intérieur). Bernard Cazeneuve est né à Senlis en 1963. Il y a passé sa prime jeunesse dans le quartier de Bonsecours avant de s’installer à Creil où son père était institu-teur. Lui-même sera collégien à Gabriel Havez puis lycéen à Jules Uhry.Toujours attaché à l’Oise, il possède une résidence dans l’atmosphère feutrée et re-cherchée du Lys à Lamorlaye.
Pour la p'tite Hist'OiseDu coté des lavoirsA l ’ombre de nos somptueuses cathédrales et de nos glorieux châteaux, on a parfois tendance à négliger ce que l’on appelle le « petit patrimoine ». Comme on parle péjorativement des « petites gens » qui ne mériteraient pas la même attention que les hautes personnalités… Triste erreur et même cruelle faute ! Ne négligeons donc pas ces monuments souvent modestes par la taille mais riches de leur histoire ; calvaires, puits, fontaines… et lavoirs.Ces lavoirs qui disparaissent souvent, oubliés. Ces lavoirs qu’on ne regarde plus guère et qui ont pourtant eu un rôle si important du XIXème siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale et l’avènement des machines à laver. Car le lavoir était un lieu central du village. Le ou les lavoirs puisque la plupart des communes en comptait plusieurs. Ainsi, à Berneuil en Bray où la municipalité vient de rénover celui situé au cœur du village, il y en avait 5. A Pontpoint, on en comptait 10.Autour du lavoir, véritable agora des lavandières, on parlait beaucoup, on riait, on chantait. C’était « l’hôtel des médisances », « le moulin à paroles »… On refaisait le monde et défaisait les réputations. Les hommes allaient au café, les femmes au lavoir. On ne parlait alors pas de partage des tâches ménagères.Le travail était fatiguant, usant, à genoux, les mains dans l’eau froide. Il y avait des blanchisseuses de profession et les laveuses qui se contentaient de leur linge. C’était l’époque où il n’y avait pas l’eau courante. On allait prendre celle du puits ou de la fontaine.Lieu de société, le lavoir était aussi un lieu de salubrité. Ce fut d’ailleurs, la Seconde République par une loi de Février 1851 qui permit la multiplication des lavoirs. Suite à plusieurs épidémies dont une de choléra particulièrement ravageuse en 1849, il fut décidé d’encourager les communes à construire ces équipements porteurs d’hygiène. Ce texte législatif prévoyait notamment une aide financière aux municipalités qui se lançaient dans ces travaux. Le résultat fut spectaculaire et le nombre de lavoirs « Le lavoir, agora des lavandières »
72 | 73Terres d’Hist’Oise N°6tripla dans le pays. Dans le même temps, furent aussi édifiés de nombreuses fontaines, mesure d’hygiène complémentaire, les deux eaux ne devant pas être confondues ! Logiquement, les résultats sanitaires furent spectaculaires.Enfin, les lavandières ont souvent inspiré les artistes. Quelques poètes, notamment Victor Hugo, sensible aux charmes d’une belle « blanchisseuse, gaie et tendre » (Choses écrites à Créteil) mais aussi Aloysius Bertrand. Et surtout des peintres : Millet, Gauguin, Courbet ou encore Pierre-Auguste Renoir et Pissarro.Mis à la retraite par la modernité, ces lavoirs sont là pour rappeler ces temps pas si lointains où tout était plus diicile. Où la machine était rare et l’homme irremplaçable.Le lavoir de Berneuil-en-Bray a retrouvé sa jeunesseIls sont beaux, nos lavoirs !Halle ou piscine ?Bordé par l'Aronde, coié par les raméesA Orry, on y chante et on y danseTelle une chapelle eurie
Pour la p'tite Hist'OiseMortefontaine, l'écrin oisien des BonaparteLe 15 octobre dernier, Mortefontaine s’est jumelée avec une petite ville américaine, Bordentown, jolie cité de la côte est des Etats-Unis, dans l’Etat du New Jersey. Un jumelage qui ne doit rien au hasard, mais tout à l’histoire, et même à la grande histoire, celle de Napoléon. En eet, le lien entre Mortefontaine et Bordentown a plus de 200 ans. Et ce lien a un visage, celui de Joseph Bonaparte, le frère ainé de l’Empereur Napoléon. Joseph Bonaparte qui acheta le château de Mortefontaine en 1798 avant de s’exiler aux Etats-Unis à Bordentown, après l’abdication de son frère en 1815. Dans la galaxie Bonaparte, Joseph, homme d’aaires, diplomate, est un personnage clé. Napoléon en fit d’ailleurs un monarque, roi de Naples puis d’Espagne.Napoléon aimait ce frère aîné avec lequel il avait quitté la Corse tout jeune pour faire son éducation dans une froide et austère école militaire. Et les deux frères ne s’étaient jamais éloignés. Chacun avait ses talents. A Napoléon, l’art de la guerre et de l’administration. A Joseph, celui de la négociation, diplomatique et financière.Les deux hommes partageaient un sens tout méditerranéen de la famille, véritable clan protecteur. C’est ainsi que Napoléon dota généreusement ses frères et sœurs de titres et royaumes. Joseph leur orit lui Mortefontaine, refuge doré, acropole de la tribu Bonaparte, symbole de leur ascension sociale.Et ce château devint ainsi, pendant le Consulat, entre 1800 et 1805, un lieu majeur, mythique même, de la vie politique et diplomatique du pays. Y fut signé un traité d’amitié franco-américain fin 1800, sous l'égide de Joseph. Voyez d’ailleurs ce tableau reproduisant l’évènement, Joseph y est au centre. Ce n’est pas un hasard. C’est aussi à Mortefontaine que furent entamées les négociations avec l’Autriche, conclues par le traité de Lunéville en 1801, puis avec l’Angleterre qui aboutirent à la paix d’Amiens en 1802.Le 30 septembre 1800 fut signé au château de Mortefontaine un traité entre la France et les Etats-Unis d'Amérique. Depuis ce jour, nos deux pays n'ont plus jamais été adversaires.Napoléon Bonaparte, étoile lante et père de la France moderne.
74 | 75Terres d’Hist’Oise N°6A Mortefontaine, on négocia donc, mais on festoya aussi et on convola ! Les noces de deux des sœurs Bonaparte eurent pour théâtre le castel familial et son merveilleux cadre bucolique. Caroline y épousa ainsi en 1800 l’intrépide Joachim Murat, l’un des compagnons d’armes les plus estimés de Bonaparte. Puis Pauline s’y maria en secondes noces en 1803 avec le prince Romain Camille Borghèse.Mais l’étoile filante Bonaparte, après avoir illuminé le ciel d’Europe, après avoir fondé les socles de la France moderne, s’échoua à Waterloo puis à Sainte-Hélène, loin du soleil d’Austerlitz et des charmes bucoliques de Mortefontaine.Joseph prit le chemin de l’exil vers ce nouveau monde américain où tout semblait possible. Son sens des aaires en ayant fait un homme fortuné, il put acquérir un vaste domaine à Bordentown où il fit édifier une résidence somptueuse avec des jardins soignés, comme à Mortefontaine.L’histoire aurait pu s’achever ainsi. C’était sans compter la force de la mémoire des Américains et des élus de Bordentown, fiers d’avoir parmi leurs citoyens de jadis ce riche Français au nom illustre. Et sans la volonté du maire de Mortefontaine, Jacques Fabre, de raviver ce souvenir glorieux dont cette belle L’amitié franco-américaine, une fraternité passée par MortefontaineDepuis le 15 octobre 2022, Mortefontaine et Bordentown sont devenues villes jumelles.Après Compiègne, liée à Raleigh, Mortefontaine est la se-conde commune de l’Oise à avoir noué un lien avec une cité d’Outre-Atlantique. Un lien auquel Jacques Fabre, le maire, tenait particulièrement.Symboliquement, la signature de la charte de jumelage a eu lieu non pas à la mairie, mais au château où 222 ans plus tôt, sous l’égide de Joseph Bonaparte, avait été scel-lé le premier acte de l’amitié franco-américaine. Une ami-tié née lorsque les troupes de Rochambaud et La Fayette vinrent aider les Américains à obtenir leur indépendance et renouvelée en 1917 puis 1944 quand de nombreux boys sont venus dans les tranchées de l’Argonne ou sur les plages de Normandie donner leur vie pour notre liber-té.commune de l’Oise ne peut qu’être fière.A travers le parcours singulier de Joseph Bonaparte et la belle histoire de Mortefontaine, c’est aussi l’amitié franco-américaine qui est mise à l’honneur. Une amitié forgée sur les champs de bataille, celui de Yorktown en 1781 lorsque la France de Rochambaud et de la Fayette était aux côtes des insurgés américains pour les aider à obtenir leur indépendance, et ceux de 1917 et 1944, lorsque l’armée américaine, aidée d’autres alliés, vint libérer la France et l’Europe du joug nazi.Joseph Bonaparte, Roi de Naples puis d'EspagneAvec Jacques Fabre, maire de Mortefontaine
FABRIQUE DANS L'OISEFabriqué chez nous, admiré et exporté partout !La force et les atouts de l’Oise, ce sont aussi ses entrepreneurs, ses ingénieurs, ses ouvriers, qui créent de la richesse, innovent et font vivre le territoire. Méticuleusement, passionnément, avec un si grand talent. Depuis longtemps, nos artisans et nos manufactures sont réputés pour leur savoir-faire et la qualité de leurs produits. La mondialisation exacerbée et la recherche obsédée du moindre coût n’ont heureusement pas eu raison de toutes ces pépites de notre beau tissu économique. A l’image de l’orfèvrerie d’Ercuis, forte de plus de 150 ans d’une histoire industrielle remarquable.Là, depuis 1867, on travaille l’argent, le zinc et autres alliages et métaux nobles, pour en ciseler des cou-verts, plateaux, théières, samovars, sucriers, bou-geoirs, chandeliers… Tout ce qui fait l’art de la table, le bon goût, l’art de vivre « à la française ». Tout ce qui a inspiré un vieux dicton allemand, «Heureux comme Dieu en France !». Des Emirats aux Etats-Unis, de la Russie à l’Italie, ces produits de luxe et haut de gamme sont recherchés pour orner les tables les plus prestigieuses. Et le nom d’Ercuis rayonne ainsi partout sur la planète.Fourmillant d’idées et de projets, Patrick Fiminski, le Directeur général, travaille sur l’installation d’un magasin d’usine et d’un musée « maison » pour donner un nouvel élan à cette marque dont notre département peut s’enorgueillir. Fabriqué dans l’Oise et fier de l’être !" Quelle fierté pour notre commmune d'abriter cette belle entreprise de-puis 158 ans. Grâce à elle, parce qu'elle porte le nom du village et que ses produits sont d'une quali-té inouie, Ercuis est connu dans le monde entier ! "Jean-Marie NIGAY, Maire d'Ercuis
A Gouy-les-Groseillers, ibivillers, Ponchon et Lavillertertre A Clermont, Catillon-Fumechon, Le Vaumain et Saint-MaximinA Saint-Jean-aux-Bois, Jonquières, Francières, Courcelles-Epayelles et ChaâlisA Avricourt, Hermes, Auger-Saint-Vincent, Lassigny et Saint-Aubin-en-BrayA Gouvieux, Andeville, Cauvigny, Verneuil-en-Halatte, Fontenay-Torcy et BucampsDans l'Oise d'hier ...A Montjavoult, Verderonne, Ercuis et BeauvaisA Reilly, Venette, Nanteuil-le-Haudouin, Wavignies et Mortefontaine1 2345678