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Numéro 40

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umièresINTERNATIONALESLORCHESTRE DES NATIONSZAHI HADDAD Ecrivain & JournalisteGrAiNes De PAiX Prix UNESCOSEPTEMBRE  OCTOBRE 2022 - N°40SÉSAME DE LA PAIX

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D - R   Luisa PaceR   Alain Camilleri Jean-François Morel C  - W Alexandre PurenR- Voljen Grbac R Corso Maltais Djinn & Christophe NaigeonMarina BoscoloPhilippe Wodka-Gallien Pascal CherkiVincent CrouzetA     Dexter Farrell-WoodD  - Alain Camilleri R PRomana Vitas S W  M lumieresinternationales.com info@lumieresinternationales.com IF-print.si F-agencija d.o.o.Breg ob Savi 11 4211 Mavcice SloveniaALM EDITIONS 81 rue Vercingétorix 75014 PARISÉDITO - 5Tempus fugit…ESCApADES - 6 Menton, Terre et Port de citron HISTOIRE - 8Les décorations ocielles SOCIÉTÉ - 10Les élections italiennes RENCONTRE - 12Zahi Haddad, écrivain et journalisteRENCONTRE - 14Fondation Graines de Paix ÉvèNEmENT - 16Orchestre des Nations ARTS - 18Invitation à chanter comme un pinson pERlES DE CulTuRE - 20La dictée de Mérimée ou le concours des bonnets d’âneDe retentissants honneursBIllET D’HumEuR - 21Lola et les charognards muSIquE - 22Sibelius Festival CINÉmA - 24Tati, celui qui mit le son en lumière lITTÉRATuRE - 26Le Livre sur les quaisSOCIÉTÉ - 28Enseignant...Ma non troppo ClAp DE FAIm - 30Crevettes et popcorn SOMMAIRE©TOUS DROITS DE REPRODUCTION RÉSERVÉS. LA RÉDACTION DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES ERREURS OU OMISSIONS, DE QUELQUE NATURE QU’ELLES SOIENT, QUI POURRAIENT SE TROUVER DANS LA PRÉSENTE ÉDITION.REDACTIONPHOTO DE COUVERTURE de ANDREY ART  ORCHESTRE DES NATIONS

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CREATRICEAGNESCOLLONGE.FR

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ÉDITO…et laissons passer vite les temps tumultueux, gardons les moments précieux qui reviennent toujours…Ce numéro est particulier, ils le sont tous mais celui-ci est un numéro de célébration et de bons souvenirs. Le fruit du hasard, comme d’habitude, un hasard qu’il faut savoir cueillir.Dix ans déjà, dix bougies pour l’Orchestre des Nations, pourtant ma rencontre avec son fondateur, Antoine Marguier, me semble dater d’hier. Dix ans marqués par tant d’événements. Tempus fugit mais il peut se révéler un écrin de faits qui, ensemble, sont le cœur palpitant d’une création, preuve que regarder en arrière avec mélancolie n’est souvent pas le bon choix.Mais qu’est-ce que le temps après tout ? Il sut de lire l’interview de Zahi Haddad pour se rendre compte du nombre de choses qu’on peut réaliser en vingt ou trente ans si on sait saisir les moments, les occasions, les rencontres.Restons dans la musique avec le Sibelius Festival, fondé en 2015 pour célébrer les 150 ans du compositeur nnois, sept ans sont passés, il y a eu la pose Covid mais il a recommencé dans un cadre idyllique et sans la moindre ride, bien au contraire puisque les jeunes sont à l’honneur !2022 est aussi le 40ème anniversaire de la mort du grand Jacques Tati. Oui, il n’est plus, mais son œuvre est là et c’est l’occasion de célébrer ce cinéaste et le faire connaître aux nouvelles générations. Peut-être aussi aux enfants du Bénin grâce à l’ONG suisse Graine de Paix qui prépare les futurs enseignants. Nous sommes en train de sortir de la période grise du virus qui nous a cloué dans nos habitations. Certains ne sont pas encore sortis, d’autres, heureusement, ont continué à faire des projets et à construire pour se rouvrir au monde le moment venu.Laissez-moi terminer avec un anniversaire personnel : ceci est mon 40ème édito-rial depuis la création du magazine que j’ai contribué à créer et le 7ème depuis qu’il appartient à ALM Edition que j’ai fondé en plein connement, non sans crainte… mais nous sommes là, avec une équipe renouvelée ou ressoudée, plus ouverts au monde, à ce monde qu’on voudrait voir enn vivre en paix, sans guerres, sans conits sociaux…et au passage un grand merci à mes quatre collègues de quatre pays diérents qui se sont prêtés à commenter les élections italiennes à ma place…TEMPUS FUGIT…5Luisa PaceCREATRICEAGNESCOLLONGE.FR

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6En plus de ses usages culinaires, les savants ont reconnu ses vertus médicinales, notamment contre le scorbut qui sévissait à bord des na-vires au long cours qui participaient à la colonisation des nouveaux mondes. Utilisé massivement en pharmaco-pée et en parfumerie, il est d’un bien meilleur rapport que l’orange et sa culture va progressivement faire l’objet d’une réglementation dras-tique. Exporté d’abord en Provence, il gagne peu à peu les pays Scandi-naves, le Danemark et la Russie. Conditionné en saumure, dans des tonneaux, il complète un fret de sel de Majorque, débarqué et réem-barqué à Menton et d’huile d’olive d’Aix-en-Provence, chargée à Mar-seille pour être livrée en Hollande. MENTONTERRE ET PORT DU CITRON Après un long voyage, le citron est arrivé à Menton au XVe siècle. Comme une graine qui trouve en-n une bonne terre, il l’a élue la comme sa patrie. Au début étaient le pain et le vin. Autrement dit, on cultivait depuis l’Antiquité les céréales et la vigne dans les parties basses de Menton alors que sur les collines poussaient le pin et le guier. Puis, au milieu du XIVe siècle arriva l’autre arbre sym-bole de la Méditerranée, l’olivier.Un accord signé avec les comtes de Provence autorisant l’importation du blé du Var permit à Menton de se lancer dans une nouvelle spécu-lation, l’oléiculture et la production d’huile d’olive qui allaient transfor-mer une première fois le paysage et l’économie locale. Il faudra attendre encore un siècle pour qu’arrive ce-lui qui allait devenir l’emblème de la cité, l’agrume. De la bigarade à la cour du roi Un premier acte notarié de 1471 fait mention « d’une terre complantée de soixante-sept arbres sitronario-rum ». En 1495, une première facture d’un montant de deux écus d’or réglée par le duc d’Orléans à Charles Grimaldi en paiement de deux charges de pommes d’oranges, renseigne sur la pre-mière exportation royale du fruit d’or. On l’appelle ici la Por-tugaise, le Portugal en étant le premier four-nisseur. De cette bigarade amère naîtra vers le milieu du XVIe siècle une nouvelle variété, l’orange douce, qui deviendra le fruit des Princes et de la cour.  D  C NP A V  MAu XVIIe siècle, Menton se spécialise dans le fret d’agru-mes et les activités connexes comme la confection des tonneaux et des caissettes pour le transport. Parmi les agrumes, le citron est devenu roi. E

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7Au retour des mers nordiques, les ventres des bateaux se délivraient en Provence des fourrures que les Mentonnais trop pauvres ne pou-vaient s’orir, se rabattant sur le fro-mage de Hollande et le stock-sch, poisson de conserve.Magistrats du citron et limoneuses Dès 1671, les princes de Monaco promulguent une première régle-mentation sur les conditions de culture et de vente des citrons et ins-tituent sous Louis 1er un Magistrat des Citrons. Le citron devient l’objet de contrôles stricts. Dans la conti-nuité, en 1701 un Magistrat de San-té veille quant à lui à l’état sanitaire des fruits. En 1733 on réglemente les conditions de son exportation. Le vol est durement réprimé et le ci-tron comptabilisé à la pièce. Cueil-li exclusivement par les hommes, transporté uniquement par les femmes, les limoneuses, ils sont acheminés vers de grandes salles près de la mer où l’on procède au tri et au calibrage à l’aide d’anneaux ou spetzins. Ils sont ensuite enveloppés dans du papier de Gênes, ancêtre du papier de soie, goudronné, fabriqué à partir du recyclage des aussières des navires, qui le protège de l’hu-midité... Certaines années il se vend jusqu’à 12 millions de fruits. Citrons et fourrures pour les princes... La seigneurie des Grimaldi perce-vait alors des droits de mer impor-tants sur tout ce qui y était chargé et déchargé sur place mais également prélevé sur le fret des bateaux navi-gant dans les eaux territoriales. La route maritime du sel et du citron faisant les riches heures de la prin-cipauté de Monaco. Entre 1740 et 1840, c’est l’âge d’or du citron, tourné vers l’exportation. Les agrumes sont cultivés essen-tiellement sur de petites parcelles qui produisent de 30 000 à 35 000 citrons. Mais en 1811, un certain Jé-rôme Moléon, maire de la ville, en récoltera 610 000 sur sa seule pro-priété !La bigarade, porte-gree de tous les agrumes, n’est plus exploitée que sur 2 000 arbres, pour la confection de cette marmelade dont les hivernants anglais, déjà nombreux dans la sta-tion, sont si friands. Des contu-riers s’installent à Menton. ... fromages de Hollande et stock-sch pour d’autres Au XIXe siècle, les citrons voya-geurs sont conditionnés, selon leur destination, dans des caissettes de trois types : la Lyonnaise qui contient 500 citrons est destinée à la France, la Flandrine de 400 pièces destinées à l’Europe du Nord, et la Messinoise, qui emporte 360 fruits vers les Amériques. Au détour du XIXe siècle, quand s’amorce le dé-clin de l’agrumiculture et que Men-ton se tourne vers l’ore touristique, la construction des palaces et des grands hôtels, tels le Winter Palace, le Riviera Palace commencera juste au-dessus de la gare, là où dans ces anciens jardins de la Condamine, on a arraché citronniers et orangers. François Mazet, roi du citron de MentonL’atelier HerbinMenton vue du feu d’entrée du vieux port

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8« D’une république à l’autre », le Musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie propose un parcours sur le thème des décora-tions étrangères reçues à titre diplo-matique par les présidents français, de la IIIe République à nos jours, à commencer par son premier pré-sident Adolphe iers, en août 1871.Il reçut notamment le prestigieux ordre de la Toison d’Or, le 1er ordre du royaume d’Espagne de-puis Charles Quint, mais l’objet lui-même est surtout l’une des pièces de joaillerie les plus remarquables de l’exposition. A son tour, l’un de ses lointains successeurs de la Ve Répu-blique, Nicolas Sarkozy, reçut le col-lier de la Toison d’Or des mains du roi Juan-Carlos pour « son engage-ment dans la lutte contre l’ETA » et « au nom » de l’amitié franco-espa-gnole. En octobre 2010, il reçut aussi la 1ère classe de l’ordre ukrainien du prince Iaroslav-le-Sage par le pré-sident Viktor Ianoukovytch – qui fut lui-même nommé grand-croix de la Légion d’honneur quelques jours plus tard – dans le cadre d’une stratégie visant à un Accord entre l’Ukraine et l’Union européenne. Celle-ci ne sera cependant pas cou-ronnée de succès, puisqu’à la suite de la Révolution de Maïdan, Vik-tor Ianoukovytch fut destitué par le parlement ukrainien pour sa poli-tique très en faveur de la Russie où il se réfugia.Derrière ces objets ranés et par-fois singuliers, apparaissent ainsi des relations d’États, des stratégies et les gures humaines de ceux qui les incarnent. Depuis la création des ordres de chevalerie jusqu’à au-jourd’hui, la politique internatio-nale motive les échanges de déco-rations entre très hauts dirigeants. C’est pour cette raison que le Musée ambitionne de regrouper les dé-corations étrangères ociellement reçues par les présidents français successifs, à l’exception de celles qui doivent être rendues après leur dé-cès, par exemple le très prisé ordre danois de l’Éléphant, que reçut le président Emmanuel Macron dans sa première mandature.lES DÉCORATIONS OFFICIEllES Exposition-parcours « Décorations présidentielles & Diplomatie » au Musée de la Légion d’honneur, jusqu’au 14 juillet 2023 J-F M L’ordre espagnol de la Toison d’Or, reçu par le président Adolphe iers.Photo JFM HACCOmpAgNENT l’HISTOIREL’ordre ukrainien du prince Iaroslav le Sage, reçu par le président Nicolas Sarkozy.Photo JFML’ordre danois de l’Éléphant, reçu par le président Macron. © Guillaume Benoît

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9Un objet de joaillerie, une straté-gie, des gures humainesLe Musée a notamment recueilli la collection complète des décorations du président François Hollande, in-cluant l’ordre du Mérite de la Répu-blique fédérale d’Allemagne, remar-quable par ses aigles sur le ruban. Pourquoi a-t-il beaucoup reçu et peu porté ses décorations ? Ce se-rait une question d’étiquette, selon les commissaires de l’exposition : l’habit, la redingote ou le smoking étant beaucoup moins portés de nos jours, le costume civil se prête mal au port de ces éclatantes pièces de joaillerie.De l’étiquette à l’éthique, la rela-tion entre États interroge parfois l’opinion publique, en apprenant la nomination de certains autocrates dans nos ordres nationaux, à des grades très élevés. Certes, ils entrent dans une catégorie à part de celle des Français récompensés par leur contribution, civile ou militaire, à l’édication et au prestige du pays, mais on peut se demander quelle part tiennent ces remises de décora-tions dans l’accomplissement d’une politique bilatérale. Celle-ci a ses raisons, parfois occultées, que l’opi-nion ignore.L’objet en lui-même se révèle sou-vent insolite par les circonstances ou par son apparence. Sadi Carnot fut le seul président de la Répu-blique à recevoir la décoration du Sublime Portrait d’Iran. Remar-quable par la présence inédite d’une photographie entourée de trois rangées de diamants, elle lui fut re-mise par le shah lors de l’Exposition universelle de 1889 à Paris. Quant au dernier président de la IIIe Ré-publique, Albert Lebrun, il reçut le collier de l’étonnant ordre de cheva-lerie Ojaswi Rajanya du Népal – à l’époque une monarchie – l’une des plus sublimes pièces parmi les déco-rations asiatiques.Ce parcours décrit nalement l’étrange articulation entre le do-maine méticuleux et codié de l’at-tribution des ordres nationaux et la subjectivité de la politique interna-tionale, que les puissants adaptent au gré des intérêts et stratégies d’État. La splendeur des objets, les circonstances du moment, le degré d’éthique des relations internatio-nales et les gures humaines qui ap-paraissent en ligrane nous parlent de l’Histoire.L’ordre de l’Ojaswi Rajanya du Népal, reçu par le président Albert Lebrun. © Guillaume BenoîtL’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne, reçu par le président François Hollande.© Guillaume BenoîtLa décoration iranienne du Sublime Portrait « Temsale Homayoun », reçue par le président Sadi Carnot. Photo JFMMusée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie. 2 rue de la Légion d’honneur, 75007 Paris Entrée gratuite.

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10Je suis italienne, je vote en Italie et ces dernières élections ont été un cauchemar imprégné d’incertitudes. Rompue à l’exercice de correspondante à l’étranger, consistant à expliquer ce qui se passe ailleurs, exercice plus encore délicat lors-qu’il touche à la politique, italienne de surcroit, j’ai préféré passer la main à des confrères étrangers basés en Italie. Je le dis avec une petite pointe de gravité mais, dans tout pays, nous jouons un rôle important grâce à une vision distanciée, enrichie de nos racines plurielles. Mais place à mes confrères ! L.Pace Maarten van Aalderen – « De Telegraaf » (Pays Bas)Avec l’arrivée de son nouveau gouvernement, l’Italie change de cou-leur politique pour l’énième fois. Le seul facteur stable reste l’insta-bilité des gouvernements qui changent constamment et durent en moyenne un an et demi. Giorgia Meloni est le septième Premier mi-nistre en seulement dix ans. Après que l’Italie ait connu un gouvernement technique, trois gou-vernements de centre-gauche, un gouvernement jaune-vert compo-sé de deux partis qui détestaient le centre-gauche, suivi d’un gouver-nement «jaune-rouge», c’est-à-dire avec le Mouvement 5 Etoiles et le Parti Démocrate avec le centre-gauche, est arrivé un gouvernement dirigé par un non-politique, qui avait le soutien de tous les partis du Parlement sauf un. Contrairement aux sondages qui soulignaient avec constance la popularité du gouvernement de Mario Draghi, le seul parti d’opposition qui a gagné est celui de l’opposition. Hélas.Patricia Mayorga - « El Mercurio » (Cile)Georgia Meloni entre les doutes de l’Europe et les « tirs fratricides ». Même dans ses pires cauchemars, la nouvelle Première Ministre n’aurait pu imaginer pire scénario : à la veille de sa rencontre avec Sergio Mattarella, le Président de la République italienne, pour la présentation de la liste de ses ministres, Silvio Berlusconi, le leader de Forza Italia, a déclaré être toujours l’un des meilleurs amis de Poutine, sans compter d’autres incontinences verbales de la même teneur. De véritables coups bas. La coalition de « centre-droite » a gagné les élections et est désormais au pouvoir en Italie ; il sera très intéressant de voir comment le premier gouvernement italien dirigé par une femme va réellement évoluer, notamment en ce qui concerne l’atlantisme, un bastion jamais remis en question dans ce pays, quelle que soit la couleur du gouvernement.lES ÉLECTIONS ITAlIENNES VUES PAR DES CORRESPONDANTS ETRANGERS S

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11Alba Kepi - « RTV ORA News » (Albania)L’Albanie a toujours été attentive aux élections en Italie ainsi qu’aux évo-lutions politiques de ce pays, qui est géographiquement très proche et où vivent 600 000 immigrants albanais. L’Italie est également un partenaire stratégique dans le processus d’intégration de l’Albanie à l’Union euro-péenne, avec des échanges économiques importants. L’attention de la classe politique et de l’opinion publique albanaise est également liée au fait que la gauche gouverne en Albanie depuis 2013, et la question que tout le monde se posait était de savoir si la droite allait gagner en Italie. Contrairement à l’Italie, où la droite est associée au sou-venir de la dictature fasciste, en Albanie elle est représentée par le Parti démocratique et symbolise l’eondrement de la dictature communiste qui, pendant un demi-siècle, a maintenu le pays sous un régime de privation de liberté, avec son cortège de victimes, de persécutions et de goulags ... Ainsi, contrairement à la peur européenne de la dictature fasciste, en Al-banie, la mémoire de la dictature communiste est toujours vive. Aujourd’hui, le Parti socialiste d’Albanie est la continuation du Parti communiste, qui a changé de nom mais a gouverné pendant le système dictatorial et gouverne actuellement le pays pour ce troisième mandat consécutif. En bref, l’Albanie compare la mémoire de la dictature communiste et celle de la droite avec la révolution démocratique. C’est un point de vue inversé qui ressort des analyses des médias occidentaux. En Albanie, la question récurrente des médias est de savoir si ce gouvernement sera en mesure d’arriver au terme de son mandat. Ahmad Ejaz – « Tehqiqnama » Islamabad (Pakistan)Le parti de la droite nationaliste Fratelli d’Italia a gagné ! Au Pakistan tous les partis le sont également. Sa dirigeante, Giorgia Meloni, est la première femme Premier ministre, comme l’a été Benazir Bhutto au Pakistan en 1988. De nombreux journaux occidentaux qualient le parti vainqueur de formation politique néo-fasciste et ne cachent pas leur préoccupation. Fra-telli d’Italia assure ne pas être fasciste mais de vouloir protéger la famille traditionnelle, la religion catholique et les intérêts de l’Italie. Cependant, durant la campagne électorale, la perte d’acquis concernant les domaines de l’avortement, les droits de la communauté LGBT ou encore la législation sur l’immigration a été souvent évoquée. En Italie, un gouvernement est formé pour cinq ans, au cours desquels des remaniements sont eectués au gré des ruptures d’alliances et de la for-mation de nouvelles ; mais, contrairement au Pakistan, la loi martiale est inexistante, le président de la République - garant de l’unité nationale - joue un rôle modérateur en acceptant la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. Comme dans d’autres dé-mocraties occidentales, les Italiens se réfugient de plus en plus dans l’abstention en raison d’un rejet de la politique. Les Italiens vivent plus longtemps que les Pakistanais : des millions d’électeurs ont plus de 80 ans alors qu’au Pakis-tan, l’âge moyen est inférieur à 60 ans. Le leader le plus notable de la droite, Silvio Berlusconi, a 84 ans.Giorgia Meloni est une jeune femme au caractère fort. Les deux autres partis de la coalition ont des leaders plutôt machos. Souriront-ils d’être gouvernés par une femme ? L’opposition est composée de partis de centre-gauche fragiles et divisés et de deux petits partis de centre. Une chose commune entre l’Italie et le Pakistan : pendant les élections, les partis font beaucoup de promesses, mais une fois au pouvoir, souvent, ils font l’inverse.

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12Et je pourrais ajouter enthousiaste tant cet homme cultivé, cosmopo-lite et ouvert, au sourire facile, ar-rive à transmettre ses passions. Né au Liban, pays qu’il quitte à 3 ans avec sa famille, il commence ses études à Genève, en particulier à Science Po. Ses diplômes en poche il retourne au Liban pour découvrir ses racines après la guerre. De 1994 à 1997 il travaille dans la presse « C’était incroyable. Tout était à re-construire après 15 ans de conit ». Embauché par un quotidien, puis par un hebdomadaire, il découvre ce sentiment de liberté totale où tout est à reprendre en main. Il fait beau-coup de terrain, de l’international, du sport, des articles satiriques…il devient secrétaire de rédaction. « Je me suis éclaté parce que nous devions tout rebâtir. Période très in-tense : j’ai visité un camp de réfugiés palestiniens, un aéroport ambant neuf, un casino rénové et rencontré des Émirs. Nous étions des gamins de 25 à 30 ans ».En 1997 il rentre à Genève. Il pense aller aux USA mais trouve du travail dans une société d’édition comme rédacteur en chef d’un ensemble de médias. Nouvelle expérience enri-chissante lui permettant d’acquérir une vision large du journalisme. Ensuite, il se rend aux USA pour étudier à l’université de Columbia. « C’était exceptionnel dans un monde incroyable. Un autre monde, très cosmopolite. Une autre vi-sion des États Unis, des années in-croyables. 40% d’étrangers où co-habitaient notamment Arméniens, Kazakhs, Américains et Asiatiques. Il y avait toute la planète là-bas, chacun parlait d’où il venait avec des échanges interculturels hors pair. C’est la richesse culturelle d’un continent qui se sut à lui-même. »En 2000 il retourne à Genève pour s’investir à nouveau dans le journa-lisme et la communication. Après un passage à la Banque mondiale, on lui propose d’organiser les ser-vices extérieurs de la ville de Ge-nève. « Nous avons construit ce département pendant 9 ans. Durant cette période, il perd sa mère. D’elle, il dit : « si elle n’existait pas, il fau-drait l’inventer ». « J’ai écrit un livre sur elle à travers sa cuisine et le Li-ban, un livre très naïf et basique que j’écrivais à mes heures perdues ». En 2010 il arrête tout et repart au Li-ban « où j’ai rencontré des éditeurs avec l’ambition d’écrire un vrai livre. ÉCRIVAIN, JOURNALISTE, NARRATEUR… HUMANISTE … L P Zahi Haddad RP  A B

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13Après de nombreuses versions, j’ai suivi l’avis de celle qui est devenue ma femme et qui me conseilla d’aller plus loin en mélangeant réalité et c-tion ; je termine en 2014 ce premier ouvrage, « Au bonheur de Yaya ». Retour en Suisse où il commence son deuxième bouquin. « Un autre pavé d’un kilo, intitulé 126 batte-ments de cœur », dit-il en souriant : « Pour le compte de la Genève In-ternationale, j’ai rencontré 126 personnes qui ont fait rayonner la Suisse à l’international, parmi les-quelles le fondateur de l’Orchestre des Nations, Antoine Marguier ». Et Zahi Haddad de préciser : « Nombreux interviewés sont nés en Suisse mais d’origine étrangère ; ex-périence exaltante parce que j’étais enseveli par des vagues d’informa-tions ». Entre-temps le quotidien suisse Le Temps le propulse dans le Forum des 100, une plateforme de débat autour d’une conférence annuelle animée par des orateurs de haut vol.Et voilà que sort son troisième livre « Les voyages multicolores de Juju et Maxou ».Un ouvrage plein de couleurs dans lequel le père raconte à ses enfants des histoires de voyages et de ren-contres dans cinq pays diérents, à chaque fois, le père en prote pour parler de la vie, de la mort, de l’ave-nir, de la spiritualité…destiné aux 7-12 ans mais accessible aussi aux plus petits pour peu qu’un adulte trouve les mots pour leur commen-ter le livre. « Mes centres d’intérêt, je les dé-couvre au fur et à mesure des ren-contres et des expériences qui viennent à moi ». Ainsi, une asso-ciation lui commande un livre dont le sujet traite des femmes migrantes à forte qualication qui arrivent en Suisse. « Elles sont médecins, ar-chitectes, spécialisées en relations publiques ; elles arrivent ici et ne trouvent pas de boulot, notam-ment parce que leur diplôme n’a pas d’équivalence ». Un projet passion-nant avec des femmes qui racontent leur parcours. L’une d’elles lui dit : « Ce n’est pas juste, moi j’ai fait dix ans d’études, suivi des formations, j’ai appris la langue et je n’ai pas le droit de travailler alors que la dame qui vient de l’autre côté de la fron-tière, moins diplômée que moi, a le droit de travailler parce qu’euro-péenne ».« Partageur » d’expériences, Zahi Haddad est un humaniste regor-geant d’idées qui bouillonnent dans sa tête : « j’ai devant moi des projets magniques à réaliser et, par consé-quence, je ne m’exclus jamais rien ! »P  M B

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14Déjà récipiendaire en 2019 du prix Smart Peace, l’ONG suisse, la fonda-tion Graines de Paix vient de rece-voir le prix UNESCO-Hamdan pour le développement des enseignants. À l’occasion de la remise de cette distinction prestigieuse, Lumières Internationales a rencontré sa pré-sidente-fondatrice, Madame Delia Mamon. La genèse de Graines de PaixSouvent, l’origine d’une organisa-tion prend sa source à partir d’un constat ; en l’occurrence, le chemi-nement intellectuel de la fondatrice de Graines de Paix a abouti à un double constat : à quelques excep-tions près, nos sociétés ont un sys-tème scolaire dont « la pédagogie est défaillante car axée sur le bour-rage de crâne et enserrée dans le carcan du programme » et, ajoute Delia Mamon, « l’école est struc-turellement violente sans même le vouloir ou le savoir ». Créée en 2005 sous la forme d’une association, devenue fondation en 2020, Graines de Paix s’est assignée pour mission centrale d’œuvrer à la transformation de l’éducation sco-laire en y intégrant les concepts forts d’épanouissement, de prévention des diérentes formes de violences et de paix. Pour Delia Mamon, la mise en valeur de ce concept de paix est cruciale : « il s’agit de valoriser en milieu scolaire la culture de la paix : la paix entre les élèves, la paix entre élèves et enseignants et entre enseignants et parents. » ; et de ra-jouter, « oui, l’école peut et doit-être facteur de paix ».La méthodeParallèlement à son déploiement en Suisse, cette pédagogie novatrice se met progressivement en place en Côte d’Ivoire et au Bénin ; c’est d’ail-leurs au titre de son action dans ces pays que la fondation vient d’être récompensée.Cette approche consiste à intégrer dans le système éducatif une série de valeurs humaines trop souvent négligées ; ces valeurs humaines se déclinent selon une gradation allant de la valeur respect jusqu’à celle de la fraternité en passant par la considération, l’appréciation et la bienveillance. À ces valeurs hu-maines s’agrègent des compétences psychosociales telles que l’estime de soi, l’intelligence émotion-nelle de l’enfant et l’apprentissage des réexes de paix. En favorisant l’émergence de nouveaux concepts  A C OU L’APPRENTISSAGE DE LA PAIX PAR L’ÉCOLEMme Delia Mamon©Carise Scheidegge R ©Carise Scheidegge

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15pédagogiques débouchant sur des pratiques scolaires innovantes, la fondation vise notamment à subs-tituer l’épanouissement et la recon-naissance de l’autre dans sa dié-rence à la violence verbale, physique ou psychologique.Sur la base d’accords de partenariat passés avec les ministères de l’éduca-tion du Benin et de la Côte d’Ivoire, la fondation met en place et déve-loppe deux volets principaux, com-plémentaires :• un volet destiné aux enseignants,• un volet destiné aux parents d’é l è ve s.Le volet « enseignants » a pour objectif de sensibiliser et former les professeurs ; pour ce faire, des équipes internes de Graines de Paix travaillent avec des fonctionnaires locaux que sont les conseillers pé-dagogiques. Ce travail ne se limite pas une action de formation mais produit une co-construction des programmes nationaux destinés à intégrer les méthodes interactives développant la culture de la paix entre élèves dans le système éducatif primaire et secondaire. Charge en-suite aux conseillers pédagogiques de mettre en œuvre les formations ad hoc pour les enseignants.Le volet « parents d’élèves » est dé-cisif dans la mesure où il convient de réduire fortement l’écart entre les enseignants formés à cette nou-velle pédagogie valorisante qu’ils dispensent à leurs élèves et, d’autre part, les parents d’élèves, lesquels continueraient sinon à rabaisser leurs enfants par la punition vio-lente. Pour atteindre cet objectif, le ministère de l’action sociale a mandaté Graines de Paix à former des travailleurs sociaux an que ces derniers sensibilisent les parents d’élèves à l’intérêt pour l’avenir de leurs enfants à bénécier d’une scolarisation de qualité. Ce dernier point est absolument déterminant martèle Delia Mamon : « il importe de rechercher et créer une cohé-rence entre la sphère scolaire et celle de la famille ».Graines de Paix, une fondation tournée vers l’avenirBien que l’action de Graines de Paix, s’inscrive dans la durée, ses résultats sont d’ores et déjà remarquables, la récente distinction de l’UNES-CO en est la preuve. Aussi, compte tenu des dicultés structurelles que connait l’appareil éducatif français - accroissement de la violence à l’école, radicalisation, mal-être des élèves et des enseignants … -, il est légitime de s’interroger sur le béné-ce que pourrait retirer une démo-cratie occidentale de l’expertise et du savoir-faire de Graines de Paix. Questionnée sur le sujet, Delia Ma-mon, française, répond sans hésita-tion « cela fonctionne bien en Suisse et l’impact serait encore plus remar-quable en France. ». On a envie de dire chiche!G  P,  CCH- G, S://../Pratiques collaboratives

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16Le 2 septembre 2022, l’Orchestre des Nations a soué sa 10ème bou-gie à Genève au Victoria Hall ! Antoine Marguier et Roberto Ben-zi, deux chefs d’orchestre pour un concert exceptionnel dirigé par deux artistes de renommée interna-tionale : fondateur de l’ODN, An-toine Marguier a invité à partager son podium avec son illustre men-tor Roberto Benzi, dont la fabuleuse carrière de plus de 70 ans l’a mené à la tête de prestigieux orchestres de la planète. Enfant prodige, ce-lui qui tiendra les pupitres des plus grands orchestres du monde, a di-rigé dès l’âge de 11 ans, avant d’être mis sous les feux de la rampe grâce à deux longs métrages de Georges Lacombe : « Prélude à la gloire » en 1950, dans lequel il interprète avec fougue et passion son propre rôle, et « L’appel du destin » en 1953.Un concert riche en émotions !Le duo Benzi-Marguier a entrainé un public aux anges dans un tour-billon d’émotions musicales en vire-voltant entre classique et moderne. De la « Pastorale » de Ludwig van Beethoven à un riche programme de musique de lms.Actif tant à Genève qu’à l’inter-national, l’Orchestre des Nations est connu pour être un symbole de partage interculturel et de paix. Véhiculant l’esprit et les valeurs des Nations Unies, cet orchestre vise à concilier musique symphonique et démarche humanitaire, et à mettre la musique classique à la portée du plus grand nombre.La diplomatie culturelle portée par un orchestre amateur de haut ni-veau …L’Orchestre des Nations réunit des musiciens amateurs de haut niveau. Issus de tous les continents, tous ont poursuivi des études instrumen-tales avant de s’orienter dans des parcours professionnels diérents. Grâce à un encadrement musical d’exception, l’Orchestre des Nations permet à ces musiciens de concré-tiser leur rêve : jouer à un niveau professionnel.Ce qui fait la particularité de l’ODN, c’est avant tout la soixantaine d’ama-teurs triés sur le volet qui le com-posent. Scientiques du CERN, juristes ou parents au foyer, locaux et internationaux, ils représentent une quinzaine de nationalités et ont une passion absolue pour la mu-sique. « Je les fais travailler comme des professionnels et l’énergie qu’ils dégagent en concert est inimagi-nable », explique Antoine Marguier. L’ODN parvient à « démocratiser la musique, à dépoussiérer les stan-dards qui voudraient parfois encore réserver le classique à une élite. Après tout, les grands compositeurs étaient des saltimbanques ».RencontreLa première fois que j’ai rencontré et interviewé Antoine Marguier, son fondateur, c’était en janvier 2016, si la mémoire ne me fait pas défaut ; je l’ai vu diriger l’Orchestre Lamou-reux au éâtre de Champs Elysées à Paris. Un vrai bonheur pour les LA CLÉ DE SOL L PSésame de la paix É

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P  A ARTmélomanes mais aussi pour un pu-blic moins avisé tant Antoine Mar-guier arrive à partager sa passion. La ferveur d’Antoine Marguier est communicative. Sa erté, c’est de réussir à orir des émotions à son orchestre et à son public. C’est de démocratiser la musique. Il a connu son premier instrument à corde qu’à l’âge de 16 ans ce qui ne l’a pas empêché de devenir un grand di-recteur d’orchestre. Il m’avait avoué avec simplicité d’avoir commencé à jouer dans les fêtes de village !D’origine française, il a fait ses dé-buts en 1992 comme clarinettiste de l’Orchestre de la Suisse Romande avant de devenir directeur artis-tique et musical de l’Orchestre du Conservatoire de Genève. En 2011 il a fondé l’Orchestre des Nations !Puisant dans son propre parcours de musicien globetrotter, Antoine Marguier développe ainsi la « diplo-matie culturelle ». Témoin du cham-boulement créé en Europe par la chute du mur du Berlin, il constate la force de l’Orchestre des jeunes de « l’Europe unie », au sein duquel il se produit à Moscou, en 1991, de-vant Mikhaïl Gorbatchev et sous la baguette du chef Claudio Abbado : « C’était un puissant instrument pour véhiculer des messages positifs de fraternité et transcender les fron-tières ! ».Et de me coner : « Bien sûr, la musique classique est dite « sage » parce qu’elle est écrite avec beau-coup de recherche par de grands maîtres mais si l’on parle du niveau de contact avec le public, il y a en-core du travail à faire. »

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18Après que les cigales eurent chanté tout l’été, l’exposition Musicanimale s’est ouverte à tout venant à l’au-tomne comme un bestiaire sonore enchanteur. Du brame du cerf « au bruit de l’eau, penchant ses yeux dans un ruisseau », au chant de la baleine « qui nage sans perdre ha-leine », l’installation est organisée comme un abécédaire de A à Z. Celui-ci commence par les appeaux auxquels le visiteur peut s’exercer. Le peintre Frans Snyders semble mon-trer, avec son chœur d’oiseaux, les inconvénients de les jouer tous en-semble, comme le font les passants, sous peine de rompre le charme… Des salles « immersives » plongent le visiteur, ici dans l’obscurité et les bruits étranges de la forêt nocturne, ou bien là dans les immenses es-paces océaniques où se propagent les vocalisations éthérées des céta-cés, ou encore dans les vibrations des toiles d’araignées de Tomas Sa-raceno. Entendons-nous encore la nature et percevons-nous son in-quiétante disparition ?I   ’La poésie visuelle et sonore de l’ex-position explore les interactions musicales possibles entre l’homme et l’animal. Des artistes s’y sont es-sayés, comme Luc Petton et son bal-let pour 6 grues et 4 danseurs, qui parviennent à une fascinante sym-biose du geste synchronisé. Dans le lm If and Only If, Anri Sala montre la lente ascension par un escargot de l’archet de Gérard Caussé, qui  D F-WINVITATION À CHANTER COMME UN PINSON - EXPOSITION MUSICANIMALE À LA PHILHARMONIE DE PARISConcert d’oiseaux par Frans Snyders, 1629-1630 © Photographic Archive Museo nacional del Prado, MadridJacques Perrin et Jacques Cluzaud, image du lm Océans 2009 Galatée Films© Roberto RinaldiLuc Petton, ballet pour 6 grues et 4 danseurs © Alain Julien A

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19joue l’Élégie pour alto seul de Stravinski, tout en adaptant son inter-prétation au comporte-ment du gastéropode. Celui-ci semble éton-namment en conance, en intégrant dans son mouvement les déli-cates vibrations de l’ar-chet sur les cordes.Au contraire, dans la région italienne des Pouilles, la croyance en l’empoisonnement d’une araignée – la ta-rentule, que l’on sait aujourd’hui inoensive La Flûte enchantée de Mozart, Pa-pageno est un oiseleur au costume couvert de plumes chatoyantes et au chant qui rappelle celui de ses com-pagnons ailés. Inversement, les nes porcelaines de singes précieusement habillés et jouant d’instruments d’orchestre moquent la mélomanie mondaine de la bourgeoisie ou la médiocre musique que notre espace sonore nous inige trop souvent.Quittant l’exposition pour revenir au monde bruyant et matérialiste, avec ses pollutions et ses pénuries d’énergies, on repart avec un sens renforcé de la responsabilité hu-maine, de connaître puis de pro-téger les espèces, que cela procède d’un devoir d’ordre spirituel ou de l’inuence considérable que nous avons aujourd’hui sur l’avenir de la planète entière. Cela ne va pas sans une forme de culpabilité devant nos oenses irrattrapables à la diversité et aux merveilles du monde vivant. On entendrait presque la fourmi, industrieuse et présente sur la Terre depuis 120 millions d’années, nous tancer : « Vous chantiez ? j’en suis fort aise. Eh bien ! dansez mainte-nant ».INVITATION À CHANTER COMME UN PINSON– était capable de plonger les vic-times dans un état convulsif que seule pouvait guérir une danse erénée au son d’une musique allegro prestissimo : la tarentelle. Et voilà comment un animal, a priori peu séduisant, contribue fortement à l’identité culturelle de toute une région.Mais alors, à quelle point l’animal et l’homme peuvent-ils se rappro-cher ? La connivence entre eux a inspiré de nombreux exemples de zoomorphisme, la lettre Z qui conclut l’exposition. Dans Étude de costume pour le personnage de Papageno dans La Flûte enchantée de Mozart, par Jean-Denis Malclès. Bibliothèque de France.© JFMVièle morin huur, Mongolie, musée de la musique © Claude GermainLe musicien Gérard Caussé et son étrange invité pour un duo lento insolite © Anri Sala VG Bild-Kunst, Bonn

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20 Perles de Culture La dictée de MériMée ou Le concours des bonnets d’âne de retentissants honneurs Paris, 1857 ; l’ancien Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte, devenu par la grâce d’un coup d’État Napoléon III, règne sur la France. Pour égayer les soirées impériales et amuser les inévitables courtisans, l’Impératrice Eugénie fait appel à l’écrivain Prosper Mérimée, réputé pour ses nouvelles, notamment l’une d’entre-elles – Carmen – qui inspirera Georges Bizet, auteur de l’œuvre lyrique du même nom.L’Impératrice demande à Mérimée de rédiger un court texte et venir le présenter à la cour sous la forme d’une dictée.Aussi dit, aussitôt fait. Nous voici au Palais des Tuileries ; la voix grave de Méri-mée dicte lentement son texte à ses prestigieux élèves : l’Empereur, son épouse, et quelques illustres invités.Après correction, on obtiendra de stupéants résultats : Napoléon III ne com-mettra pas moins de 75 fautes, l’impératrice, malgré son ascendance espagnole, fera un peu moins mal avec quelque 64 fautes, Alexandre Dumas ls, lui en sera à 24, tandis que l’Ambassadeur d’Autriche-Hongrie, le Prince Richard Klemens von Metternich ne trébuchera que 3 fois…Pour la petite histoire, il se murmure que pour sauver la face, Alexandre Dumas eut cette sortie assez étonnante : « Prince, qu’attendez-vous pour vous présenter à l’Académie Française pour nous y apprendre l’orthographe ! ». A C  J-F M La dernière investiture présidentielle française a fait du bruit ! Le 7 mai 2022, 21 coups de canon de 75 mm ont été tirés (à blanc) de l’esplanade des Invalides, à Paris : 1 coup toutes les 10 secondes. Cette tradition de la Ve République prend ses racines dans l’Ancien Régime, particulièrement dans le monde naval. Le nombre de coups de « canon de salut » dépend du niveau de la personnalité honorée ou de l’événement, la fête nationale par exemple.Pour l’ocier de tir, la diculté technique est de rigoureusement respec-ter la régularité entre les tirs, sous peine d’oenser l’autorité ainsi saluée. Je demandais un jour au chef de l’Artillerie d’un grand vaisseau de la Marine – un homme n et cultivé – comment faisait-on pour calculer cet écart avant d’avoir des chronomètres précis ? « Très simple, après le précédent ordre de feu, l’ocier de tir lève le bras et scande posément dans sa tête : si j’étais pas si c**, je s’rais pas canonnier.. feu ! ». Mieux que la technologie, cette humilité fonctionne sans coup férir !

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21Le meurtre atroce de cette petite jeune lle de 12 ans est une monstruosité absolue.Qui peut dire le contraire ? Personne !Qui peut minorer ce drame qui broie une famille ? Personne !Qui peut ignorer l’émotion qui étreint le pays ? Personne !Mais le calvaire de la petite Lola aiguise des appétits louches et abjects ; l’extrême droite, comme toujours est au rendez-vous pour servir aux citoyens la soupe aigre et froide de l’indécence.Ceux qui font commerce de tout ce qui peut diviser les Français se précipitent pour utiliser éhontément cette tra-gédie comme un mauvais levain pour faire lever la pâte fétide de la discorde civile.Plus grave : élection interne oblige, les franges les plus conservatrices du parti « Les Républicains » singent, sans pudeur aucune, les pires extrémistes ; on l’a vu à l’Assemblée Nationale et au Sénat, lors des questions au gouver-nement.La décence ? La retenue ? Le respect ? Connait pas !Les aboiements en meute de ces élus sont relayés par certains médias - pas tous, soyons justes - dont la névrose obsessionnelle est d’aaiblir l’exécutif, quel qu’il soit. Alors, pour un temps, adieu les pénuries de carburant, la guerre en Ukraine ou le débat budgétaire qui sera réglé à coup de calibre 49-3 ; « allez coco, envoie toute la sauce sur l’assassinat de cet enfant ! et ne mégote pas sur les détails ! tu imagines l’aubaine : au sensationnel s’ajoute un gros tacle politique ! Inespéré ! ».Bien sûr, ce que je dénonce ici ne dispense pas nos dirigeants politiques de s’interroger sérieusement sur les ques-tions liées à la maitrise de l’immigration et de mettre en œuvre des solutions crédibles et ecaces améliorant no-tamment le protocole d’expulsion des étrangers en situation illégale.Mais, proter du temps de l’émotion populaire pour en tirer un misérable prot politique et médiatique revient précisément à souiller cette émotion.Face à ces attitudes où l’indécence rivalise avec l’abjection, il ne me vient qu’un seul mot à la bouche : celui de « charognards ! ».Billet Alain CamillerilOlA ET lES CHAROgNARDS

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22« Donner de la visibilité aux jeunes » tel est le souhait exprimé par Fede-rico Ermirio, père fondateur et di-recteur artistique du « Sibelius Fes-tival – Golfo Tigullio e Riviera » ; en Ligurie, région où s’est déroulée la septième édition du festival dédiée au compositeur nnois, nous pos-sédons un groupe d’une quinzaine de jeunes musiciens d’instruments à cordes. Jean Sibelius, né le 8 décembre 1865 à Tavastehus, dans le grand-duché de Finlande, et mort le 20 septembre 1957 à Järvenpää, près d’Helsinki, fut un grand compositeur nlan-dais de musique classique. Il avait toutefois plus d’une corde à son arc. Homme passionné, doté d’une grande ouverture culturelle, il avait créé une sorte de communauté d’ar-tistes qu’il soutenait en véritable philanthrope.Federico Ermirio, compositeur, professeur, directeur pendant 22 ans du Conservatoire Vivaldi d’Alessan-dria au Piedmont, n’est pas moins passionné. L’année 2015 célébrait la naissance de Sibelius et aussi celle du Festival qui veut faire connaitre les compositeurs scandinaves en Europe et au-delà. Il est vrai que la France, l’Italie et l’Allemagne ont donné naissance à des compositeurs de génie qui nous ont gâtés par leur talent mais les scandinaves comme Sibelius n’ont rien à leur envier. Nous devons leur donner la visibili-té et l’espace qu’ils méritent.Pourquoi le Golfe du Tigullio et la Rivieria…En trente ans, Sibelius a entrepris cinq voyages en Italie. Son séjour à Rapallo en 1901, où il s’est rendu avec sa femme Aino et ses lles Eva et Ruth - s’installant à la « Pension Suisse » sur le front de mer - est le plus mémorable. Il coïncide, en ef-fet, avec un moment créatif de la plus haute inspiration : c’est là qu’il compose la deuxième sympho-nie en ré majeur, opus 43, l’une de ses œuvres les plus jouées dans le monde entier.Sibelius avait l’habitude d’écrire non seulement des partitions mais aussi des lettres, à son épouse, à ses amis et surtout à son mentor, le baron Axel Carpelan qui a notamment -nancé le voyage de Sibelius en Italie en 1901.GOLFO TIGULLIO E RIVIERA L P MSibelius Festival

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23Cet extrait d’une lettre au baron nous immerge si bien dans le ressen-ti du compositeur pour cette région qui inspirait ses promenades de bon marcheur : « C’est le temps des vio-lettes, on peut en sentir le parfum dans les bois. Je suis allé aux alen-tours de Rapallo, de Santa Marghe-rita, de San Michele di Pagana et de Portono, où la Méditerranée bleue et ensoleillée est entourée de guir-landes de eurs. Désolé que vous ne soyez pas là pour proter avec moi de toutes ces merveilles oertes par la nature. Surtout la randonnée vers Zoagli, puis vers Chiavari - l’une des plus belles régions d’Italie…». L’inauguration de l’édition 2022 a eu lieu à Santa Margherita en présence de Mme Pia Rantala-Engberg, Am-bassadrice de Finlande à Rome qui trouva des mots émouvants pour évoquer la situation géopolitique que nous nous vivons : « Il est très dicile de trouver la solution pour aider et continuer à travailler tous ensemble. Nous traversons des an-nées diciles mais on retrouvera des moments meilleurs et la mu-sique est un langage commun… ».Un pas en arrière : la sixième édi-tion du festival, celle de 2021, a été dédiée à la mémoire de Giulio Cia-na, décédé le 11 juin 2021, hôtelier, philanthrope, défenseur de l’art et des projets de solidarité.Federico Erminio veut orir plus de visibilité à Sibelius mais aussi à des auteurs scandinaves moins connus en Italie comme en Europe, il sou-haite également relancer la région Ligurie, port d’attache depuis des siècles de plusieurs cultures. Le Sibelius Festival n’est pas consa-cré uniquement à Sibelius. San-ta Margherita Ligure, Zoagli et Chiavari ont accueilli, dans des cadres magniques si chers au com-positeur nnois, des musiciens de plusieurs pays avec un programme qui allait de Claude Debussy à Nino Rota. Une touche particulière, qui démontre la modernité de tout instrument et de tout morceau de musique : Pearl Chertock, compo-sitrice et harpiste internationale, née en 1918 dans le New Hampshire avec la suite « Around the clock », interprétée par Anna-Livia Walker, preuve que la musique dite clas-sique s’adresse à tout public…P  M BMme Sturlese, le maire de Santa Margherita, S.E. Mme Pia Rantala-Engberg, les Maires de Zoagli, Chiavari et M. ErmirioConcert à l’Eglise San Siro Santa Margherita Ligure Federico Ermirio

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24Le 4 novembre 2022 marquera le 40ème anniversaire de la mort du cinéaste, une belle occasion de faire découvrir à ses enfants ou redécou-vrir pour soi un cinéma épuré et de rire pour la millième fois à des gags qu’on croyait connaître par cœur.Dans les pas des pionniers du muet qu’étaient Charlie Chaplin, Harold Lloyd ou Buster Keaton, Jacques Tatische (dit Tati) né en 1907, soit seulement vingt ans avant le pre-mier lm parlant, a su en tant que réalisateur et acteur, cultiver l’es-sence du burlesque. Son œuvre nous frappe par une bande-son atypique. Alors que les salles obscures protaient peu à peu des bruitages et des dialogues lus par les acteurs et non plus par les spectateurs eux-mêmes, le ci-néma de Tati usait des dialogues avec parcimonie et du son avec ef-cience. Non qu’il les considérât comme superus mais comme un matériau aussi fondamental que dans une petite gare française du début des années 50. Le chef de gare annonce l’arrivée du train, mais la bouillie de mots jaillissant du haut-parleur sème soudain la pagaille parmi les nombreux voyageurs en-combrés de valises et d’enfants qui se pressent. Croyant s’être trompés de quai, ils rebroussent chemin, empruntent l’escalier souterrain, re-montent les marches pour changer de voie. Nouvelle annonce : le cor-tège repart comme un seul homme pour un troisième escalier. En vain puisqu’en dénitive, ils auraient évi-demment dû demeurer sur le quai initial. La parole du chef de gare n’est que bruitage, les mots inintelli-gibles et somme toute, très réalistes. On retiendra aussi l’étrange bruit du redoutable service de M. Hulot, joué par Tati, venu en pantalon et veston sur un court de tennis. Ce son, si incongru qu’on l’aurait cru  C MTATICELUI QUI MIT LE SON EN LUMIÈREl’image. Le son ne se contentait pas de doubler les scènes de dialogues, il devait montrer ce que l’image ne disait pas. Pour le moins, ses lms ne brillent pas par ce qu’il est admis d’appeler les « répliques culte ». Les rares paroles du cinéma de Tati sont des touches de couleur, des bribes de vie : les cris des enfants sur la plage, le brouhaha d’un restaurant, ©Paul evenetLes Vacances de Monsieur Hulotune remontrance... La bande-son n’est pas négligée mais particulièrement soi-gnée au même titre que le cadrage et le jeu d’acteurs.La première scène des Vacances de M. Hulot est si l’on ose dire, très parlante. Nous voi-là le jour du départ des grandes vacances CJour de Fête

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25P  DRtiré du silencieux d’un tonton in-gueur, mène le jeu. Hulot enchaine les points et les sets pour achever un fringant adversaire pourtant venu parfaitement échaué et suréquipé. Dans cette scène, l’accent est mis sur ceux qui se prennent au sérieux, ridiculisés et parodiés pour leur manque de spontanéité. Les sons parfois saugrenus qui émaillent le répertoire tatiesque nous rappellent que le comique vient de l’inattendu. Jacques Tati, qui débuta par le mu-sic-hall, a montré un talent inné de la pantomime. Les mouvements du corps sont chorégraphiés, milli-métrés comme une cascade. Il faut admettre que la physionomie de l’acteur met ses postures particu-lièrement en valeur. Hulot, person-nage dégingandé, est immédiate-ment identiable sur chaque plan. Vêtu d’un pantalon trop court et d’un galurin sans forme, il se ca-ractérise d’abord par sa diculté constante à s’inscrire dans le monde qui l’entoure. Son corps qui l’en-combre le rend particulièrement touchant et sa démarche bégayante par la peur de déranger ou zigza-gante par l’hésitation est en réalité tracée au cordeau. Au tennis, à la plage, ou ailleurs, son apparence est aussi décalée et inadaptée que lui. Chez Tati, rien n’est grave ni péril-leux, du moins à première vue. La poésie qui émane de cet homme un peu naïf, distrait et gaeur ainsi que des personnages (tous arché-typaux) masquent le temps du lm, des thèmes profonds : la solitude (Les vacances), le manque d’amour d’un riche industriel envers son ls unique, faute de temps à lui consa-crer (Mon oncle), les inquiétudes existentielles d’une France gagnée par la vitesse et l’ecacité qu’in-carne l’Amérique (Jour de fête) ou encore la société de consommation et l’avènement du tout voitures (Tra-c). Tati dépeint surtout une France des trente glorieuses en proie à de trop rapides transformations. D’au-cuns lui ont reproché de promou-voir un cinéma réactionnaire voire bêtement anti-américain qui aurait privilégié une France gée dans une douceur nostalgique ou le calme lent des campagnes. Jacques Tati prend le temps d’interroger notre place dans le monde nouveau de la consommation et de la vitesse avec un regard amusé et doux-amer sur la modernité. Les patrons, au sé-rieux et aux manières aectés de Mon Oncle et de Trac tranchent avec un Hulot bienveillant et â-neur. Dans un pays qui se moder-nise, décrit comme de plus en plus uniforme, plastié voire aseptisé, le naturel devient subversif au détri-ment de la routine et de la produc-tivité, envers lesquelles l’irruption d’un personnage enfantin risque de tout dérégler ou de tout détruire.Mon OncleMon Oncle

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26« LE LIVRE SUR LES QUAIS »hôtel cossu, euri, pour humer la matinée. J’étais sur le quai, un quai ouvert à des pavillons blancs, le type de structure dans lesquelles toute l’année on glisse des auteurs pour les orir à leurs lectrices, à leurs lec-teurs, aux badauds aussi. Mais cette fois j’étais bien ailleurs.Je m’éveillais au paradis des écri-vaines et des écrivains : le salon du livre de Morges. Faisant partie de cette centaine de privilégiés choisis pour le plateau du « Livre sur les quais ». Désormais, je ne me rends que dans les salons pour lesquels je sais que le voyage vaut le week-end égaré. C’est question d’alchimie, de rencontres, d’envie. Il en est où l’on sait que la convivialité l’empor-tera sur la fréquentation, d’autres où l’on retournera les yeux fermés pour la personnalité de l’organisa-teur (Pierre Defendini, Évelyne Phi-lippe, René Vuillermoz pour ne pas les nommer), son talent à réunir, à brasser, à aimer. Il en est d’autres que l’on découvre, comme celui de Lussan dans le Gard, où il est ques-tion de simplicité, et de délité du lectorat. Et puis il existe le salon du livre idéal. Bien entendu, les questions maté-rielles y contribuent. Aucun auteur n’est insensible à ça. Voyager dans les meilleures conditions, être superbe-ment logé, parfaitement défrayé, et rémunéré pour ses interventions, cela n’arrive pas tout le temps. Tous les éléments liés ensemble jamais, sauf au « Livre sur les quais ». Mais ce n’est pas ce qui l’emporte. Le lieu, le territoire, la géographie privilé-giés ? Ce lac Léman d’une mélan-colique épure ? Cela ne jouera pas en défaveur de l’évènement, mais ce n’est pas susant. La qualité du pla-teau d’auteurs dont on a conscience de la chance d’en être ? Sans aucun doute, mais il y a autre chose... La uidité. La uidité n’est pas acquise. Ces heures où tout se déroule si facile-ment, sans le moindre stress, sans la moindre contrariété. Il s’agit bien entendu d’alchimie, celle oerte par la cinquantaine de bénévoles en-thousiastes, bienveillants, toujours présents lorsqu’il le faut, celle de pa-tronnes de l’organisation, tellement impeccables les unes et les autres que c’est un bonheur de citer Fan-Vincent Crouzet, alias Victor K., l’auteur de la série littéraire Service Action chez Robert Laont (dernier titre publié : « Sauvez Zelensky ! ») a vécu à Morges début septembre un salon du livre parfait...J’ai fait ce songe. Je me suis réveil-lé au bord d’un lac étal, immaculé. L’air était doux, le privilège d’une n d’été. Je n’étais pas si loin des agita-tions de métropoles, mais j’étais si éloigné du bruit et de la fureur épui-sée de 2022. Je suis sorti de mon LDANS LA FLUIDITÉ, PARADIS DES SALONS LITTÉRAIRES V CSur les quais, à Morges

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27ny Meyer, Adelaïde Fabre, Laurence Barbey (à Morges, les femmes ont pris le pouvoir, pour le meilleur !), celle promise par plus de trois cents évènements proposés par le festival, celle prodiguée par des mécènes discrets et passionnés, celle aussi épandue par la Suisse. Nous y voilà. La Suisse, cette ravis-sante exotique, pour nous, Fran-çais. Garantie de fonctionnement d’horloger, avec une pensée pour mon voisin de signatures, Sébastien Brügger, romancier et cadre chez Patek Philippe. La Suisse, cette voi-sine mystérieuse, étonnante, drôle (jamais on ne rit autant qu’en pré-sence de l’éditeur Jean-Luc Fornelli), transgressive (seconde référence à Fornelli) aussi. La Suisse, généreuse de cette si rare uidité, mais encore de convivialité. Nous nous sommes tant amusés ces 2-3-4 septembre 2022, grâce à la si joyeuse commu-nauté des écrivains suisses, menée entre autres par Joseph Incardona, ce si bon camarade, au bonheur du chasselas cascadant dans nos verres jamais vides. Et c’était si bon de retrouver Blaise Hofmann, le poète-vigneron-voyageur, et Olivier Chapuis, qui ont écrit sur le vin par-mi les plus belles pages d’Onzième nuit parfaite, j’ai tendu l’oreille. Dans une guinguette, un orchestre s’évertuait en vain à lancer une soi-rée éteinte. Je me suis assis sur le quai, protant de la voix sublime de la chanteuse. Un léger clapot dan-sait à mes pieds. Le lendemain, je serai invité à l’émission culte de la Radio Télévision Suisse, « les Beaux Parleurs », l’un des moments les plus agréables de la promotion de « Sauvez Zelensky ! ». Et le soir, dans le train bien entendu à l’heure me ramenant vers Genève-Cornavin, une équipe de jeunes gymnastes, si calmes et réjouies d’eorts et de discipline, m’orira un moment de pure sérénité. Je n’ai pas respecté les 22h30, pardon Valentine, j’ai écou-té cette lle donner à la nuit sa voix grave, éraillée de n de saison de concerts d’été. J’étais heureux d’être un homme sur cette terre, d’être un écrivain, en Suisse, ce trop court week-end, au « Livre sur les quais ». Sens, mais encore mon confrère à plus d’un titre, Mark Zellweger... Le songe éveillé d’un salon parfait. Le samedi soir, je suis rentré tôt à l’hôtel, écourtant les festivités. La veille, je m’étais laissé entraîner (évidemment) par Alain Mabanckou et Jean-Luc Fornelli dans une demi-nuit pas tout à fait calviniste. Aussi, je m’étais xé le marqueur de 22h30, pour reprendre un principe de sagesse de Valentine Goby, pour me remettre de libations déraisonnables. En ren-trant à l’hôtel dans une P DR Victor K. interviewé par la RTSVictor K. avec Blaise Hofmann Joseph Incardona

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28Les salaires trop faibles sont souvent avancés comme une cause principale de la diculté à recruter ou à conserver des enseignants. C’est en partie vrai et le gouvernement a annoncé vouloir procéder à une reva-lorisation signicative des ré-munérations. La détérioration des conditions de travail des enseignants est une des autres explications avancées. Tout ceci est exact mais cela sut-il à rendre compte correctement des vraies raisons de ce malaise ? En d’autres termes, ne faut-il pas rechercher ailleurs la cause de la perte relative d’attractivité du métier d’enseignant ?Depuis le temps « béni » des « hussards de la République », le rôle social de l’enseignant a for-tement évolué. La centralité de la gure de l’enseignant, princi-palement de l’instituteur, était liée à la double nécessité d’al-phabétiser rapidement les en-fants d’une population à majo-rité paysanne et de les souder à une République restaurée dont il s’agissait de garantir la pé-rennité. Transformer des ls et des lles de paysans en futurs ouvriers dociles et respectueux du patron, inculquer l’esprit de « revanche » après la défaite de 1870, nécessitaient d’or-ganiser une transmission des ENSEIGNANT...MA NON TROPPO P C - A  B  P,    P.En 2021, public et privé confondus, l’Education Natio-nale comptait 869 300 ensei-gnants dans le 1er et le 2nd de-gré qui exerçaient leur métier dans 59 650 écoles et collèges sur le territoire national qui accueillaient 12 809 200 élèves. La dépense intérieure totale consacrée à l’éducation se montait à 160,5 milliards d’eu-ros, soit 6,6% du PIB du pays, dont 57% provenait de l’Etat et 75% de ces concours nanciers de l’Etat étant consacrées aux salaires, charges et pensions des personnels de l’éducation nationale.En dépit de ces sommes consi-dérables aectées à l’éducation, beaucoup ont le sentiment que notre école est en crise et qu’elle ne remplit que trop im-parfaitement les missions pour lesquelles elle a été bâtie. Une des manifestations les plus perceptibles de cette crise étant la diculté à recruter des en-seignants qui s’est faite jour et dont les « speed dating » ont déféré la chronique récem-ment. Les Hussards

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29l’âge de 3 ans où il commence sa scolarité, jusqu’à sa retraite, l’enseignant n’aura jamais quit-té un établissement scolaire. C’est ce décalage avec le reste de la société qui est potentielle-ment source d’un malaise pro-fond qui s’accentuera au l des ans en raison de l’usure nor-male de l’exercice d’une même activité. Si certains conservent une vocation, on ne peut pas bâtir une institution sur la seule vocation des membres qui la compose. D’où la néces-sité de rechercher de nouveaux ressorts de motivation pour les enseignants. Une piste de ré-exion pourrait consister dans le fait de leur accorder des temps de respiration leur per-mettant, s’ils le souhaitent, de quitter temporairement l’école puis d’y revenir. Tous les sept ou dix ans, les enseignants se verraient accorder le droit à un congé sabbatique d’un an pour leur permettre de faire autre chose. Travailler dans une association, reprendre ou entamer une formation, partir travailler à l’étranger, etc. l’Etat leur garantirait le maintien de leur rémunération, ce qui, par exemple, dans le cas où il tra-vaillerait dans une association avec un salaire inférieur, il toucherait le diérentiel d’avec son salaire d’enseignant de la part de l’Etat. L’enseignant étant seulement obligé de pré-senter un projet de formation ou professionnel et d’en rendre compte à la n de celui-ci. En-n, l’Etat s’emploierait à favo-riser les réorientations profes-sionnelles en cours de carrière et, en contrepartie, assouplirait certaines conditions de re-crutement des enseignants. Je suis avocat, je n’ai pas le temps d’avoir un temps complet voire un mi-temps d’enseignant, mais je serai ravi de pouvoir enseigner le droit en lycée pro-fessionnel pour une classe de 1ère ou de terminale technolo-gique STMG. Et, je pense que beaucoup d’entre nous seraient enchantés à l’idée de trans-mettre des connaissances, sans en faire leur métier exclusif.connaissances dans une verti-calité qui plaçait au centre du processus l’instituteur érigé en « maître ». Et surtout, la Répu-blique ayant décidé de rendre publique, gratuite, laïque et obligatoire la scolarisation des enfants, il convenait de recru-ter des bataillons nombreux d’enseignants. Pressée par le temps la République recruta au niveau du certicat d’études des hommes et des femmes qu’elle formata dans des Ecoles Normales pour les déverser en masse dans les écoles. Ce fai-sant elle fît du métier d’ensei-gnant une promotion sociale. Et, quand l’institution pour laquelle vous travaillez vous a permis de vous élever sociale-ment, alors vous la défendez corps et âme.Aujourd’hui cela n’est plus et ne sera plus. Enseigner n’est plus une promotion sociale. Les enseignants du 1er degré sont recrutés à bac+5, soit le niveau d’une école d’ingénieur ou d’une école de commerce, pour exercer un métier pour lequel, auparavant, on n’exigeait même pas d’eux qu’ils aient eu le bac-calauréat. En outre, alors que les jeunes diplômés à bac+5 ont intégré la forte probabili-té de changer plusieurs fois de métier au cours de leur carrière professionnelle, l’enseignant est sûr d’exercer la même profes-sion plus de 40 années jusqu’à la retraite. Et qui plus est, de P DR Ministère de l’Éducation nationale

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cuillères si vous êtes attablés, des coupelles avec des piques pour une consommation plus informelle.En accompagnement, privilé-giez un vin tonique et aro-matique comme un Pouilly fumé ou un Côtes-de-Gascogne. Le Sauvignon et le Colombard s’ac-cordent parfaitement, des cépages aux notes d’agrumes qui se com-binent à merveille avec le caractère acidulé du ceviche. Cette recette ra-fraichissante conviendra aussi bien pour les fêtes de n d’année qu’aux premières chaleurs. Les gastronomes amateurs connaissent certainement le ceviche, ce plat de poissons ou de fruits de mer marinés dans du jus de citron vert, qui nous vient d’Amérique latine. Ses variantes sont évidemment innombrables. Parmi elles, une idée originale et surprenante : le ceviche de crevettes. Cette authentique et très po-pulaire recette équatorienne est servie avec du popcorn. Vous avez bien lu, du popcorn. Au-tant régler la question d’emblée. Le popcorn n’est pas qu’un moyen de boulotter machinalement devant un lm. Non seulement le maïs est pro-duit en Mésoamérique depuis des siècles, mais il apporte une réelle valeur ajoutée à la dégustation. Il est donc parfaitement à sa place dans la recette que je m’empresse de vous livrer.Faites mariner un kilogramme de crevettes cuites décorti-quées dans le jus d’une orange et de sept citrons verts. Ajoutez-y deux oignons nement émincés et un éclat d’ail haché. La cuisson à froid par l’acidité du citron atténue-ra la force de l’oignon cru. Si vous éprouvez quelque crainte d’ordre gastrique, remplacez-le par de l’oi-gnon rouge, bien moins fort mais un peu plus sucré. Pour donner du corps et de la fraîcheur à cette ma-CREVETTES ET POPCORN, QUI L’EÛT CRUSTACÉ ? C M30rinade, préparez une livre de purée de tomates dont vous ne conser-verez que la chair. Une demi-tasse d’une sauce ketchup maison, autant d’huile d’olive ainsi qu’une cuillère à soupe de moutarde viendront épaissir la marinade après une bonne émulsion. Quelques gouttes de sauce pimentée à discrétion, un bouquet de coriandre nement ci-selée et c’est tout. Filmez votre pré-paration avant de la placer au frais entre six et douze heures. Vous n’au-rez qu’à la servir avec le pop-corn nature que vous n’oublierez surtout pas de préparer au dernier moment. Le ceviche se présentant sous la forme d’une nage de crevettes, pré-voyez des assiettes creuses et des C  

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« L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION »

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