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L'Écritoire - Numéro 0

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Vivre quand ça coûte cher L’ÉCRITOIRE Écouter, informer, solidariser. NUMÉRO 0 ― PRINTEMPS-ÉTÉ 2024 ― GRATUIT JOURNAL SOCIAL ― ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

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2 L’Écritoire - Numéro 0 ÉDITORIAL Mot de la rédaction Pourquoi ce nouveau journal? Il y a longtemps qu’on rêvait d’un journal citoyen pour y présenter des sujets moins traités dans l’actualité. Un média où des gens qu’on n’entend pas souvent pourraient s’exprimer. Où la population trouverait autant matière à s’informer qu’à s’indigner. Où on pourrait analyser, partager, mieux comprendre, être touché. C’est pour ces raisons qu’est né l’Écritoire, que vous tenez entre vos mains. Notre slogan : Écouter, informer, solidariser En même temps que de publier un journal, nous souhaitons mettre en place un canal de communication. Écouter ce que les gens ont à dire, ce qui les préoccupe, les passionne et les inquiète. Ce que leur vécu peut apporter à d’autres. En plus d’écouter, nous souhaitons informer. Transmettre des témoignages, interviewer différentes personnes qui vivent ou connaissent les enjeux choisis, raconter des histoires, faire réfléchir. Plus on connaît, mieux on comprend. Et plus on comprend, plus on a envie d’améliorer les choses. Ce qui nous mène au troisième objectif, soit celui de solidariser. Certains enjeux de société nous concernent directement alors que d’autres semblent lointains. On peut ressentir de la sympathie, avoir des préjugés, avoir pitié ou se sentir impuissant·es. Se sensibiliser à un enjeu demande parfois un peu de temps et d’ouverture d’esprit. En échange, on comprend un peu mieux son propre monde et on se solidarise avec ce que vivent nos camarades humain·es. On se sent plus uni·es et on peut même se mettre en action de différentes façons. Pourquoi le thème du coût de la vie et de la pauvreté? La grande majorité d’entre nous le constatent dans leur budget; le prix des biens de consommation a énormément augmenté! La nourriture et le logement deviennent difficiles ou même impossibles à payer pour certain·es. C’est inquiétant pour de nombreuses personnes. Même les gens faisant partie de la classe moyenne doivent se serrer la ceinture. Est-ce que c’est normal d’avoir du mal à se nourrir, à se loger, à se déplacer? Quelles en sont les causes? Qu’est-ce qu’on peut faire? Pourquoi ça me concerne? Certaines situations semblent nous concerner plus ou moins que d’autres. Quand on a un revenu confortable, est-ce que le coût de la vie et la précarité des autres nous concernent? Qu’on soit propriétaires ou locataires, qu’on prenne l’autobus ou qu’on se déplace en voiture, qu’on mange au resto ou qu’on fréquente la banque alimentaire, ça se répercute sur notre portefeuille. Quand la meilleure façon de faire des économies implique d’aller dans des grandes chaînes, ça affecte notre économie locale et les petits commerces. Un écart de richesse peut avoir de réelles conséquences. Entre 2006 et 2008, l’espérance de vie à Montréal présentait une différence de 11 ans entre le quartier le plus riche et le quartier le plus pauvre1 . C’était avant la hausse actuelle, qui a possiblement accentué ce phénomène. Parfois, prendre le temps de se mettre dans la peau de gens vivant des réalités très différentes peut être suffisant pour avoir envie que leur sort s’améliore. Une société qui fait preuve d’empathie rend tout le monde plus heureux. Et si un jour notre tour arrive d’être en mauvaise posture, c’est rassurant de se dire que le filet social ne nous laissera pas tomber! « Alors que le revenu médian des Québécois est au même niveau qu’il y a 30 ans, celui du 1 % le plus riche a presque doublé pendant la même période. Les personnes les plus riches accaparent près de 70 % de la richesse au Québec, soit plus du double du pourcentage jugé acceptable! » (Nicolas Zorn, Institut du Nouveau Monde) Le comité Rédactrice et coordonnatrice : Isabelle Fortin-Rondeau Comité de coordination : Valérie Deschênes, Edith Fluet, Julie Fortier, Rose-Élaine Julien-Gilbert et Christian Millot Révision et correction : Valérie Deschênes, Rose-Élaine Julien-Gilbert, Isabelle Fortin-Rondeau Collaborateurs·trices : Guillaume Marcotte, Laurie Paquin, Audrée Giroux, Juliette Lemieux, David Valadez, Clément de Gaulejac, Ariane Migneault Vous souhaitez collaborer au journal? Rédiger un article, témoigner de votre réalité, suggérer des sujets? Vous pouvez nous joindre au : journal.lecritoire@gmail.com 1 https://www.pauvrete.qc.ca/document/les-inegalites-sociales-de-sante-a-montreal-le-chemin-parcouru/ Crédit : Audrée Giroux Page couverture : Dormir dans son pick-up, une photo d’Audrée Giroux

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3 L’Écritoire - Numéro 0 Audrée Giroux Juliee Lemieux Laurie Paquin Survivre dans une « région-ressource » Laurie Paquin, étudiante à la maîtrise et chargée de cours en Travail social à l’UQAT, Carol Castro et Hugo Asselin de l’UQAT Plongeant au cœur de la création artistique, Audrée Giroux se distingue comme une force polyvalente, naviguant avec aisance à travers les univers de la photographie, du tatouage, de la peinture et de la sculpture. Animée par son implication envers sa communauté, elle propose une exploration artistique riche, engagée et variée. Juliette Lemieux est une artiste de la relève abitibienne, diplômée en 2023 du programme d’arts visuels du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Influencée par ses autrices féministes préférées, elle s’engage à créer des projets qui pourront transmettre les messages qui sont importants à ses yeux et sensibiliser les gens aux problèmes de notre société capitaliste contemporaine. Laurie Paquin est chargée de cours en travail social à l’UQAT. Elle a travaillé au sein de groupes de femmes et en éducation populaire autonome. Son sujet de recherche à la maîtrise portait sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Abitibi-Témiscamingue. Elle a parcouru le territoire pour comprendre les inégalités sociales cachées derrière les profits des industries minières et forestières de la région. Même si on irait brailler dans les rues, le gouvernement s’en crisse. Ils sont pas intéressés à nous autres. Ils sont intéressés à l’argent, pas plus (...) Ils mettent des milliards en haut pendant qu’il y en a qui crèvent de faim en bas. Ç’a pas d’allure. – Homme du Témiscamingue En Abitibi-Témiscamingue, les profits des industries minières et forestières cachent des inégalités sociales, mais les personnes qui vivent la pauvreté sont absentes des médias, même lorsque le gouvernement prend des décisions qui les affectent. C’est pour que leurs voix soient entendues que nous avons parcouru la région pour tenir des rencontres avec des personnes vivant la pauvreté et l’exclusion sociale. Nous voulions comprendre la pauvreté, ses causes et ses conséquences selon les personnes qui la vivent tous les jours. Si on dit que l’Abitibi-Témiscamingue est une « région-ressource », on peut aussi dire que la pauvreté s’y manifeste par un manque d’accès aux ressources. Alors qu’il manque de logements dans la région, des personnes qui vivent la pauvreté ont dit être en compétition contre les minières qui payent le gros prix pour réserver des logements à leurs employé·es. D’autres nous ont dit ne pas avoir assez d’argent pour chauffer leur logis malgré le climat nordique de l’Abitibi-Témiscamingue, ou devoir choisir entre se nourrir ou se loger. Dans une région qu’on dit riche, des personnes dorment dans leur pick-up, un camp abandonné, sous des escaliers ou doivent surfer de sofa en sofa. Des femmes nous ont confié préférer endurer la violence de leur conjoint pour pouvoir nourrir, loger et habiller leurs enfants et elles-mêmes. Quand les banques alimentaires ne suffisent plus, certaines personnes font les poubelles ou se privent de manger. Plusieurs personnes qui survivent à la pauvreté n’ont pas accès aux mêmes services et soins de santé que le reste de la population parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer. Certaines personnes ont été expulsées de commerces et même battues parce qu’elles « avaient l’air pauvres ». Les personnes qui survivent à la pauvreté fréquentent beaucoup les organismes communautaires parce qu’elles y rencontrent d’autres personnes qui partagent le même vécu. La force du groupe les aide à se sentir plus fortes. Même si le « mode survie » crée une dépendance envers les ressources communautaires, ces personnes ressentent le besoin de s’unir pour s’entraider et dénoncer les injustices. Si leur voix pouvait faire trembler le territoire, les gouvernements ne pourraient plus faire semblant de ne pas les entendre. LES ARTISTES EN RÉSIDENCE NOTRE ÉDITORIALISTE Clément de Gaulejac (eau-tiede.org ) En juin 2023, les députés de l’Assemblée nationale se sont voté une augmentation de salaire de 30 000 $. Le salaire annuel de base des élus est donc passé de 101 561 $ à 131 766 $. Le premier ministre François Legault, pour justifier cette augmentation, a déclaré que « les politiciens ont le droit d’aller gagner le plus d’argent possible pour donner le plus possible à leurs enfants ». COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ

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4 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ Être pauvre ça coûte cher! Édith Fluet Avis… Urgent… Dernier avis… Bonjour! Afin d’avoir de nouveau accès à votre véhicule, vous devez désormais payer la totalité de votre dette en contraventions de stationnement. Plus l’amende que vous avez reçue le mois dernier pour ne pas avoir renouvelé votre permis. Plus des frais de traitement de votre dossier. Plus des frais de retard. Plus des frais administratifs. Plus des frais de tribunal. Les frais d’utilisation mensuels provoquent en duel les pénalités de manque de fonds; le p’tit moins dans mon compte épargne, fidèle au poste, précède le chiffre qui indique le prix à payer pour ne pas être capable de payer. Parce qu’être pauvre, ça coûte cher. Message dans le sac d’école du petit; il doit avoir de nouveaux souliers pour l’éducation physique pis une boîte de Kleenex si vous plaît. Et n’oubliez pas la dictée payante! Ben oui, j’ai d’la misère à mettre 25 cennes dans le parco, imagine ta dictée. Je serai le parent cheap, encore. Chéri, si tu perds encore tes mitaines, j’vais devoir voler la prochaine paire! On m’invite à dîner entre collègues. Je serai à côté du micro-ondes avec mon macaroni au jus de tomates. « Je suis allée faire faire mes ongles avant qu’on parte dans le sud la semaine prochaine. Je parlais de mes REER avec ma mère hier… » C’est drôle parce que ça paraît pas, de l’extérieur. Les gens pensent vraiment que je suis une personne normale avec une vie normale. Combien d’entre eux cesseraient de me parler, s’ils savaient? J’envie les personnes qui semblent faire un travail de dentelière avec leur budget : tout bien à sa place, prévu. J’ai abandonné depuis longtemps. Parce que l’exercice est juste impossible. Quand je prévois, tout s’effondre tout le temps avec des imprévus qui n’en finissent plus de me jeter à terre : bris automobile, urgence chez le dentiste, frais d’assurance qui augmentent mystérieusement. Ça fait déjà un bout que je vais pu au courrier. Toujours des mauvaises nouvelles, toujours des affaires que j’suis pas capable de régler. Ça sert à rien. Je retiens mon souffle. Et je me tape le jugement des parents qui ont inscrit leurs enfants au piano, à la gym et au ski. Je me tape le jugement de toutes celles qui ont les moyens d’aller chez la coiffeuse. Ils pensent que je fais exprès. Que je gère mal. J’ai juste rien à gérer. Moi je trouve qu’on devrait me récompenser d’être un miracle. Un miracle de survie. Un imprévu dans la journée, un téléphone de l’école, le petit a été malade et il faut venir le chercher en vitesse. Pas le choix, je dois quitter le travail. Par chance, je pense à prendre un sac de plastique pour le petit, au cas où il serait malade en auto. Rouge et bleu, sirènes, ça flash le souvenir de pas avoir payé mon renouvellement de permis. Un trou gros comme mon loyer dans mon budget. Rouge et bleu, sirènes, comme les mitaines volées qui me valent des travaux compensatoires pour payer ma peine à la société. Ah oui, et j’ai encore oublié de payer mes tickets de stationnement.

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5 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ La pauvreté des femmes en Abitibi-Témiscamingue Ariane Migneault, Regroupement de Femmes de l’Abitibi-Témiscamingue Lorsqu’on parle de pauvreté, on aborde davantage l’angle des ressources financières et matérielles. Pourtant, la pauvreté ne se résume pas qu’au calcul entre le revenu et les dépenses. Quand il est question de pauvreté chez les femmes, il est aussi question de violence, du maintien des femmes dans la pauvreté et, ultimement, d’égalité. Et ces dimensions ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous ne sommes pas sans savoir que l’écart salarial entre les femmes et les hommes est des plus élevés dans notre région. Comme l’indique une récente recension de données par l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue : « Les femmes de la région touchent ainsi 61 % du revenu d’emploi des hommes, comparativement à 78 % pour les Québécoises. » Bien entendu, les inégalités salariales sont préoccupantes en ce qui concerne les conditions de vie des femmes et de la santé globale de notre société. Ce qui nous ennuie le plus ardemment, c’est que les salaires ne sont pas seulement PLUS bas, ils sont TROP bas. Il est difficile pour un trop grand nombre de femmes de se loger, se vêtir, se déplacer et s’alimenter convenablement. Ce sont des besoins de base. On parle ici de toutes les femmes. Femmes de tous âges, d’ailleurs plus fortement diplômées que leurs homologues masculins et qui se retrouvent tout de même dans une situation de grande précarité financière. Naturellement, c’est sans compter les autres systèmes d’oppressions qui ne font qu’amplifier les difficultés vécues par les femmes racisées, immigrantes, en situation de handicap, queers et autres. En raison des rôles traditionnellement genrés et défavorables aux femmes, on constate que ces dernières sont les plus nombreuses à occuper des emplois à temps partiel. Cela s’explique par le fait qu’elles ont souvent la responsabilité des enfants et parfois un rôle de proche aidance. Aussi, les emplois qu’occupent principalement les femmes sont moins bien rémunérés de façon générale. Ces secteurs comprennent l’éducation, la santé et les services sociaux. La pauvreté est une question d’égalité parce qu’elle a une incidence immense sur la santé mentale et physique, l’inclusion sociale, la parité politique, l’éducation et la criminalité. On peut également observer un lien entre la pauvreté des femmes et les violences qu’elles subissent ainsi qu’à leur capacité à s’en sortir. Comme les femmes ont un statut social déprécié et sont moins présentes dans les secteurs politiques, les inégalités demeurent et persistent. Le premier pas que nous pouvons faire ici et maintenant, c’est celui que souhaite faire ce texte pour l’atteinte du meilleur des mondes pour tous·tes, et c’est d’abord de prendre conscience de cette réalité. 1 https://observat.qc.ca/documents/publication/oat_2023_portrait_femmes_juin2023_vf.pdf

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6 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ Pauvreté et handicap, c’est l’affaire de tous·tes! Valérie Deschênes, Regroupement des associations de personnes handicapées de l’Abitibi-Témiscamingue Billeerie solidaire Julie Fortier, Coalition d’aide à la diversité sexuelle Au Québec, dans les dernières années, la hausse du coût de la vie s’est bien fait sentir. Depuis plus longtemps encore, une bataille silencieuse est menée par les personnes handicapées contre un ennemi de taille : la pauvreté. Les chiffres révèlent une réalité poignante qui appelle à l’action et à la sensibilisation. Selon les dernières statistiques, près de 16 % de la population québécoise vit avec un handicap. Parmi elles, c’est 33 % qui ont un revenu de moins de 15 000 $ et seulement 19 % gagnent plus de 50 000 $1. Les personnes en situation de handicap sont deux fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et vivent généralement 30 % sous le seuil de faible revenu. Parmi ces personnes, les femmes et les personnes handicapées vivant seules sont les plus touchées2 . Les coûts additionnels liés au handicap sont un facteur important qui contribue à cette situation préoccupante. En effet, les personnes en situation de handicap ont des besoins spécifiques en matière d’aménagement de leur espace, de soins médicaux et de technologies adaptées. Ces adaptations sont des dépenses importantes et qui laissent peu de marge de manœuvre financière pour les besoins quotidiens essentiels. Tu connais la billetterie solidaire? J’ai justement rencontré Inès la semaine dernière. Elle travaille là-bas, voici un résumé de ce qu’elle m’a dit : « Depuis l’an dernier, le Petit Théâtre offre la possibilité de se procurer des billets de spectacles à prix réduits ou même gratuits. La volonté du Petit Théâtre du Vieux Noranda est de rendre la culture plus accessible et surtout adaptée à la réalité financière de chacun. Il y a donc quatre tarifs différents : le billet Gratuit, en quantité limitée, le billet Découverte, à 15 $, le billet Régulier, variant selon l’événement et le billet de Soutien, à 50 $. » Inès m’a aussi dit que le Petit Théâtre est très impliqué dans la Seulement 54,7 % des personnes avec incapacité occupent un emploi contre 75,3 % pour le reste de la population3. Ce déséquilibre résulte souvent de discriminations persistantes et de l’absence d’aménagements favorables en milieu professionnel. La création d’un environnement inclusif et la sensibilisation des employeurs sont essentielles pour inverser cette tendance. Malgré les initiatives gouvernementales, cette réalité demeure. Des actions immédiates sont nécessaires pour surmonter les obstacles qui entravent l’accès à des opportunités éducatives, professionnelles et sociales pour les personnes vivant avec des limitations. Les programmes de soutien financier doivent être renforcés et mieux adaptés aux besoins spécifiques des personnes handicapées. La lutte contre la pauvreté des personnes handicapées au Québec ne peut plus être ignorée. Il faut intensifier nos efforts pour construire une société plus équitable, où chacun·e peut prospérer selon ses capacités. Des mesures éducatives, des politiques d’emploi inclusives et un soutien financier accru sont des étapes cruciales pour créer cette société. La compréhension, la solidarité et l’action sont les clés pour construire un environnement inclusif pour tous·tes. On ne parle pas ici seulement de compassion, mais de justice sociale et de respect fondamental pour la dignité humaine. communauté et qu’il travaille en étroite collaboration avec plusieurs organismes communautaires. Avec la billetterie solidaire, le Petit Théâtre veut repositionner la culture comme étant un droit humain et la rendre accessible à toutes les personnes, rassembler une communauté ouverte et accueillante et faire découvrir leur offre culturelle à la communauté, peu importe le revenu de chacun·e. petiheatre.org 1 ophq.gouv.qc.ca/publications/statistiques/personnes-handicapees-au-quebec-en-chiffres/ statistiques-sur-leducation.html#c340402 Rapport de la pauvreté des personnes en situation de handicap, Le handicap sans pauvreté, 20233 Enquête canadienne sur l’incapacité 2017-2022, Statistique Canada, 1er décembre 2023

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7 L’Écritoire - Numéro 0 Vivre quand ça coûte cher; comment vous faites? Nous avons questionné des gens de la région lors de différentes activités, voici les propos entendus : « Je cours les circulaires, les bonnes aubaines. Quand je fais mon épicerie, je prends un petit panier et je me donne juste 5 minutes pour faire mon épicerie. De même, ça me coute moins cher. » - Pierre 54 ans « On s’serre la bedaine » -Yvette 62 ans « On met de l’eau dans soupe » Marco 39 ans « On va où que c’est le moins cher pis on check les prix » -Martine 51 ans « On coupe parce que dans les choix qui se proposent, c’est pu : comment de pinte de lait je vais prendre? Mais c’est : je prends du lait ou du pain? » -Isabelle 37 ans « Au lieu d’un verre de lait, c’est un verre d’eau. » -Paul 71 ans « Je gère mieux mon argent, je fais du vélo ». -Éric 36 ans « IGA on l’oublie, yé pas dans game. » -Nicole 61 ans « Tu sais, quand t’a pas trop d’argent et l’argent que tu reçois sert à payer ton logement, à payer l’électricité. Des fois t’en as même pas pour faire ton épicerie, des fois tu vas sauter des repas pour avoir assez de manger. » -Lucie 46 ans « Comment qu’on fait? Toute est cher, faut qu’on regarde avant de le mettre dans le panier. » -Daniel 72 ans « On regarde les spéciaux, on fait des réserves. » -Luc 66 ans « J’achète pas de légumes frais, juste des cannages, ils m’donnent rien sur mon chèque. » -Paul-Émile 68 ans COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ

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8 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ Des mesures structurantes pour aider réellement Isabelle Fortin-Rondeau Le 31 mars 2023, le Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale se terminait. Ce plan dresse les grandes orientations que le gouvernement souhaite mettre de l’avant pour lutter contre la pauvreté. De ce que l’on sait, le nouveau plan d’action devrait être déposé au printemps 2024. Pour beaucoup d’intervenant·es qui ont participé aux consultations publiques menant à ce nouveau plan, un constat est évident : pour faire reculer réellement la pauvreté, il faut des mesures structurantes. Mesures structurantes : ensemble de mesures mises de l’avant pour régler les problèmes à leur racine et sur le long terme. Par opposition aux mesures à court terme, comme un chèque ponctuel. Est-ce qu’il est inévitable que notre société soit composée de gens pauvres? Nous pensons que ce n’est pas une fatalité et qu’un gouvernement qui prend soin des gens peut mettre en place plusieurs politiques pour éviter un trop grand écart entre les plus riches et les plus pauvres. Se nourrir, se loger et se transporter sont des besoins de base pour tout le monde. Pourtant, il est de plus en plus difficile de les combler pour plusieurs d’entre nous. Les prix des aliments ont augmenté en moyenne de 9,23 % en 2022 et de 8,28 % en 2023. Ces augmentations sont loin des moyennes habituelles qui se situent autour de 2 %. Cette différence peut faire un énorme trou dans un budget. On le constate d’ailleurs par le nombre record de demandes d’aide alimentaire au cours des dernières années. La prévention a été souvent négligée dans plusieurs domaines, où pourtant les employé·es de l’État et du communautaire agitaient des drapeaux depuis des années. Si le gouvernement avait financé plus de logements sociaux ou augmenté significativement les prestations d’aide sociale, moins de gens vivraient des difficultés aujourd’hui. Qu’est-ce que le filet social? Les organismes communautaires autonomes et les services publics font partie de ce filet social qui nous est propre, ici au Québec. Comme société, nous avons fait le choix d’une grande entraide entre nous. Nous avons également nationalisé l’hydroélectricité, maintenu des frais de scolarité relativement bas et, en principe, l’accès aux soins de santé est gratuit. Depuis plusieurs années, on constate que les gouvernements successifs grugent peu à peu ce filet, faisant plus de place pour le privé et l’individualisme. Or, il y a des gens qui, si on les laisse à leur sort, ne pourront pas s’en sortir. Notre filet social est la dernière chose qui les empêche de tomber dans le vide. Pour s’attaquer véritablement à la pauvreté, le Collectif pour un Québec sans pauvreté met de l’avant cinq cibles prioritaires1 : 1. Le rehaussement des mesures pour assurer à toutes les personnes un revenu au moins égal à la Mesure du panier de consommation (MPC)2 2. La réduction des inégalités socioéconomiques entre les plus pauvres et les plus riches. 3. L’amélioration continue de l’accès à des services publics universels et de qualité. 4. La fixation du salaire minimum à un taux horaire qui permet à une personne seule de sortir de la pauvreté en travaillant 35 heures par semaine. 5. La mise en place d’une campagne sociétale visant à changer les mentalités et contrer les mythes sur la pauvreté et les préjugés envers les personnes qui la vivent. La coalition Main rouge propose, quant à elle, dix milliards de solutions aux inégalités sociales3. On y propose d’améliorer la progressivité de l’impôt (plus de paliers d’imposition pour les plus fortunés), de ne pas appliquer la TVQ sur les biens et services essentiels comme l’hydroélectricité et l’augmenter sur les produits de luxe, d’augmenter le taux d’imposition des entreprises, de lutter contre l’évasion fiscale, etc. Le slogan de la Coalition : Nous avons les moyens de faire autrement. Quand on sait à quel point les plus riches se sont enrichis dans les dernières années, entre autres grâce à des fiscalités qui les avantagent, difficile de ne pas être d’accord! 1 https://www.pauvrete.qc.ca/document/memoire-budget-2024/ 2 La Mesure du panier de consommation (MPC) est fondée sur le coût d’un panier de biens et de services précis correspondant à un niveau de vie de base modeste pour une famille de référence. Au Québec en 2023, le MPC pour une personne seule est de 24 000$. 3 https://www.nonauxhausses.org/wp-content/ uploads/10milliardsdesolutions2021.pdf Les cinq personnes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune depuis 2020, tandis que les 60 % les plus pauvres ont perdu de l’argent. Source : Rapport d’Oxfam, janvier 2024

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9 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ Hébergement en itinérance Christian Milot, Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue Il y a une grande partie de l’itinérance qui est considérée comme « cachée », ce qui rend difficile le décompte du nombre de personnes dans cette situation en Abitibi-Témiscamingue. Mais on a tout de même observé, ces dernières années, une forte hausse de la demande ainsi que la mise en place de nouveaux services pour répondre aux besoins. Voici des commentaires recueillis auprès de personnes intervenant dans les milieux d’hébergement en itinérance. Ça veut dire quoi, être hébergé ? Être hébergé c’est avoir eu le courage de demander de l’aide à un organisme qui accueille et laisse un moment pour se déposer, dormir, manger, être en sécurité et reprendre des forces. C’est quelque chose qui peut arriver une ou plusieurs fois au courant de la vie. C’est ne pas avoir de chez-soi. C’est être dans une situation de rupture sociale, temporaire ou cyclique, et avoir recours à une aide (entourage, organisme, etc.) pour se remettre sur pied. Pour les résidents, être hébergé, ça veut dire vivre dans un sac à dos et ne pas avoir d’intimité. Qui sont les personnes qui fréquentent les Centres d’hébergement, les refuges? Il n’y a pas de portrait clair des personnes hébergées, car ça peut être n’importe qui. Ce qui les relie toutes, c’est que ce sont des êtres humains qui vivent une souffrance, une rupture avec la société ou leur situation initiale. Il y a plusieurs types de personnes, il y en a qui ont des accidents de parcours (séparation, accident, maladie). Certain·es sont des jeunes qui ont fini leur parcours avec la DPJ. Il y a des étudiant·es, des personnes immigrantes (pas beaucoup) et d’autres qui ont des problèmes de santé mentale. L’itinérance peut toucher tout le monde, peu importe le milieu social dont tu viens. C’est rarement un choix, peu choisissent de vivre en marge de la société, de vivre dans la misère et sous les regards de jugement des gens. Il se passe quoi dans un refuge ou dans un centre d’hébergement? Un centre d’hébergement, c’est un milieu de vie partagé avec une certaine structure et un accompagnement pour permettre aux individus de se remettre sur pied. C’est un milieu sans jugement qui respecte les gens dans leurs choix et décisions et les soutient pendant leur rétablissement. Ce sont des chambres pour des personnes qui participent volontairement à leur propre démarche de réinsertion et c’est de l’accompagnement proposé par les intervenant·es sociaux. Un refuge : ce sont des lits disponibles pour des personnes de plus de 18 ans ayant besoin d’une solution urgente et temporaire d’hébergement. Les ressources en itinérance de la région : Groupe Image (itinérance et dortoir) pour le Témiscamingue : 1 888 707-2666 La Piaule de Val-d’or : 819 825-9222 La maison du Soleil levant de Rouyn-Noranda : 819 764-4765 L’Accueil d’Amos 819-727-1984 La Maison du compagnon de La Sarre : 819 333-3424 Dortoir du nouveau refuge d’urgence ouvert à Rouyn-Noranda au début de 2024 par la Maison du Soleil levant. En journée, le local devient le centre de jour À cabane. Photo par Audrée Giroux. Le regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue • Promouvoir l’éducation populaire autonome • Soutenir et initier des luttes sociales et environnementales dans une perspective de défense collective des droits • Favoriser la mise en commun des ressources des groupes et le soutien mutuel 819 762-3114 (Bureau) info@lerepat.org lerepat.org

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10 L’Écritoire - Numéro 0 Entrevues comparées : 3 réalités Nous avons discuté avec une personne vivant de l’aide sociale, une personne travaillant au salaire minimum et une personne ayant un salaire aisé. Est-ce que c’est indiscret de te demander ton revenu? Aide sociale : Moins de 20 000 $. Salaire minimum : Entre 20 000 $ et 40 000 $. Salaire aisé : 110 000 $. Tu dirais que ton revenu est bas, moyen, élevé? Aide sociale : Bas. Salaire minimum : Bas. Salaire aisé : Élevé. Est-ce qu’il t’arrive de vivre des situations stressantes ? Si oui, qu’est-ce qui te stresse? Aide sociale : C’est sûr que je joue pas mal dans mon budget. Comme pour mon auto. Elle a quand même 11-12 ans pis je ne suis pas capable de m’en acheter une neuve. J’ai eu des pneus neufs à acheter, j’ai eu des amortisseurs, y a fallu que j’utilise la carte de crédit et ça m’a pris bien du temps à la payer. C’est pas ben ben le fun. Tu te dis : « je vais tu y arriver, y-va-tu m’en rester assez pour mon loyer? ». Salaire minimum : Oui. Le prix des logements, l’augmentation de l’épicerie, ça fait peur! Salaire aisé : Comme tout le monde, je vis des situations stressantes, mais, financièrement, c’est plutôt rare. Ça arrive pas mal seulement lorsque j’ai un problème qui demande une grosse somme d’argent à dépenser par exemple un bris de voiture qui m’oblige à changer d’automobile. Quel impact la hausse du coût de la vie a-t-elle sur toi? Aide sociale : Ah oui, y faut vraiment regarder des spéciaux pis toute. Moi, je peux te dire que je vais regarder tout le temps les spéciaux, ce qui est moins cher, parce que moi la bouffe je peux pas faire des compromis là-dessus. C’est le principal. Je peux pas aller chez la coiffeuse, je peux pas aller chez l’esthéticienne, je peux pas m’habiller, mais le manger, là… Moi on était pauvre quand on était jeune, mais on a toujours eu de quoi à manger s’a table. Salaire minimum : De l’anxiété face à l’avenir. Et, bien sûr, je me prive de ce que je considère des plaisirs qui seraient normaux quand on travaille. Salaire aisé : Je fais moins de sorties à l’extérieur de la région depuis la hausse du prix des hôtels, restaurants, etc. Pour le reste, tout est pas mal resté identique, mis à part le fait que je me plains que l’épicerie coûte cher. Comment vois-tu ta retraite? Aide sociale : Non, je m’enrichirai pas certains, je vais m’appauvrir encore plus à la retraite. Parce que là, je peux le dire, je suis sur l’aide sociale. On a quand même les dents qui sont payées. Les lunettes, une petite partie aussi. Mais juste les dents, ça vaut la peine. Pis quand on arrive à la retraite on aura pu ça. Pis les médicaments aussi sont payés, t’sais. Salaire minimum : Je la retarde, car financièrement j’ai toujours travaillé à petit salaire. Alors ma retraite ne sera pas celle d’un mineur. Salaire aisé : Ma retraite est couverte avec le fonds de pension que j’ai avec mon emploi. Je n’ai donc pas vraiment à me soucier de rien au point de vue de la retraite. Je devrais donc pouvoir garder le même train de vie à la retraite. As-tu des dees? Aide sociale : Non. Salaire minimum : Non. Salaire aisé : J’ai seulement une hypothèque à payer. Quand tu veux te gâter qu’est-ce que tu fais? Aide sociale : Moi là, ce que j’aime c’est d’aller à la pêche. C’est sûr qu’il faut que je mette du gaz dans le char pour ça, fait que c’est ça mon plaisir. Je vais pas manger au restaurant, ça pu d’allure! COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ

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L’Écritoire - Numéro 0 11 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ C’est rendu une fortune. Une petite poutine pis un café ça coûte 10 $-15 $. Non, je vais pas au restaurant, je vais pas chez la coiffeuse, je vais pas chez l’esthéticienne. Mais je mets un peu de gaz dans le char pis je vais à pêche. C’est ça mon plaisir. Salaire minimum : Je vais voir mes trois enfants qui sont à Montréal. Salaire aisé : Dans les dernières années, je me suis gâté en faisant des sorties autour de chez moi (resto, cinéma, etc.), des voyages à travers le monde et en achetant du matériel comme un ordinateur, une moto et des consoles de jeux vidéo. Voudrais-tu gagner plus? Aide sociale : Ben oui c’est sûr! Me faire des petites gâteries, faire un voyage, aller visiter d’autres places. Mais ça coûte cher. Faut payer des motels pis le gaz pour y aller pis toute. Ça, c’est sûr que j’aimerais. Je gagnerais plus, je ferais ça, visiter. Salaire minimum : Comme nous tous, pour pouvoir faire face à l’inflation. Salaire aisé : Oui. Tes vacances, ça ressemble à quoi? Aide sociale : Mes vacances? (Rires) Mes vacances j’en ai pas, là. On est allés camper une fois moi pis mon chum. Camper, ça coûte pas trop cher. Pis mes vacances, ben c’est d’aller à pêche, une petite journée icitte et là, un petit après-midi. Salaire minimum : Je vais voir mon coin de pays, le Bas-St-Laurent, mais je n’ai pas de dépenses à part me nourrir. Je demeure chez un cousin ou une amie. Salaire aisé : Je prends environ de 7 à 8 semaines de vacances par année. Quels sont tes loisirs? Aide sociale : Moi, je marche, l’été je fais du vélo. Oui, je fais du vélo, je marche. À part de ça, je suis bien tranquille. On sort pas, on va pas au cinéma. Salaire minimum : Rencontrer des ami·es et aller au cinéma. Salaire aisé : Voyager, faire de la moto, faire du sport, les jeux vidéo, assister à des spectacles de toute sorte. Quel est ton cheminement de vie? Aide sociale : Nous autres, on était dix à la maison, je suis la dernière. Mes parents m’ont eu assez tard, y avaient 40 ans. Fait que là, j’ai travaillé, pis après mon père a commencé à faire de l’Alzheimer. J’ai été obligée de réduire, travailler à temps partiel pour pouvoir m’en occuper avec ma mère. On l’a gardé dix ans à la maison, fait que c’était assez difficile. Après y est décédé, pis là c’est ma mère qui a commencé à être malade à son tour. Fait que j’ai toujours continué à travailler à temps partiel, je gagnais à peu près 800 $ par mois. J’ai toujours travaillé à temps partiel pour m’occuper de mes parents. Pis, naturellement, y est arrivé ce qui devait arriver, je me suis épuisée, fait que j’ai perdu mon emploi. Pis là je me suis retrouvée sur l’aide sociale. Les gens pensent que c’est un choix que tu fais d’être sur l’aide sociale. Tu fais pas un choix de t’appauvrir pis de te faire juger. Salaire minimum : Un an de CÉGEP. Me battre depuis mon adolescence pour la justice sociale dans mon milieu de travail. Je demeure en Abitibi depuis 40 ans, alors je ne suis pas proche de ma famille à cause de la distance et parce que nos buts et nos rêves sont trop à l’opposé. Séparée depuis plus de 20 ans. Mes enfants sont ma plus grande réussite. Salaire aisé : Je viens d’une famille soudée avec laquelle je suis encore très proche. Mes parents sont encore mariés et ils ont chacun travaillé toute leur vie. Ma mère était professeure, alors elle nous a inculqué rapidement l’importance de faire des études. Mon père, lui, m’a donné le goût de travailler pour la même compagnie que lui étant donné que les conditions de travail y sont excellentes. J’ai donc recherché le métier qui me donnerait la chance de postuler pour la compagnie et qui me passionnait le plus. Magiquement, en secondaire 4, dans mon cours d’initiation à la technologie, j’ai eu un coup de foudre pour l’automatisation. Mon tracé était alors déjà clair pour moi. Je venais de trouver le métier qui allait me permettre de travailler pour la même compagnie que mon père. Je me suis inscrit à la technique en électronique industrielle pour y suivre mon cours. Une fois mes études terminées, j’ai enfin été engagé comme technicien en automatismes et, jusqu’à ce jour, je suis encore très satisfait de mon choix de carrière. Suggestions culturelles Le film Richelieu de Pier-Philippe Chevigny disponible sur Crave et Viméo sur demande Le documentaire Théâtre de la vie de Peter Svatek, disponible sur ONF Le documentaire Le Bien-être de Jean-Sébastien Dutil, disponible sur tou.tv La série Fin de mois, disponible sur qub.ca Le roman Je voudrais qu’on m’efface d’Anaïs Barbeau-Lavalette, aux éditions Hurtubise (2012) Le livre Au-delà du préjugé: Trajectoires de vie, pauvreté et santé de Christofer McAll, aux presses de l’université du Québec (2012)

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12 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ 1 ici.radio-canada.ca/nouvelle/2053019/societe-logement-abitibi-temiscamingue-alphabetisation 2 fondationalphabetisation.org/lanalphabetisme/tout-sur-lanalphabetisme/la-litteratie/ Quand aide alimentaire rime avec frigo solidaire Julie Fortier Qu’en est-il de la précarité en Abitibi-Témiscamingue? Isabelle Fortin-Rondeau Depuis plusieurs années, les personnes vivant en situation de pauvreté peuvent compter sur les banques alimentaires afin de les aider à combler les fins de mois difficiles. Mais qu’en est-il de celles qui n’ont pas accès aux banques alimentaires? Ou pour qui cette aide est insuffisante? Deux organismes communautaires qui ont vu les besoins de leurs participantes changer dans les dernières années et qui ont développé des projets de frigos solidaires ont été rencontrés. La tournée de frigos commence en Abitibi-Ouest, où le centre de femme l’ÉRIGE de La Sarre. Julie Frenette nous explique que la pandémie les a poussées, elle et ses collègues, à réfléchir à de nouvelles solutions pour répondre aux besoins que les participantes identifiaient. « On a dû se rendre à l’évidence que le besoin premier des femmes était de réussir à se nourrir. C’est comme ça que le projet de frigo solidaire a vu le jour » explique la travailleuse. Grâce aux généreux dons de certaines personnes, fermes et entreprises de la région, l’ÉRIGE met à la disposition de toutes les femmes des denrées accessibles dans le frigo situé au centre. Un jardin communautaire et une cuisine solidaire permettent également de garnir le frigo. L’équipe de l’ÉRIGE a vu le nombre de participantes augmenter depuis que le frigo est disponible, et précise que les femmes n’ont pas besoin de participer aux activités du centre pour avoir accès à cette aide. Même son de cloche pour Brigitte Arseneault du Centre Entre femmes de Rouyn-Noranda, pour qui l’augmentation du coût de la vie est directement liée aux besoins grandissants des participantes. « Les femmes fréquentant le centre peinent à joindre les deux bouts avec le panier d’épicerie de plus en plus cher » mentionne Brigitte. Dans la dernière année, l'équipe du centre a donc profité de la générosité du traiteur Tomates et pesto et de la boucherie Aux côtes croisées qui leur donnent fréquemment des plats cuisinés. Le centre a même aménagé un coin frigo et congélateur afin de permettre à toute femme ayant des besoins en alimentation de passer au centre. Un service de troc de vêtements et des ordinateurs avec accès à Internet sont également mis à la disposition des femmes au centre. « Même si les femmes sont extrêmement fortes et débrouillardes, les récentes hausses du coût de la vie laissent des trous dans le filet social de celles-ci » selon Brigitte Arseneault. Il est important de rappeler que les femmes, les personnes de la diversité sexuelle et de genres, celles vivant avec un handicap ainsi que les personnes immigrantes sont malheureusement plus à risque d’être confrontées à la pauvreté. Des mesures concrètes et du soutien de la part des différents gouvernements doivent être mis sur pied afin de réduire l’écart entre les personnes les plus privilégiées et les plus vulnérables. Un article de Radio-Canada du 28 février 2024 indique que « l’indice de précarité » est plus élevé dans la région qu’ailleurs au Québec1 . C’est une information qui peut sembler étonnante, puisqu’on a tendance à penser que notre « région ressource » favorise économiquement les gens qui y habitent. Qu’en est-il exactement? D’abord, il faut expliquer ce qu’est l’indice de grande vulnérabilité qui sert à mesurer la précarité. L’auteur de cette étude, Pierre Langlois, l’explique ici : « Ça correspond à l’addition de deux phénomènes de pauvreté. C’est-à-dire quand un individu ou un ménage vit un phénomène de pauvreté sociale, qu’on peut mesurer notamment par la littératie, et un enjeu de pauvreté économique, qu’on mesure par le panier de consommation. Lorsqu’un individu ou un ménage est dans cette double situation, il tombe dans le calcul de l’indice de grande vulnérabilité ». On parle donc d’une double vulnérabilité, soit celle reliée à une faible éducation et celle liée à de faibles revenus. Au Québec, ce seraient au moins 425 000 personnes qui seraient dans cette situation. Depuis 2021, l’inflation fait en sorte que toutes les dépenses de base d’un foyer sont en hausse : le logement, l’alimentation, le transport, l’énergie, etc. L’indice, calculé en pourcentage, est de 6,13 % au Québec en moyenne. En Abitibi-Témiscamingue, il est de 7,06 % à Amos, de 6,69 % à Rouyn-Noranda et de 7,09 % à Val-d’Or. Le taux d’inoccupation très bas des logements influence ce résultat, ainsi que le faible niveau de littératie. Littératie : La littératie réside dans les capacités de lire, de comprendre et de traiter l’information écrite chez un individu2 . L’auteur de la recherche mentionne qu’une partie de la solution à cette grande vulnérabilité est la plus grande disponibilité de logements sociaux.

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13 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ Changer notre conception de la richesse Edith Fluet Voici l’histoire de Simone et de Pierre, des voisins inspirants qui, uniquement par leurs valeurs et leur humanité, échangent des services depuis des années. Pierre L’âge où ça ne compte plus, l’âge vénérable, la sagesse d’avoir vu neiger. La cour de son logement et son entrepôt sont devenus son royaume d’ex-garagiste, on baigne dans l’odeur du diésel et la musique country ontarienne quand il est en train de bisouner sur son truck. Il est de ceux qui savent tout réparer, de ceux qui ne laissent jamais leurs voisins dans le trouble, de ceux qui tiennent le fort et disent tout le temps oui. Simone Enseignante, mère, impliquée dans le milieu artistique et syndical, c’est à se demander comment elle fait pour avoir le temps, en plus, de prendre soin de ses amitiés. C’est peut-être justement l’idée de ce qu’il faut pour rendre le monde meilleur qui lui donne cette énergie et cette générosité. On est toujours contents de la croiser quand elle fait son jogging avec son chien. Sur la Taschereau Est Ses enfants ayant quitté le nid familial pour leurs études, Simone change de logement. Dans la cour, un homme câline son chien : « Allô! C’est moi qui m’occupe du bloc, si t’as de quoi à demander, n’importe quoi, viens me voir! » À toutes les bordées de neige, le vieil homme saute sur sa « pelle-bucket » et déneige les entrées de tous·tes. Il construit une clôture qui permettra au chien de Simone de se promener librement dans la petite cour. Il propose aussi de le garder de temps en temps, ce qui fait le bonheur de Simone, tellement occupée! C’est en allant récupérer son chien que Simone fait la rencontre des deux fils de Pierre, qui habitent chez lui. Sa femme, décédée il y a plusieurs années, était porteuse d’une maladie dégénérative qui leur a été transmise. Surprise, il y a une autre locataire qui vit avec eux : Lise, la belle-sœur de Pierre. Son mari est décédé aussi, et elle est aussi porteuse de ladite maladie. Son état s’étant détérioré ces dernières années, elle a décidé d’emménager avec eux. C’est lui qui prend soin d’elle : les repas, l’hygiène, les sorties à l’extérieur; sans lui elle n’y arriverait pas. Touchée par son histoire et persuadée d’avoir les ressources pour alléger la charge de travail de son voisin, Simone lui offre de l’aide dans ses démarches et pour remplir des formulaires qui rendraient fou n’importe qui sauf Astérix. Elle aide les fils à retrouver leur autonomie. En effet, à la fin du processus, ils habiteront chacun dans leur appartement avec le soutien dont ils ont besoin. Encore à ce jour, ils sont là l’un pour l’autre. Pour transporter meubles et sapin de Noël, elle utilise le camion de son voisin. Pour les formulaires de l’aide à domicile, Simone fait les démarches avec lui. Parce que Lise a de plus en plus besoin d’assistance, que Pierre ne la laissera pas tomber et que Simone refuse de le laisser seul avec les démarches. Simone aurait pu se dire que ce n’était pas de ses affaires, lancer un bonjour poli à son voisin et ne pas s’intéresser à son histoire. Personne ne l’aurait blâmée. Pierre aurait pu la laisser s’arranger avec sa cour, ne pas avoir confiance en elle et ne pas lui parler. Mais ça ne leur ressemble pas. Chacun avec ses propres capacités et ses forces, ils ont créé quelque chose ensemble, quelque chose de précieux et de beau. En revenant aux racines de notre humanité, alors que la solidarité et l’entraide ont toujours été les conditions essentielles de la survie, il est possible de poser un nouveau regard sur les notions de temps, de communauté et surtout, de richesse.

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14 L’Écritoire - Numéro 0 COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ À des milliers de kilomètres David Valadez « Et si je cherchais quelque chose en dehors d’ici? » C’est l’une des nombreuses pensées qui traversent l’esprit d’une personne lorsqu’elle commence à envisager de nouveaux horizons. Ce n’est pas une décision facile à prendre pour les personnes qui ont une famille, des amis·es, des projets, une vie. Être entre deux pays, deux cultures, deux groupes d’amis·es, deux émotions contradictoires... Faire face à de nouveaux avenirs, aux avantages et aux risques qui accompagnent cette nouvelle décision. Être poussé par des sentiments, un besoin, une ambition ou un refuge. Dans notre cas, c’était en juin 2021 quand les circonstances économiques et une période d’opportunités décourageantes ont commencé à forcer mon esprit à regarder au-delà de mon environnement. J’ai vu une publication du gouvernement de mon État qui recherchait des personnes pour travailler au Canada. La partie la plus difficile a alors été de prendre une décision, malgré l’envoi de mes documents et le passage à l’étape de l’entrevue. Le sentiment d’être loin sans ma famille ne m’a pas découragé à continuer. Je me suis dit : « Allez, on y va ! C’est pour eux que je fais ça. » Après un long processus de paperasse et d’autorisations gouvernementales, je suis finalement arrivé au Canada. L’entreprise nous a offert un loyer tout compris, des vêtements d’hiver et notre premier panier. « Gagner de l’argent, c’est mon but », me suis-je dit. En arrivant au Canada, nous sommes confrontés à la dure réalité que l’inflation n’a pas seulement touché la population canadienne, mais aussi les étrangers. Repartir à zéro devient un défi encore plus difficile à relever pour les personnes ayant une famille à l’étranger qui doivent ajuster encore plus leur budget pour couvrir leurs dépenses et envoyer de l’argent au pays, car la valeur du taux de change diminue au fur et à mesure que l’inflation augmente. Ce n’est qu’avec le temps que j’ai réalisé que de payer pour le coût du loyer, de la nourriture, de l’abonnement au téléphone cellulaire, de l’envoi d’argent pour les besoins de ma famille et pour rembourser des dettes dans mon pays était une tâche difficile. Économiser de l’argent est un défi. Après presque un an et avec l’aide d’un prêt personnel, j’ai pu emmener ma famille avec moi, mais pas avant d’avoir pris en compte l’école, les vêtements d’hiver appropriés, la demande d’un prêt automobile, l’assurance automobile, la recherche d’une nouvelle location, l’achat des choses nécessaires pour l’appartement, l’assurance de l’appartement, le service Internet et l’électricité, ainsi que les taxes sur toutes ces dépenses. Neige, froid, très froid, nouvelle culture, nouvelles habitudes, nouvelle langue pour ma famille, nouveau goût pour la nourriture, loin de chez nous, le sentiment d’appartenance est encore en construction. Notre foyer, c’est nous-mêmes. Oui, c’est difficile, très difficile, mais dans un pays où plus de 21 %1 de ses 40 millions d’habitants2 sont d’origine étrangère, ce qui représente un chiffre très important dans tous les domaines, économique, démographique, social, culturel et de diversification, ce sont des données qui nous disent qu’il y a quelque chose de plus dans chaque décision, ce qui, de mon point de vue, est l’espoir. Parfois, les pas les plus fermes sont faits sur des jambes tremblantes. 1 http://bit.ly/4aVDoZS 2 https://bit.ly/3UBB84i

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L’Écritoire - Numéro 0 15 Visite dans une banque alimentaire Édith Fluet 2008 Je suis une jeune universitaire avec peu de préjugés, mais aussi peu de moyens. Je porte des vêtements pas de marque et je n’ai pas de parents pour m’envoyer des soupes ou aider avec mes paiements. Non, j’ai pas d’auto, juste un vieux vélo que je finirai par me faire voler comme les autres. Le samedi, une fois par mois, je rejoins une foule étrange, hétéroclite, qui n’a rien à voir avec un public en attente d’un spectacle. Donc nous sommes groupés, en ce samedi sale et gris de novembre, devant les portes qui mènent au sous-sol de l’église Saint-Michel. On nous donne un numéro et nous nous asseyons. Le langage coloré de certains qui parlent fort de leurs cancers, les cris des enfants et les chuchotements de femmes sont couverts par le grincement des paniers d’épicerie utilisés pour faire le tour des tables. Quand on pige notre numéro, on a le droit d’aller chercher notre don de nourriture. Une odeur étrange : des boîtes de carton empilées dans lesquelles sont entassés des fruits de fraîcheur variables, et souvent des choses un brin exotiques à découvrir, quand on sait comment les manger (coucou à Pierre qui trouvait qu’une pomme grenade c’est dégueulasse parce qu’il avait croqué dedans comme dans une pomme). Des cannes, des boissons sucrées, des repas instantanés au micro-ondes. Découvrir le lait UPA. Récupérer des saucisses à hot dog surgelées 2024 « Ah oui, je me souviens de cette époque-là…disons que nos ressources étaient différentes. On pouvait rarement fournir des protéines aux gens. C’est vraiment mieux maintenant! » Des années plus tard, Geneviève, coordonnatrice des services de la banque alimentaire de Rouyn-Noranda me fait faire le tour de leurs installations avec fierté. « On sait que c’est pas facile de ne pas pouvoir décider de ce qu’on va manger, on essaie le plus possible d’accommoder tout le monde et d’offrir une base suffisante pour qu’ils puissent compléter en achetant ce qu’ils veulent. On a beaucoup de nouveaux arrivants alors, pour nous adapter à cette réalité, on a même un frigo halal et végétarien. » Des fruits et des légumes frais, du pain, du fromage, rien à voir avec mon souvenir de don de Kra Diner à la poutine invendue de mon époque... « À l’épicerie, la viande est trop chère, venir ici me permet d’en manger et puis il y a les produits d’hygiène aussi, comme du dentifrice. Ça donne un sacré coup de main. Je viens d’avoir un nouveau travail où je serai payé plus, j’espère que je vais pouvoir venir ici encore…» Les personnes pouvant bénéficier de dépannage alimentaire sont rencontrées et on évalue leurs besoins à partir de leur revenu. Évidemment, une personne dans le besoin n’est pas laissée sans support. « Au niveau du fonctionnement, les gens viennent à chaque deux semaines. Ils ont un moment et une journée où ils doivent se présenter, c’est à ce moment qu’ils font le tour et remplissent leurs sacs. Mais comme je vous dis, on ne laisse pas les gens dans le besoin sans ressource, on est là! » *** « Bonjour, comment ça va! Toi c’est au nom de ta femme me semble? » Impossible de se sentir gêné quand on va à l’aide alimentaire du Centre Saint-André à La Sarre. Mélanie connaît tout le monde, elle veille à ce qu’il y ait ce qu’il faut pour que les personnes mangent. Humaine, accueillante, ça prend quelques minutes pour comprendre qu’elle est à la bonne place, là où l’authenticité et le respect sont nécessaires. Les personnes nouvellement arrivées côtoient les jeunes de retour en région et les dames à la retraite, armées de sacs ou de petites glacières. Ils choisissent des aliments sur chacune des tablettes : légumineuses, poivrons, salades, bananes, viandes. On se sent comme dans un petit marché sympathique. N’importe quelle personne qui a besoin se présente et jase avec Mélanie, elle leur explique comment ça fonctionne et ils peuvent passer une fois par semaine. « Depuis la dernière année, j’ai des nouvelles personnes chaque semaine. Ça paraît que tout a augmenté. » *** Je me souviens des dernières fois que j’ai eu recours à des dons de nourriture. Je me souviens du bonheur de recevoir un panier de Noël dans lequel il y avait des billets pour la fête d’hiver, à laquelle nous n’aurions jamais pu aller sinon. Je me souviens d’avoir pleuré parce que je découvrais en même temps que mes enfants leurs cadeaux de Noël, donnés par des inconnus, la plupart du temps usagés, mais qui devenaient des trésors inestimables aux yeux des petits. Un petit chien blanc aux poils un peu défraîchis, aux trop grands yeux bleus sous son bonnet de Noël. Probablement donnée par un autre enfant, cette peluche a accompagné ma fille pendant des années. On ne sait pas, parfois, toute l’importance de ce qu’on donne. COÛT DE LA VIE ET PAUVRETÉ

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16 L’Écritoire - Numéro 0 Le courrier de Dédée « Salut Dédée, Je viens de perdre ma job, je n’y arrive plus, penses-tu que je vais être accepté à la banque alimentaire? » Chaque comptoir alimentaire a ses propres critères pour distribuer la nourriture. Mais il est peut probable qu’une personne dans le besoin soit refusée. Je t’invite à les contacter afin d’en savoir plus. Voici les ressources disponibles de la région : la Ressourcerie Bernard-Hamel à Rouyn-Noranda, la Maison St-André à La Sarre, l’Accueil à Amos, le Regroupement d’entraide sociale à Ville-Marie, Place au soleil à Témiscaming et le Centre de bénévolat de la Vallée-de-l’Or « Allô Dédée, Je pourrai plus payer mon loyer à cause de l’augmentation de mon proprio. Qu’est-ce que je vais faire? » Wo minute, t’as des recours! Appelle l’Association des locataires, l’ALOCAT, Marc-André va toute t’expliquer ça. « Bonjour, Je vis avec un handicap à la suite d’un accident de travail. Mon proprio veut pas adapter mon logement, est-ce qu’il a le droit? » Malheureusement, il n’existe aucune obligation pour les propriétaires d’immeubles à logements de moins de trois étages ou de moins de neuf logements de faire des adaptations de logement. Toutefois, le gouvernement a bonifié l’aide financière dans la dernière année, elle est passée de 16 000 $ à 50 000 $. Discutes-en avec ton proprio, c’est peut-être un bon montant pour le motiver! « Chère Dédée, Ma proprio est rentrée chez nous hier pour voir « l’état du logement ». Faut pas m’avertir avant ou quelque chose? » Exact! Ta proprio doit t’avertir dans un délai de 24 heures et doit venir entre 9h et 21h. « Hey Dédée, Mon enfant va au service de garde de l’école et il me demande de payer 20 $ pour aller au Refuge Pageau, est-ce qu’ils ont le droit de faire ça? » Ils ont le droit, mais je te conseille vraiment de les sensibiliser sur les réalités différentes des revenus familiaux. Moi à ta place, je lâcherais un petit coup de fil aux intervenantes de la Maison de la (ou des) familles, peut-être qu’elles vont t’aider. « Salutations Dédée! C’est tu vrai que pour faire ma demande d’aide sociale, je dois vendre ma maison? » J’ai parlé avec Chrystyan du Regroupement d’aide aux personnes assistées sociales (REPAS), voici ce qu’il m’a dit : La personne qui est dans le programme d’aide sociale a le droit d’avoir une maison, un chalet, un quatre-roues, etc. pour un montant maximum de 226 122 $. L’excédent sera coupé de 2 %. Par exemple, si la maison vaut 300 000 $, elle dépasse de 73 878 $. On calcule alors 73 878 $ x 2 %, ce qui coupe la personne de 1 477,56 $. Par contre, si la personne vend sa maison ça va être considéré comme une lapidation et elle n’aura possiblement pas droit à l’aide sociale. Qui est Dédée? Son nom vient de Défense des Droits (D.D.) C’est une héroïne toujours prête à vous écouter, vous conseiller et, surtout, vous rappeler que vous avez des droits et pouvez les défendre! N’hésitez pas à lui écrire : journal.lecritoire@gmail.com

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