About
Contact
Gallery
Buy
Share
Download
Condamn mort Sc nario de court m trage de Sylvain Giannetto
1 EXT RUE AUBE A l aube d un matin d t un homme dans la quarantaine v tu d un l gant costume noir RAPHA L avance comme un zombie sur le trottoir longeant le grand mur de pierre d une prison Eclair par la lumi re du soleil encore timide cette heure avanc e Rapha l qui pourtant ne cesse d avancer vers nous para t de plus en plus minuscule compar la vaste muraille Les oiseaux PEPIENT mais malgr tout on ne voit que du b ton et un homme la d marche sinistre tra nant son attach case comme un boulet Une foule de personnes dont des journalistes attendent devant des barri res plac es en travers de la route et gard es par des policiers Quand Rapha l se rapproche toute la presse se pr cipite vers lui pour tenter d obtenir quelques confidences mais il se faufile entre eux le regard fix sur le sol RAPHA L Pas de d claration Une fois devant les barri res Rapha l d cline son identit aux policiers qui le laissent passer SON DE VEHICULES qui s approchent Rapha l jette un coup d oeil derri re lui Des voitures et camions de la presse stationnent en d sordre proximit des barri res mais le service d ordre leur demande de se garer plus loin Dans le m me temps toujours plus de journalistes quip s de cam ras ou appareils photo s entassent derri re les grilles tous sur le pied de guerre POLICIER Hurlant INUTILE DE JOUER DES COUDES ON OUVRIRA LES PORTES DANS 15 MINUTES POUR TOUT LE MONDE De l autre c t de la rue c est le m me cirque on s amasse en nombre devant les barrages policiers L ambiance est survolt e Rapha l passe devant l immense porte principale et s arr te au poste de garde lequel est essentiellement constitu de vitres sans tain Il se penche pour saluer un gardien travers l hygiaphone RAPHA L Bonjour Antoine GARDIEN Bonjour Ma tre La grande porte s entrouvre l g rement Aussit t Rapha l s en approche et se glisse l int rieur o deux surveillants l attendent Condamn mort Page 1
2 EXT HALL ET COUR DE LA PRISON AUBE On suit Rapha l qui avance dans un vaste hall sombre Celuici ouvre sur une grande cour int rieure pav e au centre de laquelle tr ne une guillotine pr te l emploi imposante et sur lev e comme sur un autel Un AIDE BOURREAU est en train de remonter la lame en tirant sur une corde Une dizaine de surveillants et policiers sont pr sents certains discutent d autres installent des barri res quelques uns assistent simplement aux pr paratifs A la vue de la machine de mort Rapha l fait de son mieux pour para tre d tendu mais il est bl me Puis il fait quelques pas et observe la mise en place tout en s allumant une cigarette Un REGISSEUR guide plusieurs techniciens en train de fixer des cam ras en hauteur braqu es sur le centre de la cour D autres techniciens installent un cran g ant le long d une fa ade et v rifient les branchements R GISSEUR Enerv un technicien Elles sont o les maquilleuses TECHNICIEN Dans le car r gie R GISSEUR Mais enfin c est ici que a se passe Va les chercher et dis leur qu il faudra maquiller tout le monde sur place Le TECHNICIEN file vers l ext rieur en troisi me vitesse Le R gisseur croise le regard du BOURREAU mais d tourne vite les yeux intimid Le Bourreau homme dans la soixantaine v tu d un costume classique s amuse de la r action apeur e du R gisseur Les deux Aides Bourreau et le PREMIER ADJOINT BOURREAU se rapprochent de leur chef AIDE 1 Chanm C est nous qu ils veulent maquiller BOURREAU On va tre toutes belles pour la t l mes ch ries D un seul coup le grand cran s allume provoquant dans le m me temps des LARSENS Condamn mort Page 2
R GISSEUR STEPH BAISSE LE SON BAISSE L image sur l cran se r gle rapidement ainsi que le son La t l diffuse une mission d information que l on prend en cours Sur le plateau de la cha ne d information IFM une PRESENTATRICE change avec son INVITE PR SENTATRICE TV Une bonne chose donc selon vous le retour de la peine capitale L invit un homme dans la cinquantaine appara t Un soustitre indique Laurent Vielemann Ministre de la Justice M VIELEMANN Je vous rappelle qu il y a eu un r f rendum 55 des fran ais ont d cid le r tablissement de la peine de mort Que devrions nous r pondre a Qu ils sont stupides de vouloir plus de Justice Rapha l se fraye un chemin parmi les techniciens qui ne font pas attention lui et monte les quelques marches menant au b timent central Il stoppe sur le pas de la porte Tirant plus encore sur sa cigarette Rapha l regarde curieusement vers l cran M VIELEMANN OFF Suite En 1981 le gouvernement socialiste avait d cid d abolir la peine de mort alors que 63 des Fran ais taient pour son maintien C est a la d mocratie Et vous avez bien vu o a nous a men s PR SENTATRICE TV OFF De grands noms se sont dress s de tous temps contre la peine de mort On pense Victor Hugo Voltaire Jean Jaur s Pour se d tendre Rapha l fait des petits demi cercles de t te d un c t puis de l autre Sur l cran l mission suit son cours M VIELEMANN Mais si ces illustres personnages avaient connu la d tresse morale dans laquelle se trouve la France actuellement je suis persuad qu ils y auraient r fl chi deux fois avant de se prononcer contre la peine de mort Condamn mort Page 3
Bombant le torse et respirant un grand coup Rapha l jette sa cigarette au sol Il pousse la porte menant vers l int rieur du b timent et entre 3 INT PRISON COULOIRS ET BUREAU AUBE Rapha l grimpe les escaliers d un b timent ancien Un couloir aust re clair par la lumi re blanche des n ons et peupl de toute une foule de personnes o se m lent magistrats avocats policiers politiciens et m me une quipe de tournage Tout le monde a l air tr s pr occup chacun dans sa bulle Rapha l de dos se dirige vers le bureau situ au milieu du couloir sur la gauche et y entre directement la porte tant d j ouverte Le bureau est lui aussi bond Le DIRECTEUR est contrari perdu au milieu de ses dossiers Lorsqu il aper oit Rapha l il bondit de son si ge DIRECTEUR Ma tre votre bonhomme avec un nom comme a c est bien un musulman n est ce pas RAPHA L Choqu par ces propos Oui mon client est bien de confession musulmane Mais je ne suis pas certain qu il soit pratiquant Rapha l remarque qu un homme arabe d une cinquantaine d ann es l air d bonnaire lui sourit aimablement C est l AUMONIER DIRECTEUR De toute fa on ils sont tous plus ou moins embrigad s l dedans Le Directeur regarde l Aum nier droit dans les yeux comme par d fiance L Aum nier se contente de lui r pondre par un sourire bienveillant Haussement d paules et soupir du Directeur qui repart dans ses paperasses aid d un autre fonctionnaire FONCTIONNAIRE Va pas falloir tarder Un homme en costume THIERRY s approche de Rapha l et le saisit amicalement par l paule THIERRY Rapha l Condamn mort Page 4
Les deux hommes s loignent vers le couloir pour chapper comme ils peuvent au BROUHAHA Ils se regardent silencieusement d moralis s Enfin Rapha l rompt le silence RAPHA L J arrive pas comprendre o j ai merd THIERRY Personne n aurait fait mieux RAPHA L Il n y avait aucune preuve vidente contre lui La Pr sidente aurait d accorder sa gr ce THIERRY En prenant sa d fense tu savais quoi t attendre Il a le profil type de ceux que le gouvernement cherche abattre RAPHA L nerv Comment peut on imaginer qu il repr sente une menace terroriste THIERRY Je sais bien Ils s interrompent lorsqu ils aper oivent une JOURNALISTE en train d interviewer le SURVEILLANT CHEF pour la t l vision JOURNALISTE et lui avez vous servi quelque chose qu il affectionne particuli rement pour son dernier repas SURVEILLANT CHEF Le condamn ne sait jamais l avance le jour de son ex cution donc pour r pondre votre question le dernier repas qu on lui a servi tait ordinaire comme pour les autres d tenus JOURNALISTE Mais l heure qu il est cet homme sait quand m me qu il va tre guillotin c est bien a Condamn mort Page 5
SURVEILLANT CHEF Non pas encore Comme le veut le protocole c est seulement au moment o nous irons le chercher avec le Directeur de la prison et le Procureur de la R publique que le pr venu apprendra le rejet de sa demande de gr ce et son ex cution imminente Tr s Donc nous moment o ex cution JOURNALISTE excit e allons vivre en direct le il apprendra son SURVEILLANT CHEF Pein C est exact Devant le spectacle de cette Journaliste ravie Rapha l et Thierry restent interdits Soudain un groupe d une dizaine de personnes men par le Directeur de la prison et le PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE surveillants magistrats et personnalit s diverses fait irruption en d sordre dans le couloir et avance d un pas rapide vers une premi re grille situ e au bout du couloir Rapha l et Thierry se pr cipitent pour se joindre eux Les journalistes se placent en premi re ligne Un surveillant ouvre la grille Nous suivons au niveau du sol les chaussures impeccables de tout ce petit monde avancer sur les couvertures brunes tal es au sol tout le long du parcours qui dissimulent le BRUIT DES PAS Au milieu du peloton Rapha l semble un peu d sempar pas sa place Sans y pr ter vraiment garde il d vie de la trajectoire balis e et marche sur le carrelage ses pas RESONNANT avec force dans le couloir Un rappel l ordre qui l incite vite se remettre sur les couvertures Le groupe acc de un autre couloir acc l rant encore le pas D autres surveillants ouvrent d autres grilles leur approche Le groupe arrive devant une cellule et stoppe Le SURVEILLANTCHEF fait jouer le verrou toute vitesse puis ouvre la porte brusquement Il allume la lumi re 4 INT PRISON CELLULE AUBE Dans la cellule un homme qui dormait torse nu dans son lit se r veille en sursaut et se redresse la lumi re agressive de la torche de la cam ra blouit son visage terrifi Condamn mort Page 6
Le CONDAMNE mort est un homme d origine maghr bine dans la vingtaine CONDAMN Ok Je crois que j ai pig Le Directeur de la prison et le Procureur de la R publique se dressent face lui PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Monsieur la Pr sidente de la R publique a rejet votre demande de gr ce Le Condamn a du mal encaisser la nouvelle Rapha l se glisse jusqu lui et lui saisit le bras affectueusement ne parvenant pas masquer sa douleur Au bout de quelques secondes le Condamn reprend ses esprits plus calme CONDAMN A Rapha l Mais j ai rien fait Je suis pas un putain de terroriste RAPHA L Je sais je sais Je suis d sol CONDAMN Vous avez fait le max C est pas votre faute Le Condamn regarde un peu stup fait la Journaliste rapprocher son micro pour mieux entendre ce qu il dit CONDAMN Suite Elle fout quoi l Le Procureur de la R publique s interpose PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Tout bas Comme vous le savez tout est retransmis en direct la t l vision CONDAMN En direct PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Disons avec quelques minutes de d calage pour pouvoir intervenir au cas o votre comportement serait jug inadapt CONDAMN C est moi qui aurais un comportement inadapt Condamn mort Page 7
D un signe de t te le Procureur de la R publique fait signe que oui pas fier Le Condamn s adresse directement la cam ra tenue par le cam raman CONDAMN Suite L j ai envie de pisser a vous int resse aussi de voir la zeub d un condamn mort RIRES ETOUFFES dans l assistance La journaliste ne r pond pas peut tre pas contre cette id e saugrenue JOURNALISTE Au Condamn Souhaitez vous faire une d claration sur notre antenne Apr s un regard mauvais pour la journaliste puis pour le Procureur de la R publique le Condamn se dirige sans un mot vers l autre c t de sa cellule Il se faufile derri re une cloison et se met uriner Rapha l se positionne devant lui gardant l oeil la Journaliste Le Condamn se dirige vers le lavabo CONDAMN Je me permets un p tit brin de toilette Les mains du Condamn se frottent avec du savon sous l eau du robinet Puis elles se joignent pour former un creux capable de retenir l eau et remontent l g rement Son visage se rapproche et vient s y baigner d licatement Le Condamn enfile un pantalon puis un t shirt De dos le Condamn se recoiffe en regardant le mur vide face lui comme si une glace y tait accroch e Puis il se tourne vers le petit groupe CONDAMN Suite Je vous pargne le rasage Ce serait dommage que je me coupe a GLOUSSE encore dans la cellule mais ni le Procureur de la R publique ni le Directeur de la prison n esquissent le moindre sourire choqu s par l attitude de ceux qui les accompagnent CONDAMN Suite A Rapha l Ma tre la gr ce elle peut encore arriver non Rapha l baisse le regard ne sachant pas quoi dire Le Condamn poursuit seul Condamn mort Page 8
CONDAMN Suite Bien s r qu elle peut encore arriver la Justice elle tue pas les hommes encore moins les innocents 5 INT PRISON COULOIRS ET ROTONDE AUBE Le cort ge s est reform et on est reparti dans les couloirs Les couvertures terre sont un peu d plac es et l attention est moins grande viter le bruit des pas PR SENTATRICE TV OFF Pourrait on imaginer un jour voir d barquer de nouvelles m thodes d ex cution en France EXPERT OFF On remarque que les fran ais sont encore tr s attach s LEUR guillotine le symbole de la R volution fran aise Mais je pense que petit petit nous pourrons int grer de nouvelles techniques faire place au progr s Le Condamn menottes aux poings est accompagn de Rapha l qui le tient solidement par l paule et des autres membres du groupe 6 INT PRISON ROTONDE AUBE Dans une salle circulaire la Rotonde plusieurs Surveillants sont regroup s devant un cran d ordinateur Ils regardent l mission d IFM dans laquelle la Pr sentatrice questionne un nouvel invit un EXPERT au look d ex soixantehuitard EXPERT On parle souvent de la chaise lectrique ou de l injection l tale mais tout le monde s accorde sur le fait qu il s agit de pratiques cruelles Par contre le gouvernement envisage de tester l inhalation d azote que l on pr sente comme indolore et tr s efficace Cette m thode consisterait simplement attacher le condamn et lui installer sur la t te un masque similaire celui des h pitaux pour les anesth sies Autre gros avantage cette m thode ne n cessiterait pas l emploi de personnel sp cifique Condamn mort Page 9
Le curseur d une souris clique brusquement sur la croix rouge d une page Internet la page se referme BRUIT DE PAS qui se rapprochent Tous les gardiens s loignent rapidement de l ordinateur comme si de rien n tait BRUIT D UNE PORTE QUI S OUVRE Le Condamn mort et ceux qui l accompagnent entrent dans la Rotonde On lui retire les menottes Un des SURVEILLANTS tend un verre au Condamn puis le lui remplit d alcool Le Condamn ne se fait pas prier et le descend d une traite On lui tend une cigarette CONDAMN Je fume pas Le Procureur de la R publique s approche de lui PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Voulez vous crire une lettre vos proches Faire une d claration Regard h sitant du Condamn Rapha l reste ses c t s RAPHA L Si tu veux tu dictes et j cris CONDAMN D cid Non c est pas la peine Ma tre Se tourne vers la journaliste Vous enverrez bien un p tit DVD ma famille hein Avec les bonus et tout et tout Le Cam raman d stabilis s appr te reposer la cam ra mais la Journaliste lui tape sur l paule JOURNALISTE Je t ai demand d arr ter Le Cameraman tente de dissimuler sa g ne comme il peut il est devenu rouge tomate puis reprend Le Condamn se met RIRE Dans la salle personne n ose s interposer bien que le m pris l gard de la journaliste soit vident L Aum nier s approche du Condamn AUMONIER Salam CONDAMN Salam Alikoum Condamn mort Page 10
D un geste du bras l Aum nier entra ne le Condamn avec lui un peu l cart AUMONIER Je suis l pour t apporter le r confort pour t aider trouver le chemin vers Dieu CONDAMN D sol mais j ai pas envie de parler religion a n a jamais t mon truc AUMONIER Pein Je veux t aider CONDAMN Je sais Il marque une pause Vous connaissez pas une chanson plut t Sourire de l Aum nier la fois surpris et mu par cette demande AUMONIER Une chanson CONDAMN Quand j tais petit mon p re me chantait souvent des berceuses en arabe avant d aller dormir J ai jamais pig que dalle l arabe mais je trouvais a apaisant Vous en connaissez pas une Se caressant lentement les tempes l aide des pouces l Aum nier se creuse les m ninges Puis au bout de quelques secondes il se met chanter tout bas une BERCEUSE ARABE Les mains de l Aum nier saisissent d licatement celles du Condamn Les yeux du Condamn brillent Quand l Aum nier a termin la chanson le jeune homme s approche de lui et le sert dans ses bras Quelques larmes lui viennent mais il les essuie d un revers de la main CONDAMN Suite Si vous voulez r cup rer mes affaires J ai pas grand chose juste quelques bouquins et des bricoles Mais si a peut d panner ceux que vous allez voir L Aum nier sourit Condamn mort Page 11
AUMONIER C est tr s g n reux de ta part CONDAMN A Rapha l Ma tre c est possible que l Aum nier r cup re mes affaires RAPHA L Oui bien s r J y veillerai personnellement Le Procureur de la R publique visiblement press d en finir se rapproche PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Alors on va pouvoir y aller Deux surveillants saisissent le Condamn et l installent sur une chaise Les mains du Condamn sont li es dans le dos avec une corde Une jeune femme qui vient d entrer dans la Rotonde s approche du Condamn avec divers accessoires de maquillage et lui poudre superficiellement le visage CONDAMN Vous tes s rieux l Dans la salle on se regarde sans rien dire puis une fois que la MAQUILLEUSE a termin les gardiens emm nent le Condamn vers la sortie en le maintenant fermement par les bras Tout le petit groupe les suit 7 EXT COUR DE LA PRISON MATIN D sormais la cour int rieure de la prison est noire de monde jusque dans le hall centaine de personnes mais pourtant il y a un SILENCE DE CATHEDRALE la tension est palpable L cran g ant plac contre la fa ade du fond retransmet en direct ce qui est diffus sur la cha ne IFM A l image toute l attention est port sur la cour o va avoir lieu l ex cution avec des angles de vue vari s Face la foule le Condamn fait son entr e toujours suivi du m me groupe CONDAMN A la foule JE SUIS INNOCENT Une dizaine de reporter TV tous regroup s dans un carr presse COMMENTENT en direct l v nement pour leurs cha nes respectives mais parlent tout bas Le son des DECLENCHEMENTS PHOTO se m le aux CHUCHOTEMENTS des journalistes et de la foule Condamn mort Page 12
Les surveillants remettent le Condamn aux Aides du Bourreau qui leur tour guident le jeune homme jusqu l chafaud CONDAMN Suite JE VOUS JURE QUE JE SUIS INNOCENT Le Condamn mort a le temps d observer celles et ceux venus assister au spectacle de son ex cution Dans le public les visages sont ferm s et marqu s certains expriment l effroi d autres l indignation Une dizaine de personnes filment avec leur portable Parmi la foule on retrouve Rapha l et Thierry c te c te effondr s RAPHA L Comment a t on pu en revenir l CONDAMN Il se met pleurer JE VOUS JURE Le Condamn est plaqu contre une planche verticale mais par le poids il bascule Les Aides Bourreau maintiennent le Condamn et accompagnent la planche qui glisse sur les rails jusqu la lunette Le Premier Adjoint Bourreau qui se trouve de l autre c t attrape le Condamn par la t te le tenant fortement par le haut des tempes et les doigts en crochets derri re les oreilles CONDAMN Suite LAISSEZ MOI JE VOUS EN SUPPLIE Le Condamn est en place mais alors qu on s appr te faire tomber la demi lunette une VOIX r sonne dans la cour C est celle du Procureur de la R publique qui a le t l phone scotch l oreille PROCUREUR DE LA R PUBLIQUE Enerv Interrompez tout La Pr sidente de la R publique va faire une d claration Dans le public les gens restent bouche b e CLAMEUR de satisfaction Applaudissements spontan s Le Bourreau se tourne vers le Procureur de la R publique les paumes tourn es vers le ciel et le regard interrogateur Le Procureur de la R publique lui fait signe de tout stopper en agitant les mains visiblement m content de la tournure des v nements Condamn mort Page 13
Rapha l et Thierry changent un regard complice ils n en reviennent pas THIERRY Tu crois que RAPHA L Je sais pas je sais pas Sur l cran g ant un journaliste pr sent sur place explique aux t l spectateurs ce qui est en train de se passer dans la cour de la prison JOURNALISTE TERRAIN CRAN TV Coup de th tre ici Alors que le condamn s appr tait tre ex cut tout a t stopp La Pr sidente de la R publique devrait faire une d claration dans les minutes qui viennent si j ai bien compris Incroyable PR SENTATRICE TV OFF Pensez vous qu elle puisse accorder sa gr ce au condamn On aper oit d sormais le journaliste en chair et en os dans le carr presse de la cour JOURNALISTE TERRAIN Honn tement ici c est la confusion mais on voit mal comment il pourrait en tre autrement puisque je le r p te tout a t stopp au moment o le condamn s appr tait tre ex cut D un geste de la main le Bourreau fait signe ses aides de retirer le Condamn de la machine Le Condamn peut se redresser Choqu il reprend difficilement ses esprits QUELQUES ENCOURAGEMENTS jaillissent de la foule de spectateurs La VOIX de la Pr sentatrice r sonne dans la cour PR SENTATRICE TV OFF Incroyable retournement de situation Dites nous Eric comment est re ue la nouvelle de la probable gr ce du condamn sur place Le public se manifeste avec des CRIS DE JOIE emp chant le Journaliste de poursuivre comme il voudrait JOURNALISTE TERRAIN Je vous le redis ici c est la confusion Condamn mort Page 14
Le Condamn ose un sourire Il l ve les yeux au ciel Au dessus des toits ab m s de la prison le ciel est bleu azur et de nombreux piafs GAZOUILLENT et volent tout pr s UN HOMME La gr ce UN AUTRE HOMME D tachez le PR SENTATRICE TV CRAN TV Eric en direct l intervention de la Pr sidente de la R publique Sur l cran g ant appara t d sormais une photo de l Elys e avec en surimpression l inscription D claration de Marie Pelen Pr sidente de la R publique Tout le monde dans la cour se tourne vers l cran g ant et s appr te couter religieusement ce qu elle va dire La PRESIDENTE DE LA REPUBLIQUE appara t l image calme et sereine PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Mes chers compatriotes Depuis quelques jours si vous saviez le nombre de messages que j ai re u Responsables politiques de tous bords et de tous pays associations militant pour les droits de l homme artistes et intellectuels engag s plusieurs prix Nobel et m me le Pape Tous me supplient de faire une chose accorder ma gr ce Quelques timides applaudissements parmi la foule Thierry attrape Rapha l par l paule plein d espoir PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Suite On m explique que l Etat ne peut pas se permettre de rendre la Justice en donnant la mort qu un retour la loi du talion serait une grave erreur On m explique aussi que tout individu peut s am liorer et que c est le r le de l Etat de l accompagner On m a cit Victor Hugo Albert Camus Robert Badinter Et je dois bien reconna tre que toute cette mobilisation m a beaucoup mue Tellement de jolis mots de belles intentions J en ai presque eu la larme l oeil Plus Condamn mort Page 15
Mais le fait est mes chers amis que nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours Le public applaudit plus volontiers Une VOIX s l ve UN HOMME Elle a raison Rapha l et Thierry deviennent plus graves impatients de conna tre la suite PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Depuis longtemps d j je vous ai promis qu en cas d lection je n h siterais pas agir pour assurer votre s curit Nous y voil Le Condamn mort fait quelques pas pour s loigner de la guillotine mais le Bourreau le retient fermement par le bras Regard d go t du Condamn sur cette grosse main qui l agrippe PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Suite La justice est le fondement de toute soci t La main de justice est l embl me du pouvoir Mais comment concevoir une soci t civilis e sans justice et avec des Magistrats laxistes Expression de satisfaction sur les visages du Procureur de la R publique et du Directeur de la prison PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Suite Contemplez ce qu est devenu notre beau pays A force de mener la politique de l autruche regardez o a nous a men s Aujourd hui on risque de se faire agresser violer ou m me assassiner chaque coin de rue par des individus que la Justice aura rel ch s dans la nature trop t t ou pire qu elle n aura m me pas pris la peine de punir autrement que par des amendes ridicules Que dois je dire la m re qui a vu son enfant se faire assassiner Ne vous inqui tez surtout pas Madame l Etat va bien s occuper du meurtrier de votre enfant On va le nourrir le loger le former et ensuite l aider se r int grer pour qu il devienne quelqu un de bien Non je ne peux pas tre aussi l che Condamn mort Page 16
Plus le discours avance et plus les spectateurs semblent adh rer totalement au discours de la Pr sidente Dans la foule les visages s illuminent A contrario les visages de Rapha l et Thierry s assombrissent celui de Thierry exprimant m me la col re PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Suite Condamner la prison des p dophiles des assassins et des terroristes c est avoir d j bien trop d gards pour ces gens l parce que l on sait tr s bien que nos prisons sont surpeupl es et que c est l argent du contribuable qui entretien tout ce beau monde mais aussi et surtout parce que l on sait tr s bien que le jour o ils ressortiront c est dire dans seulement 10 15 ou 20 ans ils recommenceront Et l ce sera encore cette vieille rengaine La Justice n a pas fait son travail On me demande de faire preuve d humanit mais en r alit ce que l on attend de moi c est que je ferme les yeux Et a il n en est pas question Aujourd hui nous sommes en guerre En guerre contre le terrorisme et les musulmans qui rongent notre pays de l int rieur Et lorsqu on est en guerre on prend les mesures qui s imposent Certains pensent que cet homme a t injustement condamn qu il n y avait pas assez de preuves Mais devait on attendre qu il fasse un carnage pour r agir Dans le public de nombreuses t tes acquiescent face ce qui leur appara t d sormais comme une vidence M me les aides du Bourreau se mettent applaudir Leur chef les regarde d un air mauvais PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Suite Non la France ce n est pas l Islam Non la Charia ne se substituera pas aux lois de la R publique Non m me si nous sommes un pays la c nous ne laisserons pas les mosqu es d figurer plus encore nos villes et remplacer nos glises Pas de Allah Akbar chez nous La majorit des spectateurs applaudit tout rompre Condamn mort Page 17
Regard effar du Condamn qui se met fr mir en pi tinant sur l chafaud Au coeur de la foule Rapha l et Thierry n en croient pas leurs yeux Ils regardent autour d eux les gens se r jouir du discours qu ils entendent UNE FEMME Elle a raison UN HOMME On est chez nous Le Condamn se dresse face au public Au second plan appara t l cran avec le visage autoritaire de la Pr sidente CONDAMN LAISSEZ MOI JE VOUS JURE QUE J AI RIEN FAIT Aussit t il se fait CONSPUER par la foule et re oit des projectiles PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Si nous ne faisons rien nous perdrons la guerre contre le terrorisme et l islam Ces barbares islamistes continueront de s en prendre nos enfants nos familles et vouloir nous imposer leurs lois HOMME Au condamn Terroriste PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Aujourd hui la sanction n a plus de r alit que sur le papier rev tu d une formule ex cutoire que personne n ex cute plus Finalement en France on n ex cute bien que les victimes Il faut de la justice et des juges respect s mais aussi des peines exemplaires UNE FEMME On veut la justice UN HOMME A mort l arabe Le Condamn est toujours plus fi vreux Il regarde autour de lui d sempar Les visages d filent parmi la foule On distingue des regards haineux des poings qui se l vent des gens qui HURLENT leur col re Condamn mort Page 18
La main du Bourreau vient r conforter le Condamn en lui tapotant d licatement l paule La surprise se lit sur le visage du Condamn Regard empli de compassion du Bourreau PR SIDENTE DE LA R PUBLIQUE Le chef responsable n a pas le droit d avoir les mains molles m me si son coeur peut l incliner parfois l indulgence et la tendresse C est pourquoi je r affirme en mon me et conscience que je n accorderai pas ma gr ce en ce jour Dans la cour quasiment tout le monde applaudit fr n tiquement Une MARSEILLAISE est entonn e par quelques uns rapidement reprise par tous Le Procureur de la R publique semble ravi et esquisse un petit sourire l attention du Directeur Main sur le coeur ils CHANTENT A c t de la guillotine le Condamn vacille Les aides du Bourreau le retiennent pour qu il tienne debout Regard d sesp r du Condamn vers le ciel Au dessus des toits de la prison le ciel est maintenant plomb Un corbeau survole la place en CROASSANT Des larmes coulent sur les joues de Rapha l sans que son visage n exprime pourtant la moindre motion Thierry le serre contre lui Autour d eux on s poumone pour la MARSEILLAISE Dans le public a se bouscule a GRONDE Comme le soleil a disparu tout le monde a un teint plus blafard presque effrayant FOULE A mort les islamistes A mort les arabes Vive la France Quelques personnes tentent d acc der l chafaud pour se saisir du Condamn et faire justice eux m mes mais la police se d ploie tout autour de la petite plate forme et s interpose Levant le bras d un geste majestueux le Procureur de la R publique fait signe au Bourreau de proc der l ex cution Tandis que dans le public certains tentent de forcer le passage travers les forces de l ordre en vain les INSULTES pleuvent Condamn mort Page 19
Les aides du Bourreau parviennent n anmoins r installer le Condamn sur la guillotine Divers projectiles jet s par le public atteignent le Condamn mort mais aussi les Aides du Bourreau Le Condamn est maintenant immobilis sur la planche avec facilit car n opposant plus la moindre r sistance La demi lunette retombe Le Condamn mort regarde dans le vide calme BOURREAU A ses aides Allez Il faut en finir La lame tranchante de la guillotine refl te les nuages noirs qui d filent dans le ciel Brusquement la grenouille s ouvre laissant le mouton accompagn de la lame entamer sa lourde chute Un grand CLAC indique que tout est d j fini NOIR Le Silence FIN Condamn mort Page 20
simple
booklet
Microsites for your marketing collateral
Turn your own brochures, flyers, newsletters, and presentations into a microsite like this.
Get Started