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AVANT PROPOS2

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Philippe NAUMIAKEnseignantAbbé Chanut (†) HistorienHistoireChrétiennede la France et des FrançaisPour jeunes lecteurs des Cours Moyens et Collèges1« France, fille aînée de l’Église,es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?France, fille aînée de l’Égliseet éducatrice des peuples,es-tu fidèle, pour le bien de l’homme,à l’alliance avec la Sagesse Éternelle ? »Le Pape Jean-Paul II à Reimspour le XVe centenaire duBaptême de Clovis, roi des Francset de la France.496 – 19961 1. 496 est la date « traditionnelle » retenue, il semblerait que 499 soit la date réelle (voir leçon 6).2PDF processed with CutePDF evaluation edition www.CutePDF.com

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AVANT-PROPOS DE L’AUTEURCe manuel d’histoire chrétienne de la France et des Français est unique. En effet, jusqu’àla fin des années 1960 les manuels d’histoire de l’école publique laïque ne reniaient pas lesracines chrétiennes de la France, mais ils les considéraient comme appartenant à un passérévolu antérieur à la Révolution en France de laquelle émanerait, depuis, tout progrèshumain.Jusqu’à ces mêmes années les écoles catholiques avaient leurs propres éditeurs et leurspropres manuels. Mais, malgré une histoire événementielle plus “chrétienne” que celle desmanuels de l’école laïque (ou moins déchristianisée), ces ouvrages reprenaient malgré toutle contenu de l’histoire républicaine officielle et certaines de ses erreurs ou de ses silences.Ainsi ils se faisaient l’écho d’un Moyen Âge arriéré, d’une royauté forcément despotiqueet passaient sous silence les massacres de masse de la Révolution, les persécutionsreligieuses de 1905 et se ralliaient, au nom de l’union sacrée patriotique républicaine, àl’idéalisation de la victoire française de la Grande Guerre − abject conflit déclencheur destotalitarismes communiste, fasciste et nazi.Depuis, certaines périodes de notre histoire sont mieux connues et se voient démystifiées,comme la Révolution, grâce notamment à Hannah Arendt et à l’historien François Furet.Mais ces travaux de révision de l’historiographie officielle républicaine, en règle générale,ne descendent pas de l’enceinte universitaire et ne partagent pas leurs vérités avec lesmanuels scolaires.En outre le problème de la transmission de l’histoire et de cette identité, qui a fait etcimenté la France et son peuple jusqu’à notre époque actuelle de la globalisation, estmaintenant aussi autre.Tout d’abord, il n’y a plus de liberté scolaire et pédagogique sur ce plan : les écoleschrétiennes se sont massivement laïcisées et déchristianisées, toutes elles utilisent lesmanuels “officiels” laïques et laïcistes de notre État contemporain qui, ne sachant plus tropd’où il vient – faute de racines qu’il ignore ou renie –, ne sait plus trop où il va.Ensuite, les enseignants de maintenant sont eux-mêmes les enfants de ladéchristianisation, citoyens à l’identité variable et subjective et anciens élèves de cespédagogies post-soixante-huitardes d’éveil dans lesquelles le sentiment national oud’appartenance religieuse est synonyme d’un conservatisme honni. Comment pourraient-ilstransmettre, de surcroît contre vents et marées, ce qu’ils ignorent ? Et pourtant... Du baptême de Clovis donnant naissance à notre patrie en ses fonts baptismaux àl’édification européenne, quinze siècles plus tard, unissant en une même prièreréconciliatrice les hommes d’État catholiques – De Gaulle, Schumann, Monet, De Gasperiet Adenauer –, le christianisme, sous la forme de la chrétienté ou de l’humanisme, est l’âmede notre peuple et de l’Europe. Il suffit de contempler la France, ce pays aux quarante milleparoisses et clochers, cathédrales et chapelles, de prier ses Saints, de lire ses écrivains etd’étudier son patrimoine pour admettre cet état de faits. Et même si la France et les Françaisse dispersent dans une sorte d’Hexagone aux masses sans âme et sans racines, fruit d’unemodernité mondialisée et globalisante, cela n’efface en rien cette évidence : la France et lechristianisme sont consubstantiels.3Ce livre est tout sauf un apocryphe. Car, plus encore qu’avant, le christianisme, la quêtede ses racines et de son identité sont toujours d’actualité. Tout d’abord, il est bon d’avoirune patrie sous les pieds. Être un étranger en son propre pays, ou pour un étranger ne paspouvoir s’intégrer dans un pays qui ressemble à une coquille vide, est ou sera cause desouffrance.Mais, au-delà de ces constats sur notre patrie temporelle, notre vraie Patrie est le Ciel. Etcelle-là est éternelle. Les Saints et certains grands personnages de notre histoire cités enexemple dans cet ouvrage nous en montrent le chemin et nous rappellent que la France estl’antichambre du Paradis.Voilà pourquoi La France, la francité et le christianisme peuvent et doivent, quels quesoient nos origines et chemins existentiels, perdurer en nos cœurs, en nos foyers et en noscommunautés charnelles. Car là est notre Liberté. Et ce livre tente, fort modestement, d’y contribuer :« Pour que France,Pour que ChrétientéContinue.» (Charles Péguy) 4