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Message Le magazine du Sénateur Olivier PaccaudTerres d’Hist’OiseLes châteaux de l'OiseSur les sentiers des pierres noblesAinsi naquit l'OiseL'Oise, Terre d'amourNOVEMBRE 2021 - N°4

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NOM DE LA RUBRIQUEPages 6 à 43Pages 64 à 78

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2 | 3SommaireDirecteur de la publication : Olivier Paccaud • Rédaction : Olivier Paccaud• Graphisme : Louis Godon • Réalisation de la revue : SARL Louis Godon Communication - 12 rue du Docteur Gérard - Tél. : 06.40.23.85.77• Photographie : Les Yeux de l'OiseIl était une fois dans l’Oise...Dans les livres d'Hist'OisePour la P'tite Hist'OiseIls font l’Oise...Un Sénateur au service de l’OiseEmmanuelle LamarqueJean-François DardenneFlorence DemouyAlain VasselleEt aussi Teresa Dias, Jean Desessart, Marc MouilleseauxOlivier Paccaud : " Mon parti, ce sera toujours l'Oise ! Et bien sûr la France "Pierre Viénot, Sadi Carnot, Bourdon de l'Oise, Arthur de Gobineau, Célestin Lagache, la ligne Chauvineau.Pages 46 à 52Pages 53 à 59Pages 6 à 45Pages 60 à 75Pages 76 à 87et aussi " Pontpoint au  l de l'eau " et " Noroy au  l du temps "

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Chants d’OiseauxLa nature est magique. Et généreuse. Sans pouvoir percer le mystère de la création, il n’est pasbesoin d’aller bien loin pour s’émerveiller. Ouvrir la porte du jardin, et surtout ouvrir les yeux, suffit. Du haut de quelques branches, silencieux ou chanteurs, nos maraudeurs ailés, virevoltant d’arabesques en piqués, Icare sages et savants, couronnent nos paysages. Conseiller municipal d’Hodenc-l’Evêque, passionné de photographie animalière, Marc Steinmetz, nous offre un somp-tueux butin de plumes et de couleurs, de cette beauté cachée et pourtant à portée de regards. Tous ces clichés magnifiques ont ainsi été pris chez lui dans son enclos de verdure.La vie peut être si belle, pour qu’on veuille la voir.Guêpier d'EuropeFauvette à tête noire Grimpereau des jardinsGrosbec casse-noyauxHibou moyen-ducHypolaïs polyglotteLinotte mélodieuseMartin pêcheur Rougequeue noirSitelle torchepotPic marMésange nonnette

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Olivier PACCAUDSénateur de l’OiseConseiller Départemental Inscription à la Newsletter " Citoysiens, Citoysiennes "à l’adresse suivante : o.paccaud@senat.frFacebook Olivier PaccaudChacun sa préférence ! Tous les châteaux de l’Oise sont beaux, assis sur de vieilles pierres gorgées d’âme et d’histoire. A chacun sa parure, sa personna-lité, son originalité, son " je ne sais quoi " qui le rend unique. Certains se mirent dans une pièce d’eau qui réverbère leur grâce, d’autres couronnent un parc à l’agencement subtil où le ballet des  ores est un art délicat. Pour ceux qui doutent encore qu’un sculp-teur de jardin soit un vrai magicien ou mieux, un pur artiste, allez voir Versigny, Compiègne ou Chan-tilly. Sous leurs habits de roche palpite un cœur de marbre et frissonnent même des spectres souriants. Nos castels sont vivants, sémillants, séduisants.Souvent, ils surgissent au détour d’un chemin, inat-tendus oasis minéraux, majestueux sémaphores émergeant de l’océan des siècles, là pour nous gui-der, pèlerins parfois perdus, et graver dans nos âmes ce mystère éternel : si l’homme peut être diable, bar-bare et destructeur, n’est-il pas aussi démiurge, bâtis-seur, créateur de génie ? « Là tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté »Ces vers immortels que Baudelaire a o ert à son éternelle Invitation au voyage s’appliquent si bien aux châteaux de l’Oise. D’Ansacq à Troisssereux, de Vez à Hannaches, d’Ermenonville à Pierrefonds…, une seule boussole scintille : l’élégance ra née de la roche taillée.Si notre belle Oise est parsemée de tant de rési-dences grandioses, ce n’est pas par hasard. Les historiens vous le diront ; c’est souvent la géogra-phie et sa petite sœur la géologie, qui dictent le des-tin d’un territoire.On transforme ainsi rarement un désert aride, un pic escarpé, une jungle hostile ou une lande austère en cité prospère, sauf si son sous-sol regorge de ri-chesses cachées. Or avec ses terres fertiles, ses forêts giboyeuses, ses routes propices au commerce, ses val-lées accueillantes, son relief nivelé et surtout sa loca-lisation non loin de Paris et sur la route des Flandres, l’Oise a depuis longtemps attiré les hommes et leurs activités. Dès la préhistoire !Et depuis, le grand Carrousel de l’Histoire n’y a jamais fait relâche. Terre heureuse de sacre, de chasse et de gouvernance pour nos souverains, terre martyre scari ée par les champs de batailles, terre généreuse, laborieuse, industrieuse, l’Oise fut le parvis premier de Notre-Dame la France. Oui, c’est ici que s’est es-quissée la France. Cela vaut bien un musée où César, Napoléon et Gambetta, les Jacques et les Poilus, ou-vriers et seigneurs, toutes les têtes couronnées et les  ls de Marianne, se retrouveront bientôt. Un musée parle d’hier mais aussi d’aujourd’hui, tout en éclai-rant demain.Bienvenue dans ce nouveau numéro de Terres d’Hist’Oise. Bonne balade au pays de jadis. Vous y croiserez Louis XVI et Marie-Antoinette, Joséphine Baker et tant d’autres, illustres ou inconnus. Vous y visiterez nos châteaux. L’Oise est belle et riche. Notamment de son passé. Sachons l’apprivoiser et le savourer pour tracer notre avenir. Des châteaux,un musée,et l'Oise d'hier comme  ambeau4 | 5Grosbec casse-noyaux

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A la découverte des châteaux de l’OiseOn dit souvent que la France est la patrie des Droits de l’Homme depuis 1789. C’est vrai et nous pouvons en être  ers.Mais notre pays compte bien d‘autres titres de noblesse. Notamment celui d’être une terrebénie des dieux du patrimoine. Et si ce n’est pas en France, mais en Egypte, que furent édi ésles premiers monuments marquants de l’Histoire de l’humanité, c’est notre pays qui compte leplus d’édi ces remarquables au monde. Des églises bien sûr, plus de 42000. Mais aussi deschâteaux, encore plus nombreux, 45000, qui se dressent  èrement sur notre territoire. Chacununique, par son architecture, son histoire. Qu’il soit doté de sculptures ou colonnades,surmonté de dôme ou hérissé de clochetons, entouré par le miroir d’une onde, d’un parc auxarbres protecteurs, d’un jardin au ballet  oral savamment millimétré. Tous nous charmentmais nous éclairent aussi du haut de leur grand âge.Parmi ce blanc manteau de châteaux qui parchemine la France, l’Oise peut s’enorgueillird’avoir vu naître en son sein certains des plus beaux palais, manoirs et résidencessomptueuses de notre pays. Si quelques-uns, comme celui de Verneuil-en-Halatte, merveille du XVIIe siècle o ert par Henri IV à sa maîtresse Henriette d’Entraigues, ontmalheureusement disparu, la plupart a traversé les siècles et constitue une parure de joyaux inestimables pour notre département. Chantilly le magni que, Compiègne l’impérial et Pierrefonds le féérique, font ainsi briller, rayonner, scintiller l’Oise dans le monde entier.Mais la magie de ce tapis de castels, pierres cardinales de notre sol, c’est sa myriade et sadiversité. L’Oise est ainsi généreuse en châteaux. Il n’y en a pas que trois. Il y en a près de 300.Souvent mal connus, même par leur voisinage, qui n’y prête plus guère attention, négligeant leursingularité et leur beauté, oubliant leur richesse.Les châteaux de la Loire ne sont pas les seuls à mériter l’admiration. Ceux de l’Oise sont tout aussi splendides. Terres d’Hist’Oise vous propose une promenade sur ce sentier de pierres nobles.Sur le sentier des pierres noblesMais notre pays compte bien d‘autres titres de noblesse. Notamment celui d’être une terrebénie des dieux du patrimoine. Et si ce n’est pas en France, mais en Egypte, que furent édi ésles premiers monuments marquants de l’Histoire de l’humanité, c’est notre pays qui compte leplus d’édi ces remarquables au monde. Des églises bien sûr, plus de 42000. Mais aussi deschâteaux, encore plus nombreux, 45000, qui se dressent  èrement sur notre territoire. Chacununique, par son architecture, son histoire. Qu’il soit doté de sculptures ou colonnades,surmonté de dôme ou hérissé de clochetons, entouré par le miroir d’une onde, d’un parc auxarbres protecteurs, d’un jardin au ballet  oral savamment millimétré. Tous nous charmentParmi ce blanc manteau de châteaux qui parchemine la France, l’Oise peut s’enorgueillirsomptueuses de notre pays. Si quelques-uns, comme celui de Verneuil-en-Halatte, merveille du XVIIe siècle o ert par Henri IV à sa maîtresse Henriette d’Entraigues, ontmalheureusement disparu, la plupart a traversé les siècles et constitue une parure de joyaux inestimables pour notre département. Chantilly le magni que, Compiègne l’impérial et Pierrefonds le féérique, font ainsi briller, rayonner, scintiller l’Oise dans le monde entier.Mais la magie de ce tapis de castels, pierres cardinales de notre sol, c’est sa myriade et sadiversité. L’Oise est ainsi généreuse en châteaux. Il n’y en a pas que trois. Il y en a près de 300.Souvent mal connus, même par leur voisinage, qui n’y prête plus guère attention, négligeant leurA la découverte des châteaux de l'Oise

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Sur le sentier des pierres nobles« L'Oise est généreuse en châteaux. Près de 300 ! »« L'Oise est généreuse en châteaux. Près de 300 ! »

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Du castrum au palais, de la défense à la plaisanceQu’est-ce qu’un château?L es châteaux ont une histoire qui s’entrelace avec celle de notre pays. Car, s’ils occupent au-jourd’hui une place particulière dans nos paysages, notre patrimoine et notre imaginaire (rares sont les contes de fées sans château!), ces bâtiments impressionnants ont, pendant des siècles, joué un rôle central dans l’organisation de notre société et de notre système politique.Forti é au Moyen-Âge, magni é à partir de la Renaissance, le château a toujours symbolisé et même exprimé, incarné le pouvoir. C’est parce qu’il possède un château où tous ses sujets peuvent venir se réfugier en cas de danger, que le seigneur féodal est obéi et puissant. C’est parce qu’il est puissant et riche que le Seigneur ou le souverain de l’époque moderne fait construire un palais somptueux dessiné par les architectes les plus brillants, décoré par les artistes les plus en vogue, orné de jardins ra nés. Du prestige des armes au prestige des arts, le château n’est donc pas seulement une résidence, c’est aussi, et surtout un instrument de puissance et de grandeur. Louis XIV est ainsi indissociable de Versailles, comme François 1 er est lié à Chambord.Les premiers châteaux sont les héritiers des camps romains, avec leurs remparts en bois et leurs fossés protecteurs. On les désigna en latin par le mot «castrum» au singulier, «castra» au pluriel. Au Moyen-Âge, alors que les vagues d’invasions se succèdent, des Huns aux Vikings en passant par les Maures, les «castels»  eurissent un peu partout pour abriter les populations et résister aux raids et pillages de ces envahisseurs qui terrorisent régulièrement les habitants. Entourés de palissades, ils se distinguent ce-pendant des cantonnements des légions romaines par l’édi cation au cœur du périmètre d’une butte: la motte castrale. Au sommet de ce promontoire, une tour s’élève, ultime refuge di cile à prendre d’as-saut et qui permet de voir arriver de loin les ennemis.Ces châteaux ancestraux ont depuis longtemps dis-paru, la pierre remplaçant progressivement le bois. Certaines mottes castrales subsistent cependant, vé-gétalisées et fondues dans le paysage, terrains verdoyants au passé oublié. On en trouve dans l’Oise, à Lassigny ainsi qu'à Bonneuil les Eaux, à proximité de l’église, désormais dissimulée par un vaste bos-quet. C’est avant tout dans les campagnes qu’apparaissent ces nouvelles citadelles. Les villes se sont, elles, dotées de hauts murs dès l’Antiquité, comme à Beauvais où quelques remparts se dressent encore  èrement, non loin de la galerie de la Tapisserie, rue Saint Laurent et rue Racine.Le règne du château fort durera près d’un demi-millénaire tant que l’épaisseur des murailles le rendra inexpugnable. Toujours plus imprenables avec leurs tours majestueuses, leurs douves larges et pro-fondes, ces châteaux forts s’avèrent le socle du système féodal.es châteaux ont une histoire qui s’entrelace avec celle de notre pays. Car, s’ils occupent au-fondes, ces châteaux forts s’avèrent le socle du système féodal.fondes, ces châteaux forts s’avèrent le socle du système féodal." Forti é ou magni é, le château incarne le pouvoir "A la découverte des châteaux de l'Oise

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Terres d’Hist’Oise N°18 | 9Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une des impitoyables sentences de la monarchie absolue triomphante. Face au souverain sans partage, les «Grands» doivent courber l’échine. Finies les forteresses seigneuriales. Personne ne doit pouvoir dé er le Roi. Après la Renaissance, le château a bel et bien perdu toute prétention défensive.Il va alors devenir palais, lieu de magni cences, où les familles les plus illustres et les hommes de pou-voir étalent leur luxe, leur apparat, leur grandeur. C’est le signe ostentatoire de fortune par excellence. L’histoire a d’ailleurs retenu que la splendeur du palais de Vaux le Vicomte, symbole de la réussite inso-lente du richissime et trop brillant surintendant des  nances, Nicolas Fouquet, avait causé sa perte en 1661. Jaloux de cet édi ce si merveilleux et fastueux, Louis XIV  t arrêter son propriétaire quelques jours après une fête grandiose. Et il prendra ensuite à son service tous les artistes (architecte, jardinies, peintre, décorateur…) qui avaient travaillé à Vaux pour bâtir le chef d’œuvre du Grand Siècle: Versailles. A l’image du château du roi Soleil, l’élégance et la somptuosité ne se trouvent plus seulement dans la pierre. Les jardins, avec leur symphonie de verdure, leurs bosquets enchantés, leurs promenades subtilement sy-métriques, leurs orangers triomphants, font partie du tableau paradisiaque. Chaque détail compte.L’onde domptée, magni ée, participe aussi à la féerie, avec ses bassins sculptés, ses jets d’eaux ensor-celants. La décoration intérieure atteint en n un ra nement ultime: peintures, sculptures, tapisseries, ameublement, vaisselle… tout doit être beau et luxueux!Aujourd’hui, les châteaux princiers ne sont plus habités. Ils appartiennent au patrimoine national et constituent un atout incomparable pour l’attractivité touristique de la France. Il n’est en e et pas un autre pays au monde aussi généreusement doté en vieilles pierres magni ques. Et, par la prodigalité de l’his-toire, presque tous les départements possèdent des joyaux de pierre. Chacun unique, chacun magique. Comme les fameux châteaux de la Loire. Mais il y a aussi ceux de l’Oise. Pierrefonds, Chantilly, Com-piègne bien sûr, mais aussi Troissereux, Mello, Mouchy-le-Châtel, Versigny, Ansacq, Crèvecœur le Grand, Raray, Vez, Mortefontaine, Le Plessis Brion, Verberie … et tant d’autres. Terres d’Hist’Oise vous invite ainsi à un voyage au cœur de nos châteaux, cette autre  erté oisienne. 23 étapes vous attendent. Mille excuses à ceux que nous n'évoquons pas. Ce sera pour une prochaine fois.Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une des impitoyables sentences de la monarchie absolue triomphante. Face au souverain sans partage, les Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une des impitoyables sentences de la monarchie absolue triomphante. Face au souverain sans partage, les «Grands» doivent courber l’échine. Finies les forteresses seigneuriales. Personne ne doit pouvoir dé er Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une des impitoyables sentences de la monarchie absolue triomphante. Face au souverain sans partage, les Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une Leur disparition sera l’œuvre de la poudre et des canons qui les rendent impuissants, mais aussi une Terres d’Hist’" Chaque détail compte.Tout doit être beau et luxueux "

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Incontestablement un des châteaux les plus connus de France et même du monde! Un château qui a eu plu-sieurs vies. D’abord une for teresse médiévale tradition-nelle née au XII ème siècle, devenue une place forte redoutable au XV ème siècle (Louis d’Orléans lance son extension en 1396). Jusqu’au XVII ème siècle, le château change de mains à plusieurs reprises. En 1617, Louis XIII et ses ministres décident sa démolition.On fait ainsi sauter les grosses tours et des ruines majes-tueuses, romantiques à souhait, hantent la forêt pendant près de 250 ans. Camille Corot,et d'autres, les peindront.A la découverte des châteaux de l'OiseC’est Napoléon III qui décide en 1857 la résurrection de cet étrange décor qui fascine son épouse, l’impéra-trice Eugénie. Il con e la direction du chantier à Eugène Viollet-le-Duc, incomparable architecte qui sublime l’ouvrage initial. Bien plus qu’une restauration, il crée une œuvre magistrale s’inspirant des techniques ar-chitecturales passées, allant du Moyen Age à la Renais-sance, tout en utilisant des procédés et des matériaux modernes (le fer pour les charpentes par exemple). Le chantier durera jusqu’en 1885.Pierrefonds: Il était une fois un château de conte de féesMonument historique et musée, Pierrefonds se vi-site dès le Second Empire. Un peu négligé durant la première moitié du XX ème siècle, évoquant cer-tainement trop le souvenir de «Napoléon le Petit», Pierrefonds va retrouver une nouvelle jeunesse grâce à la magie du 7ème art. On y tourne des  lms populaires (les Visiteurs 2, Jeanne d’Arc) ainsi que certaines séries à grand succès ( Napoléon en 2002, Versailles en 2016).Dans l’imaginaire collectif, avec ses tourelles cha-peautées, ses murailles au parfait collier dente-lé, ses clochetons  nement ciselés, Pierrefonds s’avère le château parfait. Celui qui fait rêver les pe-tits et les grands. Ne vous contentez pas de l’admi-rer en photo. Allez le visiter; voyage hors du temps garanti.

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°110 | 11Les ruines de Pierrefonds par François-Alexandre PERNOT ( 1859 )La légende veut que Walt Disney ait pris Pierrefonds pour modèle de son château de la Belle aux Bois Dormant (à moins que ce ne soit Neuschwanstein de Louis II de Bavière, sachant que le sou-verain allemand s’était lui-même inspiré de Pierrefonds qu’il avait visité en 1867, ou peut-être Ussé en Val de Loire).

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Terres d’Hist’Oise N°1Chantilly: la grâce et la majesté du Grand SiècleS’il est une cité oisienne qui incarne l’art de vivre à la française, une certaine idée de la culture, du ra nement et de l’élégance, c’est bien Chantilly.Avec sa délicieuse crème bien sûr, dont la saveur, la douceur et la blancheur, font le délice des gour-mands du monde entier. Avec ses grandes écuries, son hippodrome, sa forêt… tout un univers roma-nesque au charme intemporel. Et surtout avec son château enchanteur surgissant de son miroir d’eau, sentinelle d’une ville ouverte sur la forêt.A l’instar de Pierrefonds, le château de Chantilly a eu plusieurs vies et c’est dans la seconde moitié du XIX ème siècle que l’écrin va prendre la forme merveil-leuse qu’on lui connaît, sous l’égide d'Henri d’Orléans, Duc d’Aumale,  ls de Louis-Phi-lippe, dernier monarque à avoir régné sur la France, de 1830 à 1848. La longue histoire du châ-teau de Chantilly est d’ailleurs intimement liée à la grande et souvent tumultueuse fresque de notre passé, avec des liens étroits et parfois con ictuels avec la cou-ronne.D’abord forteresse médiévale, attestée dès le XI ème siècle, Chantilly devient possession d’une des grandes familles de France, les Montmorency, au XVI ème siècle, qui rénovent et embellissent l’édi ce tout en donnant vie à des jardins soignés.A la découverte des châteaux de l'Oise" Chantilly, c'est d'abord le Grand Condé "En 1632 puis 1652, au cœur du XVII ème siècle, quand la monarchie veut devenir absolue et doit d’abord mettre au pas quelques seigneurs trop pré-tentieux et parfois frondeurs, Chantilly est tout sim-plement con squé temporairement par la royauté à ses propriétaires, les Montmorency puis Louis de Bourbon-Condé, qui en a hérité par mariage. Resté dans l’histoire comme le «Grand Condé», ce prince, cousin de Louis XIV, s’est distingué sur les champs de batailles, remportant la victoire clé de Rocroi en 1643 contre la puissante Espagne.Pendant plus de 25 ans, de 1659 à 1686, sous l’égide passionnée de Condé, Chantilly devient un des plus beaux domaines du pays. Son parc, façonné par André Le Nôtre, avant d'oeuvrer à Versailles, et son grand ca-nal en sont les joyaux. La vie culturelle y est brillante : la Bruyère, La Fontaine, Bossuet, Mesdames de Sévi-gné, La Fayette, de Scudéry, Molière, le philosophe Malebranche… y viennent et laissent une trace. Fin avril 1671 s’y tient une réception magistrale. Condé reçoit Louis XIV et sa cour pour se réconcilier avec ce roi qu’il a trahi lors de la Fronde. La fête est réussie mais endeuillée par un drame passé à la postérité: le suicide du maître d’hôtel, François Vatel.en donnant vie à des jardins soignés.suicide du maître d’hôtel, François Vatel.

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°112 | 13Après un XVIII ème siècle scintillant, le domaine de Chantilly sou rira de la Révolution. Il devient même une prison sous la Terreur. En partie démoli, avec un parc réduit car divisé par les vents révolutionnaires, Chantilly va devoir attendre plusieurs décennies avant de retrouver sa grandeur et sa ma-gni cence. Car, celui qui res-suscite et même magni e ce joyau du patrimoine français, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, doit patienter plus de 20 ans avant d’e ectuer les travaux qu’il imagine.En e et, après la chute de la monarchie de Juillet, de 1848 à 1870, sous la seconde République puis le Se-cond empire, il s’exile en Angleterre. C’est après son retour, de 1876 à 1882, que ressuscite Chantilly, incon-testablement un des plus beaux châteaux de France." Non seulement un château somptueux mais aussi un musée merveilleux "Mais pas seulement. Et c’est l’autre centre d’intérêt de ce monument magique situé à une vingtaine de minutes en train du cœur de Paris. Car on y trouve aussi un musée aux col-lections de peintures an-ciennes remarquables: Fra Angélico, Raphaël, Ingres, Poussin et Watteau y sont ainsi mis à l’honneur. La bibliothèque est tout aussi remarquable avec notam-ment des œuvres aux enluminures uniques comme Les très riches heures du duc de Berry.Ce fonds artistique exceptionnel, patiemment as-semblé par le Duc d’Aumale, collectionneur insa-tiable, est légué à sa mort à l’Institut de France. Il est aujourd’hui accessible aux visiteurs, comme du temps du Duc d’Aumale, au milieu d’un mobilier ex-traordinaire.

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A la découverte des châteaux de l'OiseFrançois Vatel, si tristement martyrLe Grand Siècle fut celui de la gloire de Louis XIV servi par des artistes hors normes devenus aujourd’hui des clas-siques indépassables. Architecture, peinture, littérature, et même nature, tout y était d’une splendeur féérique, d’une rigueur millimétrique. Si ce n’était la perfection, c’était l’excellence. Le Brun, le Vau, le Nôtre, Molière, Corneille, Har-douin-Mansart, Lully, Racine, Mignard, La Fontaine… ils ont tous contribué à faire de la cour et du «Siècle» de Louis XIV un modèle pour l’Europe entière.Apothéoses de cette vie ra née et grandiose, des fêtes somp- tueuses réunissaient tous les ingrédients de cet art de vivre à la française: des spectacles (concerts, pièces de théâtre, feux d’arti ce), des bals et bien sûr des banquets avec des mets va-riés et succulents pour lesquels un personnage avait un rôle clé: le maître d’hôtel. L’un d’entre eux est tragiquement entré dans l’Histoire: François Vatel.Après avoir servi Nicolas Fouquet pendant 8 ans jusqu’à son arrestation par d’Artagnan en septembre 1661, Vatel est engagé par le Grand Condé à Chantilly. Il en devient «contrôleur général de la bouche». En avril 1671, Condé reçoit Louis XIV et la cour à Chantilly pour trois jours. Pour Condé, c’est un rendez-vous à ne pas rater. En e et, sa participation à la Fronde vers 1650, qui aurait pu mettre  n au règne du roi Soleil alors enfant, lui a valu 20 ans de disgrâce. Sur le chemin de la gloire, Louis XIV est prêt à pardonner. Ces festivités peuvent sonner l’heure du pardon et de la réconciliation. L’accueil réservé au roi ne saurait donc tolérer la moindre fausse note. Et les repas constituent le point d’orgue de cette symphonie diplomatique. Perfectionniste obsessionnel, Vatel organise au prix d’un travail titanesque des agapes sublimes. Hélas, vendredi 24 avril, une partie de la livraison de poissons prévue pour le repas n’arrive pas. Pensant y perdre son honneur, Vatel s’embroche sur son épée. Quelques minutes plus tard, les charriots débordants de produits de la mer entraient dans les cuisines du château. Ce destin tragique inspira en 2000 un  lm  amboyant où Gérard Depardieu jouait le rôle de Francois Vatel.On attribue aussi à tort l’invention de la crème Chantilly à Vatel. Certes, il en servait souvent en dessert lors des festins organisés à Chantilly chez le Grand Condé. Mais, même s’il avait commencé sa carrière gastronomique comme apprenti chez un pâtissier-traiteur, cette savoureuse douceur fouettée n’est pas sa création. Les Italiens la connaissaient déjà dès le milieu du XVIème siècle." Symphonie diplomatique, agapes sublimes et destinée tragique "

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Terres d’Hist’Oise N°114 | 15Raray: Le carnaval des chassesA une brève cavalcade de Senlis, en lisière de bois giboyeux, près de deux siècles avant que le génie de Camille Saint-Saëns ne fasse danser la faune, des sculpteurs restés inconnus ont donné naissance à un ensemble architectural désormais unique en France: deux galeries d’arcades ornées de bustes, notam-ment de dieux antiques, et surmontées d’une meute de chiens de chasse avec leurs deux proies les plus précieuses: un cerf et un sanglier. Nous sommes à Raray. Un lieu magique, immortalisé par la subtile poésie ciné-matographique de Jean Cocteau qui y tourna «la Belle et la Bête» en 1946.Là où, depuis le Moyen-Age, des forti cations massives et rustiques s’étaient succédé, trône désormais un castel de belle allure, bien proportionné. Édi é à l’orée du XVII ème siècle par la famille de Lancy, entre les derniers feux de la Renaissance et les premières lueurs du classicisme, Raray aurait pu être un beau château de plus. Mais ses portiques au décor cynégétique stupé ant de réalisme en font une des pièces les plus originales et remarquables de l’échiquier patrimonial de l’Oise, tout comme une ouverture étonnamment majestueuse, la porte de Diane, où une statue de déesse antique, entourée de 4 chiens, d’une licorne agenouillée et de deux cariatides martiales, salue ceux qui passent.Fondé par des passionnés de chasse et d’antiquité, le joyau de Raray n’a probablement pas la renommée qu’il mérite. A vous de le découvrir, ainsi que les vieilles pierres du village.Mello: La Forteresse et la PrincessePerchée sur un balcon à pic, toisant Mello et Cires, surplombant la vallée du Thérain et ses éventuels dangers (les Normands ravagèrent ainsi le territoire au Xème siècle), la bastille de Mello époustou e l’automobiliste qui arrive à ses pieds sur la départementale 123 à une dizaine de kilomètres de Creil. Mais le curieux qui voudra voir de plus près ces tourelles merveil-leusement encapuchonnées aura la surprise, après avoir gravi une petite côte, de découvrir un second château, discrètement ancré dans un écrin de verdure. Aujourd’hui devenu centre de séminaire, le domaine de Mello voit en e et double. Car derrière les cimes im-pressionnantes du premier castel, reje-ton embelli d’une lignée de citadelles forti ées, se cache une somptueuse ré-sidence baptisée «la Princesse» et  na-lisée dans la seconde moitié du XIXème siècle par Hippolytte Destailleur, dis-ciple d’Eugène Viollet-le-Duc.Possession de grandes familles (les Montmorency, les Seillière), Mello eut ses heures de gloire au début du XVII ème siècle, lorsque les rois Henri IV puis son  ls Louis XIII vinrent y assouvir leur insatiable soif de chasse. Au printemps 1944, le sinistre Goering, tout-puissant chef de l’aviation nazie, envisagea d’y installer un quar-tier général; Heureusement, il y renonça. Même si des milliers d’automobilistes passent à ses pieds chaque jour, rares sont ceux qui ont pu visiter ce site rarement accessible au grand public. Soyez donc vigilants lors des prochaines journées du pa-trimoine; s’il est ouvert, un dé-tour par Mello s’impose.

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A la découverte des châteaux de l'OiseErmenonville : Haut-lieu symbolique des LumièresAvec Chantilly, Raray, Mortefontaine, Verneuil-en-Halatte, Crépy en Valois, Orrouy ou encore Vez,Ermenonville orne l’inestimable collier de vieilles pierres scintillantes du Sud Est de l’Oise.Là, c’est un château typique de l’architecture du XVIII ème siècle, le temps des Lumières, qui vous ac-cueille. Désormais, hôtel de standing et centre de séminaire, digne représentant de l’élégance, du raf- nement et de l’art de vivre à la française, le domaine d’Ermenonville est l’héritier d’une longue et riche histoire avec quelques chapitres prestigieux.Les premières traces remontent avant l’an mil, en pleine féodalité. C’est alors une place forte parmi tant d’autres qui le restera jusqu’aux premières années du XVIII ème siècle, lorsque d’importants travaux métamorphosent la citadelle médiévale en une somptueuse résidence. Les douves protectrices subsistent; mais elles ne protègent plus, elles décorent.Plusieurs grands noms sont attachés à ce château. D’abord la famille de Girardin, propriétaire des années 1760 à la  n des années 1870. Sous le marquis René-Louis, puis son  ls, le Comte Stanislas ( par ailleurs premier président du Conseil général de l’Oise en 1790, député de l’Oise puis de la Seine Maritime, Préfet…), entre 1760 et 1820, c’est l’âge d’or d’Ermenonville qui va devenir un haut-lieu symbolique de l’histoire intellectuelle française du fait du séjour de Jean-Jacques Rousseau.A la  n du printemps 1778, le philosophe vient en e et y passer 6 semaines, non pas au château mais dans une maison que lui prête son hôte. Le marquis de Girardin en est un grand admirateur. Il s’est d’ailleurs inspiré des idées de l’auteur de La Nouvelle Héloïse pour aménager le grand parc entourant le château. Le 2 juillet, au retour d’une promenade, le philosophe s’e ondre. Probablement une at-taque cérébrale, même si diverses rumeurs rendront longtemps le décès suspect.Il avait 66 ans. A l’égal d’un Voltaire, plus encore que Diderot, il incarne ce sou e de la pensée du Siècle des Lumières qui aboutira à l’éclosion révolutionnaire. Pour la plupart des républicains les plus fervents de 1789 et surtout de la Convention (1792-1795), Rousseau est le  ambeau suprême et sa pensée guide leur politique.Mirabeau, Robespierre, Danton, Saint-Just, Desmoulins, tous les grands noms de la Révolution se rendirent en pèlerinage à Ermenonville. Le marquis de Girardin l’avait en e et fait enterrer dans l’île des peupliers, au cœur du parc. D’autres personnalités, Benjamin Franklin, l’un des pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique, la reine Marie-Antoinette, le roi de Suède Gustave III vinrent aussi découvrir ce lieu.Héros de ceux de 1789, son corps fut  nalement transféré au Panthéon en 1794. Ce lien indéfectible entre le philosophe et Ermenonville se matérialisa de façon anecdotique sous la Terreur lorsque la ville fut brièvement rebaptisée… Jean-Jacques Rousseau.Le château connaitra ensuite bien des péripéties, changeant souvent de mains, devenant maison de retraite, abritant un temps des membres de la secte Krishna. Le pilote légendaire et constructeur automobile, Ettore Bugatti, en fut aussi l’heureux propriétaire du début des années 1930 jusqu’à sa mort en 1947. Et l’histoire n’est pas  nie!Le château connaitra ensuite bien des péripéties, changeant souvent de mains, devenant maison de retraite, abritant un temps des membres de la secte Krishna. Le pilote légendaire et constructeur automobile, Ettore Bugatti, en fut aussi l’heureux propriétaire du début des années Jean-Jacques Rousseau

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16 | 17Troissereux: Quand la brique est féériqueSi Clio, la muse de l’Histoire, fut plus généreuse en châteaux avec l’Est et le centre de l’Oise, peut-être a-t-elle tenté de se faire pardonner en o rant au Beauvaisis la magni cence de Troissereux, un palais Renaissance où la brique est reine. Bâti entre les XV et XVI ème siècle sur l’emplacement de forti cations bien plus an-ciennes, le domaine de Troissereux est ainsi doté d’un superbe parc imaginé par l’âme fertile de Bernard Palissy, avec un grand canal et un arboretum riche d’es-pèces remarquables notamment des pla-tanes plusieurs fois centenaires ainsi que des cyprès chauves ramenés des Etats-Unis par La Fayette.Au cœur d’une architecture en forme de L, se trouve un étonnant be roi, la Tour du temps, édi ce à la géométrie malicieuse, ronde puis carrée puis triangulaire, qui abrite un escalier à vis en brique, merveille architecturale. Autre trésor de Troissereux, une horloge médiévale, au-jourd’hui installée dans la chapelle du Château.Depuis quelques années, début juillet, la fête de l’eau replonge Troissereux dans sa Renaissance natale. Une belle occasion pour s’y rendre, sur la route de Dieppe, de la Normandie ou même de Gerberoy. Vous y serez toujours bien accueillis par les propriétaires, la famille Tranié,  ère de vous guider dans les appartements d’apparat du castel.Hénonville : Du muscle à la soieUn des rares châteaux …municipauxpuisqu’appartenant à la commune depuis 1975.Comme l’immense majorité de ses frères de pierre, le castel d’Hénonville, en lisière du val d’Oiseet à proximité de Méru, avait un ancêtre forti é, datant du XII ou XIII ème siècle. Victime des temps troubles de la grande Jacquerie de 1358 qui ensanglanta le Beauvaisis et le Clermontois, il fut reconstruit au XVIème siècle. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, il prend sa forme actuelle avec ses quatre belles tours d’angle et ses façades sans  oritures mais aux proportions parfaites. Entre géométrie et harmonie, ses muscles de pierre se sont parés d'une tunique simple mais grâcieuse. Pendant l'occupation, à l’instar d’Ermenonville, Mortefontaine et bien d‘autres demeures historiques, il fut occupé par la Wehrmacht. Après-guerre, il a notamment accueilli des orphelins juifs. Désormais, ce monument historique a trouvé une reconversion idéale en espace de réceptions festives (mariages, baptêmes, anniversaires) ou centre de séminaires grâce à ses vastes belles salles ainsi que son parc. Sa proximité de Paris et de l’Ile de France ainsi que sa rapide connexion à l’autoroute A16s’avèrent de précieux atouts.sont parés d'une tunique simple mais grâcieuse. Pendant l'occupation, à l’instar d’Ermenonville, Mortefontaine et bien d‘autres demeures historiques, il fut occupé par la Wehrmacht. Après-guerre, il a notamment accueilli des orphelins juifs. Désormais, ce monument historique a trouvé une reconversion idéale en espace de réceptions festives (mariages, baptêmes, anniversaires) ou vastes belles salles ainsi que son parc.

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Vez: Le titan à l’âme artisteAu contrefort du Valois, le château de Vez et surtout son donjon, en parfait état de restauration, laisseront bouche bée ceux qui ne les connaissent pas, tant leurs muscles de roche impressionnent. On dirait un titan surarmé, surgi des âges mais encore jeune, gladiateur de pierre ne craignant rien, prêt au combat, sûr de sa puis-sance. Du haut de ses 27 mètres, caparaçonnée par des murs surépais, la tour colossale toisait l’horizon et pétri ait la rage des assaillants les plus téméraires. D’autant plus qu’une tra-ditionnelle enceinte, avec ses tours, créneaux et mâchicoulis, rendait la citadelle encore plus redoutable.Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, qui avait reçu le Valois en  ef à la  n du XIVème siècle, lança alors une vaste cam-pagne de forti cation avec l’édi cation ou la reconstruction de plusieurs bastions spectaculaires; Pierrefonds, Montepilloy, Coucy-le-Château, La Ferté-Milon et bien sûr Vez,  rent partie de cette ceinture de pierre digne d’un Vauban médiéval. La place forte de Vez avait déjà un long passé remontant à l’Antiquité et à l’occupation romaine où y fut établi un camp militaire notable avec une mission protectrice contre les envahisseurs barbares. Pendant plusieurs siècles, Vez fut ainsi la capitale du Valois.Restauré à la  n du XIXème siècle, Vez est aujourd’hui un bâtiment superbe, deve-nu un des espaces d’exposition d’art contemporain parmi les plus originaux. Dans les jardins, dans la chapelle, dans les cours et les salles, l’art vous attend et vous surprend. Cette touche avant-gardiste de Vez n’est pas nouvelle puisque Gustave Ei el y œuvra lui-même en dotant une salle d’un berceau d’acier qui épouse re-marquablement la pierre. Jeanne d’Arcelle-même a laissé son empreinte à Vez lors de sa trop courte épopée.Venez donc à Vez humer cette fragrance enivrante et étonnante née des noces de l’art et de l’histoire.A la découverte des châteaux de l'Oise" De Jeanne d'Arc à Gustave Ei el, Vez a toujours accueilli l'audace "

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Terres d’Hist’Oise N°1Hannaches : Un bastion au coeur du bocageAvec ses quatre tours d’angle encadrant un beau logis seigneurial, c’est un peu le frère aîné du château d’Hénonville. Aîné car plus âgé puisque datant des XV et XVI ème siècle. Ses briques rosées, typiques de la Renaissance dans l’Oise et que l’on retrouve entre autres à Troissereux et au Plessis Brion, lui o rent cette délicate robe pastel qui ressort si nette-ment au cœur des plis de ce tapis de verdure où se niche le château d’Hannaches. Là, à l’orée de la Seine-Maritime, dans cette Oise normande où le bocage existe encore, cette Picardie verte où les hameaux surgissent derrière les bosquets ou au creux de vallons discrets. Avec moins de 150 âmes, Hannaches est un village traditionnel, tran-quille. Sauf que trône au centre de la commune, à côté de l’église, cet impressionnant monument qu’on ne s’attend pas à découvrir et qui ne laisse personne indi érent.La propriété étant privée, elle ne se visite pas. Il n’est ce-pendant pas interdit de laisser œuvrer notre imagination.Ansacq: L’asile princier de MazarinEntre Mouy et Clermont, dissimulé au fond de vallées boisées, Ansacq est un charmant village de pierres, avec une église romane impressionnante consacrée à Saint-Lucien et témoignage d’un riche passé mé-diéval.Mais la perle d’Ansacq est son château. Jadis forti é (son origine remonte aux invasions normandes du IXème siècle), ce castel est particulièrement bien proportionné. S’il ne reste plus que trois tours en façade, les vestiges bien visibles qui bordent l’arrière laissant deviner antan une forteresse trappue prête à repousser les assauts les plus brutaux.Avec son plan d’eau aux rives verdoyantes et arborées, au cœur de coteaux tou us paradis des chevreuils, le domaine d’Ansacq a un petit air de château écossais avec un loch à ses pieds. Sauf que les pierres picardes sont plus blanches et l’eau moins sombre que dans les Highlands.Au cours de sa longue histoire, Ansacq, qui appartenait au Mar-quisat de Mouy, changea souvent de mains. On compta parmi ses seigneurs des personnalités majeures de l’Histoire de France, tels le Cardinal de Richelieu, le Prince de Condé, le Prince de Conti au XVII ème siècle, ou encore le Comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, avant la Révolution Française. Puis les Ducs de Mouchy en devinrent propriétaires. C’est aujourd’hui un bien privé, le château des Saules.Il semblerait que pendant la Fronde, cette période obscure aux alentours de 1650, lors de la minorité de Louis XIV et alors que certains grands seigneurs, soutenus par les Habs-bourg, tentaient de renverser la Régence dirigée par Mazarin et Anne d’Autriche, le cardinal premier Ministre se soit réfugié à Ansacq, preuve de la sûreté du refuge.18 | 19

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A quelques kilomètres d’Ermenonville, en li-sière du département, Mortefontaine est un autre domaine au passé prestigieux, à l’archi-tecture majestueuse et au cadre verdoyant harmonieux. Moins renommé que son voisin «rous-seauiste», le domaine de Mortefontaine n’en est pas moins intéressant et séduisant. Il l’est même double-ment puisqu’on n’y retrouve pas un mais deux châ-teaux!Edi é dans les premières décennies du XVIIème siècle, le château de Mortefontaine a connu son heure de gloire au tout début du XIXème siècle, lorsque Na-poléon et la famille Bonaparte règnent sur la France et même sur l’Europe. En e et, en 1798, Joseph Bo-naparte, futur roi d’Espagne et frère ainé de Napoléon, achète le château. Situé à moins de 40 kilomètres de Paris, cette belle résidence va devenir un des havres préférés de la fratrie impériale ainsi qu’un cadre diplo-matique apprécié.C’est ainsi à Mortefontaine que sera signé le 30 no-vembre 1800 un traité d’amitié entre la France et les Etats-Unis d’Amérique. C’est là aussi que seront négo-ciés les préliminaires de la paix d’Amiens avec l’éternel ennemi britannique.A la découverte des châteaux de l'OiseDeux sœurs de Napoléon célébreront aussi leurs noces à Mortefontaine, Caroline avec Joachim Mu-rat (en janvier 1800), Pauline avec le prince Camille Borghèse (en novembre 1803). Joseph et son épouse, Julie Clary, y tiennent une sorte de petite cour gaie et cultivée. L’empereur et Joséphine viendront régu-lièrement dans cet écrin joyeux pour y chasser et s’y détendre.Après Waterloo, les Bonaparte partent en exil. Divers propriétaires se succéderont après que Joseph ait vendu la propriété au prince de Condé. A la  n du XIXème siècle, une partie du vaste domaine est rache-tée par le Duc de Gramont et son épouse Marguerite de Rothschild qui va y édi er un autre bâtiment re-marquable, le château de Vallière, où les in uences gothique et renaissance s’entrelacent avec magni -cence.En 1928, la famille Gramont rachète «l’ancien» châ-teau avant de le léguer après-guerre à l’ordre des Dominicains qui y ouvre un établissement scolaire. C’est l’Institut Saint Dominique qui accueille encore aujourd’hui plus de 1000 élèves.Quelques artistes célèbres, comme Frédéric Chopin, les peintres Antoine Watteau et Camille Corot, les écrivains Marcel Proust et Gé-rard de Nerval (qui grandit à Mortefontaine. De son vrai nom Labrunie, il choisit pour nom de plume " de Nerval " en référence à un lieu-dit du village), sont passés par Morte-fontaine et n’y sont pas restés insensibles." C'est à Mortefontaine, en novembre 1800, que la France et les Etats-Unis scellent leur amitié, avec Joseph Bonaparte en maître de cérémonie "Mortefontaine : Sous le signe des Bonaparte et des Etats-Unis

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Terres d’Hist’Oise N°120 | 21Le Plessis-Brion : Un puissant manoir digne de MaupassantLes Plessis ou Plessier sont nombreux dans l’Oise; le Plessis-Brion, Plessis de Roye, le Plessier sur Bulles, le Plessier sur Saint Just, le Plessis-Belleville… Et comme souvent, l’étymologie est plus qu’instruc-tive. Plessis vient du latin «plectère» qui signi e entrela-cer. Au Moyen-Age, les plessis étaient des villages protégés par des palissades confectionnées à partir des branches tressées, de haies «plessées».Dès le haut Moyen-Age, l’époque mérovingienne, et peut-être même avant, existait donc une enceinte forti ée. Sa mission était de contrôler le passage de l’Oise dont un méandre est tout proche. C’est sur ses fondations, pro-gressivement remaniées, que dans les premières années du XVI ème siècle, alors que François 1 er héritait de la couronne royale, prit forme l’actuel château, édi é par Jean de Poumereux, grand maître d’artillerie du Roi.Avec ses briques rouges, ses parements de pierre blanche, ses grandes fenêtres de pierre  èrement sculptées et ciselées, le château du Plessis-Brion est un superbe exemple de ce que les historiens de l’Art appellent la première Renaissance française. Résidence privée, ce monument majeur du Nord Est du département est ce-pendant accessible et se visite l’été depuis quelques années. Tels ces manoirs robustes abritant un châtelain solitaire ou une comtesse délaissée qui peuplaient les nouvelles de Zweig ou Maupassant, il a dé é les siècles, impassible et solide. Et il est là pour longtemps encore.Saint Rémy-en-l’Eau: Au pied du tulipierAu sud du plateau picard, baignée par la petite Arré qui se jette un peu plus loin dans la Brêche, Saint Rémy-en-l’eau est une charmante commune d’un peu moins de 400 habitants où l’on trouve un superbe château de pierres et de briques au cœur d’un parc majestueux.Ce jardin paysager, planté d’arbres remarquables, est caractéristique de ces domaines à l’anglaise particulièrement à la mode dans la se-conde moitié du XVIIIème siècle. La sérénité de vastes pelouses par-courues de chemins cachés et baignées de rus et points d’eaux dis-crets, la majesté de ses «vivants piliers» drapés de feuilles, en font un lieu magique.Parmi ces végétaux rares, on trouve entre autres un tulipier de Virginie o ert en 1784 par Benjamin Franklin lui-même au Comte d’Angiviller, né au château de Saint Rémy et devenu surintendant des bâtiments du roi Louis XVI. Quant au château, précédé par de vastes communs disposés en U qui exprimaient bien l’importance de la famille possédante, il respire l’harmonie classique et la symétrie grâcieuse.

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Royal, Impérial, le palais de Compiègne fut l’une des ré-sidences préférées des sou-verains français, de Louis XV à Napoléon III. Contrairement à tous les autres châteaux de l’Oise, celui de Compiègne est toujours resté possession du roi ou de l’Em-pereur.Si l’imposant palais actuel com-mence à être dessiné et construit par l’architecte Ange-Jacques Gabriel en 1751, sous Louis XV, Compiègne, a, depuis les Mérovingiens, constitué un lieu majeur de l’exercice du pouvoir. Les rois y sont bien installés pour chasser, gouverner, rayonner sur leur royaume, recevoir des am-bassadeurs étrangers, réunir des Assemblées. Clotaire, Dagobert, Louis le Pieux, Charles le Chauve et tant d’autres y ont œuvré. C’est à Compiègne que fut inhumé le der-nier monarque carolingien, Louis V, mort lors d’une chasse en forêt d’Halatte. C’est à Compiègne, le 5 décembre 1360, que le roi Jean II, crée une nouvelle monnaie, le « franc » qui perdurera, après maintes métamorphoses, jusqu’à l’aube du XXIème siècle. En 1374, Charles V décide d’y bâtir un nou-veau palais.A la découverte des châteaux de l'OiseAujourd’hui disparu, il se situait ce-pendant sur l’emplacement de l’ac-tuel palais. Du XVème au XVIII ème siècle, la plupart de souverains y séjourneront, une tradition voulant d’ailleurs, à partir de Charles VII, qu’au retour de son sacre à Reims, chaque nouveau monarque sé-journe à Compiègne. François 1 er, Charles IX, plus encore Louis XIII, à un degré moindre le roi Soleil, y im-primeront leurs marques, construi-sant de nouveaux bâtiments, aménageant la forêt, y traçant des routes…Mais c’est Louis XV qui va faire du palais de Compiègne le bijou, et même le diadème, que l’on connait aujourd’hui. Sa première venue sur les bords de l’Oise date de 1728. Séduit par le lieu, hypnotisé par sa forêt où les chasses sont mémo-rables, il y revient dès lors presque chaque année et lance, à partir de 1751 des travaux colossaux qui nes’achèveront qu’en 1788 et don-neront naissance au plus grand château néo-classique de France. Preuve de la place particulière de Compiègne dans le cœur du roi, c’est là qu’il organise le 14 mai 1770 une réception en l’honneur de l’Archiduchesse Marie-Antoi-nette d’Autriche venue épouser le futur Louis XVI. L’Empereur Na-poléon reproduira le même ballet lors de ses noces diplomatiques avec Marie-Louise d’Autriche, quarante ans plus tard. Bref siège d’un Prytanée militaire puis de la future Ecole des Arts et Métiers au début de l’Empire napoléonien, le palais redevient résidence sou-veraine en 1807. Napoléon, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe y reprennent les habitudes, notam-ment cynégétiques, de leurs pré-décesseurs. Louis- Philippe choisit même le château pour le mariage de sa  lle aînée, Louise d’Orléans avec Léopold 1 er , roi des Belges, en aout 1832.Compiègne: Ici est le souverain !" Compiègne, la plus  dèle au roi et au royaume"

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22 | 23Terres d’Hist’Oise N°1Cependant, l’âge d’or du palais coïncide avec le Second Empire. Dès février 1849, Louis-Napoléon Bonaparte, premier président de la jeune Se-conde République, vient à Compiègne pour inau-gurer la ligne de chemin de fer Compiègne -Noyon. Empereur, il y reviendra très souvent, surtout à partir de 1856, année où sont instaurées les «sé-ries». Chaque automne pendant 5 à 6 semaines, l’Empereur et l’Impératrice Eugénie, qui apprécie particulièrement le lieu, invitent pour quelques jours une cour «tournante» d’une centaine de personnes à venir pro ter des chasses, des bals et de la douceur de vivre compiégnoise. C’est un honneur, un privilège, un plaisir recher-chés que d’être convié à une de ces séries. Celles-ci sont thématiques (littéraire, musique, arts…) réunissant la haute société ainsi que ce que l’on n’appelle pas encore le «show biz»! Désormais, le palais se visite, avec les appartements historiques et leur riche mobilier, les salles d’apparat dont une magni que salle de bal. Le musée du second Empire ainsi que le musée de la Voiture (la collection de carrosses et d’automobiles des premiers temps y est très intéressante) complètent l’o re muséale.Son parc, dominé par une vaste terrasse, est aussi ab-solument à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas, avec son «berceau de l’Impératrice», longue allée couverte de verdure qui mène à la lisière de cette forêt sans laquelle Compiègne n’aurait jamais eu une telle destinée." Louis XV et Napoléon III, les plus Compiègnois des souverains "Avec aussi cette extraordinaire allée des Beaux-Monts, magistral boulevard verdoyant ouvrant les bois et of-frant à la vue une perspective si lointaine que le ciel se noie dans la canopée.Napoléon IIILouis XV

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A la découverte des châteaux de l'OisePour les passionnés d’his-toire, la tour Roland est une étape incontournable. Située à la sortie de Las-signy sur le site d’une ancienne motte castrale, il s’agit en fait d’un chantier d’archéologie médiévale expérimentale lancé voici une dizaine d’année par des " fous " du Moyen-Age. L’idée est simple: replonger un peu après l’an mil dans un village d’époque. Avec sa basse-cour, sa grange, sa forge, sa meule, ses ateliers et établis, son puits, son calvaire… et bien sûr sa tour massive, solidement ancrée sur un tertre. Une tour en bois, aux fondations de pierre avec de lourdes palissades et un fossé entourant le promontoire pour la protéger. A la fois poste de guet et refuge, ce bâtiment assez rudimentaire est l’ancêtre de nos châteaux-forts.En ces temps troubles des X ème et XI ème siècles, alors que les raids normands ravagent périodi-quement l’Europe,Lassigny : la tour Roland, un ancêtre bien vivantle territoire s’hérisse de mottes castrales surmontées de tour de défense perchées à quelques mètres et ceinturées de frêles remparts de bois. Ces buttes ne sont pas naturelles. Elles résultent tout simplement de la terre remblayée extraite des futurs fossés qui les entou-reront. Le seigneur, protecteur du territoire, s’y installe. Pro-gressivement, ces forti cations «primaires» s’épaissiront.La pierre remplacera le bois, les maigres fossés deviendront de profondes douves, l’im-prenable donjon détrônera la courageuse mais vulnérable petite tour, les palissades s’in-clineront devant d’immenses murailles.Quant aux mottes castrales, soit elles seront enfouies sous la masse de la nouvelle bastille, soit elles seront rendues à dame nature, comme à Bonneuil-les-eaux, à coté de Breteuil, où le dodu mamelon est aujourd’hui boisé.A Lassigny, pour comprendre l’histoire, il su t de la voir. Ar-chéosite admirable, petite sœur oisienne du fameux château de Guédelon, la tour Roland est un espace pédagogique vivant idéal pour les scolaires et pour tous ceux qui s’intéressent à la vie d’hier.Cette prouesse est née d’une formidable équipe de béné-voles, amoureux de cette ère lointaine des chevaliers. Sous l’impulsion de Bruno de Saede-ler, fervent amateur et connais-seur du moyen-Age, s’est consti-tuée l’association " Sauvegarde du patrimoine " avec en tête cette idée que beaucoup ju-geaient farfelue: ressusciter une motte castrale et son village. C’est maintenant chose faite.Dès que la pandémie aura été maîtrisée et qu’une vie normale reprendra, la tour Roland et son parc historique ainsi que ses dé-monstrations artisanales vous accueilleront. Dépaysement et retour vers le passé assurés.Au sommet de son tertre, la tour Roland domine la plaine du pays des sources.

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24 | 25Terres d’Hist’Oise N°1Versigny: Le petit Versailles du ValoisLe long d’une départementale sinueuse et ca-pricieuse, entre Senlis et Nanteuil le Haudoin, après avoir passé Borest puis Baron, l’auto-mobiliste en promenade ne pourra s’empê-cher de ralentir pour admirer sur sa droite…un petit Versailles. Aux portes de ce Valois souriant et surpre-nant, où se sont donnés rendez-vous, siècle après siècle, les plus audacieux, novateurs et talentueux des architectes, Versigny o re un accueil d’une  nesse et d’une grâce rares.Ra né, élégant avec sa colonnade à la discrétion classique, palimpseste minéral aux nombreuses re-touches au long du XIXème siècle, Versigny est tout sauf l’antre de la démesure. Et si la façade aimante le passant, la face cachée du domaine est probable-ment encore plus séduisante avec un autre péristyle subtilement valorisé par un double escalier desser-vant une petite terrasse à la balustrade cristalline dominant un doux parterre gazonné qui mène à un point d’eau alimenté par la Nonette, ce petit cours d’eau amoureux des châteaux puisqu’il arrose en-suite le parc de celui de Chantilly. Surplombé par la fusée du clocher crénelé de l’église Saint-Martin qui semble coi er le château, parsemé de quelques statues délicates et d’arbres au port altier, ce parc est un idéal lieu de méditation et de rêveries, peut-être inspirées par Gérard de Nerval et Alexandre Dumas, deux des plus sublimes plumes du XIXème siècle dont l’encrier s’est en partie nourri aux sources de ce Valois mystérieux. Mais Versigny, c’est aussi depuis la seconde moitié du XIXème siècle, la possession d’une grande lignée, les De Kersaint, qui oeuvre pour restaurer cette demeure occupée et saccagée par l’armée allemande en 1944. Aujourd’hui, c’est Guy-pierre, par ailleurs maire de la commune, qui tient la barre et supervise les nom-breux travaux (dont le perron très récemment). Hier, c’était son père Charles, avant-hier, son grand-père, Jacques, qui se distingua pour faits de résistance et fut même déporté par les nazis, sans oublier d’autres aïeux, Raoul et Guy-Henry, maires de Versigny de père en  ls depuis 1897. Le château de Versigny, c’est donc d’abord une histoire de famille. Puisse-t-elle encore durer longtemps."Un élégant écrin de pierre blanche et cristalline "

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A la découverte des châteaux de l'OiseVerberie : Sur les traces de CharlemagneAujourd’hui propriété municipale, le château d’Aramont à Verberie remonte à la première moitié du XVIIe siècle, lorsque la famille de Lancy acquit les seigneuries d’Aramont et Verberie (en attendant d’ajouter Raray à sa carte de visite seigneuriale !).Une belle bâtisse classique va alors être édi ée, avant d’être rénovée et agrandie au cœur du XIXe siècle par son nouveau propriétaire, Hippolyte Mosselman, un homme d’a aires et banquier d’origine belge dont la richissime famille a amplement participé à l’essor de la révolution industrielle en France. De belles salles de réception peuvent désormais y être louées.Mais Verberie a aussi été le siège, dès le VIII ème siècle et pendant long-temps, d’un palais important où les premiers Carolingiens, notamment, ont souvent séjourné. Pépin le Bref, mais aussi Charlemagne et Louis le Pieux, en  rent un site fastueux, même si Charles le Chauve lui préféra Compiègne. Il n’en reste cependant plus rien si ce n’est une description dans l’Histoire du duché de Valois rédigée par l’abbé Claude Carlier en 1764. De l’an 900 au début du XV siècle, le château, au rôle stratégique sur les bords de l’Oise, sera régulièrement assiégé par les envahisseurs successifs (normands, anglais, bourguignons) qui ravagent la région. Reconstruit à plusieurs reprises, il fut  nalement démoli sur ordre du roi Charles VII en 1432.Les châteaux évanouisSi, par dé nition, le château-fort était destiné à protéger et donc à a ronter les périls, il n’est pas illogique que bien des forteresses, une fois vaincues, aient été démantelées, rasées, pierre après pierre, et qu’il n’en reste aujourd'hui plus rien. Souvent la lourde et menaçante bastide s’est mue en un splendide castel, là pour impressionner non par sa puissance, mais par sa beauté. Dès lors ino ensives, ces résidences majestueuses ont traversé les siècles, subissant avant tout les assauts du temps, parfois la folie passagère de violentes haines révolutionnaires ou quelques vengeances d’une soldatesque perdue. Heureusement, les funérailles de châteaux de plaisance sont rares. Mais, sur le merveilleux portulan des palais de l’Oise, quelques uns, parmi les plus éblouissants, manquent à l’appel. Parmi ces châteaux disparus, ceux de Mouchy le Châtel, Sarcus et Verneuil en Halatte méritent une oeillade énamourée tant ils étaient exceptionnels.Charlemagne, Carolus Magnus, Charles le Grand" Charlemagne, sacré Roi des Francs à Noyon le 9 Octobre 768, a souvent séjourné à Verberie "

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26 | 27Terres d’Hist’Oise N°1Sarcus : Le château qui ne voulait pas disparaître !Avec un peu plus de 250 habitants, cette petite commune de Picardie Verte, à quelques kilo-mètres de Grandvillers, est l’héritière d’une histoire dense et riche en vieilles pierres.On y trouve encore aujourd’hui, au cœur du village, un magni que manoir du XIXème siècle qui accueillit l’état major du Général Foch pendant 2 mois, au printemps 1918. On y découvre aussi une mairie aux dimensions et à la décoration grandioses, o erte à la commune par un richissime homme d’a aires américain, Rodman Wanamaker, qui avait eu la bonne idée d’épouser une demoiselle originaire de la commune. Et surtout, pen-dant trois siècles, de 1523 à 1833, un magni que châ-teau Renaissance a rayonné sur ce terroir.Edi é par le célèbre architecte Martin Chambiges pour le compte de Jean de Sarcus, Seigneur local et éminent conseiller de François 1 er , en pleine Renais-sance triomphante, le bâtiment se distinguait par sa cour d’honneur avec ses grandes arcades cintrées en-cadrées de minces colonnes couronnées de statuettes et richement décorées. Louis XIII et Louis XIV y séjournèrent, signe que la famille de Sarcus comptait dans la noblesse du royaume. Elle quitta cependant la Picardie à la  n du XVIIIème siècle pour s’établir au Château de Bussy-Rabutin et revendit son domaine oisien. En 1833, son dernier propriétaire décida de le raser. Heureusement, des bourgeois fortunés, amateurs de pierres nobles, rachetèrent une partie des vestiges du château pour leur donner une seconde vie, à Pouilly (non loin de Méru) et surtout à Nogent sur Oise (encore appelée Nogent les Vierges). C’est ainsi que le château de Sarcus a connu une résurrection et une seconde vie à Nogent. Dès 1835, trois de ses arcades et leur minu-tieuse dentelle de pierre sont plaquées sur la façade d’une résidence bourgeoise cossue qui devient dès lors un trésor de l’architecture Renaissance au beau milieu de la tempête romantique du XIXème siècle.De l’art de transformer ce qui aurait pu être des ruines en pierres précieuses…! Dénommé Château Hébert (son ultime propriétaire), abandonné après la seconde guerre mondiale, la vaste demeure fut démolie à la  n des années 60. Sur son emplacement se dresse désor-mais le centre commercial des Trois Rois. Heureuse-ment, la façade a été sauvegardée pour venir agrémen-ter un parc au cœur de Nogent où les jeunes mariés aiment à venir se faire photographier.Les ultimes vestiges de Sarcus, aujourd'hui à Nogent sur Oise."Du château ressuscité à Nogent, il ne reste qu'un magni que portique "Sarcus ,du temps de sa splendeur au XVIe et XVIIe siècles.

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A la découverte des châteaux de l'OiseProches de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie qui les in-vitent régulièrement aux fameuses « Séries » de Compiègne, le duc de Mouchy, Antoine de Noailles, et sa femme, Anna Murat (descendante de Murat, roi de Naples, et Caroline Bonaparte) souhaitaient faire hon-neur à leur rang, poursuivant les travaux de leurs pré-descesseurs et participant à l’engouement patrimonial de l’époque. Alors que l’Empereur Napoléon III appelle le génie de Violet le Duc pour ressusciter Pierrefonds sous une tunique gothique, Antoine de Noailles prend l’attache d’un architecte de renom, Hippolyte Destail-leur (qui travaillera aussi à Mello), et d’un sculpteur or-nemaniste réputé, Michel Liénard.Leur mission, retrouver l’e er vescence, la  amboyance maîtrisée de la Renaissance avec ses kyrielles de sculp-tures, fresques, statuettes et moulures. Malheureuse-ment, il ne reste plus grand-chose de cette magni -cence. La faute en grande partie à la Wehrmacht qui s’y logea et le rendit en très mauvaise état. On n’a d’ailleurs jamais fait le bilan patrimonial catastrophique de l’été 44. Sentant le vent de la défaite se lever, les troupes na-zies et leur esprit vandale ont dans leur fuite et repli craché leur rancœur sur nombre de nobles bâtisses qui ne s’en sont parfois pas relevées. Ce fut le cas de Mou-chy que son propriétaire dût en grande partie détruire au début des années 1960.Mouchy le Châtel : Un palais entre Thelle et ThérainMême si le nom de ce petit village (de moins de cent âmes !) laisse deviner la présence d’un château, celui-ci n’existe aujourd’hui plus que sur carte postale. Malheureusement ! Car au début du XXème siècle, c’était incontestablement un des plus beaux châteaux de l’Oise et peut-être même de France. Ses quelques vestiges majestueux en attestent, ne serait-ce que le monumental portail d’entrée avec ses atlantes titanesques, situé au bas du domaine sur le territoire communal de Heilles. Ou encore la tour carrée, ancien donjon du XIIème siècle qui abrite une biblio-thèque. Ou même la terrasse, observatoire privilégié de la vallée du Thérain vers Mouy.Le Château et le domaine de Mouchy appartiennent depuis le milieu du XVIIème siècle à l’une des plus grandes lignées françaises : la famille de Noailles. L’en-droit, stratégique, sur la route entre la vallée du Thé-rain et le plateau du Thelle, avait été forti é depuis longtemps, probablement dès le XIème siècle. Sous la Renaissance, un bâtiment digne des maîtres italiens vient remplacer l’ouvrage défensif. Mais c’est durant le XIXème siècle, et plus précisément entre 1850 et 1880 que les ducs de Mouchy agrandissent et embellissent considérablement le château tout en lui conservant son esprit Renaissance. Un petit air de PierrefondsCe merveilleux atlante qui orne la monumentale porte du domaine de Mouchy permet d'imaginer la magni -cence du château disparu.

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Terres d’Hist’Oise N°1Alors que maints clichés, cartes postales et ves-tiges permettent de saisir la magni cence des chateaux de Mouchy le Châtel et de Sarcus à leur apothéose, seuls quelques dessins, plans et maquettes sont encore là pour évoquer ce qui fut au début du XVIIème siècle l’un des plus splendides palais du royaume : Verneuil en Halatte.La couronne était alors sur la tête d’Henri de Navarre, Henri IV, le « Vert Galant », éternel amoureux qui, après avoir guerroyé puis paci é la France, pro tait des moindres libertés que lui laissait l’exercice du pouvoir pour chevaucher jusqu’à ses maîtresses. Et rien n’était trop beau aux yeux du souverain pour satisfaire la pre-mière de ses favorites, Henriette de Balzac d’Entragues.Aussi lui o rit-il le titre de Marquise de Verneuil et un châ-teau à l’égal de sa beauté, situé sur les bords de l’Oise. Entre 1600 et 1608, le monarque vint souvent la rejoindre à Verneuil.Le cadeau royal n’étant pas terminé lorsqu’il en  t présent à Henriette, les travaux se poursuivirent, notamment sous la direction d’un architecte que le hasard a vu naître à Verneuil en Halatte, Salomon de Brosse, issu d’une grande famille d’architectes. Il deviendra archi-tecte du Roi en 1614 et dessinera les plans du palais du Luxembourg (l’actuel Sénat) à la demande de Marie de Medicis. La vue des plans du Château de Verneuil ne laisse d’ailleurs guère de doute sur la « parenté » des deux bâtiments avec leur coupole « jumelle », entre une Renaissance  nissante et un classicisme en germe.Verneuil-en-Halatte : Le cadeau du Vert GalantLa belle Henriette28 | 29

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Les " châteaux-mairies "Certaines communes ont racheté (parfois elles en ont hérité) le château du village. Le plus souventpour sauvegarder un patrimoine qui pouvait être menacé. Quelques-unes, après ré exion, ont décidéd’en faire leur mairie. C'est le cas de Crèvecoeur le Grand, Trie-Château, Villers sous Saint-Leu.Crèvecœur-le-Grand : Du côté de chez François 1erAu nord de Beauvais, au cœur d’un beau centre bourg aux nombreux commerces, la mairie de Crève-cœur le grand se dresse  èrement, assise sur des briques centenaires et riche d’un passé presti-gieux. Bâti sur les restes d’une forteresse du XII ème siècle, ce qui fut un des plus beaux édi ces de son époque s’avère un parfait modèle de l’architecture renaissance du XVI ème siècle, à l’instar du château de Troissereux, voisin d’une dizaine de kilomètres, dont il semble être le frère jumeau.Miraculés, préservés des bombardements de juin 40 qui martyrisèrent la ville, le château et son parc furent scindés en plusieurs parties. L’une abrite l’hôpital local, tandis que la mairie se trouve dans l’aile dite « François 1er ». Comme on peut l’imaginer, ce grand souverain (il mesurait plus d’1,90 mètre, taille gigantesque pour son époque) a séjourné à Crèvecœur. C’était en 1520, et le roi de France était sur le chemin de la fameuse entrevue du « camp du drap d’Or » avec le roi d’Angleterre, Henri VIII. Cette étape crépicordienne n’était évidemment pas fortuite. Le seigneur de Crèvecœur d’alors était en e et un proche de François 1er, l’amiral de Bonnivet. Chaque automne une sympathique association locale fait d’ailleurs revivre l’atmosphère joyeuse et brillante de la cour de François 1er. La chambre qui accueillit le sommeil royal, et où trône une im-pressionnante cheminée, est désormais la salle des mariages. C’est là que Joséphine Baker a épousé Jean Lion.Louis XIV fut aussi l’hôte d’une nuit. La légende veut que la tour de la chambre où il avait trouvé le repos se soit e ondrée le lendemain. Autre visi-teur de marque, Charles de Gaulle, colonel com-battant à la tête de ses chars, au cœur de la ba-taille de France, à la  n du printemps 40, le temps de préparer la suite des combats.Ayant accueilli autant de grands hommes, cette ville porte vraiment bien son nom." François Ier, Louis XIV, Charles de Gaulle, Crévevoeur aime les grands hommes "A la découverte des châteaux de l'Oise

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°1Trie-château : Des pierres littérairesSi le château de Crèvecœur peut se targuer d’avoir accueilli de presti-gieuses têtes couronnées, celui de Trie-Château est lui marqué du sceau de la plume et de l’encrier. Deux écrivains à la destinée et à la renom-mée opposées y ont en e et séjourné : Jean-Jacques-Rousseau, icône de 1789 et  am-beau du siècle des Lumières, ainsi qu’Arthur de Gobineau auteur aujourd’hui oublié, qui posséda même le château pendant une pe-tite vingtaine d’années dans la seconde moi-tié du XIX ème siècle.C’est à l’invitation du prince de Conti, dont le château de Trye n’était qu’une des nom-breuses possessions, que Rousseau va trouver refuge pendant un an dans ce domaine, entre juin 1767 et juin 1768. Il est alors recherché par le parlement de Paris suite à la publication de l’Emile ou de l’Education. Une sculpture, réalisée par le Beauvaisien Greber et inaugurée en juillet 1911, rappelle le passage à Trie-château du philosophe.Quant au château, dominé par sa grosse tour ronde vestige de son passé forti é, il o re au maire (actuellement Laurent Desmeliers), l’un des plus beaux bureaux de l’Oise, une vaste cave aux voûtes majestueuses.Villers-sous-saint-Leu : Une lente résurrectionBlottie au pied du plateau du Thelle en pleine vallée de l’Oise, Villers-sous-saint-Leu possède en plein centre bourg un château du XVIII ème siècle qui pourrait n’être aujourd’hui plus qu’un amas de blocs de roches endormies, une ruine inanimée.Pendant des décennies, cette vaste résidence s’est en e et lentement et tris-tement érodée. Abandonnée, elle sem-blait destinée au cimetière des vieilles pierres. Jusqu’à ce que la municipalité, dans les années 90, sous l’égide du maire Jacques Pinsson, décide de la sauver pour la transformer en mairie. Il fallut cependant près de 15 ans pour concrétiser l’acquisition au début des années 2000.Des travaux titanesques débutèrent alors, avec l’évacuation de plusieurs centaines de tonnes de gravats. Dé-sormais, les élus et les services municipaux peuvent y travailler dans de bonnes conditions et surtout dans un cadre exceptionnel. Mais le chantier est très loin d’être achevé. Il faudra encore bien des années (et surtout beaucoup d’argent) pour que la renaissance soit totale.30 | 31

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Ansi naquit l'OiseAinsi naquit l'OiseC’est le 26 Février 1790, par un décret de l’Assemblée constituante, qu’estofficiellement né le département de l’Oise. La France en comptait alors 83.Faisant table rase des anciens découpages territoriaux, les révolutionnairesvoulaient ainsi donner au pays un nouveau visage plus géométrique, plusrationnel, plus égalitaire.Lorsque s’ouvrirent les Etats généraux au début du mois de Mai 1789, personne ne pouvait imaginer qu’en quelques semaines, la société française serait totalement bouleversée. Mais ce n’est pas seule-ment l’Ancien Régime avec ses privilèges qui fut alors guillotiné, c’est toute l’organisation administra-tive, économique et territoriale du pays qui s’en trouva métamorphosée. Une nouvelle France était née. Elle existe encore aujourd’hui. Avec ses départements par exemple.Tandis que l’Eté 1789 – outre la prise de la Bastille – fut avant tout marqué par l’affirmation des idéaux révolutionnaires avec notamment l’abolition des privilèges (4 Août) et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’automne vit de nombreux chantiers de réflexions s’ouvrirent pour bâtir ce nouveau régime et l’ancrer au plus profond du pays.Un comité de Constitution fut ainsi chargé de proposer une nouvelle carte administrative. Se basant notamment sur l’exemple des jeunes Etats américains, ainsi que sur les travaux du géographe Robert de Hesseln qui avait esquissé en 1780 une carte de France remaniée, les députés membres du Comité travaillèrent avant tout sur l’idée d’un découpage géométrique. L’une des hypothèses premières fut ainsi de diviser le royaume en 81 carrés de 18 lieues (soir 72 km) de côté. Pourquoi cette taille? Pour que de tous les points d’un département on puisse arriver au chef-lieu en une journée de voyage au plus. Chaque département devait ensuite être subdivisé en 9 districts (de 6 lieues de côtés) comptant chacun 9 cantons (de 2 lieues de côté), soit 81 cantons.Une assemblée départementale formée de 81 membres (1 par canton) devait alors élire ses députés à l’Assemblée Nationale, à raison d’un par district, soit 9 par départements. Chaque département était dirigé par un conseil général de 36 membres aux pouvoirs cependant limités ( la décentralisation n'existait alors pas ! ). Quant aux 41 000 communes du royaume, elles devaient être administrées elles aussi par un «conseil général» (et non par une municipalité).

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34 | 35Fin septembre 1789 apparaît une France à damiers ( avec 80 départements " carrés " de 9 lieues de côté ). Elle servira, au moins théoriquement, de modèle pour les députés chargés de redessiner les limites administratives du royaumeL'Oise en 1790, un grand rectangle de 5 800 km2divisé en 9 districts ( Grandvilliers, Beauvais, Chaumont, Breteuil, Clermont, Senlis, Crépy, Compiègne et Noyon )

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L’Oise en 1790, un vaste rectangle de 76 cantons.Un bref coup d’œil sur la carte de notre département con rme cette «volonté géométrique». L’Oise est en e et un vaste rectangle de près de 100 kilomètres de longueur sur 60 kilomètres de largeur. Mais la nature ne s’accommode pas toujours des angles droits et des traits parfaits. Aussi, l’Oise fut initialement constituée de 76 cantons.Le découpage territorial, un art délicat entre géographie, diplomatie et jalousies.Inévitablement, cette réorganisation territoriale donna lieu à des compétitions locales. Devenir capitale départementale ou chef-lieu de canton était un titre envié. Les cités avaient leur  erté, leur histoire et elles comptaient bien se voir reconnues à leur juste valeur.Ayant recueilli les souhaits et doléances de nombreuses communes, les députés territorialement concernés durent rendre leur copie entre la  n Novembre 1789 et le début Janvier 1790. Entre di-plomatie et susceptibilité, l’exercice n’était pas aisé. Concernant l’Oise, les dilemmes furent nom-breux. Voici les principaux.Ansi naquit l'OiseSur cette carte de '' l'isle de France '' datée du 10 décembre 1789 et adoptée par les députés concernés, on distingue l'Oise, entourée par la Somme, l'Aisne, la Seine et Marne et la défunte Seine et OiseUne des premières carte de l'Oise

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Terres d’Hist’Oise N°1Clermont, Compiègne, Noyon, Senlis, Beauvais...Quelle capitale pour l'Oise ?Avec ses plus de 12 000 habitants qui en faisaient de loin la ville la plus peuplée du département, son évêché, mais aussi sa riche histoire, Beauvais revendiqua logiquement l’obtention du chef-lieu départemental, tout en exprimant aussi sa volonté de conserver son évêché.Mais la seconde ville du département, Compiègne (8200 habitants en 1790), forte d’un passé glo-rieux, se positionna aussi. Le choix de Clermont fut par ailleurs évoqué pour sa centralité. Noyon et Senlis, en n, sièges d'évêchés et cités chargées d'histoire,  rent valoir leurs droits et prétentions.Dans un mémoire envoyé par la ville de Beauvais, il était écrit: «De toutes les villes de la province de l’Ile-de-France qui peuvent prétendre à être chefs-lieux de département, il n’en est point d’aussi importante que Beauvais, soit par la population, soit par la masse d’impositions qu’elle supporte». Côté compiégnois, on insistait sur «la beauté de son local, l’agrément de sa forêt et surtout la pureté de l’air qu’on y respire».Les députés de l’Assemblée Constituante laissèrent aux 76 membres de l’Assemblée Départemen-tale le soin de choisir, lors de leur première réunion, la capitale du département. Cependant, et parce que le choix semblait di cile dans certains départements (par exemple le Finistère, entre Quimper et Landerneau ou le Gard, entre Nîmes, Alès et Uzès), les députés avaient autorisé «l’al-ternat», c’est-à-dire que la ville capitale changerait une année sur deux. Forte de cette possibilité, la première assemblée électorale de l’Oise décida le 13 Mai 1790 que les services du département alterneraient entre Beauvais et Compiègne.Mais, alors que s’achevait la première année de«l’alternat» et que Compiègne s’apprêtait à recevoir les services départementaux, un décret de la Constituante du 11 septembre 1791 décida du main-tien des administrations départementales dans les villes où elles étaient établies. Beauvais devint ainsi dé nitivement la capitale de l’Oise tandis que Compiègne n’en fut qu’un éphémère chef-lieu virtuel. Les Compiègnois, mais aussi des citoyens de tout l'Est du département en furent fortement contrariés et le  rent savoir.36 | 37'' Compiègne, éphémère capitale de l'Oise ''Oise, Oise et Thérain, Beauvais ou Beauvaisis: Quel nom pour le département ?Lorsque débutèrent les ré exions pour  xer les limites départementales, aucune décision n’avait été prise concernant le nom du futur territoire. Mais, durant les discussions entre députés, et dans les missives envoyées par di érentes villes pour évoquer leurs souhaits ou refus de rattachement, on parle le plus souvent du département du Beauvaisis ou de Beauvais. On évoque aussi les ri-vières : l'Oise, et même le Thérain.Finalement, sur proposition du comité de Constitution, l’Assemblée Constituante décida le 26 Février 1790 de donner aux départements des noms particuliers empruntés surtout aux rivières et montagnes de leur terroir. Et c’est ainsi que le département de Beauvais ou du Beauvaisis devint le département de l’Oise.

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Ansi naquit l'Oise«Bisbilles frontalières»C’est souvent dans les «zones frontières» que les revendications furent les plus virulentes. Par exemple du côté de Chambly dont les habitants voulaient surtout être séparés de leurs voisins de Beaumont sur Oise: «Les mœurs et les caractères de ces deux petites villes voisines ne se sont ja-mais accordés» écrivirent-ils à l’Assemblée Nationale.Au Nord-Ouest du Département, Saint-Valéry, Lannoy-Cuillère, Frettencourt et Rothois (ces deux dernières communes seront plus tard rattachées à Lannoy-Cuillère) réclamèrent leur rattachement à la Seine-Inférieure qu’elles bordaient. En vain. De même, Paillart plaida sans succès pour être «in-sérée» à la Somme qu’elle longeait.De l'autre côté, au Nord-Est, le " département d'Amiens " ( la future Somme ) exprima son voeu d'absorber Solente, Ognoles et Libermont qu'on ne pouvait " séparer de Roye à cause de la traver-sée des bois ". Demande restée sans suite.Au Sud-Est du département, Courcelles lès Gisors avait été, par erreur, inscrite dans l’Eure et non dans l’Oise! Après deux années de confusion, elle rejoignit l’Oise en 1791. Mais un coup d’œil sur la carte montre que le rattachement à l’Eure n’était pas illogique. C’est parce qu’elle était du côté oisien de la rivière Epte qu’elle revint  nalement à ce département.Quelques communes situées dans des départements voisins demandèrent sans succès leur fusion avec l’Oise. Ce fut le cas de Survilliers, le Bellay et Nucourt qui restèrent cependant en Seine et Oise, ou encore de May-en-Multien et le Plessis-Pacy qui demeurèrent en Seine-et-Marne.«Bisbilles frontalières»C’est souvent dans les «zones frontières» que les revendications furent les plus virulentes. Par exemple du côté de Chambly dont les habitants voulaient surtout être séparés de leurs voisins de Beaumont sur Oise: «Les mœurs et les caractères de ces deux petites villes voisines ne se sont ja-Au Nord-Ouest du Département, Saint-Valéry, Lannoy-Cuillère, Frettencourt et Rothois (ces deux dernières communes seront plus tard rattachées à Lannoy-Cuillère) réclamèrent leur rattachement à la Seine-Inférieure qu’elles bordaient. En vain. De même, Paillart plaida sans succès pour être «in-De l'autre côté, au Nord-Est, le " département d'Amiens " ( la future Somme ) exprima son voeu d'absorber Solente, Ognoles et Libermont qu'on ne pouvait " séparer de Roye à cause de la traver-Querelles de petits clochers…Si Beauvais et Compiègne se sont disputé la capitale départementale, d’autres communes plus modestes ont aussi montré leurs muscles pour obtenir une capitale cantonale ou même mieux, une capitale de district. C'est ainsi que Bonneuil-les-eaux et Crévecoeur revendiquèrent un statut qui échut  nalement à Breteuil.Pour désigner ces chefs-lieux, il avait été tenu compte du «poids démographique» ainsi que de la situation si possible plus ou moins centrale du chef-lieu. Cela n’empêcha pas certains voi-sins ambitieux ou jaloux de faire valoir leurs droits. Ainsi Labosse voulut supplanter Flavacourt, Marseille-en-Beauvaisis fut contesté par Haute-Epine, Moliens refusa la domination de Sarcus, Chiry toisa Ribécourt…Dans quelques cas, sans pour autant revendiquer un chef-lieu de canton, quelques communes ex-primèrent leur regret d’être rattachées à certains cantons. Comme Margny les Compiègne, dépen-dant de Compiègne, mais qui aurait préféré être liée à Coudun. Ou encore Thieuloy Saint Antoine qui apprit avec une «extrême peine» sa réunion au canton de Grandvilliers.Parmi les autres déçus ou déboutés de leur requête, on trouve Gerberoy, au passé prestigieux, qui se voyait chef lieu de district, tout comme Rosoy et ses modestes 250 habitants.

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Terres d’Hist’Oise N°138 | 39La tentation de Meaux.Regardant plus à l’Est qu’à l’Ouest, les habitants de Crépy-en-Valois n’étaient guère attirés par Beauvais, éloignée de plus de 15 lieues. Dépendant jusqu’alors de Soissons, ils exprimèrent le vœu de le rester. Ou, dans un moindre mal, d’être placés dans l’orbite de Meaux. Hélas, aucune de leurs volontés ne fut respectée.Senlis, aux  ères racines royales capétiennes, se serait bien vue chef-lieu de département. Mais avec à peine 4500 habitants, il était di cile d’être trop exigeant. A défaut «les habitudes et le genre de commerce» faisaient «désirer à cette ville d’être plutôt réunie à Meaux», qui y était favorable, «qu’à Beauvais». Ce fut toutefois peine perdue.Jalousies beauvaisiennes?L’historien Henri Baumont (1857-1909), qui fut par ailleurs le premier proviseur du lycée Felix Faure à Beauvais et dont les travaux sur le département de l’Oise pendant la Révolution constituent une base incontournable, met en lumière un aspect inattendu des premiers temps des nouvelles institutions dépar-tementales: leurs relations délicates avec les élus de la ville de Beauvais. Ne possédant pas de local, les 36 membres du Conseil général de l’Oise élus en mai 1790 se réunirent pour la première fois le 27 Juin 1790 dans une des salles de l’hôtel de ville de Beau-vais. Ils élisent alors leur président. Ce fut Stanislas-Xavier de Gi-rardin qui avait déjà présidé l’Assemblée électorale réunissant les 76 délégués cantonaux le 11 mai 1790.Le maire de Beauvais, Claude-François Vualon, compéti-teur malheureux face à Girardin, et ses collègues municipaux n’entretenaient pas de rapports chaleureux avec les responsables départementaux. Une des premières décisions du Conseil géné-ral fut d’ailleurs de tenter de trouver un bâtiment a n de devenir indépendants. Ne se sentant pas bienvenu à la mairie, le Conseil général décida de s’installer à l’abbaye de Saint-Quentin (siège de l’actuelle préfecture). Mais de lourds travaux s’avérant néces-saires, les élus départementaux siégèrent d’abord au couvent des Cordeliers..Déjà une histoire de canal…Mi 1790, un projet de canal reliant Paris à Dieppe est évoqué à l’Assemblée Nationale. Or le projet de tracé passe par Gisors! Indignation des membres du Conseil Général de l’Oise qui plaident pour un plan bien plus rectiligne, traversant évidemment leur département.Malheureusement, aucune carte du projet de ce lointain ancêtre du Canal Seine-Nord Europe ne nous est parvenue. Mais déjà, la réalisation de cette voie d’eau s’avérait di cile…avec à peine 4500 habitants, il était di cile d’être trop exigeant. A défaut «les habitudes et le genre de commerce» faisaient «désirer à cette ville d’être plutôt réunie à Meaux», qui y était favorable, «qu’à Beauvais». Ce fut toutefois peine perdue.Jalousies beauvaisiennes?L’historien Henri Baumont (1857-1909), qui fut par ailleurs le premier proviseur du lycée Felix Faure à Beauvais et dont les travaux sur le département de l’Oise pendant la Révolution constituent une base incontournable, met en lumière un aspect inattendu des premiers temps des nouvelles institutions dépar-tementales: leurs relations délicates avec les élus de la ville de Beauvais. Ne possédant pas de local, les 36 membres du Conseil général de l’Oise élus en mai 1790 se réunirent pour la première fois le 27 Juin 1790 dans une des salles de l’hôtel de ville de Beau-vais. Ils élisent alors leur président. Ce fut Stanislas-Xavier de Gi-rardin qui avait déjà présidé l’Assemblée électorale réunissant les 76 délégués cantonaux le 11 mai 1790.Le maire de Beauvais, Claude-François Vualon, compéti-teur malheureux face à Girardin, et ses collègues municipaux n’entretenaient pas de rapports chaleureux avec les responsables départementaux. Une des premières décisions du Conseil géné-ral fut d’ailleurs de tenter de trouver un bâtiment a n de devenir indépendants. Ne se sentant pas bienvenu à la mairie, le Conseil général décida de s’installer à l’abbaye de Saint-Quentin (siège de l’actuelle préfecture). Mais de lourds travaux s’avérant néces-saires, les élus départementaux siégèrent d’abord au couvent des Cordeliers..Stanislas-Xavier de Girardin, premier Président du Conseil Général de l'Oise

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Dans notre société où le spectacle, le «show biz», occupent une place et une fonction majeures, les stars s’avèrent des personnalités à part, perchées sur une étrange Olympe. Admirées, adulées, ces vedettes apparaissent comme des héros des temps présents. À la di érence près que ces nouveaux de-mi-dieux, ne possèdent aucun pouvoir particulier si ce n’est un certain don dans leur discipline, et surtout une vertu rare et ô combien précieuse : ils font rêver. Chanteurs, acteurs, mannequins, parfois sportifs, ils déchaînent les passions totalement irrationnelles de fans prêts à tout pour les voir et savoir ce qu’ils font. Si les réseaux sociaux n’ont fait qu’accentuer ce qu’on appelle aujourd’hui la « peoplesa-tion » (quel a reux anglicisme !), celle-ci n’est pas nouvelle. Dès la  n du XIXe siècle et surtout après la première guerre mondiale, avec le développement des moyens de déplacements (bateau à vapeur, trains, automobiles, avions) et des techniques d’infor-mations ou de communication (télégramme, téléphone, journaux à grand tirage, radio, télévision, cinéma), les premières stars planétaires sont nées. Le propre de ces person-nalités hors norme est d’être aussi connues que les «grands» de ce monde, c’est-à-dire les chefs d’État, et d’attirer tout autant les foules. Ainsi en 1905, le cow-boy Bu alo Bill, une des premières idoles internationales et sa troupe de cirque  eurant bon le Far-West, réunirent près de 3 millions de curieux au pied de la tour Ei el.Pro tant de cet intérêt fulgurant pour ces nouvelles icônes, la presse s’empare de leur image et de leur vie pour la raconter dans tous les détails. Avec une attention décuplée pour leurs idylles. Depuis les mythes antiques, les pulsions amoureuses ont toujours suscité une insatiable curiosité ! C’est ainsi qu’à l’instar des mariages princiers, les noces des stars sont particulièrement médiatisées. Or dans les romances de la grande et de la petite histoire de France, l’Oise fut une terre d’accueil et d’union !C’est en e et à Compiègne que Louis XVI et Marie-Antoinette, mais aussi Napoléon et Marie-Louise, se sont rencontrés pour la première fois. C’est aussi dans notre départe-ment, à Loconville, que fut célébrée l’union la plus branchée du temps des Yé-Yé, celle de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. En n, Crèvecœur-le-Grand abrita en 1937 le ma-riage d’une des plus grandes vedettes de l’entre-deux guerre, bientôt panthéonisée, Joséphine Baker.L'Oise, terre d'amourQuand l'Oise est un théâtre nuptial étoilé

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Terres d’Hist’Oise N°140 | 41« Que de couples célèbres se sont rencontrés ou unis dans l'Oise !Marie-Antoinette et Louis XVI, Napoléon et Marie-Louise, Johnny et Sylvie ... l'Oise est aussi une Terre d'amour. »« C'est dans l'Oise, par son mariage, que Joséphine Baker est devenue française. »

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Regi et regno  delissima », la plus  dèle au roi et au royaume, Compiègne a un lien très fort avec les rois de France et d’abord les souverains carolingiens. Charles le Chauve voulut y créer une cité grandiose, Carlopolis, rivale d’Aix la-Chapelle…Plusieurs des premiers Capétiens y furent sacrés. Louis XI, François Ier, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et Louis Philippe y séjournèrent réguliè-rement avant que Napoléon III en fasse pendant près de deux décennies un de ses lieux de villégiature préférés. Quant à Napoléon Ier, s’il ne fréquenta que peu la cité oisienne, l’histoire a retenu qu’elle lui servit d’étape d’accueil pour sa seconde épouse, Marie-Louise d’Autriche, exactement comme 40 ans plutôt Louis XVI avait reçu Marie-Antoinette, elle aussi issue de la famille impériale autrichienne.Le 14 mai 1770, l’Archiduchesse Marie-Antoinette,  lle de l’Impératrice Marie-Thé-rèse de Habsbourg, rencontre celui que la diplomatie et la géopolitique lui ont dé-signé comme époux, Louis-Auguste, Duc de Berry, futur Louis XVI. Elle a 14 ans, lui un peu plus de 15. Ils ne se sont encore jamais vus mais ils sont déjà mariés par procuration depuis près d’un mois.Compiègne, ville royale, impériale et... de rencontre« Comme Louis XVI, Napoléon  t de Compiègne son antichambre nuptiale »Ce mariage n’a qu’un objectif, renforcer l’alliance entre la France et l’Autriche des Habsbourg pour contrer l’in uence anglaise en Europe. C’est en fait à l’orée de la forêt de Compiègne, au pont de Berne sur la route de Soissons que le prince et la princesse ont rendez-vous. Accompagné de son grand-père, le roi Louis XV, ainsi que d’une imposante délégation, avec de nombreux membres de la famille royale, Louis-Auguste va au-devant des 57 carrosses du cortège de Marie-Antoinette. La future reine est enjouée et pétillante, à l’inverse sur son époux, pétri é de timidité. Après une soirée au château de Compiègne, le couple et leur suite re-partent pour Versailles ou l’archevêque de Reims célébrera leur bénédiction nuptiale le 16 mai. Le 30 mai, un feu d’arti ce est tiré à Paris par la municipalité en l’honneur des deux mariés sur la place Louis XV. Un mouvement de panique traverse la foule ; on dénombrera près d’une centaine de morts dans la bousculade. Funeste présage pour un règne qui se terminera sur l’échafaud.L'Oise, terre d'amourMarie-Antoinette et Louis XVI eurent 4 enfantsSinistre auspice ... le feu d'arti ce o ert par les jeunes mariés au peuple de Paris fut marqué par une bousculade fatale à une centaine de personnes.

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°142 | 4340 ans plus tard, le 27 mars 1810, la même scène se reproduit. Ou presque. Celui qui règne alors sur la France, et même sur une grande partie de l’Europe, l’Empereur Napoléon Ier, épouse en secondes noces la  lle de l’Empereur François 1er d’Autriche. Là encore, il s’agit d’un mariage avant tout géopoli-tique. Avec un triple objectif. Napoléon veut en e et un héritier que l’impératrice Joséphine ne parvient pas à lui o rir. Il veut aussi nouer une alliance avec une des principales puissances européennes a n de consolider et stabiliser la domi-nation que ses multiples victoires mili-taires lui ont permis d’exercer sur le vieux continent. L’empire français compte alors 130 départements (jusqu’aux frontières avec le Danemark et au cœur de l’Italie) et de nombreux autres états sont dirigés par des membres de la famille Bonaparte (les royaumes d’Espagne, de Naples, d’Italie, de Westphalie…). En n, et pa-radoxalement, ce  ls de la révolution, souhaite que sa dynastie soit acceptée au sein du gotha des grandes familles. Étonnant clin d’œil de l’histoire, l’Empe-reur de la République met ses pas dans ceux du dernier monarque absolu. Sym-boliquement, parce que le futur Louis XVI avait reçu son épouse à Compiègne, c’est aussi là que le nouveau dynaste veut accueillir la nouvelle impératrice, par ailleurs nièce de Marie-Antoinette. C’est par une journée pluvieuse que Marie-Louise est arrivée à Compiègne.Napoléon y était depuis une semaine. Prévenu de son arrivée imminente, il va à sa rencontre sur la route de Reims en compagnie de Murat. Mouillé par l’averse, il s’invite dans le carrosse au-trichien loin du cérémonial prévu. Âgée de seulement 18 ans alors que son époux en a 41, Marie-Louise a cepen-dant le sens de la formule et sait vite séduire l’Empereur, « plus à son avan-tage de sa personne que de son por-trait ». Le cortège n’arrive qu’à 10h du soir au palais où une réception l’attend avec la famille de l’Empereur et près de 300 notables compiégnois. Une vaste toile ornant depuis le début du XXe siècle la salle du conseil de l’Hôtel de Ville de Compiègne reproduit la scène.Après une nuit d’amour qui réjouit l’em-pereur, les deux époux se rendent briè-vement à Paris pour régulariser religieu-sement leur union puis reviennent à Compiègne où ils passent une véritable lune de miel de près d’un mois. Très amou-reux, Napoléon y lance quelques travaux qui relient notamment les jardins à la forêt par la majestueuse allée des Beaux Monts. Là, comme dans tant d’endroits, même si son passage fut bref, Napoléon a laissé une trace indélébile. Et grandiose.Une grande fresque de R. Fournier-Sarlovèze située sur un des murs de la salle du conseil municipal de Compiègne montre la réception de Napoléon et Marie-Louise par les Compiègnois.

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La vie de Joséphine Baker est un roman que peu d’écrivains auraient pu imagi-ner tant son destin fut étonnant, imprévisible, presque incroyable. Partie des ténèbres des bas-fonds de Saint-Louis dans ce sud des États-Unis où le racisme et le Klux Klux Klan régnaient en diables, cette jeune femme audacieuse et talentueuse, devenue danseuse de la «revue nègre», a connu un  rmament à Paris et en France, incarnant pour toujours la fulgurance joyeuse des années folles. Première star noire de France,immortalisée avec sa ceinture de bananes et son déhanché envoûtant, Joséphine fut aussi chanteuse à grand succès (notamment de l’éternel titre «j’ai deux amours»), actrice, et… reine de la grimace. Mais Joséphine Baker se distingua aussi dans la résistance. Courageuse oppo-sante au nazisme et à sa philosophie raciste, elle se révéla une espionne e cace au service de la France Libre et du Général De Gaulle qu’elle soutint fortement. Généreuse, elle donna des sommes colossales à l’armée gaulliste et parcourut l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient en 1943 et 1944 pour soutenir le moral des troupes.Joséphine Baker, sirène des tropiques et mariée crépicordienneFemme de cœur, elle adopta 12 enfants venus du monde en-tier (Maroc, Venezuela, Algérie, Côte d’Ivoire, Finlande, Japon, Colombie…). C’était sa tribu « arc-en-ciel » qu’elle rendit heu-reuse dans sa résidence de Milandes en Dordogne. Femme de conviction, elle n’hésita pas à s’engager dans des combats que l’histoire a retenus en oubliant sa présence. C’est ainsi que le 28 août 1963, elle participa à la fameuse marche pour les droits civiques à Washington aux côtés de Martin Luther King. Peu avant que le futur martyr ne prononce son célèbre discours avec l’immortel « I have a Dream », Joséphine Baker, s’était elle-même exprimée à la tribune, racontant son enfance au cœur de ce Missouri ségrégationniste, et le bonheur de vivre libre en France, sans avoir peur des insultes et du regard des blancs.Or un événement important de la vie de Joséphine s’est déroulé dans l’Oise : son mariage. Plus exactement ses troisièmes noces, ayant déjà brièvement convolé aux États-Unis alors qu’elle avait 13 et 15 ans. Le 30 novembre 1937 dans la belle mairie de Crèvecœur-le-Grand, Joséphine Baker épousa Jean Lion, un homme d’a aires ayant fait fortune dans le ra nage du sucre. Pourquoi Crèvecœur ? Parce que le député-maire, Jammy Schmidt, grande personnalité radical–socialiste de la IIIe République, membre du gouvernement à plusieurs reprises, était un ami du marié. Peut-être voulait-il même en faire son poulain, Jean Lion manifestant des ambitions politiques. Pour Joséphine, cette union lui o rit la nationalité française. Le mariage reposait-il sur une communauté d’intérêt plutôt que sur une passion fusionnelle ? Certains le pensent, d’au-tant plus qu’à peine un an plus tard, les deux époux se séparèrent. Mais Crèvecœur, devenu le temps d’une noce, la capitale médiatique du pays n’a pas oublié le passage éclair de la sirène des tropiques. C’est ainsi que l’EREA (Etablissement Régional d’Enseignement Adap-té) situé dans la commune a pris le nom de Joséphine Baker  n 2019.L'Oise, terre d'amourJoséphine Baker, une star malicieuse, audacieuse, généreuse.Même les léopards faisaient les yeux doux à Joséphine.Jammy Schmidt, le maire de Crèvecoeur, lit aux époux leurs obligations.

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°144 | 45Avec 342 habitants, Loconville est un village avant tout paisible du Vexin aux portes de Chaumontque rien ne prédestinait à célébrer le mariage le plus glamour des années 60, celui des deux plus grandes stars du moment, l’idole des jeunes, Johnny Hallyday, et Sylvie Vartan. Alors que la France du Général De Gaulle est en pleine prospérité, sortie du guêpier algérien, assoi ée de moder-nité et de liberté, sa jeunesse découvre le rock n’roll, et les yéyés. En cette année 65 alors que les Américains sont sous le charme d’Elvis Presley, que les Anglais adorent les Beatles et bientôt les Rolling Stones, les Français n’ont d'yeux que pour ce couple su-per star qui a choisi le printemps oisien pour sacraliser leur union. Leur histoire est un conte de fées; leur rencontre, dans les cou-lisses de l’Olympia trois ans plutôt, fut un coup de foudre. Agés de 21 et 22 ans, les deux chanteurs vedette n’ont pas choisi Loconville par hasard. Les parents de Sylvie y possèdent en e et le manoir de Gagny. Le grand jour a lieu le 12 avril. La petite église et la mairie ne sont pas dimensionnées pour un tel événement. Près de 2000 personnes, des admirateurs, des journalistes se pressent pour voir les mariés, une cohue heureuse, une émeute joyeuse gâchant la fête pour la mariée qui eut bien de la peine à accéder jusqu’à la porte de l’hôtel de ville. Loconville, haut-lieu amoureux des YéyésLes images d’époque sont impressionnantes. Johnny, qui ef-fectue son service militaire en Allemagne, a droit à une per-mission de quatre jours. La cérémonie devait pourtant avoir lieu dans l’intimité mais l’information a fuité la veille dans la presse. Le village est pris d’assaut par les paparazzis qui, outre ce gigantesque bazar bon enfant, immortaliseront la belle robe de la mariée avec sa superbe capuche cristalline.Malheureusement le mariage ne fut pas heureux et se termina par un divorce en 1980.La mairie de Loconville était bien trop petite !Habitués aux bains de foule, Johnny et Sylvie auraient préféré un mariage plus discret

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S’il est un personnage que l’his-toire de la pensée a jeté dans les cachots de la nausée et dans le temple ténébreux des auteurs maudits, c’est bien le comte Ar-thur de Gobineau. Car l’Essai sur l’inégalité des races qu’il publia dans les années 1850 a sinistrement inspiré les théoriciens d’une supériorité a rmée de la race blanche, du poison du métissage et de la nocivité de la démocratie, dont les germes ont abouti à l’apocalypse des an-nées 1940.Si ce texte tru é de caricatures et de stéréotypes peut aujourd’hui prêter à rire ou pleurer par sa «fantaisie scienti que» et sa «romance mémorielle» en termes d’histoire des civilisations, son in uence fut loin d’être négligeable. Et certains idéologues nazis virent en Gobineau un pionnier de la science raciale, un des pères du mythe fondateur du rayonnement dominant de la race aryenne.Outre cet ouvrage sulfureux, Gobineau a laissé une œuvre littéraire de second rang ; romans, nouvelles, poèmes, récits de voyage, des écrits historiques et phi-losophiques oubliés de la postérité des lettres. Pourquoi donc faire référence à ce personnage peu glorieux dans Terres d’Hist’Oise ? Parce qu’il a un lien avec l’Oise. Et non des moindres puisqu’il fut maire de Trie-Château, de 1863 à 1870, et même conseiller gé-néral du canton de Chaumont-en-Vexin en 1870–1871.Arthur de Gobineau, un Trie-Châtelain sulfureuxLaurent Desmeliers, Maire de Trie-Château« Un maire ne décide pas du passé de sa commune. À Trie-Château, Jean-Jacques Rous-seau et Arthur de Gobineau y ont laissé leurs empreintes. Beaucoup de gens l’ignorent. Mais cela fait partie de notre histoire. Le hasard a par ailleurs voulu que les deux hommes occupent à 100 ans d’écart la même bâtisse. »Diplomate en poste pour la France en Suisse, Alle-magne, Perse, il a acquis en 1857 avec son épouse et grâce a la manne d’un hé-ritage, le château de Trie à Trie -Château. Ancienne pro-priété des ducs de Longue-ville, ce bâtiment à la tour majestueuse qui a accueilli Jean-Jacques Rousseau est désormais le siège de la mairie. Il cache un superbe parc dont pro tent les vil-lageois.Malgré une présence très irrégulière à Trie-Château du fait de sa carrière diplomatique et un attachement tout relatif à la commune (la famille Gobineau reven-dra sa propriété trie-châtelaine en 1878), son prestige de notable lui valut de devenir conseiller municipal en 1860 puis d’être nommé maire en 1863. En juin 1870, il se présente aux élections cantonales et est brillam-ment élu conseiller général du canton de Chaumont-en-Vexin. Éclate alors la guerre franco-prussienne à l’été 1870. Ses talents de diplomate et ses liens passés avec l’Allemagne lui permettent d’éviter l’occupation de Trie-Château et de Gisors.Peu de temps après, dans des circonstances  oues, il démissionnera de son poste de maire. Son mandat municipal fut aussi marqué par son engagement pour restaurer en profondeur l’église, avec notamment la création d’une rosace. Conseiller général, il siège-ra régulièrement à Beauvais jusqu’à sa nomination à Stockholm en 1872.Pour la p'tite Hist'Oise

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46 | 47Terres d’Hist’Oise N°1La ligne Chauvineau : Vestiges d'une fortification de la drôle de guerre dans l'OiseDans les cantons de Nanteuil-le-Hau-douin, de Senlis et de Chantilly, se cachent des dizaines de petits blocs bétonnés construits en 1939 et 1940 par l’armée française. Situés en li-sière de bois, le long des cours d’eau et des voies ferrées, ils formaient jadis une ligne de défense dont l’objectif était de protéger Paris, tel un ultime rempart face à une attaque de blin-dés allemands. C’est au général Chauvineau que la création de cette forti cation permanente a été con ée en appoint de la célèbre Ligne Maginot.Plus de 300 blockhaus furent coulés par des régiments de territoriaux, dont la plupart dans le Sud de notre département. Il s’agit essentiellement de blocs antichar et de renforcés pour canon de 25mm, ainsi que de blocs et de tourelles pour mitrailleuses. Aujourd’hui, nous pouvons encore en voir de nom-breux exemplaires dans le Valois, notamment dans le secteur de Betz et du Canal de l’Ourcq, mais aussi dans le secteur de Senlis-Chantilly.Cette ligne de casemates était complétée par un dis-positif de défense composé de zones inondables, de fossés antichar, de routes barrées par des tétraèdres, de ponts détruits le cas échéant. Seuls les blockhaus sont parvenus jusqu’à nous.En Mai-Juin 1940, ce fut la campagne de France, et la fulgurance de l’attaque allemande ne donna que peu de chance à cette ligne que l’on a jugée dérisoire face à la puissance de feu ennemie.Peu de combats eurent donc lieu sur la Ligne Chau-vineau, exceptions faites de ceux d’Ormoy-Villers où s’illustrèrent des bataillons de Chasseurs à Pieds et des soldats de la 11 ème Division d’infanterie du géné-ral Arlabosse, ainsi que les combats de Neufchelles et Varinfroy où la ligne était tenue, entre autres, par des soldats venus d’Afrique. La ligne ne joua qu’un rôle modeste et il n’en fallut pas plus pour qu’après guerre on  nit peu à peu par l’oublier (parfois volontairement car autrefois synonyme de Défaite de 1940).Depuis une quinzaine d’années, des élèves de 3 ème du Collège Marcel Pagnol de Betz encadrés par leurs professeurs réalisent un projet visant à faire renaître cette ligne de défense méconnue. Chaque année, au printemps, un chantier de mise en valeur des casemates appelé «Archéo-Blockhaus» sort de l’oubli et de la broussaille un ou deux blockhaus. Cette action citoyenne et pédagogique inscrite dans une démarche de devoir de mémoire, restitue à la population locale ce patrimoine de la deuxième guerre Mondiale. Par un partenariat avec les communes concernées, par des articles dans la presse locale et spécialisée, des dépliants touristiques, des conférences, cette action connaît un écho favorable dans ce secteur de l’Oise et fait des émules. Inscrite dans le patrimoine local, la Ligne Chauvineau a désormais sa rue à Betz dans le hameau de Macquelines. Un regard nouveau est ainsiposé par les jeunes générations sur ce petit patrimoine oublié et une prise de conscience s’amorce pour sa protection car il est menacé par l’urbanisation, l’aban-don et la négligence.Thierry Abran, Professeur au collège de Betz

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Il est des personnages que l’Histoire a oublié, et qui ont pourtant compté. Il en est même qui ont pu faire changer le cours des événements, bascu-ler la destinée d’une Nation, mais qui ont disparu dans l’océan in ni de la fosse aux souvenirs blan-chis et e acés. C’est le cas de François-Louis Bour-don, dit Bourdon de l’Oise, dont le rôle pendant la Révolu-tion est loin d’être négligeable. C’est notamment parce qu’il a osé le premier à la Convention s’opposer à Robespierre le 8 Thermidor que le tyran a chuté et qu’il périt guillotiné à son tour le lendemain.Sans l’audace de Bourdon de l’Oise, qui sait combien de temps encore la Terreur aurait perduré? Personne ne pour-ra jamais dire combien d’innocents ont été épargnés grâce au courage de ce député de l’Oise resté obscur. Terres d’Hist’Oise, à défaut de lui rendre hommage, tenait à lui rendre la lumière qu’il mérite.Né dans l’Aisne, en 1758, à Rossy le Petit, François -Louis Bourdon a cependant grandi dans l’Oise, à Rémy, où son beau-père (sa mère, veuve, s’était remariée), cultivateur avec quelques moyens, possédait une terre. Sans être aisé, le jeune Bourdon ne vécut donc pas dans la misère. Il put faire des études à la Sorbonne et devint avocat en 1783. Vivant à Paris, il semble avoir participé à l’e ervescence du 14 juillet 1789 et à la prise de la Bastille.Mais c’est à l’été 1792 que sa vie va embrasser la politique. Le 10 Août, lors de la prise d’assaut des Tuileries, il est des émeutiers. Un mois plus tard, le 6 septembre, il est élu dé-puté par l’assemblée électorale de l’Oise. Il siège donc à la Convention. Là, il opte pour les bancs des Montagnards, les Républicains purs et durs intransigeants. On le surnomme d’ailleurs Bourdon le Roux ou Bourdon le Rouge. Lorsqu’au printemps 1793, la Terreur se met en place, avec ses cha-rettes de condamnés, il ne fait pas partie des «buveurs de sang». François-Louis Bourdon, le tombeur de RobespierreIl échappe d’ailleurs de peu à la guillotine quand Danton et ses amis y sont envoyés. Robespierre aurait aimé le voir sur la sinistre liste.Au seuil de l’Eté 1794, alors que sous l’impulsion de l’in-corruptible mais glacial Robespierre le gouvernement ré-volutionnaire est devenu une tyrannie sanglante où tous ceux qui osent exprimer ou incarner une di érence avec les idéaux de la Révolution sont potentiellement condam-nables, l’ambiance est délétère au sein de la Convention.De nombreux députés, tétanisés à la crainte de venir à leur tour s’ajouter à la longue liste des martyrs de la République, n’osent s’opposer aux volontés toujours plus tranchantes de Robespierre. Ainsi début Juin, Robespierre réussit à faire voter des lois rendant encore plus expéditives les pro-cédures du Tribunal révolutionnaire. Bourdon de l’Oise est l’un des rares à critiquer ouvertement cette dérive sangui-naire.Fin Juillet, le 8 Thermidor, Robespierre prononce un long discours de plus de 2 heures dénonçant les ennemis de la République sans les nommer. Chaque député se sentant menacé, tous se taisent. Sauf Bourdon de l’Oise qui le pre-mier se prononce contre l’impression du discours. Comme le premier éclair déchaîne l’orage, les mots de Bourdon libèrent la parole de nombreux députés qui en n crient leur dé ance envers Robespierre. La digue a cédé. Le  ot emporte Robespierre que la Convention fait arrêter le len-demain.Avec sa mort, c’est la Terreur qui prend  n. La Révolution reprend dès lors un cours bien moins tumultueux. Jusqu’à la  n de son mandat en Septembre 1795, François-Louis Bourdon devient l’un des personnages principaux de la Convention. Il la préside même brièvement. Il siège ensuite jusqu’en 1797 au Conseil des Cinq cents.Pour la p'tite Hist'OiseMaximilien RobespierreFrançois-Louis Bourdon

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François-Louis Bourdon, le tombeur de Robespierre48 | 49Terres d’Hist’Oise N°1Célestin Lagache, cet illustre inconnuAux con ns du Plateau Pi-card, en lisière de la Somme, Courcelles-Epayelles est un petit village d’à peine 200 âmes. Mais qui compte aussi un passionnant musée consacré à 14-18 et plus précisément à la bataille du Matz. Ainsi qu’un château d’eau unique orné des portraits de 5 poilus. Et en n une mairie pas comme les autres puisqu’il s’agit de la propriété d’un ancien maire, léguée à la municipalité voici quelques années, et qui date de 1840.Cet ancien maire, c’est Célestin Lagache, aujourd’hui ignoré des habitants de l’Oise et du Plateau Picard, mais qui eut un destin particulier. En e et, après avoir travaillé au Parlement sous Louis-Philippe comme sté-nographe (la sténographie est l’art d’abréger l’écriture en utilisant des signes conventionnels), Célestin La-gache eut une carrière politique étonnante puisqu’elle embrassa deux Républiques et deux Assemblées. Élu député à l’Assemblée constituante en avril 1848, il siégera ensuite au Sénat trente ans plus tard, de 1879 à 1888, c’est à dire lorsque la III ème République s’installe solidement et transforme en profondeur la France. Résolument humaniste, il a côtoyé quelques grands Hommes : Victor Hugo, Lamartine, Jules Ferry, Georges Clemenceau. L’instauration du su rage uni-versel masculin, l’abolition de l’esclavage, l’instau-ration de l’école obligatoire, gratuite et laïque… font partie des combats qu’il mena avec succès. Il fut aussi un des rares aux côtés de Victor Hugo à vouloir suppri-mer la peine de mort. En vain.Parlementaire, il n’oublia pas son village de Cour-celles-Epayelles où il était né en 1809. Il en devint maire peu après la guerre de 1870. Tout comme il fut élu conseiller général du canton de Maignelay et exer-ça même les fonctions de Vice-Président du Conseil général de l’Oise.Jean-Louis Hennon, Maire de Courcelles-EpayellesVice-Président de la Communauté de Communes du Plateau Picard« La commune a hérité de cette belle bâtisse et de son parc voici quelques années. Le donateur, Monsieur de Saint-Loup, y avait cependant mis une condition : que la municipalité s’y installe.Cette superbe maison de briques aux parements de pierre est une des plus anciennes du village qui fut fortement touché par les combats de 14-18. Elle-même a encore des stigmates, des trous de balles, mais elle est restée debout. Il y avait de gros travaux de rénovation à e ectuer, mais comme nous avions décidé de transformer l'ancienne mairie en musée, cela tombait bien. Le rez de chaussée est consacré à la mairie avec mon bureau, le secrétariat et une belle salle pour les conseils et les mariages. A l’étage, nous aménagerons deux appartements. J’espère que là où il est, Célestin Lagache est heureux de savoir que sa propriété est devenue la maison commune. C’est un beau clin d’œil de l’histoire. »ça même les fonctions de Vice-Président du Conseil Célestin LagacheDéputé de la II e République, Sénateur sous la III e

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Il est des anecdotes tristes, d’autres dramatiques, certaines comiques . Celle que je vais vous conter est plutôt… étonnante. C’est l’histoire d’une au-dace, d’un coup d’éclat qui n’a pas changé la face du monde, mais qui se révele fort plaisante à ima-giner.L’histoire se passe en 1893, précisément le 24 septembre. C’est le temps de la IIIe République triomphante, ce nou-veau régime qui, après avoir eu du mal à s’imposer dans ses premières années, est devenu souverain. Une Répu-blique qui change la vie des Français et le visage de nos communes. C’est ainsi qu’avec l’école gratuite, obligatoire et laïque, tous les jeunes Français acquièrent au minimum la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. C’est ain-si, qu’une vie démocratique se met en place avec des élec-tions régulières pour designer les maires et les députés.Pour abriter ce bouillonnement scolaire et municipal, on construit dans chaque village de France une école et une mairie. Souvent, dans les petites communes, c’est le même bâtiment avec la classe au rez-de-chaussée et la salle du conseil municipal au premier étage. Des édi ces solides, encore debout aujourd’hui, et qui abritent presque tou-jours la mairie, moins souvent l’école.Cette  n de XIXe siècle est aussi marquée par le rôle majeur de l’armée dans la société. Traumatisée par la défaite de 1870, la France ne rêve que de revanche et de ramener au bercail patriotique l’Alsace et la Lorraine arrachées par les Allemands. Aussi l’armée française veut-elle retrouver son statut de première force militaire d’Europe, comme sous Louis XIV ou Napoléon. Pour héberger les troupes, on bâ-tit de nouvelles casernes. L’Oise, département glacis des-tiné à barrer la route des envahisseurs, voit des garnisons s’élever à Compiègne, Senlis, Noyon et aussi Beauvais, avec avant 1900, les cantonnements Watrin (à côté du tribunal qui n’existe pas encore) et Taupin (à la place de l’actuelle antenne universitaire).C’est aussi l’époque où sont régulièrement organisées d’im-pressionnantes revues militaires, démonstrations de force où la République montre ses muscles. Devant un public nombreux, les plus hauts personnages du pays viennent inspecter plusieurs régiments. A Tillé, tout le monde s'arrête, même le Président de la République !À l’automne 1893, une grande revue est prévue non loin de Beauvais, au Nord de la ville, où se trouve une vaste plaine bordée par la route menant à Saint-Just en chaussée. Très précisément sur le territoire de Tillé. Le président de la République, Sadi Carnot (celui qui a écarté Jules Ferry de la route de l’Élysée), est annoncé en personne, accompa-gné des ministres de l’Intérieur, de la Guerre et de la Marine.Sadi Carnot, 5e Président de la République Française ( 1887 - 1894 )Pour la p'tite Hist'Oise

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Terres d’Hist’Oise N°150 | 51Fier de voir sa commune accueillir cet événement national, Paul Dumont de Montroy, maire de Tillé depuis 1888, espère bien que le Président de la république lui fera l’honneur d’une étape à Tillé. Pourquoi pas une réception à la mairie ?Mais le préfet douche les espoirs de l’élu; pour des mesures de sécurité, le cortège présidentiel ne s’arrêtera pas dans la com-mune avant d’atteindre le champ de manœuvre. Le président doit être protégé. Les risques d’attentats anarchistes sont bien réels. Le maire en est profondément chagriné, comme ses ad-ministrés, vexés à l’idée de voir le  acre présidentiel passer à la vitesse du trot des chevaux.Qu’à cela ne tienne ! Gardant secrète son intention jusqu’au dernier moment pour éviter que le préfet ne l’empêche de l’ac-complir, le courageux édile, écharpe à la ceinture, se plante au beau milieu du chemin lorsque le cortège de Sadi Carnot arrive. Stupeur du cocher et des gardes républicains qui es-cortent le président ! Nul doute cependant, avec cette écharpe tricolore, c’est forcément le maire. Et avec des centaines de ba-dauds attroupés au bord de la route, il serait malvenu de mo-lester un élu de la République, même impertinent. Le carrosse s’arrêta donc et Paul Dumont de Montrouge put saluer respec-tueusement le président : « Monsieur le président, pardonnez mon audace, mais Tillé voulait vous exprimer son respect et ses sentiments républicains. ». Une courte discussion s’impro-visa et les habitants de Tillé purent voir de près Sadi Carnot.Cette hardiesse aurait pu valoir au maire quelques ennuis. Il n’en fut rien. Le président ne lui en tint pas rigueur. Quant aux habitants de Tillé, ils apprécièrent le culot de leur maire. Lors des élections municipales qui suivirent, en 1896, Dumont de Montroy fut largement réélu. Il dirigea le conseil municipal de Tillé pendant 31 ans, jusqu’en 1919. Son  ls François prit sa suite à la mairie, pendant 33 ans, de 1919 à 1952. Et l’école communale s’appelle Dumont de Montroy. Quant à Sadi Carnot, moins d’un an plus tard, il mourut poignardé à Lyon par un anarchiste italien.Neuf mois après son passage à Tillé, Sadi Carnot périt as-sassiné, le 24 juillet 1894, victime d'un attentat anarchiste à Lyon.Son agresseur, un italien dénommé Caserio, avait réussi à monter sur le landau présidentiel. Poignardé, comme Henri IV par Ravaillac, Carnot fut le premier président de la République à connaître une mort violente.En mai 1932, un autre Président, Paul Doumer, tomba sous les balles de Paul Gorgulov, un ressortissant russe psychologiquement dérangé.Sadi Carnot, président martyr

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NOM DE LA RUBRIQUEAu cœur des années sombres de l’entre-deux-guerres, il fut l’un de ceux qui vit clair. Militant de la paix, diplomate, dé-puté, ministre du Front populaire, ce Clermontois de naissance rejoignit la ré-sistance gaulliste avant d’être happé par une destinée cruelle.Pierre Viénot est né le 5 août 1897, à Clermont, dans une famille de la bourgeoisie traditionnelle. Blessé à plusieurs reprises durant la Première Guerre mon-diale, son sang- froid et sa détermination lui valent d’être élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Hon-neur.Désireux d’entreprendre une carrière de diplomate, il entame des études de droit et voyage à l’étranger. Remarqué partout où il passe, il se crée de solides amitiés dans les milieux intellectuel, industriel et  -nancier.Secrétaire particulier entre 1920 et 1923 du Maré-chal Lyautey, Gouverneur Général du Maroc, il rentre en France et milite pour le rapprochement entre la France et la jeune République d’Allemagne. Dans l’es-prit des Accords de Locarno, il participe à la création du Comité franco-allemand d’informationet de docu-mentation, favorisant le rapprochement économique et culturel des deux pays, seul moyen de garantir la paix en Europe. Il en est nommé directeur du bureau berlinois jusqu’en 1930.Constatant les limites de l’action associative et inquiet de la montée de l’extrême droite, il quitte son poste et rentre en France pour s’engager en politique. Il est alors élu député dans les Ardennes. Nommé parmi les délégués représentant la France dans le cadre de la Conférence mondiale du désarmement à Genève (1932-1934), il s’inquiète des ambitions du nouveau régime national-socialiste et démissionne dès 1933, militant publiquement pour agir contre les agressions nazies.En 1936, il entre au gouvernement du Front Popu-laire en qualité de sous-secrétaire d’Etat aux A aires étrangères. A ce poste, il est chargé des protectorats du Maghreb et des mandats français en Syrie et au Li-ban, octroyés par la Société des Nations depuis 1920. C’est ainsi qu’il négocie, à l'automne 1936, les traités accordant l'indépendance au Liban et à la Syrie. S’ils ne sont  nalement pas rati és en raison de l'hostili-té du Sénat majoritairement conservateur, ces traités serviront de base pour l'indépendance e ective de ces pays à la  n de la Seconde Guerre mondiale.Réformé pour raison de santé, il se réengage toute-fois en 1940. Refusant l’idée d’Armistice, il embarque sur le bateau «Le Massilia», comme d’autres o ciers et hommes politiques, pour poursuivre le combat depuis l’Afrique du Nord. Ils seront arrêtés sur ordre du tout nouveau gouvernement Pétain. Condamné à de la prison avec sursis, il est placé en résidence surveillée, mais parvient toutefois à entrer dans la Résistance. Il rejoint en 1943 le Général de Gaulle à Londres, lequel le nomme rapidement ambassadeur de France, quand le Gouvernement Provisoire part à Alger.Une crise cardiaque l’emporte le 22 juillet 1944, fau-chant trop tôt un  dèle serviteur de la France.Pierre Viénot, pacifiste et résistantEmmanuel BellangerPour la p'tite Hist'Oise

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52 | 53Terres d’Hist’Oise N°1Dans les livres d'Hist' Oise ...À l’heure des nouvelles technologies, smartphones, tablettes et autres objets connectés et sophistiqués, il est un objet par-ticulier, magique, qui résiste aux assauts de la modernité: le livre. Condensé d’information ou de rêve, on continue à en publier des milliers chaque année, toujours mieux illustrés.Et dans les bibliothèques, il y a une catégorie très particu-lière: celle des livres d’histoire locale, ces ouvrages dans les-quels on raconte la vie d’hier. Celle de nos ancêtres et de nos villages, les traditions du temps passé…Ce  l d’Ariane qui nous relie à jadis, ces anecdotes qui donnent de la chair à la pierre, ces récits qui ressuscitent des épopées ou des mystères, ces labyrinthes qui mènent jusqu’à naguère. Bonne lecture!Dans les livres d'Hist'Oise52 | 53Dans les livres d'Hist'Oise52|53

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NOM DE LA RUBRIQUETerres d’Hist’Oise N°1Au gré de son parcours de vie, François Beauvy égrène ses pépites littéraires. De sa plume fertile et précise, l’écrivain de Tillé, amou-reux de sa région, de la nature et de la langue picarde, raconte la vie d’hier, dessine des paysages souvent verdoyants, fait chanter les hôtes des bosquets et des futaies.Son dernier ouvrage, Histoires en forêt de Picardie du VIIIe au XXe siècle, compile 16 courts récits, entre légendes et faits divers, drames et amours passionnés. Du Moyen-Âge à nos jours, l’auteur ressuscite des person-nages célèbres ou ignorés, princiers ou révoltés. Au  l des 130 pages de ce petit livre exquis, vous croiserez ainsi Alexandre Dumas poursuivi par un loup, Mila la belle «tiote» mousserone, Marius Jacob l’Arsène lupin de l’anarchie, Jacques Mesrine éphémère aubergiste de Vieux-Moulin, mais aussi la jeune Marie-Antoinette, l’impératrice Eugénie et ses cavalcades, le prince Philippe, Jean Cocteau fasciné par la magie des sculptures du château de Raray…Autant de paysages, mais un seul théâtre, les forêts picardes, et surtout celle de Compiègne, majestueuse, mys-térieuse, aventureuse entre le palais impérial, Saint-Jean Bois et Vieux-Moulin. Au  l des pages, on entend les branches craquer, le cerf bramer, le vent orchestrer la symphonie des tissus feuillus qui frissonnent ; on sent l’odeur de la mousse humide, la rugosité des écorces des chênes centenaires, l’avalanche d’e uves  euries et fruitées du printemps… La forêt est un univers magique où François Beauvy nous emmène sans se perdre. À pied, à cheval, ou par ses historiettes, allez-y vagabonder. Vous en reviendrez heureux.Si les chênes pouvaient parler…Histoires en forêt de Picardie du VIIIe au XXe sièclepar François Beauvy." De Mesrine à Marie-Antoinette, d'Eugénie à Cocteau, l'Oise et ses forêts ont abrité bien des rires et des drames "François Beauvy rédige en ce moment son vingtième ouvrage. Ce sera un roman.Dans les livres d'Hist'Oise

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54 | 55Les chants des lavandières au dur labeur, leurs commé-rages au rythme des battoirs, animèrent alors la com-mune pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1962, lorsque l’eau courante arriva dans les maisons de Pontpoint.Les nombreuses fontaines (dont celle du «Tio trou»), les mares, les puits, l’Oise et ses ports, les marais… ont aussi chacun leur chapitre. Comme les rouissoirs, ces bassins de pierre qui servaient à faire macérer certaines plantes, tel que le chanvre utilisé ensuite pour fabriquer des cordages.Les étangs ne sont évidemment pas oubliés, eux qui oc-cupent une grande place sur le territoire communal, au cœur de la boucle de l’Oise. On y pêche, on y chasse, on y fait du ski nautique et du jet ski, on s’y promène… Cet écrin de verdure et de sérénité abrite aussi une réserve écologique, havre apprécié par de multiples oiseaux. Cette vaste mosaïque de miroirs d’eau sert en- n à l’écrêtement des crues de l’Oise.Bref, en 150 pages passionnantes, vous voyagerez à travers l’histoire et la géographie de Pontpoint, et ap-prendrez beaucoup sur l’eau. L’eau qui parle sans cesse, n’oublie jamais son chemin, nourrit les roses et crée le monde.Pontpoint au  l de l'eau,par Véronique Mercier-Liennard et Pierre RenaudCe n’est pas parce que l’eau est transparente qu’elle n’est pas précieuse ! Nos agriculteurs le savent bien, surtout en ces temps de réchau e-ment climatique où les sécheresses deviennent fréquentes.Nos aînés ne l’ignoraient pas non plus, eux qui pre-naient l’eau au puits ou à la fontaine, rinçaient leur linge au lavoir, utilisaient le courant des rivières pour faire tourner leurs moulins… Cette eau, source de vie, sans qui la nature se tait, s’e ace, s’endort.A Pontpoint, longue bourgade enserrée entre la vallée de l’Oise et la forêt d’Halatte, l’eau est partout : sources, mares, fossés, rus, marais, étangs… et bien sûr l’Oise, large et majestueuse. De cette présence généreuse sont nés des fontaines, des lavoirs, des moulins, des puits et bien des activités, du maraîchage au ski nautique. Sans l’eau, Pontpoint ne serait point !Dans une remarquable publication particulièrement riche en informations et illustrations, Véronique Mer-cier-Liennard et Pierre Renaud, membres de l’associa-tion pour la sauvegarde du patrimoine communal de Pontpoint, retracent la fabuleuse histoire du chemine-ment de l’eau à Pontpoint. Il y a tant de choses à dire et à découvrir, du règlement sanitaire municipal à « l’hôtel des bavardes ».Les « hôtels des bavardes » ou les « hôtels des médi-sances », c’est ainsi qu’on surnommait les lavoirs. La commune en compte 10 sur son territoire ! Cinq furent édi és dans les années 1850 suite à la volonté gouver-nementale de développer les principes d’hygiène élé-mentaire a n d’éradiquer les épidémies qui ravageaient périodiquement le pays (le choléra décima la France en 1832 fauchant plus de 100 000 personnes dont en-viron 250 à Pontpoint). En 1851, les députés votèrent d’ailleurs des crédits destinés à aider les communes à se doter de lavoirs et d’établissements de bains publics. " L'eau qui parle sans cesse, n'ou-blie jamais son chemin, nourrit les roses et créer le monde"

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La guillotine à Breslespar Emmanuel LeleuDans les livres d'Hist'OiseIl est dans l’histoire des objets fascinants. Attrayants ou ef-frayants, symboliques ou presque magiques, simples et so-phistiqués, certains ont marqué leur société et traversé les siècles pour passer à la postérité, entrant dans les mémoires collectives. Un historien britannique, Neil Mac Gregor, a d’ail-leurs rédigé une remarquable Histoire du Monde en 100 objets. Ainsi la brique, l’arc, la pièce de monnaie, le stylet, la statue, la roue, la fourchette et tant d’autres inventions et progrès tech-niques ont bouleversé la vie des hommes.Parmi tous ces objets, la guillotine occupe une place toute par-ticulière. Outil de mort, de violence d’État, punition judiciaire ultime, elle incarne aussi une période essentielle car fonda-trice de notre Histoire : la Révolution. Et plus précisément un moment charnière et l’un des plus sombres de notre passé, la Terreur. A lui seul, son nom exprime la folie, la cruauté, l’inhu-manité de cette année sanglante qui vit, entre les étés 1793 et 1794, la guillotine fonctionner à une cadence infernale. Entre cynisme et fausse naïveté, par son égalitarisme macabre, la «raccourcisseuse» ou « rasoir national », se voulait un emblème vivant de la République triomphante abolissant les privilèges. En e et, alors que jadis, la corde et la potence étaient réservées aux manants tandis que la hache et le billot restaient nobles, désormais, tout condamné avait la tête tranchée.Et ce partout sur le territoire ! L’échafaud ne sévit pas seulement à Paris. Presque chaque département eut droit à sa machine infer-nale, transportable par chariot. C’est ainsi que l’ombre sinistre de la guillotine a han-té quelques jours Bresles en ce froid mois de Ventôse de l’an II. Deux individus furent condamnés à la peine suprême pour avoir abattu un arbre de la liberté. Avec minutie et passion, Emmanuel Leleu nous raconte presque heure par heure cette histoire si révélatrice des grandeurs mais aussi des horreurs de la Révolution Fran-çaise. Un travail remarquable, et un opuscule passionnant." Décapités en place publique pour crime de lèse-République "

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Terres d’Hist’Oise N°1Terres d’Hist’Oise N°1VersignyUn village, un château, un parc, du Moyen-âge au XXème siècle par l’Association Histoire et Archéologie de Nanteuil-le-HaudouinVersigny a une longue et belle histoire. Ce superbe ouvrage la retrace avec une foule de détails savoureux et passionnants. Avec aussi une iconographie d’une ri-chesse plus que remarquable; des cartes et des plans des XVII et XVIII ème siècles à la graphie et aux couleurs magiques, des photogra-phies, des dossiers, des cartes postales ressuscitant la vie d’hier.Sur la longue fresque de Versigny, on trouve des femmes et des hommes aux parcours fascinants; humbles ou châtelains, guidés par le sens de l’honneur ou du devoir, happés par la furieuse cavalcade de l’Histoire... Ils s’ap-pelaient Pèlerin de Laon et Henri de Marle, seigneurs médiévaux, Ferdinand Martin, premier Versignien mort pour la France le 30 août 1914, Madame «Risque-tout»,  ère et courageuse face aux casques à pointes, Jacques de Kersaint, déporté à Buchenwald pour fait de résis-tance dont les lettres et les témoignages sont si émou-vants.Un village, un château, un parc, du Moyen-âge au XXème siècle par l’Association Histoire et Archéologie de Nanteuil-le-Haudouinersigny a une longue et belle histoire. Ce superbe ouvrage la retrace avec une foule de détails savoureux et passionnants. Avec aussi une iconographie d’une ri-chesse plus que remarquable; des cartes et des plans des XVII et XVIII ème siècles à la graphie et aux couleurs magiques, des photogra-phies, des dossiers, des cartes postales ressuscitant la Sur la longue fresque de Versigny, on trouve des femmes et des hommes aux parcours fascinants; humbles ou châtelains, guidés par le sens de l’honneur ou du devoir, happés par la furieuse cavalcade de l’Histoire... Ils s’ap-pelaient Pèlerin de Laon et Henri de Marle, seigneurs médiévaux, Ferdinand Martin, premier Versignien mort pour la France le 30 août 1914, Madame «Risque-tout»,  ère et courageuse face aux casques à pointes, Jacques de Kersaint, déporté à Buchenwald pour fait de résis-tance dont les lettres et les témoignages sont si émou-Versigny, c’est aussi un terroir depuis toujours fertile, où les céréales et la vigne  orissaient, où la Nonette nourrissait moulins et semis. Versigny c’est en n une petite bourgade ma-gni ée par ses monuments, son église abri-tant une délicate statue de Saint Martin, ses quelques vestiges d’enceinte et surtout ce château grâcieux nimbé d’un parc harmo-nieux ou règnent quelques déesses de pierre.A recommander à tous les amoureux de l’Oise et aux passionnés d’histoire!Même sans ordinateur, nos aînés savaient réaliser des plans d'une précision et d'une beauté remarquables.56 | 57

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Dans les livres d'Hist'OiseOuvrage collectif sous la direction de Julien Serey.Photographies de l’abbé Mathieu DevredDu 12 juin au 19 septembre dernier s’est tenue à l’Ab-baye royale du Moncel de Pontpoint une exposition d’une qualité historique et ar tistique particulièrement remarquable. Son thème: Jeanne d’Arc dans l’Oise.Pour ceux qui n’ont pas eu la chance et le plaisir de la découvrir, un rattrapage est dieu merci possible via le superbe catalogue de l’exposition, riche de 250 pages. Une vraie merveille iconographique grâce aux clichés sublimes de Mathieu Devred et un indispensable ouvrage pour la bibliothèque des pas-sionnés de Jeanne, comète héroïque dans le grand ciel de notre Histoire.Etant l’une des très rares femmes à siéger dans le panthéon de nos héros historiques, la petite bergère de Domrémy est un cas unique dans l’Histoire de France et même de l’Humanité. D’abord par le caractère fulgurant de son épopée. Il se passe en e et à peine un an de l’entrevue de Chinon à la capture de Jeanne devant Com-piègne. Entre temps, elle a libéré Orléans, fait sacrer Charles VII à Reims, guerroyé en maints endroits entre Seine et Loire, et surtout inversé le cours de la guerre de Cent ans. Nul mieux que Malraux n’a résumé l’exploit de Jeanne: «Dans ce monde où Isabeau de Bavière avait signé à Troyes la mort de la France, dans ce monde où le Dauphin doutait d’être le Dau-phin, la France d’être la France, l’armée d’être une armée, Jeanne re- t l’armée, le roi, la France». Malgré sa  n tragique, Jeanne a réussi à in échir la marche victorieuse des Anglais. En peu de temps, elle a ranimé la volonté de se battre des Français; elle leur a redonné le courage, l’espoir et l’ascendant moral sur leurs adversaires.Mais la grande richesse de cet ouvrage et de cette exposition est d’élargir la vision et l’aura de Jeanne. Trois superbes chapitres sont ainsi consacrés à Jeanne d’Arc «au XXème siècle», «la catholique», et «dans les arts». Incontestablement un livre précis et précieux.Jeanne d'Arc dans l'Oise" En une épopé fulgurante, Jeanne ressuscita l'armée, le roi et la France "

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Noroy, au  l du tempspar Yves DodemanFlâner dans les ruelles du passé n’est jamais du temps perdu. Bien au contraire, on s’y éclaire, on s’y réchau e, on y rencontre des personnages étonnants. Et pas besoin d’arriver sur le forum de nos plus grandes cités pour s’enrichir l’esprit. Au cœur de nos villages, la vie d’hier est une mine d’or spirituelle. Encore faut-il pouvoir y accéder. C’est ce que nous permet Yves Dodeman qui nous ouvre les portes de Noroy de jadis via cette belle monographie.Avec ses 200 habitants aujourd’hui, cette commune du sud du plateau picard est l’héritière d’une longue histoire où des temps calmes, des heures sombres, des héros et des gens simples se croisent.Entre un instituteur dépressif, Pierre-Antoine Lescaille, au début de la IIIème République, un maire (par ailleurs an-cien instituteur) démis de ses fonctions par le préfet en 1893 (Louis Jules Petit), le suicide par pendaison d’un saisonnier en 1965 et la mort héroïque du lieutenant-colonel Lacombe de la Tour, les destins étonnants se croisent.Dotée d’un château-fort puissant au Moyen-âge dont il reste quelques murs, d’un retable merveilleux du XVIème aujourd’hui mis en dépôt au Musée Départemental de l’Oise, d’une belle mairie-école en pierres et briques édi ée dès 1877, Noroy a une longue et vieille histoire déroulée tout au long de 160 pages très instruc-tives.Grâce à de nombreuses illustrations (dont de superbes cartes postales comme celle de la mare aux grenouilles), cet ouvrage se lit facilement et se révèle incontournable pour ceux qui veulent tout savoir (ou presque!) de l’histoire de ce village qui tire son nom du noyer.58 | 59

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De 2014 à 2020, vous étiez adjointe à la culture (en charge par ailleurs de la communication, du tourisme, des fêtes et des cérémonies). Qu’avez-vous initié à ce poste ? La culture n’est-elle pas souvent le parent pauvre des politiques publiques lo-cales ?J’ai été en charge au cours de ce man-dat, à la fois du poste d’adjointe à la culture mais également de la prési-dence de l’O ce de la Culture pendant 12 ans. Avec les élus et les bénévoles, j’ai notamment continué à dévelop-per les activités culturelles sur la com-mune en ouvrant par exemple nos expositions à des artistes du territoire et d’ailleurs. Nous avons dynamisé les visites du musée et de la ville. J’ai également remis en activité la biblio-thèque. Il y a eu aussi un gros travail de communication pour faire connaitre tout ce qui se fait.A Chaumont-en-Vexin et plus large-ment sur le territoire, la culture a une place importante. Je pense que tout dépend de l’impulsion donnée par les élus et du dynamisme des acteurs lo-caux. Artistes, associations, élus, nous sommes solidaires pour permettre à tous l’accès à la culture à travers l’orga-nisation d’évènements phares comme les jardins de Montagny, le salon du livre de Chaumont en Vexin, le festival du Vexin, les nombreuses expos et re-présentations théâtrales et beaucoup d’autres manifestations encore.Emmanuelle LamarqueMaire de Chaumont-en-Vexin, Conseillère Régionale, 1ère Vice-Présidente de la Communauté de Communes du Vexin-ThelleDevenue maire en 2020, vous aviez néanmoins déjà deux mandats à votre actif, dont un d’adjointe. Vous attendiez-vous à un aussi grand fossé entre la fonction de maire et d’adjoint ?En e et, j’ai beaucoup appris au cours de ces deux mandats. Toutefois, la fonction de maire est complètement di érente de celle d’adjoint. On se re-trouve en première ligne sur tous les sujets, il faut sans cesse faire des arbi-trages en son âme et conscience. Je ne suis pas naïve, je n’avais pas sous-es-timé la di culté de se retrouver en première ligne et je n’ai pas été déçue ! Mais mon début de mandat est pas-sionnantItinéraire d'une élue douée

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Terres d’Hist’Oise N°1Emmanuelle LamarqueMaire de Chaumont-en-Vexin, Conseillère Régionale, 1ère Vice-Présidente de la Communauté de Communes du Vexin-Thelle60 | 61Terres d’Hist’Oise N°1Comme tous les élus du Vexin-Thelle, un projet vous tient particulièrement à cœur, la construction d’un lycée. J’imagine que cela va occuper une place centrale dans votre action ces prochaines années d’autant plus que vous avez été récemment élue conseillère régionale ?Nous sommes en e et tous mobilisés au sein du territoire, élus et habitants au-tour ce projet de lycée. A titre personnel ,c’est un projet qui me tient particulière-ment à cœur. Xavier Bertrand a annoncé lors de sa venue en juin dernier à Chau-mont-en-Vexin que le lycée allait voir le jour. Une réunion avec les services de la Région a d’ailleurs déjà eu lieu. Il y a en-core plusieurs étapes avant que les pre-miers lycéens intègrent leur école mais nous sommes sur la bonne voie.Chaumont-en-Vexin est bien loin de Lille. Quel est votre ressenti sur cette jeune Région que sont les Hauts de France ? Le Vexin y est-il à sa place ?C’est exactement ce qui a motivé mon engagement sur la liste de Xavier Bertrand. Notre territoire doit être un des plus éloignés de Lille. Mon ambi-tion est de les rapprocher ! Je pense qu’avoir une élue à la Région sur le terri-toire est une opportunité pour créer du lien entre Lille et nos territoires ruraux. Nous allons à la fois pouvoir faire en-tendre notre voix au sein des instances de la Région et également rapporter les actions et les décisions de la Région sur le territoire.Après une période de « turbulences », votre intercommu-nalité (le Vexin-Thelle) a retrouvé sérénité et cohérence. Quels sont d’après vous les points forts de votre action intercommunale ? Dans quels domaines souhaiteriez-vous la voir progresser ?La communauté de communes pré-sidée par Bertrand Gernez est au-jourd’hui unie autour d’un projet de territoire ambitieux et structurant pour l’ensemble de nos communes. Et c’est selon moi tout l’enjeu d’une commu-nauté de communes, fédérer les élus pour une cohérence globale et une émulation collective. Nous y travaillons chaque jour.Non loin de Chaumont-en-Vexin, Trie-Château et Villers sur Trie ont fusionné voici quelques années. Une telle perspective pourrait-elle inté-resser la municipalité de Chaumont-en-Vexin ?Pour le moment, la question ne s’est pas posée. Mon objectif n’est pas de faire grandir Chaumont en Vexin à tout prix. Mais si des villages exprimaient ce souhait, nous étudierons bien évidem-ment la question.Que pense la jeune conseillère régio-nale que vous êtes de l’éventuelle instauration d’un « conseiller territo-rial » qui siégerait à la fois à la Région et au Département ? Je trouve l’idée intéressante. Nous pou-vons même aller plus loin et imaginer un conseil territorial qui permettrait à la fois la diminution du nombre d’élus et un regroupement des compétences. Mais je pense qu’au délà de considé-rations techniques, le fait d’avoir un représentant unique du territoire pour la Région et le Département permettra à nos concitoyen de mieux identi er son représentant et je l’espère de da-vantage s’intéresser aux actions de ces 2 institutions dont les actions ont un impact direct sur le quotidien des ha-bitants.Les gens connaissent leur maire. Les gens identi ent bien évidemment les responsables nationaux. Entre les 2, c’est un peu plus  ou.De quelle loi existante auriez-vous aimé être à la source ?Sans hésiter, la loi du 13 juillet 1965.C’est une loi dont on parle moins au-jourd’hui mais qui est pourtant fonda-mentale. C’est la loi qui a permis aux femmes d’ouvrir un compte en banque ou travailler… sans l’autorisation de leur mari ! Quand on y pense cette loi a été votée il y a seulement 56 ans, c’est incroyable !En réunion avec deux adjoints" A Lille, je veux faire entendre la voix du Vexin "

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Marc MouilleseauxMaire de RieuxBenjamin des maires de l’Oise (vous avez été élu à 25 ans), vous avez pourtant déjà une certaine ex-périence puisque vous avez ceint l’écharpe d’adjoint lors du précé-dent mandat. Comment est née cette volonté de vous engager dans la vie citoyenne ?Mes parents m’ont notamment trans-mis le sens des responsabilités, l’idée qu’au lieu d’attendre que tout vienne des autres, chacun pouvait contribuer sans se contenter de recevoir. Quoi de plus grati ant que de se rendre utile à un dessein auquel l’on croit, et qui bé-né ciera au plus grand nombre ?L’école m’a donné de nombreux exemples, la vie aussi, à travers celui de ma prédécessrice, Denise Schro-biltgen, qui m’ont donné l’envie de m’engager dans ce but.Professeur agrégé d’Histoire, vous êtes très attaché aux commémo-rations patriotiques et à ce que ce l’on appelle le devoir de mémoire. Vous avez d’ailleurs récemment mis en lumière des soldats rioliens de la Révolution et de l’épopée napoléo-nienne. Quel est votre objectif à ce sujet ?J’aime beaucoup, avec mes élèves, travailler sur la conférence classique d’Ernest Renan, « Qu’est-ce qu’une Na-tion ? ». L’auteur y écrit singulièrement ceci : « Les hommes sentent dans leur coeur qu’ils sont un même peuple lors-qu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’a ections, de souvenirs et d’espérances. Voilà ce qui fait la patrie ».Pour sentir cela, dans les petites patries que sont nos villages, jusque dans la grande qui est la France, nous avons be-soin de modèles individuels, à la portée de chacun. Cela permet aussi de rendre justice à ceux qui ont fait le sacri ce de leur vie en répondant à l’appel du devoir, de leurs responsabilités, certes pas toujours volontairement, au service d’un dessein collectif : la défense des valeurs qui sont encore celles de notre pays, la liberté, l’égalité, la souveraineté du peuple.Pensez-vous que la commune a en-core sa place au cœur du «biotope» politico-administratif français où l’intercommunalité laisse désormais peu d’espace ?Comment se dispenser de la commune ? La participation aux di érents scru-tins semble bien montrer que plus la circonscription est vaste, moins les ci-toyens se sentent concernés. Et c’est as-sez cohérent. Sans doute, une collecti-vité plus peuplée sera-t-elle susceptible de lever plus de fonds, et d’augmenter son vivier de volontaires à la servir, avec qualité. Mais à l’heure de la répartition de ces fonds, qu’il est di cile de ne pas oublier les « périphéries » au béné ce des points concentrant le plus d’élec-La valeur n'attend pas le nombre des années

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Terres d’Hist’Oise N°1Marc MouilleseauxMaire de Rieux62 | 63Terres d’Hist’Oise N°1teurs potentiels !Actuellement, l’on pourrait croire pourtant que la commune s’éteint peu à peu, privée d’autonomie sur le gros de ses ressources avec la réforme de la taxe d’habitation, et départie de nombreuses compétences au béné- ce de l’intercommunalité, où la loi du nombre peut aussi l’emporter.Pourtant, des regroupements ponc-tuels d’intérêts pour l’exercice de telle ou telle compétence, sans qu’il soit obligatoire de la déléguer, continuent d’exister au travers de syndicats dont l’emprise peut di érer de celle des EPCI, sans nuire au citoyen, bien au contraire ! N’est-ce pas l’objectif qui devrait primer sur tout grand idéal de décentralisation (surtout quand elle recentralise à l’échelle des régions) ?Régulièrement revient dans l’actua-lité législative l’idée d’abaisser la majorité légale et donc le droit de vote à 16 ans. Qu’en pense le jeune édile que vous êtes ?Voter donne avant tout le droit d’in- uer sur la composition d’un budget, très prosaïquement. Qu’il semble di -cile de dire comment dépenser, avant même d’avoir rempli le pot commun, par le travail et l’impôt ! Par ailleurs, à quelques exceptions bien sûr, qui, à 16 ans, maîtrisait bien les enjeux de nos choix électoraux ? Que sait-on de la vie, à 16 ans, alors que nous ne sommes pas encore des êtres aboutis, et par conséquent beaucoup plus in- uençables ?La démocratie, c’est sérieux, et c’est ce qui fait sa valeur. Un jeune peut déjà s’engager de bien des manières au sein des associations, des pompiers... Ou être force de proposition auprès de ses élus. Pourtant, il ne fait souvent pas déjà ce petit pas.Quels chantiers majeurs souhai-tez-vous réaliser au cours de cette mandature 2020-2026 ?Raisonnablement, aménager une mai-son de santé et un parc central sont des objectifs atteignables auxquels notre conseil municipal travaille. Nous aurons aussi une rénovation impor-tante de voirie à faire, et des répara-tions de toiture, ce qui est sans doute moins vendeur mais tout aussi essen-tiel. Sans oublier un pas vers les éner-gies renouvelables, peut-être sur les toits de notre école.D’autres projets nous animent, mais qui nécessitent des fonds qu’il nous sera di cile de mobiliser sur ce man-dat : une plus grande cantine, des lo-caux sportifs plus importants...Nous voudrions aussi oeuvrer pour la cohésion et la culture, pour le sport. Nous travaillons déjà à un pro-jet de jeux intervillages annuels, avec quelques uns de nos voisins et sur une base volontaire.En plus de votre engagement local, vous avez de fortes convictions qui vous amènent à vous passionner pour le débat national. Quelles sont les principales valeurs qui vous ani-ment ?Je crois par dessus tout à la démocra-tie, donc à la souveraineté populaire et à l’indépendance économique, sans laquelle tous les chantages voilés sont ouverts ; à la continuation de notre magni que culture, léguée par nos devanciers et que nous ne pouvons laisser périr, bien qu’elle soit assaillie ou puisse paraître dévalorisée ; et au souci des plus faibles. À une époque, c’est ce que l’on appelait le gaullisme.La communication est désormais devenue essentielle dans toute action politique, même au niveau d’une petite commune. Qu’en pen-sez-vous et quels outils utilisez-vous pour communiquer à Rieux avec vos administrés ?« La Société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration », dit l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. La communication permet que ces comptes soient rendus à des citoyens, qui ne sont plus seulement des administrés. Pourvu que ce soit la raison, et non l’image, qui soient privi-légiées. Nous essayons donc de parta-ger le plus d’informations par les a -chages publics, le bulletin municipal et par le site internet, mis en place par ma prédécessrice. Nous utilisons aus-si Facebook, pour son interactivité et sa vélocité. Je crois que ces supports, cumulés, o rent un renseignement précieux à l’ensemble des citoyens dé-sireux de l’obtenir.A Rieux, on aime le tricolore !

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Alain VasselleMaire d'Oursel-Maison, Sénateur honoraireVous avez commencé votre par-cours d’élu voici près d’un de-mi-siècle, en 1974, au décès de votre père, étant alors désigné par les électeurs pour lui succéder à la mairie d’Oursel-Maison et comme conseiller général du canton de Froissy. Vous étiez-vous préparé à ce long engagement au service de votre territoire?Lors du décès brutal de mon père, j’étais étudiant en préparation d’un doctorat scienti que. Rien ne me lais-sait imaginer que le cours de ma vie changerait aussi soudainement. Si j’avais déjà en pensée l’idée de suc-céder à mon père, cela l’était à un horizon plus lointain. Je n’étais donc pas vraiment prêt. Ma mère se re-trouvant seule du jour au lendemain, je décidais sans aucune hésitation à revenir à ses côtés pour gérer l’exploi-tation familiale. N’imaginant n’avoir que cette activité, je décidais donc de succéder à mon père à la Mairie, comme lui l’avait fait à la mort de mon grand-père en 1948. Puis, sollicité et vivement encouragé à lui succéder au Conseil Général par François Be-nard, Président, et Jean Natali, Séna-teur, j’acceptais de me présenter à ce mandat de Conseiller Général que j’ai exercé pendant 40 ans.Maire, Conseiller Général, mais aussi Conseiller Régional de Picar-die, Président de la Communau-té de communes des Vallées de la Brêche et de la Noye, Sénateur de l’Oise, vous avez exercé de nom-breux mandats. Quels sont ceux que vous avez préféré? Pourquoi?Tous mes mandats m’ont intéressé, ils ont été tous formateurs pour briguer un jour celui de parlementaire natio-nal. J’ai pris plaisir à tous les exercer en consacrant l’essentiel de ma vie à mes concitoyens, aux territoires dont j’ai eu la responsabilité et aux com-munes de mon canton, à la défense des intérêts du Département à la Ré-gion, puis à toutes les communes de l’Oise et à leurs intercommunalités dans l’exercice de ma fonction de Sé-nateur.Celui de Maire est certainement celui qui procure le plus de satisfaction, car vous êtes acteur de l’avenir de la collectivité en qualité d’exécutif avec le soutien de toutes les équipes muni-cipales, et vous êtes en contact direct avec la population.Quel regard portez-vous sur la montée de l’abstention dans notre pays, ce désintérêt croissant de nombre de nos concitoyens pour la «chose publique»?L’abstention semble con rmer e ec-tivement le désintérêt de nos conci-toyens pour la chose publique. Il s’agit, selon moi, à la fois d’une perte de con ance de la part des électeurs à l’égard des élus, et, en particulier ceux avec lesquels ils n’ont aucune ou peu de proximité (élus régionaux et nationaux) mais aussi lié à une perte de repères au regard des convictions a chées qui donnent le sentiment d’un manque de sincérité. Elles sont souvent à géométrie variable pour La sagesse et la ruralité au coeur

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Terres d’Hist’Oise N°1Alain VasselleMaire d'Oursel-Maison, Sénateur honoraire64 | 65tenter de capter un maximum d’élec-teurs. Le ni-droite, ni-gauche d’Em-manuel Macron n’arrange rien.Par ailleurs, les élections au scrutin de liste ne sont pas de nature à mobiliser l’électorat car il ne peut personnali-ser son choix. La loi sur le cumul des mandats a eu aussi pour e et d’éloi-gner le législateur du terrain. Nous n’aurons bientôt plus que des parle-mentaires hors-sols.Vous êtes souvent considéré comme le premier défenseur de la ruralité. Avez-vous le sentiment que nos campagnes sont de plus en plus oubliées, négligées par l’État et les grandes politiques publiques engagées? Toutes les réformes successives en-gagées par les gouvernements, quelle que soit leur sensibilité sous la prési-dence de Présidents de droite, comme de gauche, n’ont eu de cesse d’a ai-blir le poids, le rôle et les pouvoirs des communes rurales tout en asséchant leurs ressources  scales propres, et, en diminuant les concours de l’Etat à leur pro t (DGF, DETR, réforme de la taxe d’habitation).La loi NOTRe a été le summum de ces réformes en privilégiant les inter-communalités, les agglomérations, les pôles urbains et les communautés urbaines. L’élu rural de la petite com-mune de moins de 2000 habitants est de plus en plus appelé à devenir le «béni-oui-oui» des choix et déci-sions prises par les intercommuna-lités. La seule planche de salut pour nos petites communes est le soutien  nancier des Départements pour le peu de compétences qu’il leur reste. Je suis très préoccupé pour l’avenir de nos petites communes en perte de solidarité nationale.En près de 50 ans, vous avez vu l’Oise et la France considérable-ment évoluer, qu’il s’agisse de son organisation sociale, son tissu éco-nomique, ses structures politiques et administratives. Est-ce que « c’était mieux avant », comme on dit souvent?Je ne pense pas que l’on puisse dire que c’était mieux avant car d’énormes progrès ont été e ectués dans tous les domaines. Cependant, un phé-nomène de déshumanisation gran-dissant s’opère avec les moyens de communication modernes, l’arrivée d’internet et le développement des réseaux sociaux. Nous avons une France hyperadministrée, ce qui lui ôte toute réactivité rapide quand les événements le nécessitent; voire ce que nous avons vécu au début de la crise du COVID. Les tensions sociales sont de plus en plus fréquentes, notre économie sou re de boulets qui ra-lentissent sa dynamique. Aux struc-tures politiques et administratives, il manque un espace de liberté et d’ini-tiative au plan local sans dépendre en permanence des tutelles nationales.Quel regard portez-vous sur la dé-centralisation?La décentralisation a eu de nombreux e ets positifs, et a permis un exer-cice plus pertinent des compétences transférées par l’Etat aux collectivités locales, notamment aux Régions et aux Départements. Nous sommes en attente de l’acte III de la décentralisa-tion qui se fait désirer.Le Sénat en lien avec l’AMF et les asso-ciations des départements de France et des régions, a fait des propositions intéressantes dont la plupart sont res-tées lettres mortes dans le projet du gouvernement.Vous êtes depuis longtemps le pré-sident de l’Union des Maires de l’Oise. N’est-on pas allé trop loin dans les transferts de compétences des communes vers les intercom-munalités? Une France sans maires et sans communes est-elle envisa-geable?Oui, nous sommes allés trop loin dans ces transferts. Quant à une France sans Maires et sans communes, ce serait une erreur fondamentale. La crise sanitaire du COVID a démontré combien les Maires avec leur niveau de proximité de la population, étaient un maillon utile, indispensable et in-contournable pour l’Etat. Les mani-festations des gilets jaunes avant la crise sanitaire démontrent, si besoin était, la nécessité de la part de nos responsables politiques nationaux d’être plus à l’écoute du terrain.Sénateur pendant plus de 20 ans, Alain Vasselle a toujours été écouté par ses collègues pour sa parole sage, claire et souvent courageuse

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Nogent-sur-Oise se veut une «ville citoyenne». Concrètement, qu’est-ce que cela signi e ?Une ville citoyenne, c’est une ville où des citoyens volontaires œuvrent aux côtés des élus et des services muni-cipaux à l’action publique locale et relèvent des dé s immenses, parfois invraisemblables, a n d’assurer un présent vivable et préparer un avenir commun aux habitants du territoire. C’est pourquoi je préfère utiliser le terme de démocratie coopérative,Ainsi, à Nogent sur Oise, nos organes coopératifs s’emparent librement des sujets qu’ils souhaitent investir. Le conseil municipal des jeunes a par exemple proposé l’instauration de zones non-fumeurs aux abords des écoles, et le C3 (Conseil de Coo-pération Citoyenne) s’inscrit chaque année dans le cycle budgétaire, lors d’une assemblée communale réunis-sant les élus du conseil municipal et les élus coopératifs, avec la possibilité de proposer des amendements bud-gétaires par un vote aux 3/5ème. La citoyenneté doit s’exercer pleinement et concrètement !Avec 20000 habitants, Nogent-sur-Oise, 4 ème ville de l’Oise, est for-tement marquée par sa diversité. Comment faites-vous pour renfor-cer le « Vivre Ensemble » et éviter les tentations de replis communau-taires ?L’enjeu majeur de notre ville, si nous voulons bien vivre ensemble, est d’éviter la banlieurisation galopante, synonyme de ville-dortoir où cha-cun se replie sur soi, quelle que soit la communauté d’appartenance qu’il se donne. Notre action, sociale, cultu-relle, sportive, éducative, évènemen-tielle … doit transcender toutes les singularités et s’adresser à l’universel qui se trouve dans l’âme et le cœur de chacun. En cette rentrée 2021, nous avons commencé par une course cy-cliste juniors, puis notre manifesta-tion champêtre – Un dimanche à la Campagne - le Nogent Legend Festi-val, rassemblant bikers, Harley-David-son et musiques cajun, blues et rock. Puis ce fut la rentrée des associations, une course à pied solidaire ( Femmes de cœur ), et récemment un délice de musique au Parc Hébert. Bientôt la saison culturelle démarrera au Châ-teau des Rochers avec un spectacle de Mathieu Madénian.Si « notre patrie réside sous la semelle de nos souliers », chaque Nogentais doit trouver son «lacet» pour se sentir Jean-François DardenneMaire de Nogent-sur-OiseVice-Président de la communauté d'agglomération Creil Sud OiseHumanisme,lyrisme,et pragmatisme

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Terres d’Hist’Oise N°166 | 67relié à la ville. Les communautaristes religieux sont plutôt amateurs de «cordes» qui ne visent que l’entrave et l’asservissement, c’est pourquoi nous les combattrons sans relâche !L’écologie, le respect de la planète sont désormais des priorités pour nombre de nos concitoyens. Est-ce aussi un axe important de votre ac-tion municipale? La question environnementale est apparue très tôt, avec notamment le chau age ur bain devenu vertueux par notre raccordement au Centre de Va-lorisation Energétique du SMDO qui permet de chau er, à moindre coût, plus de 3000 logements nogentais par le brûlage des ordures ménagères. Nogent-sur-Oise a été précurseur en ce domaine et c’est maintenant tout le Bassin Creillois qui va se raccorder à terme à ce réseau écologiquement viable et performant. Nous réunis-sons prochainement une convention locale citoyenne sur la transition éco-logique de Nogent-sur-Oise. Après la création d’une zone humide en milieu urbain au Marais Monroy, la rénova-tion de notre poumon vert, le Parc Hé-bert, la réalisation de premières voies douces en ville, la plantation d’arbres dans nos cours d’école, l'expérience d'extinction totale de notre éclairage public entre le 25 mai et le 9 août der-nier, nous ferons le point. Le courage est parfois nécessaire à l’ambition de nos politiques locales.La déserti cation médicale est une préoccupation pour tous. A Nogent-sur-Oise, vous avez créé un Centre Municipal de Santé. Pouvez-vous nous en dire plus?A Nogent comme ailleurs, les méde-cins expérimentés partent en retraite et les jeunes ne semblent pas attirés par la médecine générale. Il fallait trouver une réponse. Nous avons donc décidé de mettre en place un Centre Municipal de Santé, comme le Noyonnais. Les médecins sont sala-riés par la Ville de Nogent sur Oise qui perçoit les honoraires médicaux et as-sure l’intendance (locaux, secrétariat, prise de rdv,…). C'est un véritable suc-cès. Dans ce type de structure, l’en-jeu est de  déliser les médecins a n d’éviter un turn-over trop fréquent qui  nirait par indisposer la patientèle.Même si vous êtes proche du Gou-vernement, vous êtes connu pour votre indépendance d’esprit. Que répondez-vous aux nombreux détracteurs de la " gouvernance Macron " ?Je saurai toujours gré à Emmanuel Macron d’avoir en 2017 fait exploser cette alternance anesthésiante pour notre démocratie entre une gauche égarée et une droite atomisée, ainsi condamnées à se recréer. Cette élec-tion d’un «intrus du système» a de fait libéré les chemins possibles de l’ave-nir de notre République. Certes, les crises successives de ce quinquennat n’ont pas permis à Emmanuel Macron de mener à bien tout ce qu’il souhai-tait, mais je dis qu’il a fait le job, et dans l’ensemble il l’a plutôt bien fait, sauf dans le cas de la fermeture de la maternité de Creil, profonde erreur envers notre territoire. En revanche, les opposants, pour leur part, n’ont pas fait leur boulot de renaissance.J’ai toujours préféré celles et ceux qui agissent en toute liberté et qui ont l’audace de leur liberté tout en inté-grant les contraintes de la réalité. Votre proximité avec l’aire franci-lienne (25 minutes en train de la gare du Nord) est un atout indé-niable. En pro tez-vous su sam-ment?C’est un atout quand les trains fonc-tionnent bien et partent et arrivent à la bonne heure. Le sud de l’Oise fait la jonction entre la grande Ile de France et la valeureuse Région des Hauts de France. Si Paris et sa banlieue sont le puissant mollet et Lille la cuisse musclée, alors nous sommes dans l’Oise l’indispensable genou ! Quand chaque partie aura compris cela, alors tout le monde en pro tera au maximum.Jean-François DardenneMaire de Nogent-sur-OiseVice-Président de la communauté d'agglomération Creil Sud Oise" Le courage est parfois nécessaire à l'ambition de nos politiques locales "

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Quelles nouvelles initiatives souhaite-riez-vous voir promues par l’Agglomé-ration de Creil-Sud Oise ?L’agglomération creilloise est une terre industrieuse, pétrie de savoir-faire et d’habiletés, qui a beaucoup sou ert et qui doit se relever. Elle en a les atouts et le potentiel. Je suis de ceux qui sou-haitent que l’on aille résolument de l’avant et que nous entrions de plain-pied dans l’avenir. Ainsi, je me bats pour que l’on puisse installer une  lière d’em-ploi et de formation autour des métiers visuels et du cinéma qui, chassé des terres parisiennes, ne demandent qu’à s’installer chez nous. Je souhaite que l’on développe le  uvial, avec la création d’une vaste zone multimodale de tran-sit de matières et marchandises. Déve-lopper la formation universitaire, parent pauvre de notre territoire où se trouvent pourtant des centres techniques et de recherches de qualité, comme l’INERIS ou le CETIM. De même, regardons du côté des nouvelles industries, le numé-rique, les technologies issue du monde quantique, les biotechnologies,…Nous pouvons et devons redevenir une terre d’industries nouvelles.Depuis longtemps, la culture a une place importante dans votre action municipale.La culture est essentielle à notre " Vivre ensemble "; elle est au cœur de notre condition humaine. C’est la culture qui nous permet de faire face à notre in-complétude et de toujours chercher à devenir meilleur en même temps qu’elle nous rend le monde plus intelligible. Am-putée de la dimension culturelle, une action publique, qu’elle soit locale, dé-partementale, nationale ou internatio-nale serait comme une boussole privée d’aiguilles et de pôles, sans magnétisme aucun.

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Vous semblez vous épanouir dans votre fonction. Pourtant, de nom-breux maires se plaignent d’avoir vu leur fonction se complexi er, avec de plus en plus de contraintes administratives. Est-il facile d’être maire en 2021 ?Le quotidien d’un maire n’est e ec-tivement pas composé de seuls mo-ments radieux. Il y a des aspects plus ingrats et même obscurs. Mais je préfère retenir les points positifs. Ce qui me motive, c’est d’être utile. Et la fonction d’élu, notamment de maire, me le permet. Un maire est d’abord au service de ses administrés et du bien commun.En 2014, vous étiez simple conseil-lère municipale. Puis vous êtes de-venue adjointe avant de succéder au maire « historique » de Mon-ceaux, Alain Coullaré. Passer du second au premier rôle s’est-il fait dans la douceur ou la douleur ?C’est vrai qu’être maire, c’est être en première ligne, assumer les responsa-bilités, tenir le guidon quand le reste de l’équipe pédale ou est sur le porte-ba-gage.J’ai la chance d’avoir des adjoints so-lides, sur qui je peux compter. J’avais mûrement ré échi ma décision. Et en fait, les choses se passent bien.Quelles sont les qualités indispen-sables, à votre avis, pour être un bon maire ?Il faut d’abord aimer les gens, vouloir faire du bien, être tolérant, avoir l’esprit ouvert. Il faut aussi savoir décider tout en fédérant l’équipe municipale, sans oublier les agents et créer un lien avec la population.Par certains aspects, la fonction de maire peut avoir des parallèles avec celle de chef d’entreprise qui doit en-tretenir une dynamique en prenant soin de ceux qui l'entourent. On ne peut diri-ger une mairie de façon autocratique et brutale. Il faut être à la fois chef d’entre-prise, chef d’équipe et chef d’orchestre.Maire, Vice-Présidente de votre inter-communalité (en charge de la culture et de la jeunesse), conseillère dé-partementale avec la délégation du patrimoine… Parvenez-vous à tout concilier ?Oui, mais je me consacre à mes man-dats. J’ai stoppé mon activité profes-sionnelle. De plus, outre les mandats que vous évoquez, j’ai deux autres enga-gements complémentaires et passion-nants, à la tête de la mission locale du Teresa DiasMaire de MonceauxVice-Présidente de la Communauté de communes d'Oise et d'HalatteConseillère départementale du canton de Pont-Sainte-MaxenceChef d'orchestre !

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70 | 71Terres d’Hist’Oise N°1Clermontois et des Marais de Sacy. Les emplois du temps sont donc bien char-gés. Un élu doit avoir une forte capacité d’adaptation. Ma priorité reste néan-moins ma commune de Monceaux. Mais j’apprécie aussi énormément de mener les dossiers intercommunaux et dépar-tementaux. Au pays d’Oise et d’Halatte, je pilote ainsi la construction du nou-veau théâtre de Pont Sainte Maxence ainsi que la naissance du musée Louis Lütz à Sacy-le-Petit. Quant au départe-ment, mon premier dossier d’impor-tance concerne l’Abbaye d’Ourscamp, un site exceptionnel qui a traversé les siècles. C’est passionnant.On vous sent particulièrement en-thousiaste. Vous êtes une élue heu-reuse ?Oui. D’abord parce que je me sens utile. Ensuite parce que j’apprends énormé-ment, je rencontre des gens intéres-sants. Chaque journée est di érente. On s’ennuie rarement quand on est élu.Le projet gouvernemental de ré-forme constitutionnelle,  nalement abandonné, prévoyait de limiter à 3 le nombre de mandats consécutifs pour les parlementaires, conseillers régionaux et départementaux ainsi que pour les maires de communes de plus de 9 000 habitants. Qu’en pensez-vous ?Cela mérite ré exion. Bien sûr, j’ai beau-coup de respect pour celles et ceux qui ont donné des décennies pour leur territoire. Mais peut-être est-on moins dynamique et créatif au bout de 18 ans dans la même fonction ?Si vous étiez parlementaire ou mi-nistre, que chercheriez-vous à chan-ger au plus vite ?Il me semble impératif de redonner de l’autorité et de la clarté à l’action pu-blique. Peut-être y a-t ’il trop de lois ? Parfois même contradictoires !Un seul exemple qui touche régulière-ment notre intercommunalité et nos voisins : les installations illicites des gens du voyage.Certaines règles séculaires relatives à la propriété privée sont ainsi totalement bafouées presqu’avec la complicité d’autres textes législatifs. C’est insup-por table et incompréhensible pour l’im-mense majorité des citoyens. La loi doit être la même pour tous ! C’est la base du Vivre Ensemble et l’Etat doit la faire respecter.Au Conseil Départemental, vous avez hérité d'une belle mission autour du patrimoine. Comment dé nis-sez-vous le patrimoine ?Teresa DiasMaire de MonceauxVice-Présidente de la Communauté de communes d'Oise et d'HalatteConseillère départementale du canton de Pont-Sainte-MaxenceLe patrimoine, c'est tout ce que nous avons hérité de nos aînés, de nos pères. Il s'agit bien évidemment de nos monu-ments, mais pas seulement.Il y a tout un patrimoine immatériel ex-traordinairement riche à protéger : notre culture, notre langue, notre art de vivre.Mais c'est vrai que dans le cadre de ma délégation départementale, j'aurai sur-tout à m'intéresser aux très nombreux édi ces, classés ou pas, que compte l'Oise : châteaux, églises, cathédrales...Quelle belle mission !" On s'ennuie rarement quand on est élu "

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Florence DemouyMaire de PierrefondsVice-Présidente de la Communauté de communes des Lisières de l’OiseConseillère départementale suppléante de CompiègneA Pierrefonds, les femmes sont en haut de l’a che depuis long-temps. Votre prédécesseur à la mairie, Michèle Bourbier, était d’ailleurs une femme de carac-tère. Ressentez-vous votre fémi-nité comme un handicap ou au contraire un avantage vis-à-vis de vos administrés?Les deux en fait ! Cela dépend des situations. Les femmes et les hommes sont souvent di érents. Nous n’avons pas la même sensi-bilité, la même vision des choses. Mais nous sommes complémen-taires! C’est aussi valable pour la vie politique. Les femmes élues nedoivent, selon moi, surtout pas vouloir «copier» leurs collègues masculins. Elles doivent rester elles-mêmes. Peut-être sommes-nous plus diplomates, moins «frontales». Probablement cher-chons-nous plus à convaincre qu’à contraindre.Vous avez récemment inaugu-ré une rue " Séverine " à Pier-refonds, mettant à l’honneur cette pionnière du féminisme et du journalisme. Quels combats doivent cependant continuer à mener les femmes selon vous?La société a beaucoup évolué, et heureusement dans le bon sens. De nombreux combats féministes ont été gagnés, parfois après de longues luttes, comme pour le droit de vote. Petit à petit, l’égalité proclamée par notre devise s’ins-talle, même s’il reste bien des pro-grès à accomplir, par exemple en matière salariale.Avec son château magni que au cœur d’un massif forestier enchanteur, Pierrefonds est une bourgade enviée, fréquen-tée par des touristes une bonne partie de l’année. N’est-ce pas compliqué à gérer pour une mu-nicipalité d’un peu plus de 2000 habitants?Si. Vivre dans ce cadre idyllique Passionnée et passionnante

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72 | 73Terres d’Hist’Oise N°1© SénatFlorence DemouyMaire de PierrefondsVice-Présidente de la Communauté de communes des Lisières de l’OiseConseillère départementale suppléante de Compiègnequ’est Pierrefonds est bien sûr une chance. Mais cet a ux régulier de touristes avec leurs demandes et leurs besoins impliquent bien des contraintes pour une com-mune de notre taille avec peu de moyens  nanciers et humains. Un seul exemple que comprendront bien mes collègues maires, nos cantonniers doivent régulière-ment travailler le week-end.Considérez-vous votre engage-ment au service de votre terri-toire comme une passion, une vocation?Vocation, je ne sais pas; passion sûrement ! Et peut-être même comme une mission qui corres-pond à ce que je suis. Ce qui me rend heureuse, c’est de rendre ser-vice. En tant que maire, c’est mon devoir quotidien d’être à la dis-position de mes administrés. Je m’épanouis donc dans ma fonc-tion.Quel est votre parcours munici-pal?J’ai été élue en 2008. J’ai d’abord e ectué un mandat de conseil-lère municipale puis je suis deve-nue adjointe en charge de l’urba-nisme. Une expérience précieuse et très formatrice. Ces deux pre-miers mandats m’ont d’ailleurs beaucoup apporté. Mais je mesure bien le poids des responsabilités depuis que je suis maire. Entre le poste de conseiller et d’adjoint, il y a un fossé. Entre celui d’adjoint et de maire, c’est un canyon! Mais je ne me plains pas.Chaque problème a une solution, et j’ai aussi la chance d’être entou-rée d’une équipe dynamique et enthousiaste.De quelles qualités doit avant tout faire preuve un maire?Il me semble essentiel d’être à l’écoute, disponible mais aussi humble et travailleur. On ne sait pas tout! Quelle problématique actuelle vous déstabilise en tant que maire?La gendarmerie a modi é ses pro-cédures et ses périmètres d’inter-vention. Malheureusement avec beaucoup moins d’e cacité par rapport au système précédent. J’espère que les instances concer-nées réajusteront le tir; N’oublions jamais que la sécurité est la pre-mière des libertés, que c’est une priorité pour nos concitoyens. On ne peut tolérer les zones de non-droit. Et je tiens à dire toute " Entre les fonctions de conseiller municipal et d'adjoint, il y a un fossé. Entre adjointe et maire, c'est un canyon "mon estime et mon admiration pour nos gendarmes et policiers, pour leur courage et leur maîtrise.

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Le nom Desessart résonne dans le monde politique oisien depuis près de 60 ans avec votre père, Guy, maire de Cuvilly, conseiller général puis régional, suppléant de Marcel Das-sault. Est-ce lui qui vous a transmis le « virus politique » ?Mon père fut une véritable  gure de l’Oise, il s’est engagé pendant plus de Jean DessesartMaire de La Croix Saint-OuenVice-Président du Conseil Départemetal de l'OiseVice-Président de l'Agglomération de la Région de Compiègne40 ans au service des habitants du ter-ritoire. Il s’attachait à dire qu’il était un homme public plutôt que politique, un élu de contact, de terrain, proche des citoyens. Il a également été une per-sonnalité éminente du monde sportif. Deux vocations dont j’ai héritées na-turellement. Tout petit, je collais déjà des a ches avec lui, je participais à ses campagnes électorales, j’avais envie de poursuivre cet engagement... Comme mon père, je pense que la population m’apprécie pour ma simplicité, ma proximité et mon e cacité.Vous êtes Maire de La Croix Saint Ouen depuis 2001, Vice-Président de l’Agglomération de la Région de Compiègne et désormais Vice-Pré-sident du Conseil Départemental de l’Oise. De ces trois mandats, le-quel préférez-vous et pourquoi ?Forcément et sans hésiter, celui de maire de La Croix Saint Ouen. J’ai voulu devenir maire pour ma com-mune que j’aime passionnément, j’y habite depuis de nombreuses an-nées, je connais bien ses atouts et ses dé s. Au  l des années, en tant que maire j’ai dû faire preuve de dé-termination, d’audace, prendre des positions tranchées et courageuses pour mener les grands projets, des-siner le nouveau visage de ce village devenu aujourd’hui une commune majeure de l’ARC, donner cette image attractive de La Croix Saint Ouen, tout en conservant son cadre de vie et son environnement tant appréciés. Etre Maire, c’est le mandat le plus proche du citoyen. Pendant 6 ans, vous avez été l’élu en charge des sports au sein du département de l’Oise. Vous avez d’ailleurs eu une brillante vie spor-tive en tant qu’arbitre internatio-nal de football. Quelles sont les si-militudes mais aussi les di érences Droit au but !

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74 | 75Jean DessesartMaire de La Croix Saint-OuenVice-Président du Conseil Départemetal de l'OiseVice-Président de l'Agglomération de la Région de Compiègneentre les univers politique et spor-tif ?Il existe plus de similitudes qu’on ne pense entre le sport et la politique. Il faut pour chacun de ces univers avoir des convictions profondes, de l’ambition, se  xer un objectif et s’in-vestir avec énergie pour l’atteindre, se dépasser. Il faut aussi faire preuve de stratégie, de discipline, de per-suasion, avoir de l’autorité dans un gant de velours. Sportif, élu local sont des personnalités passionnées qui doivent savoir prendre des décisions et des initiatives, avoir de l’expérience et du leadership, être capable de tra-vailler en équipe, écouter aussi ceux qui les entourent, être exemplaires.L’élu doit défendre ses propos et convaincre ses citoyens, tandis que l’athlète doit travailler dur pour sa propre performance. L’athlète a pour mission d’inspirer la population et de montrer l’exemple. L’élu, lui, doit représenter la société et défendre ses valeurs en faveur des individus qui la constituent. Le sport contribue à l’équilibre vital, l'élu, lui, contribue à l'équilibre de sa cité.Votre commune de La Croix Saint Ouen, aux portes de Compiègne, connait une expansion démogra-phique, urbanistique et écono-mique impressionnante depuis plusieurs années. Quels sont vos projets pour la mandature 2020 – 2026 ?En 2001, je me suis engagé à déve-lopper l’économie et aménager, avec l’ARC, les zones d’activités de la com-mune. Il fallait inverser la tendance de la  scalité, nous devions identi er d’autres leviers de recettes foncières pour préserver le pouvoir d’achat de nos ménages et nous avons atteint notre objectif. Ainsi, nous avons créé 1300 emplois en 7 ans sur le Parc Tertiaire et Scienti que. A ce jour, La-Croix-Saint-Ouen représente un bassin de plus de 3600 emplois. Ser-vices aux familles, habitat à l’exemple du quartier des Jardins qui s’achève, équipements sportifs et culturels, vi-déo-protection... nous avons accom-pli beaucoup au cours de ces der-nières années. Et nous avons encore tant à faire au cours de ce mandat 2020-2026 : création d’une maison de santé et d’une résidence seniors, mise en valeur du centre-ville, réno-vation de la maison historique Bal-san/Chanel La-Croix-Saint-Ouen doit également rester préservée. Nous poursuivrons le déploiement de la vidéo-protection, nous veillerons à apporter des cheminements vélo et piétons sécurisés. Nous souhaitons planter près de 1000 arbres pour valo-riser nos espaces urbains et apporter de la nature en ville...Vous avez dit que ce mandat serait votre dernier. Cela vous fait 4 man-dats de maire. Que pensez-vous de l’idée de limiter les mandats dans le temps ?Je pense que ce serait une erreur. En France, exercer un mandat local consiste à servir l’intérêt général et n'est donc pas assimilable à un mé-tier. Toutefois, le rôle et les responsa-bilités des élus locaux vont croissant depuis la mise en œuvre de la décen-tralisation. Pour être un bon Maire, il faut de l’expérience, connaitre sa commune comme sa poche, avoir une réelle connaissance du territoire, de ses atouts, ses enjeux, identi er ses partenaires pour monter plus ai-sément des dossiers d’envergure... et tout cela ne se fait pas en un mandat." Pour être un bon maire, il faut de l'expérience "

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Olivier Paccaud" Aimer l'Oise, c'est aimer la France ! "OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISELe 27 juin dernier, vous avez été réélu conseiller départe-mental du canton de Mouy avec un score historique de plus de 70 %. Pour vous, « tiot gamin de Mouy », cela a dû être une grande joie, non ? Bien sûr. En démocratie, il n’y a qu’un seul juge de la qualité et de l’e cacité de votre action : l’élec-teur. Et un seul moment de vérité, l’élection.Ce score remarquable dans un ter-ritoire qui a connu une forte désin-dustrialisation est la récompense ou au moins la reconnaissance du travail réalisé au service du canton, de ses communes, de ses associations, de ses entreprises, de ses habitants. Mais on ne réus-sit jamais seul. J’ai la chance d’avoir un binôme extraordinaire, Anne Fumery. Je suis d’ailleurs très heureux qu’elle soit devenue Vice-Présidente à la Culture du Département. Je n’oublie pas nos deux suppléants, David Belval, le maire de Bury, et Catherine Martin, maire de Tillé, toujours disponibles et de bon conseil. J’ai aussi une pensée pour nos anciens remplaçants, Christine Marienval, maire d’Ansacq, et mon ami, Olivier Dassault.Quant au « gamin de Mouy », e ective-ment je n’ai pas oublié d’où je viens et j’aime profondément ce territoire et les gens qui y habitent. J’y ai mes racines, tant de souvenirs et d’amis. Aussi, ce ré-sultat électoral m’a vraiment touché, et il ne peut que m’encourager, et même m’engager, à faire encore mieux.La majorité départementale a d’ail-leurs été solidement renforcée par ce scrutin. J’imagine que vous en êtes satisfait ?Oui. Nous détenions 15 cantons sur 21 avant 2021 ; nous en avons mainte-nant 17, avec Méru et Crépy en Valois. Et même 18 avec Noyon où le nouveau binôme souhaite travailler avec nous. Je vois dans ce plébiscite la validation de la politique menée par le conseil départemental depuis 2015. Les quatre points cardinaux de notre boussole étaient simples : proximité, e cacité, pragmatisme et refus du sectarisme. Sans idéologie ni esprit partisan, nous n’avons toujours eu qu’un objectif : améliorer les services et équipements o erts aux Oisiens. En six ans, nous avons fait beaucoup de choses : le pass permis citoyen, l’aide à la garde d’en-fants, la forte augmentation de l’aide aux communes (50 millions d’euros an-nuels, à comparer avec les 25 millions du Val d’Oise ou les 8 millions de la Somme.) Nous avons aussi su réagir lors de la Co-vid en apportant des aides  nancières aux travailleurs non salariés oubliés par l’Etat, en organisant la vaccination dans les zones rurales... Je n’oublie pas en n nos importants investissements, comme la reconstruction des collèges de Crèvecœur et d’Auneuil (aucun col-lège n’avait été construit dans l’Oise depuis 2004), l’édi cation de la salle de sport de Neuilly en Thelle, la déviation de Noyon…Cette mandature a aussi été mar-quée par l’arrivée à la présidence du département d’une femme, Nadège Lefebvre.

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Olivier Paccaud" Aimer l'Oise, c'est aimer la France ! "76 | 77" Proximité, e cacité, pragmatisme, refus du sectarisme,ainsi fonctionne le Conseil Départemental "Tout à fait. Nadège Lefebvre est une présidente remarquable. Femme de dossiers et de terrain, elle possède une grande capacité de travail, une vraie droiture et un sens du devoir. C’est aus-si une femme de parole. Son énergie à défendre l’Oise et ses habitants, sa maî-trise des problématiques du Conseil départemental, son omniprésence sur le territoire sont de vrais atouts pour le Département.Avez-vous évolué concernant le cumul des mandats ? Vous êtes aujourd’hui simple conseiller dé-partemental et Sé-nateur alors qu’il y a quelques années on pouvait être à la fois parlementaire et maire ou président de Département ou de Région. Faut-il revenir en arrière ?Il me semble di cile de concilier un travail approfondi de parle-mentaire et la gestion au quotidien d’une ville (surtout d’une certaine taille), d’un départe-ment ou d’une région. Mais il est essentiel que députés et sé-nateurs restent connectés à la réalité des collectivités, pas seulement en par-courant leur territoire, mais aussi en y siégeant. C’est ce que permet la loi au-jourd’hui. Même si je ne suis plus que simple conseiller départemental, je vois très concrètement les problématiques auxquelles est confrontée la collectivité. Et c’est évidemment préférable pour un législateur. Toutefois, même si les abus du passé sont absolument à proscrire (l’ancien sénateur président du conseil général de l’Oise avait eu droit à un ar-ticle au vitriol dans le Canard enchaîné pour ses 17 mandats, un record !), on pourrait peut-être améliorer les textes en vigueur en permettant aux parle-mentaires membres d’un conseil mu-nicipal, départemental ou régional, non pas de le diriger à nouveau, mais au moins d’en être adjoint ou vice-pré-sident. L’expérience et le savoir-faire d’un député ou sénateur peuvent être précieux. Au niveau de l’organisation territo-riale, êtes-vous favorable à l’instau-ration du conseiller territorial qui siègerait à la fois au Conseil départe-mental et au Conseil régional?J’y suis totalement favorable. C’est le meilleur moyen de coordonner l’ac-tion des deux collectivités et donc de les rendre plus e caces. Tout ce qui dépend du quotidien (travail, social, logement, santé, aménagement du ter-ritoire, bâtiments scolaires ) doit être géré au plus près, par les élus locaux à qui il faut faire con ance. Car ce sont eux qui connaissent le mieux les pro-blèmes de leur territoire. Ils sont donc les mieux placés pour les résoudre. Tout ne doit plus venir de Paris. L’Etat doit vraiment se recentrer sur ses missions régaliennes (sécurité, jus-tice, armée, éducation). Aujourd’hui, il se disperse trop. D’où son ine ca-cité dans bien des secteurs. Ne dit-on «qui trop embrasse mal étreint?» Quant au mode d’élection de ces conseillers territoriaux, il est essentiel qu’il se fasse sur le modèle du scrutin dépar temental, par canton, et non par liste proportionnelle selon le système électoral régional actuel. C’est le meilleur moyen de légitimer les élus grâce à leur ancrage territorial.En n, l’instauration de ce nouvel élu permettra une réelle économie puisqu’on passerait de 6000 conseil-lers départementaux et ré-gionaux à 4000 conseillers territoriaux. Dans l’Oise, concrètement, on passe-rait de 63 à 42 élus " terri-toriaux ".Les derniers scrutins (municipaux et surtout départementaux et ré-gionaux) ont été mar-qués par une très forte abstention. Cela vous inquiète-t-il?On ne peut évidemment pas se sa-tisfaire de ce que j’appelle la fonte des glaces citoyennes, ce désintérêt croissant de nombreux Français pour Avec Nadège Lefebvre, unis au service de l'Oise !

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OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISEla «Res Publica». Non seulement, les Français votent moins, mais ils sont de moins en moins désireux de s’en-gager au service de leur commune. J’ai été ainsi sidéré de voir autant de communes, parfois fort peuplées (comme Méru et ses 15 000 habi-tants), avec une seule liste lors des municipales de 2020.Pour excuser ou expliquer cette crise de la citoyenneté, certains invoquent la dé ance envers les politiques. Cela ne me convainc pas. Car justement, ceux qui se disent déçus par l’action publique, qui a rment «ça ne sert à riende voter », ont la possibilité d’être élus et d’agir à leur tour.Nous avons la chance de vivre dans un pays ou plus de 550000 de nos concitoyens sont élus locaux, et peuvent décider concrètement, par leur action municipale, de l’avenir de leur commun. C’est une chance! Beaucoup l’oublient.Il me semble en fait malheureuse-ment que le malaise est plus profond, à l’image de «ladisette du bénévo-lat» dans nos associations. L’indivi-dualisme, l’égocentrisme gangrènent notre société. Il faut une prise de conscience.Êtes-vous un sénateur heureux? On dit parfois que le travail parlemen-taire peut être très frustrant, car on ré échit sur bien des textes, on défend nombre de propositions de lois qui  nalement n’aboutissent pas. Qu’en est-il?La mission du législateur peut e ec-tivement s’avérer ingrate. On peut passer des heures et même des jours à préparer un texte auquel on croit et qui est jeté aux oubliettes parce que la majorité parlementaire, aux ordres du gouvernement, y a mis son veto.Il ne faut cependant jamais renon-cer et savoir revenir à la charge. Pour exemple, je suis heureux d’avoir pu faire graver dans la loi le «délit d’en-trave à la liberté d’enseigner». J’avais ainsi déposé une proposition de loi suite à l’atroce assassinat de Samuel Paty. Ce texte avait d’abord été mépri-sé par les ministres concernés (ceux de l’Education Nationale, de la Justice et de l’Intérieur). Mais quelques mois plus tard, il a  nalement été intégré à la loi sur la sécurité intérieure par un amendement.Pour répondre plus globalement à votre question, oui je suis un sénateur heureux. Avant tout parce que j’ai l’im-pression d’être utile, de pouvoir aider les élus et les com-munes de l’Oise.Chaque semaine, et chaque week-end, quand je ne suis pas au palais du Luxem-bourg, je parcours le département. Il n’y a ainsi pas une des 679 communes de l’Oise où je ne sois allé depuis 2017. J’y rencontre les élus, le monde as-sociatif, j’y visite des entreprises. Un sénateur n’est pas seulement un lé-gislateur c’est aussi un serviteur, un protecteur et un ambassadeur de son territoire.Malheureusement, la réussite n’est pas toujours au rendez-vous ...Oui, je ne suis pas un magicien ou un gladiateur tout-puissant. Certains combats ne sont pas toujours victo-rieux. C’est ainsi qu’autour de Guis-card, un vaste projet éolien, pourtant refusé par les 7 conseils municipaux et la population concernés, reste d’actualité. Les maires sont allés de-vant la justice administrative, j’ai saisi par courrier le Président de la Répu-blique, la Ministre de l’écologie, la préfecture… En vain pour l’instant.J’ai aussi cosigné plusieurs proposi-tions de loi visant à rendre impossible l’implantation des éoliennes sans le consentement des élus et habitants impactés. La loi doit changer à ce su-jet. La souveraineté populaire n’existe actuellement plus sur ce sujet alors qu'elle doit toujours primer. Sinon, la démocratie est fragilisée !Membre de la Commission d’en-quête sénatoriale sur la gestion de la Covid, vos questions et votre réquisitoire face à la ministre des armées, Florence Parly, ont été for-tement médiatisés. Parmi les missions du parlementaire, il y a le contrôle de l’action gouver-nementale. Et, malheureusement, début 2020, certaines décisions mi-nistérielles ont posé question. Per-sonne n’a oublié que les premières victimes du Covid étaient de l’Oise, du côté de Crépy-en-Valois et de la base de Creil. Il y avait de nombreuses Un sénateur dois aussi savoir être sportif ...

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78 | 79Terres d’Hist’Oise N°1zones d’ombre autour du rapatriement des Français de Wuhan organisé par un équipage de la BA 110 de Creil. J’ai fait une enquête précise et démontré la fausseté de certains propos de la mi-nistre sur la mise en quarantaine des militaires ayant e ectué la mission. Face à la commission d’enquête, la ministre a dû reconnaître qu’elle avait tenu des propos « inexacts ». Elle s'est même excusée. Reste cependant que toute la lumière n’a pas été faite sur l’a aire de la base de Creil et son lien avec l’énorme cluster de Crépy-en-Va-lois. J’aurais aimé pouvoir investiguer sur la base. Cela n’a pas été possible.Vous avez aussi eu un échange musclé avec le Garde des Sceaux dans l’hémi-cycle après les émeutes de Beauvais et leurs « suites » pénales.Exact. Après les trois soirées d’émeutes en février dernier à Beau-vais, le premier ministre y était venu. Il avait promis : « rien ne restera im-puni ». Résultat, des condamnations ridicules pour les prévenus dont cer-tains présentaient pourtant des pro- ls de sacrés caïds (l’un en était à sa 19ème condamnation). J’ai e ecti-vement mis Éric Dupont-Moretti face aux contradictions gouvernemen-tales et lui ai demandé si l’établisse-ment de peines minimales pour les délinquants n’était pas le meilleur moyen de lutter contre le sentiment d’impunité qui exaspère les Français. Pour faire reculer la violence et la sé-curité, la réponse de la justice doit être plus rapide et plus sévère. La loi doit changer. Ceux qui s’attaquent à des personnes dépositaires de l’au-Dimanche 7 mars 2021, la France a per-du un de ses  dèles serviteurs, l’Oise est devenue orpheline de son plus  am-boyant bienfaiteur.Si on ne mesure pas la grandeur d’un homme à sa taille mais à celle de son cœur, Olivier Dassault était… un titan. Toujours souriant, toujours élégant, et surtout toujours bienveillant.Il était de ces êtres rares dont la bous-sole guide obstinément vers les soleils de la générosité, de la bonté, de la fra-ternité, de l’amitié, ces quatre points cardinaux de l’humanisme qui font naître le gentilhomme.Député, il n’était cependant pas un homme politique comme les autres. Par son écoute, sa simplicité, son e cacité, son souci de soutenir celles et ceux dans le besoin et la détresse, toutes les associations, les entreprises, les communes qui le sollicitaient. Sa porte, comme son cœur, ne se fer-maient jamais. Oui, il était fortuné. Mais sa plus grande richesse se trouvait dans son âme, dans son insatiable volonté d’aider, de se dévouer, de donner.Pendant 28 ans, il a été un député unique. 28 ans, coïncidence troublante, curieux clin d’œil de la destinée, c’est aussi le temps que Marcel Dassault a été député de l’Oise.Comme si, jusqu’au bout de son chemin de vie, Olivier avait suivi pas à pas ce grand-père mythique. Loin d’en être seu-lement l’héritier, il en fut le digne succes-seur.Mais Olivier Dassault, c’était bien plus qu’un élu.Homme d’entreprise, patron de presse, ses multiples talents en faisaient aussi un artiste complet et accompli. Photographe estimé, musicien inspiré, amoureux de la beauté des mots, il composait sa vie comme une symphonie, il la ciselait telle une somptueuse sarabande poétique où il rêvait que tout ne soit que sourire, sa-gesse et sérénité.Parce qu’il portait un idéal d’harmonie entre les peuples, il était  er de son prénom, cet arbre symbole de paix et de réconciliation.En n, pilote, il aimait le ciel, les ciels, leurs si-lences, leurs couleurs. Ces cieux de rose et debleu mystique chers à Baudelaire, écarlates et rugissants chez Turner, drapés d’émeraude oud’ivoire pour Monet.Ces cieux où ses héros, Saint-Exupéry, Guyne-mer, Icare, sont montés si haut qu’ils se sontperdus.Cher Olivier, toi qui es maintenant près de la Grande Ourse, là-haut et ici-bas, tu seras tou-jours à nos côtés et dans nos cœurs, « petit poucet rêveur, égrenant dans ta course des rimes».Olivier PACCAUDA mon ami, Olivier DassaultLà-haut, une étoile de plus brille pour nous. " Pour faire reculer la violence et l'insécurité, la justice doit être rapide et sévère. C'est le seul moyen de faire cesser l'impunité . "torité publique (gendarmes, policiers, pompiers, élus…) doivent risquer une condamnation minimale automa-tique d’un an de prison. Notre droit prévoit des peines maximales. Intro-duire des peines minimales ne serait pas illogique. Et nul doute que ce se-rait e cace.

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ÊTRE SÉNATEUR, C’EST ÊTRE AU SERVICE DE TOUTE L’OISE, DE CHACUNE DE SES 679 COMMUNES, DE LAPLUS PETITE À LA PLUS GRANDE. À GOUYLESGROSEILLERS, LE MAIRE, LUC VENTRE, ET À VROCOURT, SONHOMOLOGUE AURÉLIE LEGUAY, FONT UN TRAVAIL REMARQUABLE AVEC LEURS ÉQUIPES MUNICIPALES.AVEC LES LOIS FERRY DES ANNÉES 1880 RENDANT L’ÉCOLE GRATUITE, OBLIGATOIRE ET LAÏQUE, LESCOMMUNES SONT DEVENUES DES ACTEURS MAJEURS DE LA RÉVOLUTION SCOLAIRE EN CONSTRUISANT DESMILLIERS D’ÉCOLES. AUJOURD’HUI, IL S’AGIT DE LA PRINCIPALE COMPÉTENCE DE NOS COMMUNES, ET LES ÉLUS TIENNENT À LEUR ÉCOLE COMME À LA PRUNELLE DE LEURS YEUX. AINSI EN PICARDIE VERTE, SYLVIE COUTARDCAMPEAUX, PASCAL MAILLARD SAINTSAMSONLAPOTERIE, JACKY PARIS HÉRICOURTSURTHÉRAIN,ALAIN DEGRY MUREAUMONT ET PHILIPPE LAVERNHE CANNYSURTHÉRAIN SE SONT BATTUS POURCONSERVER TOUTES LES CLASSES DE LEUR REGROUPEMENT. AVEC SUCCÈS !APRÈS AVOIR VEILLÉ PENDANT DES DÉCENNIES SUR LES HABITANTS DE NOIREMONT ET PONCHON, LES COQS ONT QUITTÉ LEUR CLOCHER POUR VIVRE UNE RETRAITE DOUILLETTE DANS LEUR MAIRIE SOUS LE REGARDBIENVEILLANT DES DEUX MAIRES, PHILIPPE JACQUIER ET ROBERT JOYOT.AVEC L’HYPERACTIVE OPHÉLIE VAN ELSUWE ET L’ÉNERGIQUE DÉPUTÉ MAXIME MINOT, LE CANTON DE CLERMONT EST BIEN REPRÉSENTÉ AU SEIN DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL.ON LE SAIT PEU, MAIS NOAILLES EST UNE DES COMMUNES LES PLUS  JEUNES  DE L’OISE, ÂGÉE D’À PEINE 200 ANS ALORS QUE LA PLUPART DE NOS VILLES ET VILLAGES A DES RACINES MILLÉNAIRES. DEPUIS 2014 BENOIT BIBERON LE MAIRE ET SON CONSEIL MUNICIPAL, LUI ONT REDONNÉ UN NOUVEL ÉLAN ALLIANT RIGUEUR ET ENTHOUSIASME.c’est être au se rvice de l’Oise,de tout e l’Oise !AUX SOURCES DU THERAINVROCOURTGOUY-LES-GROSEILLERSNOAILLESPONCHONNOIREMONTCANTON DE CLERMONTÊtre Sé nateur,OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISE

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80 | 81L’EXPÉRIENCE, C’EST TOUJOURS PRÉCIEUX ! MAIRE DE GOUVIEUX DEPUIS 1983, RÉÉLU BRILLAMMENTCONSEILLER DÉPARTEMENTAL DU CANTON DE CHANTILLY EN MARS 2021 AVEC LE MEILLEUR SCORE DEL’OISE, PATRICE MARCHAND EST TOUJOURS DE BON CONSEIL !SUR LES BORDS DE L’OISE ET DE SON CANAL, AVEC SA PETITE ÎLE, JANVILLE EST UN JOLI VILLAGE DE L’OISE OÙ IL FAIT BON VIVRE ET OÙ PASSENT LES PÉNICHES. PARFOIS SOUS LE REGARD DU DÉPUTÉ, PIERRE VATIN, DU MAIRE, PHILIPPE BOUCHER ET D'UN DE SES COLLÈGUES DU COMPIÈGNOIS, ÉRIC BERTRAND, MAIRE D’ARMANCOURT.AU CŒUR DU PAYS DES SOURCES, PARMI LES NOMBREUX MAIRES DYNAMIQUES ET SYMPATHIQUES, IL Y A LES DEUX ANTOINE. ANTOINE BARBET À VILLERSSURCOUDUN ET ANTOINE BIBAUT À ANTHEUILPORTES.A CROUTOY DANS LES LISIÈRES DE L’OISE, AVEC LE MAIRE GUILLAIN DE FRANCE ET SON ÉQUIPE, ON EST CHAMPION DU SELFIE ! ET DE LA BONNE HUMEUR !VERSIGNY ET RARAY ONT DEUX POINTS COMMUNS: DE MERVEILLEUX CHÂTEAUX ET DES MAIRES FORT SYMPATHIQUES, GUYPIERRE DE KERSAINT ET JEANMARC DE LA BEDOYÈRE.c’est être au se rvice de l’Oise,de tout e l’Oise !CROUTOYRARAYVERSIGNYGOUVIEUXJANVILLEVILLERS-SUR-COUDUNANTHEUIL-PORTESÊtre Sé nateur,

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NOM DE LA RUBRIQUENOM DE LA RUBRIQUELOI BIOETHIQUE : NE JOUONS PAS AUX APPRENTISSORCIERS« Chacun doit prendre conscience que l’extension de la PMA aux femmes seulesou aux couples de femmes aboutit à légaliser la conception d’orphelins de père.Est-ce une avancée sociale ? Est-ce un progrès humain ? »2 FÉVRIER 2021  PROJET DE LOI RELATIF À LA BIOÉTHIQUEET SI ON FAISAIT EVOLUER LA LOGIQUE DU  RADARTIRELIRE  ?« Quand on sait qu’un radar pédagogique coûte environ 2 000 euros, alors que laplantation d’un radar « tourelle » dépasse 32 000 euros, ne serait-il pasjudicieux que l’Etat investisse un peu dans la pédagogie ? Ne serait-ce pas là unbon moyen de démontrer à nos concitoyens que le gouvernement s’intéresseplus à leur sécurité qu’à leur portefeuille ? »19 JANVIER 2021  QUESTION ORALE SUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈREMes combats au Sénat,Mes paroles à la tribune,AIDONS NOS ASSOCIATIONS« Nous savons tous le rôle indispensable, et même irremplaçable, du mondeassociatif pour notre cohésion sociale et territoriale. Or, avec la suppression dela réserve parlementaire et l’instauration d’un FDVA (Fonds Départemental dela Vie Associative) opaque et inaccessible, la situation est devenue critique pourbien des associations. Il est grand temps que le gouvernement le comprenne »4 DÉCEMBRE 2020  PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2021

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82 | 83Terres d’Hist’Oise N°182 |83POUR UNE VÉRITABLE  ÉQUITÉ SCOLAIRE « 70% des enfants socialement défavorisés sont aujourd’hui hors du dispositifd’éducation prioritaire, notamment les écoliers des campagnes. La ruralité serévèle la grande oubliée et même l’injuste exclue de l’éducation prioritaire ».2 MARS 2021  DÉBAT SUR LA RÉFORME DE L’ÉDUCATION PRIORITAIREQUE L’ÉCOLE PUBLIQUE RESTE LAÏQUE« Il ne s’agit pas de stigmatiser ; il s’agit d’inviter à la neutralité. Que les parentsaccompagnateurs acceptent momentanément, le temps de la sortie, de mettreleurs vêtements religieux de côté n’est ni une o ense, ni une intolérance ».30 MARS 2020  PROJET DE LOI CONFORTANT LES PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUEFACE À LA DELINQUANCE, OUI A LA SÉVÉRITE, NON À L’IMPUNITÉ« Dans la garde-robe de Marianne, on ne trouve pas que l’uniforme du policier.Il y a aussi la toge du magistrat. A n d’assurer l’e ectivité de la sanctionpénale, le rétablissement des peines planchers n’est-elle pas la bonnesolution ? »17 MARS 2021  QUESTIONS D’ACTUALITÉ AU GOUVERNEMENT« Un sénateur n’est pas seulement un législateur. C’est aussi un serviteur, un protecteur et un ambassadeur de son territoire »LAISSONS CHANTER LES COQS ET LES CIGALES« Que veut-on donc ? Une ruralité de carte postale, sans saveurs, ni odeurs, une ruralité policée, où le coq sait se tenir, où l’âne a perdu sa voix, où les cloches sont de marbre et muettes, où le claquement des sabots sur le bitume s’est évanoui, où la transhumance ne carillonne pas et n‘inonde plus les routes d’écumes de toisons ? »21 JANVIER 2021  PROPOSITION DE LOI VISANT À DÉFINIR ET PROTÉGER LE PATRIMOINESENSORIEL DES CAMPAGNES FRANÇAISES

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NOM DE LA RUBRIQUENOM DE LA RUBRIQUELA VRAIE DÉMOCRATIE, LA SEULE LÉGITIMITÉ, NE PEUT IGNORER LES ELUS« Qui mieux qu’un élu enraciné depuis des décennies connait son territoire et seshabitants, sait quels sont leurs attentes et leurs besoins ? Personne ! C’est pourquoi associer plus et mieux les élus à l’attribution des crédits de la DETRest une démarche de bon sens et de cohérence. »22 OCTOBRE 2020  PROPOSITION DE LOI VISANT À RÉFORMER LA PROCÉDURE D’OCTROI DE LA DETRSACRALISONS NOS ÉCOLES, PROTÉGEONS NOS PROFESSEURS« Depuis des années, ceux qui enseignent l’histoire et l’éducation civique sontparfois menacés. On veut les faire taire ! La Shoah, les croisades, les valeursrépublicaines, la laïcité, les droits de l’homme, la femme égale de l’homme…Les islamistes veulent en e acer les traces et aveugler les esprits. Aussi est-iltemps de réellement protéger les enseignants en instaurant un délit d’entrave à laliberté d’enseigner »21 OCTOBRE 2020  QUESTIONS D’ACTUALITÉ AU GOUVERNEMENTÉOLIENNES: JAMAIS SANS L’ACCORD DES HABITANTS ET DESÉLUS«Nous en appelons à votre autorité pour faire respecter ce qui est la base ducontrat social et républicain: la souveraineté populaire. Nos habitants nepeuvent accepter de voir leur démocratie con squée par une technocratieaveugle et toute puissante».24 MARS 2021 LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUEUN PEU D’EXPERIENCE N’A JAMAIS NUI, MÊME AU CHEF DE L’ÉTAT« Le bon sens ne commande-t-il pas qu’un futur président de la République aitun minimum d’expérience ? Y a-t-il meilleur bouclier et  ambeau plus éclairantque la sagesse acquise au sein d’un conseil municipal, départemental, régional,ou au sein d’une assemblée parlementaire ? »18 FÉVRIER 2021  PROJET DE LOI RELATIF À L’ÉLECTION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

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84 | 85Terres d’Hist’Oise N°184 |85MIEUX SOUTENIR NOS TPE/PME« Assouplir la législation et permettre aux conseils départementaux, comme l’afait avec subtilité celui de l’Oise lors du premier con nement, d’aider sesartisans et autoentrepreneurs est une mesure de salubrité économique etpublique »20 OCTOBRE 2020  PROPOSITION DE LOI POUR LE PLEIN EXERCICE DES LIBERTÉS LOCALES« Etre sérieux sans se prendre au sérieux, c’est possible et surtout souhaitable »ANTISEMITISME : JUSQU’ÒU L’HOMME PEUTIL PERDRE L’ÂME?«Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumerles grandes dates, comme on allume des  ambeaux» a écrit Victor Hugo. Non,la Shoah n’est pas un détail du passé de l’Europe. C’est un véritable «trounoir» pour notre civilisation. Et c’est l’atroce réponse à la question quel’Humanité aurait souhaité ne jamais se poser: «Jusqu’où l’Homme peut-ilperdre l’âme» ? Ces derniers jours, une autre interrogation, nous assaille:jusqu’où l’Homme peut-il perdre la mémoire?»5 OCTOBRE 2021 PROPOSITION DE RÉSOLUTION PORTANT SUR LA LUTTE CONTRE TOUTES LES FORMES D’ANTISÉMITISME

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Ce sujet me tient e ectivement à cœur car l’Oise n’est pas un département comme les autres. Béni des dieux de la cartographie, ce territoire a connu un riche et dense passé, comme en témoigne son précieux testament de pierre, ce patrimoine impressionnant et scintillant, des mégalithes préhistoriques aux cathédrales médiévales en passant par sa tunique magique de châteaux précieux. Un passé si généreux qu’il rayonne bien au-delà de nos frontières départementales. Or, et on ne le sait peut-être pas assez, c’est dans l’Oise qu’ont été semées les premières graines de France. De siècles en millénaire, pollinisées par l’abeille mérovingienne, elles ont vu  eu-rir le lys carolingien à l’abri du chêne capétien, avant que la rose et le réséda républicains ne s’épanouissent.Oui, c’est dans l’Oise que le bouquet de la Nation a pris racine. Aussi, je souhaite donner naissance à un espace de mémoire et de pédagogie, un musée de l’histoire de l’Oise permettant de mettre en lumière ces moments clés de la grande fresque de notre Nation qui ont eu pour théâtre l’Oise. Non seulement bien des souverains ont été sacrés dans l’Oise (ne serait-ce que Charlemagne, à Noyon, en 768), mais toutes les dynasties ont un lien avec notre territoire parce qu’elles y ont gouverné, à partir des résidences royales qu’elles y avaient édi ées. Tant d’évènements, joyeux ou tristes, glorieux ou sinistres, anecdotiques ou solennels, et surtout dé-terminants pour l’avenir de la France, se sont passés dans l’Oise ! La capture de Jeanne d’Arc, la naissance du franc, les armistices de 1918 et 1940, la grande Jacquerie… Voilà ce que je veux mettre en lumière.La présidente du Conseil départemental, Nadège Lefebvre, me suit sur ce projet qui doit pouvoir avoir un im-pact national et mieux faire connaitre l’Oise et ce que la France lui doit.Quant au lieu d’implantation, ce sera Mouy, dans un espace symbolique, une ancienne brosserie, une friche àproximité de la gare pour rappeler la richesse de notre histoire industrielle : brossiers de la vallée du Thérain,céramistes et potiers du pays de Bray, nacreurs des Sablons, métallos creillois, lissiers de Voisinlieu…C’est un projet très ambitieux qui nécessitera un gros travail et prendra de longues années. Mais je suis trèsmotivé pour le mener à bout. Dans un premier temps, je vais mettre en place un comité de pilotage qui réunira des professeurs d’Histoire qui sont aussi élus. Il y en a un nombre non négligeable dans l’Oise.Ce sera le musée de tous les Oisiens, avec un rôle pédagogique majeur. Nous établirons d’ailleurs un parte-nariat avec l’Education Nationale. Mais j’espère bien que les scolaires ne seront pas les seuls à venir découvrir notre passé. Je tiens d’ailleurs à ce que l’accès à cet espace de culture et d’histoire soit gratuit pour les habi-tants de l’Oise.Pour un musée d’Histoire de l’Oise, berceau de la France !On connait votre passion pour l’Histoire. Qu’en est-il du projet de musée d’Histoire de l’Oise que vous avez évoqué lors des élections départementales ? Va-t-il se faire ? Où ? Pou-vez-vous nous en dire plus ?" C'est dans l'Oise qu'ont été semées les premières graines de France "" Le musée prendra place à Mouy, dans une ancienne brosserie, symbole du riche passé industriel de l'Oise "OLIVIER PACCAUD - UN SENATEUR AU SERVICE DE TOUTE L'OISE

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Terres d’Hist’Oise N°1Terre d'Hist'Oise, Berceau de France !86 | 87

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