AH SI VOUS CONNAISSIEZ MA POULE ! CAMILLO BERNAL MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES DIRIGÉ PAR ALEXIS MARKOVICS , ÉCOLE CAMONDO 2021
BLANCHEMIJONNET, CLEMENTROUVIER et RÉMI BONGIOVANNI pour leur aide inestimable.MERCI ALEXISMARKOVICSpoursa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils. Mes trèschers amisLIUDMYLAMIKHNOVSKAet ANTOINEGOALABRÉpour avoir veillé dès monarrivéeen France, à ce que monniveaude français s’améliore chaque jour et d’avoir corrigé mescoquilles avec tant de joie. PAUL VINCENT pour m’avoir fait découvrir ce sujet si passionnant. MATHILDEBRETILLOTpour son enthousiasme et ses nombreuses heures d’écoute. MARGARETIRAGUIpour ses précieuxconseils. MES PARENTS pour m’avoir soutenu et toujours encouragé dans les moments de doute. p. 2
C’est l’histoire d’une poule, des poules, de la poule... L’animal bête qu’on cache au fond du jardin, l’oiseau qui ne sait pas voler, la volaille qui fait trop de bruit, qui fait caca partout. Bien que son histoire semble anecdotique, c’est loin d’être le cas. Elle est pour moi aujourd'hui le prétexte parfait pour vous parler après moultes recherches, d’un peu d’histoire, d’un peu de génétique, de politique, de croyance, de sexisme, d’un animal symbole, d’un animal objet, d’un animal humain, d’un peu de design, de nos habitations, de nos modes de vie et de nos excès. La Poule est un bouc émissaire dans notre société. AVANT PROPOS MA POULE INTRODUCTION AIDE À LA LECTURE... La poule dans nos fermes, les œufs dans nos frigos, le poulet dans nos assiettes, les plumes dans nos coussins, les poussins dans nos contes d’enfance, l’emblème sportif, le symbole gaulois, l’emblème français, le « coq du village », notre maman poule... Vous l’avez compris, les poules sont partout dans nos vies et vous, vous serez peut-être sensible à ce sujet, car nous avons chacun notre petite histoire avec une poule. À travers ce récit, je souhaiterais vous montrer que la poule est plus qu’une simple volaille. J’oserais même dire qu'elle est centrale dans nos vies. Pour vous expliquer cela, je vous invite à voyager à travers ses nombreux rôles qu’elle a joué tout au long de l’histoire de notre humanité et peut-être vous vous rendrez compte qu’elle se trouve aujourd’hui dans la plus sombre de ses périodes ! Lorsque nous sommes curieux, même trop curieux d'un sujet, on l’étudie. Puis, quand on comprend son essence, on l’admire. Plus tard, quand on comprend sa valeur, on l’intègre dans nos vies. Après, quand on connaît tout son potentiel, on le met à notre service et finalement quand on a fait le tour, on en abuse. C’est symptomatique de ce qu’on fait avec tout ce qui nous entoure ! Mais c’est bien maintenant qu’il faut en parler et je souhaite le faire à travers la poule, j’insiste ! Par le biais de cette vieille colocataire qui pond un œuf pour nous tous les jours, celle qui a su s’adapter aux diérentes périodes de notre histoire, aux diérents climats, celle qui a été témoin de nos plus grandes réussites et défaites, celle à qui on a attribué les plus précieuses de nos valeurs et on a confié les plus sacrées de nos requêtes. On a commencé à prendre conscience de nos actions et leurs impacts sur l’environnement, à s’inquiéter sur le bien-être des animaux et à s’interroger sur leur juste place dans nos vies, dans nos villages, dans nos maisons... Aujourd'hui, plus que jamais, on se voit à travers ces animaux qui nous ressemblent tant.Transversale à l’histoire de l’Homme, c’est celle du fidèle compagnon de notre civilisation et témoin de notre sédentarisation que je vais vous raconter ici : La poule. L’histoire de la poule est avant tout une histoire universelle, une histoire populaire. Multipliée en symbole, à la fois bruyante et discrète, elle est racontée et analysée dans ce travail qui prend la forme d’un journal : elle fait les gros titres. Les dessins accompagnant ce texte sont des collages que j’ai réalisés afin d’illustrer l’imaginaire autour de la poule. Les documents visuels utilisés pour ces compositions ont été trouvés sur internet et n’ont fait l’objet d’aucune permission. Les auteurs restent libres de se manifester. p. 3
« – P !... – Qu’est-ce qu’il y a encore? – J’en ai marre d’être un œuf ! Personne ne me prend au sérieux. – Mais arrête un peu ! T’es vraiment qu’un œuf mollet. – Ouais, ben toi, tu joues à l’œuf dur, mais t’as rien dans la coquille ! – Oh, t’as envie de te faire pocher, toi ! – Mais réfléchis un peu. T’en as pas marre d’être seulement un truc plein de cholestérol ? Quand je vois tout ceux qui ont fini en omelette, j’ai franchement envie de faire autre chose. – Mais qu’est-ce que tu pourrais bien faire, crâne d’œuf ? – Je sais pas, inventer des trucs comme « E= mc2 » ou apprendre à voler. – Ah, ah, ah ! Eh, fais gae (9), hein ! Qui vole un œuf vole un bœuf... N’importe quoi ! – Quoi, n’importe quoi ?! Va te faire cuire ! Oh et puis ça sert à rien que je te parle. A chaque fois, on se brouille. – Oh ça va, j’ai compris. Et puis si c’est comme ça, je m’en vais. – Ouais, c’est ça, casse-toi !.. Ouah ! C’est moi qui ai fait ça ?! – Mais qu’est-ce qui s’est passé ? – Je sais pas, je lui ai juste dit « Casse-toi ».... Ah, ah, ah. Ouais, c’est génial ! » Selon Aristote, c’est bien l’œuf qui est arrivé avant la poule... « La poule est la plus commune des gallinacés, elle a une crête, des ailes, des pattes, des gries, des cuisses et une culotte, « la culotte » est l'arrière plumée qui couvre les cuisses de la poule, mais la « culotte » couvrait aussi les cuisses d’un homme au moyen âge, et aujourd'hui encore les cuisses d’une jeune femme, cette jeune femme on l'appelle « poulette » qui veut dire aussi jeune poule, ou « cocotte » qui est une femme aux mœurs légères, ou une « marmite» qui sert parfois à cuisiner une poule. Passons maintenant de la poule au coq et non « du coq à l’âne ». Le mâle de la poule c’est le coq, et le mâle de la « cocotte » « fait son coq », sinon c’est une « poule mouillée » c’est à dire un homme peureux, tout l’inverse du « coq de village », homme le plus admiré qui cherche une « poule de luxe ». Margaret Thatcher disait « c’est le coq qui chante, mais c’est la poule qui pond les œufs ». Oui c’est vrai Margaret, ceci dit, les temps changent et de nombreux « papa poule » émergent et le fameux « coq gaulois » tendrait-il à se transformer en poule ... « quand les poules auront des dents » lui rétorquerait « le coq bien en pâte » Qui de mieux qu’une « mère poule » pour gérer le poulailler ? Sûrement pas « le coq de paroisse » et comme le dit un célèbre proverbe provençal, « deux coqs se supportent mal dans le même poulailler », encore moins dans une « cage à poule ». D’ailleurs, cette cage est-elle un abri, un logement pour volailles, un bâtiment de reproduction et n’a-t-elle pas de fortes similitudes avec notre quotidien dans sa logique de conception ? AVANT L’ŒUF AVANT LA POULE André Chavarot, Extrait de la transcription du court- métrage, l'enfer c’est les œufs , aaa productions, 2003 Consulté en 2020 : https:// francebienvenue2.com/ 2010/09/09/oeufs- brouilles/ p. 4
Dinosaurios, Quién es el Tiranosaurio Rex? Consulté en 2020 : https://cutt.ly/XjAWLFV CHAPITRE IDES COUSINS ÉLOIGNÉS ?Quebec science, Est-ce que les poules descendent vraiment des dinosaures? 2014. Consulté en 2020 : https://cutt.ly/CjAWDcDla poule avant la poule, la poule T-rex « (...) Non, les poules ne descendent pas des dinosaures : elles sont des dinosaures ! » 1 Que savons-nous vraiment sur les poules ? Si on nous le demandait, la réponse naturelle serait « l’animal ordinaire qui nous fournit de la chair et des oeufs » . Si par la suite on disait que la poule est la descendante des dinosaures, notre réaction serait l’étonnement. La poule, pour sa part, est un oiseau fragile dont plus de 2600 espèces sont connues dans le monde. Elles ont une taille moyenne de 40 cm de haut et 2,5 kg de poids. Elles sont pourvues de pattes solides, d'un bec court et de petites ailes. Malgré leurs caractéristiques modestes, les poules occupent une place primordiale dans la vie de l’homme. Cette airmation qui tente d'associer une poule domestique au plus géant et redoutable des dinosaures que nous connaissons tous, peut paraître prétentieuse. Toutefois, La Science a trouvé suisamment de preuves pour le certifier. Le Tyrannosaurus Rex est un spécimen phénoménal et majestueux qui a vécu il y a plus de 65 millions d'années sur la surface de la Terre. Malgré sa relative agilité avec près de six mètres de haut et onze mètres de long, il possédait les outils nécessaires pour vivre dans un environnement hostile. Il avait de grandes pattes postérieures musclées qui faisaient sentir ses neuf tonnes de force à chaque pas. Certaines espèces étaient couvertes de plumes et dotées d’une mâchoire monumentale et qui était capable d'avaler un homme en une seule bouchée. Les scientifiques ont établi deux classifications pour les dinosaures : les « dinosaures reptiliens à la hanche » dont l'os pubien pointait vers l'avant (a), comme les reptiles, et les « dinosaures à la hanche d’oiseau » qui avaient les os de la hanche avec le pubis pointant vers le bas (b).Le Tyrannosaurus Rex moderne était supposé être très diérent du reptile géant à sang froid capable de courir à grande vitesse. On retrouvait cette thèse encore il y a quelques années, notamment dans les très célèbres films «Jurassic Park» de Stephen Spielberg. « Les oiseaux d'aujourd'hui, que ce soient une autruche ou une poule, ne sont rien de plus que des dinosaures spécialisés. » « Son nom vient du grec « Tyranno », qui signifie littéralement tyran ou mal, qui était celui qui avait le pouvoir absolu et le mot « Saurus » qui signifie lézard. C’est donc un lézard tyran auquel le Rex est également ajouté, donc, son nom complet signifie « le roi des lézards ou des tyrans prédateurs », à la fois pour sa taille et pour sa puissance. » 2 La première réflexion que nous pouvons faire en observant de telles diérences entre ces deux espèces est que le tyrannosaure et la poule disposaient de peu de traits en commun. Cependant, la science continue à prouver qu’ils partagent plus que ce que l’on imagine. Une autre caractéristique commune de ces deux espèces est la structure de leurs pattes, qui sont composées de trois orteils qui pointent vers l'avant et d'un quatrième qui pointe vers l'arrière. Nuria Corominas, Dinosaurio y gallina eran parientes, Artículo BBC 2008 Consulté en 2020 : https://cutt.ly/2jAW8Y4 Ces formes de comparaison peuvent nous donner une idée et nous conduire à formuler notre propre jugement. Désormais, il existe de nombreux mythes qui peuvent l'influencer. p. 5abFigure .3Figure .2Figure .1p. 3
D’après Charles Darwin, la sélection naturelle est la théorie de l'évolution la plus acceptée pour expliquer l'origine des espèces. Néanmoins, il existe aujourd’hui d'autres théories qui essayent d’expliquer la diérence entre les espèces descendantes d’une autre et les espèces qui s’adaptent aux changements environnementaux. « Aujourd'hui, les humains sont plus grands qu'il y a quelques années et cela est dû à l'amélioration de l'environnement, c'est-à-dire une amélioration de la nutrition, de la santé... Cela ne peut pas être classé comme « évolution » car pour qu'elle soit considérée comme une évolution, elle devrait être transmise par des gènes, cela est dû uniquement à l’environnement. En eet c'est quelque chose qui est souvent confondu avec l'évolution, un changement morphologique provoqué par des conditions extérieures à la génétique de l’individu » Les découvertes scientifiques au cours des dernières années nous ont permis de connaître les fortes similitudes génétiques entre les poules et les dinosaures. Peut-être dans quelques années, la Science montrera aussi que ces poules nous ressemblent plus encore que ce que l’on sait aujourd’hui. Malheureusement pour nous, le tyrannosaure tel que nous le connaissons est un fantasme. L’image que nous avons de ce reptile géant qui marche sur deux pattes et court à toute vitesse en traînant sa queue est erronée. En eet, selon des simulations réalisées par des groupes de scientifiques, il nous est prouvé aujourd’hui que le poids de son corps aurait brisé leurs pattes. Comme les poules, le tyrannosaure n'a pas une course très rapide, au maximum il pourrait atteindre 19 km à l’heure. On a essayé d'attribuer à ce dinosaure un rugissement fort et tonitruant et encore une fois nous avons été déçus. En eet, il n'y a aucun moyen de le prouver. Dans les fossiles, les cordons buccaux et la langue ne sont pas préservés. Les paléontologues Chad Eliason et Tobias Riede ont mené une étude qui suggère que les dinosaures, comme certains oiseaux, émettaient des sons sans ouvrir la bouche. Ceci explique les cavités qui ont été trouvées dans leur gorge. Il n'est pas non plus vrai, comme nous l'avons vu dans de nombreux films, que le Tyrannosaure marchait complètement debout. Etant donné les similitudes morphologiques avec les poules, il était également possible d'établir qu'en raison de la disposition des vertèbres, il devait marcher avec le cou alternativement plié puis tendu vers l'avant comme les poules. Cette théorie a été validée en attachant une longue et lourde queue à une poule lors d’une étude à l'Université de Manchester. Les similitudes trouvées entre la poule et le T-rex ne sont pas uniquement morphologiques. S'il est vrai que récemment un groupe de paléontologues a trouvé des structures cellulaires dans des fossiles de dinosaures qui auraient pu être formées à partir d'ADN, un profil cellulaire ne suit pas pour déterminer le génome des dinosaures. En eet, il faut d'abord montrer que les informations trouvées dans les restes des fossiles sont fiables, qu'elles n'ont pas subi de modifications depuis des millions d'années et qu'elles fournissent raisonnablement à la communauté scientifique les éléments de preuves nécessaires pour déterminer la séquence génétique des dinosaures. PICKRELL John, Hallan por primera vez plumas de dinosaurio fosilizadas cerca de. Polo Sur consulté en 2020 https://cutt.ly/ujSWWK4 RUBIO Julio Muñoz, La biología Evolutiva Contemporánea: ¿Una revolución más en la ciencia? Colección debate y reflexión, Universidad Nacional Autónoma de México, Centro de Investigaciones Interdisciplinarias en Ciencias y Humanidade, 2019 ARROYO MORRIS Alvaro, Acércate a la biología evolutiva, Blog de la Biología Evolutiva. Consulté en 2020 : https://cutt.ly/2jS30Bo Malgré la petite taille du cerveau du dinosaure par rapport à sa capacité crânienne, comme les poules, il a un très bon odorat qui lui permet de suivre sa proie. Enfin, et bien que le Tyrannosaurus Rex ne soit pas plumé, il était doté de proto-plumes le long de la tête ou du dos. Ces plumes n’avaient, par ailleurs, de fonction protectrice, mais comme la crête et les lobes des poules, elles avaient une fonction sociale et reproductrice. Figure .4Figure .5Figure .6p. 6
CHAPITRE IIBALBIR Nalini et PINAULT Georges-Jean, Penser, dire et représenter l'animal dans le monde indien, Centre national de la recherche scientifique, 2009 le coq vainqueur « Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint, Et voilà la guerre allumée. Amour, tu perdis Troie; et c'est de toi que vint Cette querelle envenimée, Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint. Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint : Le bruit s'en répandit par tout le voisinage. La gent qui porte crête au spectacle accourut. Plus d'une Hélène au beau plumage Fut le prix du vainqueur ; le vaincu disparut. Il alla se cacher au fond de sa retraite, Pleura sa gloire et ses amours, Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours Cet objet rallumer sa haine et son courage. Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs, Et s'exerçant contre les vents S'armait d'une jalouse rage. Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits S'alla percher, et chanter sa victoire. Un Vautour entendit sa voix : Adieu les amours et la gloire. Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour. Enfin par un fatal retour Son rival autour de la Poule S'en revint faire le coquet : Je laisse à penser quel caquet, Car il eut des femmes en foule. La Fortune se plaît à faire de ces coups ; Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du sort, et prenons garde à nous Après le gain d'une bataille. » Le coq est devenu le représentant de la virilité et de la fierté de l’homme, un symbole. Il est l’ambassadeur des conflits au sein d’une même communauté et permet d'atténuer les querelles. Ainsi, l’homme aura évité des massacres et des guerres d’ego. De toutes les espèces d'animaux, c’est avec la poule que l’Homme a tissé et continue de tisser la plus large des interactions. L'Homme a vu chez la poule des vertus qu’il s’est attribué : la noblesse, le courage, la beauté, la ténacité et la persévérance. Ces valeurs ont constitué l’identité de l’Homme. Elles lui ont permis d’avoir de l’autorité sur les autres et ses territoires. Il est probable que les premières poules aient été élevées pour leurs capacités belliqueuses et la beauté de leur plumage, plutôt qu’à des fins alimentaires. L’élevage des coqs remonte aux temps où l’Homme s’est sédentarisé. Il apparaît pour la première fois en Asie, puis il se répand rapidement en Europe, instauré par les Grecs, les Romains et les Phéniciens. Cependant, des peuples comme les Gaulois et les Celtes élevaient aussi des coqs à des fins sportives avant l’arrivée de l'Empire Romain. L’attirance de l’Homme envers les poules s'explique probablement par leurs nombreux traits communs. Comme l’Homme, le coq est un animal qui marche sur deux pattes, son dimorphisme sexuel permet de diérencier facilement les mâles des femelles. Il mène un régime omnivore et protège sa famille des agresseurs, mais surtout, il défend son territoire, toujours prêt à se battre contre ses semblables et à conquérir des femelles. « Il marche la tête haute, la crête droite ; [...] seuls parmi les oiseaux, ils [les coqs] regardent souvent le ciel, dressant aussi dans les airs leur queue recourbée comme une faucille. Aussi inspirent-ils de la terreur, même aux lions, les plus courageux des animaux » (Naturalis Historia [NH], X, 48). « Thémistocle, conduisant les forces armées de la cité contre les Barbares, aperçut deux coqs qui se battaient avec beaucoup d’ardeur. Il arrêta son armée et dit à ses hommes : "Ceux-ci ne peinent pas pour la défense de leur patrie, ni de leurs dieux nationaux, ni des tombeaux de leurs ancêtres, ni pour la gloire, ni pour la liberté, ni pour leurs enfants, mais pour n’être pas le vaincu et ne pas céder à l’adversaire (Histoires Var., II, 28) » Il fût décrété à Athènes, qu’une fois par an des combats publics de coqs auraient lieu. Cette tradition avait pour but de conserver dans l’imaginaire du peuple grec la volonté de se battre avec vaillance et à toute épreuve. Thémistocle, homme d'état athénien, encourageait ces spectacles, afin d’inspirer ses soldats les veilles de guerre. L’archéologie nous révèle que les premières poules ont été domestiquées par l’Homme il y a plus de 6000 ans. En revanche, les premières formes d’écriture abordant ce sujet proviennent d’Inde, et datent d'y il a 1500 ans av. J.-C. Elles décrivent leur forte popularité, mais aussi les combats de coqs, qui étaient considérés comme un art véritable. DE LA FONTAINE Jean, fables, français, poche, 2005 HANS Luuk, The story of cockfighting, aviculture-europe digital magazine, Pays-Bas,2014 consulté en 2020: https://cutt.ly/NjSyKuz L’ANCIEN Pline, Naturalis Historia, livre X, chapitre 48, an 77 Christophe Vendries, Le combat de coqs, une passion grecque, L’Histoire dansmensuel 317,2007, Consulté en 2020: https://cutt.ly/vjSul0J p. 7
« Il n'y avait rien dont la vision manquât d'harmonie, ni leurs têtes dressées et projetées en avant, ni leurs plumes hérissées, ni leurs coups rageurs, ni leurs défiantes esquives. L'Ordre , I, 25. » Chez les Romains, les combats de coqs avaient lieu généralement dans des lieux privés, avec peu de spectateurs. Le coq arrivait dans les bras de son maître, comme un héros dans son char, faisant parade. Le bal sanglant se déployait doucereusement, car on souhaitait le faire durer le plus longtemps possible. Les mosaïques de Pompéi dédiées à ce sujet étaient représentatives de ces actes. « Durant la Guerre de Gaules, Vercingétorix roi d’Arverne, pour narguer le Romain, lui fit parvenir un coq maigre, combatif et agressif, pour témoigner de la détermination des Gaulois. Au moment du siège de Gergovie, Jules César invita le chef Arverne à un repas où lui fut servi une délicieuse volaille baignée d'une onctueuse sauce rouge. S'étant régalé, Vercingétorix le demanda à César: "Quel est donc ce mets?". Il lui répondit qu'il s'agissait de son coq, mariné dans du vin et cuit lentement. Humilié, Vercingétorix et son armée Arverne vainquirent les romains à son tour un an avant la bataille d’Alesia ». Lors de l’invasion de l'empire Romain sur la Grande-Bretagne, l’Empereur Jules César fit remarquer que les coqs étaient utilisés exclusivement pour les combats ainsi que pour la résolution des conflits. Leur consommation était même interdite, chose qui nous paraît inconcevable aujourd’hui. Derrière l’apparence d’une certaine lenteur et douceur que nous avons peut-être tous perçue chez la poule, se cache un animal fascinant. Il a toujours représenté l'homme comme un symbole de noblesse et l’incarne dans ses ambitions et valeurs. Les idées sur les coqs et leur statut seront repris par les Romains qui, à travers leurs conquêtes, s’approprient des coutumes grecques et leurs symboles. L’agronome romain Columelle se référait certainement aux écrits grecs dans ses récits. Il décrivait ses combats, mettant en avant les coqs de Rhodes comme les meilleurs combattants qui soient. Pour les Romains, le coq est perçu d'abord comme un gladiateur, avec qui ils partageront la pugnacité et l’endurance. Le coq supporte ses blessures lors des batailles et il est prêt à laisser sa vie dans l’arène tout comme les gladiateurs. Les coqs étaient choisis avec soin, leur entraînement physique était suivi avec rigueur et leur régime alimentaire était strict et même parfois surstimulé pour réveiller leur agressivité. Socrate raconta à Nicératus, « Quand on marche au combat, c'est une bonne chose de manger un peu d'oignon : c'est ainsi que parfois on fait manger de l'ail aux coqs avant de les faire battre ». Ces pratiques étaient très répandues aussi parmi la royauté anglaise, accordant même au combat de coqs le statut de sport national. Le roi Henry VIII fit construire à l'intérieur de son palais de Whitehall à Westminster son propre gallodrome et par la suite, l'enseignement du combat de coqs deviendra toute une institution. Cette activité deviendra si populaire que des arènes seront aménagées à l'intérieur même des églises. À partir de 1654, les combats de coqs sont devenus illégaux même si des compétitions clandestines ont continué à perdurer. En 1849, sous le règne de la reine Victoria, ces arontements sont définitivement abolis. Viril, brave, fertile, endurant, ardent, le coq représente aujourd'hui un symbole pour la France, bien qu’il ne soit pas oiciel. En eet, la naissance de ce symbole trouve sa source durant la Renaissance. Des historiens de cette époque interprètent une légende qui rêvait d’une Gaule libre, la ramenant au monde de la politique. Par ailleurs, « Gaulois » vient du mot latin « Gallus » qui signifie aussi « coq ». Il trouve également son origine dans « l’agnomen » « Gallis » qui est le nom donné au peuple Celte par les Romains, faisant référence à la ressemblance entre la crête rouge du coq et son barbillon et la chevelure rousse et importante barbe des Celtes. On retrouve aussi la racine celte « Gal » qui en gaulois signifie acte de bravoure. Pour les Grecs, le sport et la défense de sa patrie étaient des valeurs fondamentales de la citoyenneté. Le coq incarne parfaitement cette identité, celles du soldat et de l'athlète, ayant à l'esprit la recherche de la compétition et de la victoire. Les Grecs y voient de nombreuses caractéristiques anthropomorphiques. Son allure est comparée à celle d’un vainqueur, sa crête ressemble au cimier de casques militaires et son cri puissant est entendu à des kilomètres. Par ailleurs, l’onomatopée « cocorico » a souvent été comparée au son de la trompe militaire. « Turbulent et plein d’inquiétude, Il a, dit-il, la voix perçante et rude, Sur la tête un morceau de chair, Une sorte de bras dont il s’élève en l’air, Comme pour prendre sa volée, La queue en panache étalée » Ces combats ont prit place dans l’art grec grâce aux nombreuses représentations picturales qui témoignent jusqu’à aujourd'hui de la symbolique des gallinacés dans leur civilisation. On retrouve notamment de nombreuses illustrations sur des vases en céramique mais aussi des représentations religieuses démontrant la forte importance de ces combats d’autrefois. ELIEN, Histoires Var, livre II, 28, Ier siècle ap-J.C DE LAFONTAINE Jean, Fables, Premier recueil, Le Cochet, le Chat et le Souriceau, livres IV, V, VI, 1978, p. 177-180 BLANC Nicole, Pullus,gallusetgallina: déclinaisons antiques, in La Poule, Pratiques d’élevage et histoire culturelle,2017 Consulté en 2020: https://cutt.ly/hjSoloB XÉNOPHON, Le Banquet, Traduction en français par Eugène Talbot, tome I, 1859 VENDRIES Christophe, Le combat de coqs, une passion grecque, L’Histoire dansmensuel 317, 2007 Consulté en 2020: https://cutt.ly/QjSoKTt BLOCH Adolphe, Interprétation anthropologique dumot latin Gallus (Gallois), Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris,1900, pp. 432-440 BRAEM Cédric, Le coq au vin, Oenologie Perwez, 2007 Consultée en 2020 : https://cutt.ly/UjSsbHD Figure .7p. 8
L’ANCIEN Pline, Naturalis Historia, Livre X, chapitre 40 Yantra,Coqs et poules, mon carnet d’infos. 2018 Consultée en 2020 : https://cutt.ly/6jDeQqC DE SAINT HILAIRE Paul, Le Coq, 2007, pp. 38 L’ANIMAL SOLAIRE « La nature les a créés pour remettre les Hommes au travail et les arracher au sommeil. Ils connaissent les constellations [...]. Ils vont se coucher avec le soleil et à la quatrième veille militaire, ils nous rappellent aux occupations et au travail. Ils ne sourent pas que le lever du soleil nous surprenne : ils annoncent par leur chant la venue du jour et ce chant lui-même en battant des ailes » (NH, X, 40). Les coqs et le soleil ont toujours été intimement liés dans l’esprit de l’Homme. Le chant du coq s’entend à longueur de journée : à l’aube, à midi, au milieu de l’après-midi et même lorsque la nuit est trop éclairée par la lune. Son chant est naturellement connu pour être entendu au lever et au coucher du soleil. Durant l’Antiquité, le coq était le maître du soleil et de la lune, son chant était considéré comme l’annonciateur de messages transmis par les Dieux. Pline, écrivain romain, décrit dans son ouvrage d’histoire naturelle la connexion que les coqs avaient avec les planètes. Bien que l’étude des astres relèvent plutôt du métier des savants et des philosophes, Pline souligne dans son écrit une excellente compréhension de l’astrologie par les coqs. Les poules, quant à elles, disposaient d’une place oicielle dans la religion romaine. Elles étaient au coeur du « Tripudium », cérémonie divinatoire utilisant les poules pour la recherche de présages. Afin de connaître la volonté des Dieux, le « Magistrat » devait observer la nourriture qui tombait des becs des poules. Ainsi, les auspices étaient jugées favorables si les poules s’alimentaient avec plaisir. DE SAMOSATE Lucien,Le Songe ou le Coq, cité in Rita – H. Régnier,Oiseaux: héros et devins, l’Harmattan, Paris, 2007, pp. 29-30 «(...) Un jeune homme nommé Alectryon Était l’ami de Mars, Son compagnon de table et d’ivresse, Le confident de ses amours. Toutes les fois que Mars allait voir Vénus, Sa maîtresse, Il emmenait avec lui Alectryon, Et comme il craignait surtout D’être aperçu par le Soleil, Qui n’aurait pas manqué d’avertir Vulcain, Il laissait le jeune homme en sentinelle À sa porte pour lui Annoncer quand paraîtrait le Soleil. Un jour Alectryon s’endort et trahit Son mandat sans le vouloir. Le Soleil, en tapinois, Surprend Vénus et Mars Qui reposent sans Inquiétude, Se fiant à la vigilance d’Alectryon S’il survenait quelqu’un. Puis, il va prévenir Vulcain Qui enveloppe les deux amants Dans les filets qu’il avait Depuis longtemps préparés. Aussitôt après sa délivrance, Mars se met en colère contre Alectryon, Et pour le punir, Le change en oiseau qui porte Encore sur la tête l’aigrette de son casque. Depuis ce temps, Pour vous justifier auprès de Mars, Quoique cela soit inutile, Vous chantez longtemps Avant le lever du soleil Et vous annoncez qu’il va paraître.» ASCHWANDEN Christie, PERRIS Andrew (Photographie), Poules passionnément, Artemis éditions, 2019 WANG Yongzhou, journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée,1981 CHAPITRE IIIle messager des dieuxL'Homme a été accompagné par de nombreuses espèces d’animaux depuis toujours. Elles font partie de son quotidien car certaines d’entre elles transportent l'Homme, le protègent et lui permettent de se nourrir. Néanmoins, l’Homme a attribué un statut spirituel à peu d’entre elles et la poule s’est vue doter de la vertu d'être le pont entre les hommes et les divinités. Elles ont également rapidement pris le pas sur d'autres animaux pondeurs approchés par l’Homme. Grâce à la fréquence et la fiabilité de leur chant, de nombreux peuples ont introduit ces « animaux horloges » dans leurs villages. Il existe un lien fort entre l’histoire des poules et celle des dieux. Les poules font oice de symbole dans de nombreuses croyances. Pour les Yangshao, des peuples de l’âge du Néolithique Moyen chinois, les poules étaient avant tout présentées comme des orandes sacrificielles alors que les coqs étaient les annonciateurs de célébrations. Ces animaux sacrés symbolisaient l'intermédiaire entre les Hommes et les Dieux. En raison de leur statut privilégié, de nombreuses actions sont menées autour de la poule. Elle n’est plus traitée de façon ordinaire, ses conditions d’élevage deviennent rigoureuses. Contrairement à d’autres animaux domestiques comme le cochon, les poules ne mangeaient pas de déchets, leur alimentation était donc choisie avec soin, et leur place au sein des villages bénéficiait d’un statut favorisé. Ainsi, leur destin étant décidé, la vision de cet animal correspond plutôt à celle d’une « chose-vivante » ayant pour vision d'être le vase communicant entre les Hommes et les Dieux. p. 9
La « Cavea », la cage sacrée des poules, faisait partie des éléments essentiels amenés sur le champ des batailles. Pendant la première Guerre Punique, Publius Claudius Pulcher, consul de la République Romaine, voulant attaquer la flotte carthaginoise, demanda que des poules sacrées lui soient ramenées afin qu'il puisse être éclairé dans ses décisions stratégiques. Lors de la cérémonie, les poules ont refusé la nourriture. En conséquence, Claudius Pulcher, prit par la colère, a ordonné de les jeter à la mer. « Si elles ne veulent pas manger, qu’elles boivent » a-t-il proclamé. Ce sacrilège eût un prix, car la malédiction divine lui rendi la monnaie de sa pièce par une humiliante défaite dans laquelle beaucoup de ses hommes périrent. « Ce sont eux [les coqs] qui régissent quotidiennement nos magistrats, qui leur ferment ou leur ouvrent leur propre maison. Ce sont eux qui mettent en marche ou retiennent les faisceaux romains, qui ordonnent ou interdisent les batailles » (NH, X, 49). Le coq est présent dans de nombreuses traditions et croyances religieuses. Dans les religions judéo-chrétiennes, le coq est associé directement au Christ et à sa résurrection. Par son chant, le coq incarne le passage des ténèbres à la lumière avec l'annonce d’un nouveau jour. « Hymne des laudes dominicales : Déjà retentit le héraut du jour Appelant l’éclat du soleil. Lucifer réveillé par lui [*] Dégage la voûte céleste des ténèbres : Toute la cohorte des ombres errantes Quitte grâce à lui les chemins du mal. C’est lui qui rassemble les forces du marin Et apaise les vagues de la mer. Par son chant, il lave les péchés Aussi, levons-nous courageusement ; Le Coq réveille ceux qui sont couchés, Apostrophe ceux qui somnolent encore, Invective ceux qui refusent de se lever. Par son chant, le Coq rend l’espoir Et le malade recouvre la santé. Le malfaiteur remet l’épée au fourreau Et le renégat se convertit... ». Les coqs prenaient place aux sommets des églises et rappelaient l’obligation d’aller à la prière du matin. Ensuite, au Vème siècle la cloche a été inventée et le coq destitué de cette tâche. Cependant, sa présence perdurera avec le « clochet », la girouette en forme de coq, souvent placée au sommet des églises. Bien qu’elle indique la direction du vent, elle existe avant tout pour signaler les églises qui sont orientées vers l’Est, là où le soleil se lève. Anciennement, seules deux cérémonies par jour étaient commémorées dans les monastères, le « Gallicinium » l’heure du Coq au matin, et le « Lucernarium » l’heure de la lampe, au soir ». « le coq a rappelé à son devoir l'apôtre Pierre, qui venait de renier par trois fois son maître « Avant que le Coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois » . » L’ANCIEN Pline, Naturalis Historia, Livre X, chapitre 40 Cicéron, De natura , Livre II, 1999 La Bible, Nouveau testament, Evangile selon Saint Luc, Luc 22 : 59-61 Yantra,Coqs et poules, mon carnet d’infos. 2018 Consultée en 2020 : https://cutt.ly/6jDeQqC Figure .8p. 10
CHAPITRE IVla poule : noble de la basse courDu coq vainqueur au messager des Dieux, la poule a fait partie des changements dans les coutumes et les évolutions des modes de vie de l’Homme. Elle a fini par occuper une place privilégiée au sein de l’habitat humain, se positionnant comme la « noblesse » parmi les espèces domestiques. « Cocorico ! Le coq réveille toute la basse-cour. Vite ! Maman poule rassemble ses poussins. Un coup de bec, un coup de grie, il faut manger le plus vite possible » De la même manière qu’il y avait une église au coeur de chaque village en France, il y avait une poule dans chaque basse-cour et une basse-cour au coeur de chaque ferme. Aujourd’hui, ce sont les nombreux ouvrages artistiques qui nous permettent de voyager à travers ces installations animalières, l’Antiquité nous a laissé peu de traces sur le plan archéologique, compte tenu de la faible empreinte que pouvaient laisser les poulaillers au sol. Les récits nous ont permis d’en savoir plus sur l’importance et les rôles qu’avaient les poules ainsi que l’utilisations des cages sacrées dites « Cavea » dans les civilisations antiques. Cependant, il existe peu de fouilles, qui peuvent nous montrer aujourd'hui le véritable aspect des poulaillers à cette époque. On a la certitude que les représentations picturales étaient romancées par les artistes, qui souvent se laissaient séduire par des scènes idéalisées. Par ailleurs, dans la majorité des cas, les poules partageaient les granges avec les vaches ou les chevaux, ou dans les cas les moins favorables avec leur maîtres. Au Moyen-Âge, le statut spirituel que l’homme avait donné à la poule est complément dévalorisé. Ceci est sans doute dû à l’apparition de fables qui associaient fréquemment les poules à la basse-cour. En outre, la basse-cour était souvent qualifiée de « petite économie de subsistance », et son activité était principalement gérée par des femmes. En réalité, l’importance de l’économie de la basse-cour était cruciale, pour l’ensemble de la société et tout particulièrement pour la population paysanne, majoritaire à cette époque « Qu’elle ait beaucoup de poules et d’œufs » prescrit Caton dans son traité d’agriculture (Agr., 143, 3). » Comme n’importe quel animal, la poule a trois besoins essentiels pour s’intégrer correctement dans son environnement : la nourriture, un abri et des conditions favorables pour sa reproduction. La basse-cour se doit alors de satisfaire ces trois besoins. C’est à l’époque médiévale qu’une multitude de basses-cours surgit partout en Europe. On ne construit plus de simples enclos pour abriter les gallinacés mais on dessine tout un habitat artificiel pour leur bien-être. La constitution de la basse-cour diérait beaucoup d’un milieu social à l’autre. Elle pouvait varier selon les coutumes, le pays ou le climat. Une des caractéristiques les plus remarquables des basse-cours était la variété des volailles. Pour les nobles, la basse-cour était le lieu de rencontre des espèces venant d’ailleurs. Paons et faisans, coulons et tourterelles côtoient les poules au quotidien, illuminant les jardins de vie, de chants et de couleurs. La basse-cour paysanne, pour sa part, restait réservée aux poules et à quelques intrus comme des canards et des oies. Progressivement, les poules ont gagné des avantages dans la basse-cour. En eet, cette espèce répondait parfaitement aux besoins primaires de l’élevage de l’époque, ceux de produire des oeufs et de la chair. En outre, les poules sont d’excellentes pondeuses et couveuses. Quant au coq, il est lascif et très fertile. Ce favoritisme pour les poules a provoqué une transformation notoire dans la basse-cour, qui a été à son tour renommée en « Galinière » ou « Gélinière ». HAVARD Christian, La poule, commère de la basse-cour, Milan, mini patte, 2000 DEMIANS D’ARCHIMBAUD Gabrielle, Les Fouilles de Rougiers, Paris, Editions du CNRS, 1980 NADA PADRONE Maria,Nada Padrone,1981 L’ANCIEN Caton, De agri cultura, 60 av. J-C LATINI Brunetto, Li livres dou trésor: édition d'après les manuscrits, présentée par Polycarpe Chabaille 1863 Haecpertus, Physiologus de Berne, 825 - 850 «ANONYME» Roman de Renart, 1310-1315 Consulté en 2020 : http://classes.bnf.fr/renart/ p. 11
Aucun autre animal n’a jamais mérité des modules d’habitation si pensés et si complexes, en tout cas aucun autre animal domestique. Les poules avaient droit à une série de pièces et d’objets qui leurs étaient dédiées pour améliorer leur quotidien : un pondoir, un abreuvoir, un mangeoire, des escaliers, un juchoir, des fenêtres avec des volets, un bac à sable et même parfois des jardins leur sont réservés. Dès les années 800, nous avons la certitude de l’existence des poulaillers indépendants de la maison. D’une part, dans le bêtisier « Physiologie de Berne » des arcades situées dans le jardin sont mentionnées en tant qu’abri pour les poules. D’autre part, dans les enluminures extraites du « Romain de renard », on peut observer des constructions dédiées aux poules. Ces installations sont faites d’une coupole tenue par les murs en pierre et ils correspondent parfaitement aux descriptions faites par Olivier de Serre dans son ouvrage « Théâtre d’agriculteur ». « Les meilleurs poulaillers sont voûtés par le dessus, attendu que la poulaille sera plus chaudement en hiver, et plus fraîchement en été, et moins importunée des souris, belettes, fouines et semblables bêtes, sous les voûtes que sous les planchers, ni simples couvertures. » Il était également d’extrême importance de donner de l’attention à la construction du sol. Olivier de Serres conseillait dans son Commérer de la basse-cour « Théâtre d’agriculture » un sol « carrelé avec de la brique ou avec des pierres taillées ; de manière à ce que ni les rats ni les serpents n’y puissent avoir entrée ». « la fenêtre pour sûreté, sera ferrée avec des barreaux de fer mis dans l’épaisseur du mur, et au-devant d’iceux plaqué un petit treillis de fer d’archal fait à la façon de cage pour empêcher l’issue à la poulaille et l’entrée aux rats, fouines, belettes et semblables ennemis des poules ». Quant à l’intérieur des poulaillers, les illustrations nous montrent l’importance des « Juchoirs », autrement dit, des structures surélevées pour les poules. Il existait une grande diversité de juchoirs. Ils allaient de structures imposantes construites pour accueillir plusieurs poules à la fois, à de simples barrettes incrustées le long du mur. Néanmoins, ils avaient pour but d’éloigner les poules des prédateurs ainsi que d’éviter à ce qu’elles se reposent sur leurs propres fiantes. Pour les nichoirs, leur conception était tout aussi précise. Compte tenu que la poule est un animal sauvage, un simple amas de paille pouvait suire. Il était de coutume d’utiliser des paniers aux bords bas et rembourrés de paille. Ces derniers, étaient placés à l'intérieur des niches de bas plafond afin de procurer de l'intimité aux poules. Les paniers permettaient également à l’Homme d'extraire les oeuf très aisément. Le sujet de l’alimentation des gallinacés est peu abordé au Moyen-Âge contrairement à l’Antiquité et à l’époque Moderne. En eet, durant ces temps, de nombreux écrits traitaient avec précision la manière dont les poules devaient être nourries. Cela s'explique sans doute par le fait qu’on laissait plus volontiers les poules trouveraient elles-mêmes leurs aliments à l’époque médiévale . De plus, le devoir de nourrir les volailles était considéré comme simple à réaliser et était toujours associé aux femmes. Palladius airmait dans ses traités d’Agriculture : « Il n’y a pas une femme, pour peu qu’elle soit intelligente, qui ne sache élever des poules. » alors que Oliver de Serre déclarait avec dérision : « La nourriture de la poulaille est si vulgaire qu’il semble être chose utile d’en traiter particulièrement, étant doctes en ce gouvernement, les plus simples femmelettes ». Une autre structure, destinée à l’élevage des poussins est apparue également dans les illustrations médiévales. « La mue » était une ossature conique, utilisée au moment où les jeunes poussins étaient prêts à quitter les ailes de leur mère. La mue enfermait la poule couveuse qui, par sa taille, ne pouvait pas s'en échapper. Dans le même temps, les petits sortaient et revenaient facilement. Cela permettait aux poussins de développer une certaine indépendance, tout en restant sous le regard de leur mère afin de ne pas partir trop loin. Compte tenu des idées précédentes, les mangeoires étaient peu cités dans les manuscrits. Au Moyen-Âge, seulement quelques illustrations et récits témoignaient de ce sujet. Ils étaient décrits comme des récipients relativement simples, de petite taille et légèrement surélevés du sol, que l’on retrouve dans les illustrations de « Psautier de Luttrell » ou encore dans les fables d’Ésope. Les abreuvoirs étaient aussi peu illustrés que les mangeoires alors que des nombreux textes mettaient en garde les fermiers sur les problématiques de l’eau si elle n’était pas renouvelée fréquemment. « l’abreuvoir [...] des auges de pierre, ou de terre de potier cuite, ou de bois creusées proprement : dans lesquelles chaque jour mettre-t-on de l’eau fraîche et nette. Et afin qu’aucun bétail ne salisse l’eau sera bon de tenir toujours les auges couvertes seulement par- dessus, laissant les côtés à jour par lesquels les poules passant la tête s’abreuveront à plaisir ; et par ne pouvoir entrer dans l’eau, ne la remueront avec les pieds et n’y fienteront [...] L’eau corrompue est très mauvaise à la poulaille »En plus des poulaillers bâtis au sol, des structures mobiles et légères ont été imaginées afin d’être facilement déplacées. Une enluminure trouvée dans un «Tacuinum Sanitatis » datant des années 1480, nous l’illustre. Ces « Galinières » étaient bien isolées au sol et ventilées par des orifices vers une trappe semi-ouverte nommée « Poulière ». Comme tout ce qui a été progressivement adapté au milieu urbain, les poulaillers mobiles ont été à leur tour ramenés à la ville. En eet, de nombreux villageois élevaient des volailles. Ces poulaillers étaient alors conçus comme du mobilier réalisé pour intégrer l'aménagement intérieur des maisons. Il pouvait avoir parfois une double fonction comme celle d’une étagère. Cette cage est-elle vraiment une cage ? Ou reflète-elle le désir de l’homme de procurer un espace digne à ces animaux. Dans le cas des poules, l’Homme conçoit donc un espace qui ressemble à son propre habitat. DE SERRE Olivier, Théâtre d'agriculture, LivreV, XVIème siècle VARRON Déjà, De agriculturaLivreIII, 9 Columelle, De re rustica, Livre VIII, V MANE Perrine, Black hen lays white eggor Chicken and medieval poultry houses Consulté en 2020 : https://journals.openedition.org/ethnoecologie/3246 DE SERRES Olivier, Théâtre d’agriculture, LivreV, chapitre 2: L’abreuvoir de la poulaille Olivier de Serres,Théâtre d’agriculture, LivreV, chapitre 2: L’abreuvoir de la poulaille LE CROYSELAT, Prudent,Discours economique, 1572 Les manuels de santé médiévaux apparus vers les années 1400 illustrent des poulaillers conçus autrement. Si nous étudions un cas précis, nous pouvons rapidement conclure qu’il s’agit d’un poulailler conçu pour un milieu aisé. Il est situé sur des échasses très hautes et accessibles uniquement par des escaliers. Cette hauteur est une protection eicace contre les prédateurs. En outre, le bâtiment est recouvert d'un toit en briques et sa forme est similaire à celle d’une cabane. Une première trappe en arche permet l’accès au nid pour cueillir les oeufs. La deuxième, plus petite, donne l’accès à un perchoir. Figure .10Figure .13Figure .16Figure .11Figure .12Figure .17En ce qui concerne l’habitation de la poule, il était fréquent de construire des poulaillers comme des dépendances du foyer. Ces lieux pourraient être facilement comparés, voir confondus, avec ceux habités par l’Homme, à l’exception des perchoirs qui traversaient les pièces du sol aux pondoirs. Figure .9L’accès aux poulaillers faisait souvent l’objet d’une attention particulière. Des enluminures flamandesdatant de la fin des années 1400 illustrent des poulaillers aménagés dans les combles des maisons. Ils orent un abri surélevé aux poules, un escalier composé d’un poteau central et des échelons en quinconce leur permettant d’y accéder. DE SERRE Olivier, Théâtre d'agriculture, LivreV, XVIème siècle Figure .14Figure .15p. 12
CHAPITRE VDessiner la poule de l’avenir En Europe, la recherche du coloris du plumage chez les poules visait à élever des animaux plus élégants et gracieux. Ces caractéristiques dans le plumage avaient pour objectif de représenter l’identité de chacune des régions. Or, l’ouverture du commerce avec les ports orientaux en 1800 ont introduit de nouvelles races en Europe qui étaient plus grandes et avec des plumages plus colorés. C’est à partir de ce moment que la course des nouvelles races et variétés voient le jour partout en Europe et en Amérique. La poule a subi de nombreuses « améliorations » depuis que l’Homme l’a approché. Des ossements datant de 1100 témoignent déjà de l’intention de l’Homme de dessiner cet oiseau de toute pièce. Deux points majeurs sont mis en évidence pour expliquer les changements les plus marquants. Le premier, la popularité du Christianisme au Moyen Âge avec les coutumes du Carême qui interdisait la consommation de viande provenant des animaux à quatre pattes pendant quarante jours par an. Étant donné que cette restriction n'incluait pas les oiseaux et les œufs, l'élevage de volailles est devenu très populaire pendant le jeûne annuel. La reproduction artificielle maîtrisée par l’Homme impliquait ainsi chez les poules une ponte plus régulière et répartie tout au long de l’année. Le deuxième, la concentration des populations dans les zones urbaines a engendré des élevages de poules dans des espaces de plus en plus réduits. Ces conditions obligeaient les poules à devenir des animaux plus sociables et à dépenser moins d’énergie. D’autres aspects comme la couleur et le chant semblent avoir été manipulés par l’Homme, avec pour but de rendre l’animal plus « chose » qu’animal. Des croyances populaires, pourtant fortement remises en question par des scientifiques, sont restées, aujourd’hui, comme des certitudes rarement contredites. Après avoir pondu, la poule doit attendre une quinzaine de minutes avant de recommencer son cycle d’ovulation. Elle émet immédiatement un son, elle « caquette » pour attirer le coq. Le nouvel oeuf sera fécondable pendant un délai de vingt minutes avant que le blanc d’œuf ne se développe et que les spermatozoïdes ne puissent achever leur tâche. Or, dans leur milieu naturel, les oiseaux ne tendent pas à crier après avoir pondu car cela ne ferait qu’attirer les prédateurs qui pourront rapidement localiser le nid. Une théorie, peu étayée, essaye d’expliquer pourquoi la poule chante juste après la ponte. Ce comportement aurait pu être causé par l’Homme pour localiser plus facilement les nids. Jusque dans les années 1800, nous pouvons constater une prédilection pour les poules noires dans les milieux aisés. Nonobstant, dans la nature, la plupart des espèces « ancêtres » des poules, possédaient un plumage terreaux, qui se camouflait et changeait selon les saisons : clair en hiver et foncé en été. Seules les poules de « kedu », une race originaire de Java, étaient entièrement noires en chair et en plumage. En revanche, elles ne seront introduites en Europe qu'à la fin du 19ème siècle. De nombreuses poules ont donc suivi une sélection reproductive artificielle menée par l’Homme, qui choisissait uniquement les poules au plumage le plus foncé. Ce favoritisme pour les poules noires pourrait s’expliquer par la netteté de la couleur plus que par la couleur en elle-même. De la même manière que les nobles préféraient manger du pain blanc qui évoquait la pureté, les poules noires inspiraient des vertus comme la prospérité, l’ouverture d’esprit. Durant la guerre Punique, les Romains utilisaient exclusivement les coqs noirs pour les sacrifier, car ils étaient vus comme supérieurs aux autres. Les coqs noirs évoquaient ainsi la déesse Cybèle dont le symbole était une pierre noire. LE CHANTLA COULEUR WANG Yongzhou, journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée,1981 BNF, Manger en chrétien, Expositions virtuelles Bnf, Consulté en 2020 : https://cutt.ly/8jDnfgf HUSSON Hervé, La vraie nature de la poule, origines et histoire de son élevage, 2018 Consulté en 2020 : https://cutt.ly/MjDn1gZ BEAUME G. Alexandra Pourquoi les poules chantent après avoir pondu? Consulté en 2020 : https://cutt.ly/NjDmYUM Palladius, l’Opus Agriculturae Columelle, De re rustica, Livre VIII, V CHARLES-ÉMILE, Le Poulailler, monographie des poules indigènes et exotiques 1813-1894 p. 13Figure .18Figure .19Figure .20Figure .21
SES GOÛTS La plupart des races de poules en France ont disparu dans les années 1970. La Première et la Seconde Guerres mondiales ont complètement anéanti le développement de nouvelles races. En outre, celles qui ont connu un vif succès au début du siècle ont fortement décru et pour certaines ont même complètement disparu. Dans le même temps, les « super poules » américaines sont devenues omniprésentes. En 1946, la France intègre la course aux poules industrielles. En eet, « L'Institut national de la recherche agronomique » présente une poule à bas prix capable de battre la poule américaine grâce à une chair plus généreuse. Dès lors, des poulaillers géants sont construits pour regrouper l’ensemble des races connues : Combattant du nord, Chef coeur, Gaule d’or, Javanaise, Cou nu du forez, ont été mélangées afin de donner naissance à une poule avec un maximum de chair et élevée en peu de temps. À la fin des années 50, la « vedette INRA » voit le jour, elle est de petite taille pour occuper peu de place. Durant cette période, la course industrielle commence à prendre des dimensions démesurées, on dit même « la poule de demain aura le goût qu’on voudra ». La croissance des poules devient imbattable comparée à d’autres animaux industrialisés : 2 ans pour les bovins, 6 mois pour les cochons, alors que la poule industrielle grandit en 35 jours à peine. Ces poules à la croissance rapide arrivent à multiplier par 4 le poids des poules ordinaires durant la même période d’élevage. On cherchera à tout prix à rendre cet animal encore plus rentable. On regarde de près la taille des oeufs, la consistance et la couleur de la chair et même ses goûts alimentaires. Près de 60% du coût de la poule se trouve dans son alimentation. Depuis quelques années, le soja est remplacé par le colza en raison de son coût moindre. Or, les poules n’aiment pas le colza et pourtant des troupeaux entiers de poules sont incités à en manger. L’INRA sélectionne par la suite uniquement celles qui en consomment une quantité importante et qui donneront naissance à des poussins. La poule industrielle que nous consommons aujourd'hui est alors « dessinée » de toute pièce. Elle a dépassé le seuil de 300 œufs par an. Afin d'atteindre ce jalon, ces volailles ont été modifiées pour pas ne pas muer ni couver. Comment ce changement s'est-il produit en moins d’un siècle ? Les recherches scientifiques ont une part de responsabilité, mais aussi, la vitesse auxquelles les poules grandissent aujourd’hui. Les poules industrielles atteignent l’âge adulte en 35 jours, alors qu’une poule « non industrielle » devient adulte en quatre mois. Les modifications génétiques se voient reflétées de génération en génération, plus les poules grandissent rapidement, plus il est facile d’accélérer ces changements. Après des milliers d'années de sélection artificielle réalisées par l’Homme, est-il possible d’imaginer que ces « poules machines » puissent retrouver un jour un environnement naturel ? Ce sujet sera traité par Virginie Maris, philosophe contemporaine spécialiste de l’environnement, lors de sa conférence « ensauvager le monde ». À son sens, il serait très diicile de rendre leur instinct sauvage aux poules. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille continuer à traiter ces animaux comme de vilains objets. GRABER Frédéric, Du cobaye aux nuggets, The Industrialization of the Broiler in the United States during the 20th Century, 2017 GILLESDenis, Une histoire institutionnelle de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) – Le premier Inra (1946-1980), 2014 CIWF France, Un peu d’histoire, Consulté en 2020 : https://cutt.ly/jjDxt2q L214, La sélection génétique des poules de chair Consulté en 2020 : https://cutt.ly/TjDceqn Documentaire Société, Poulets en batterie - Le reportage Choc [video] Consulté en 2020 : https://cutt.ly/pjDbklc Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit, sed do eiusmod tempor MARIS virginie, La Part sauvage du monde [video] Consulté en 2020 : https://cutt.ly/ujDnThC Au début du vingtième siècle, un nombre important de races de poules est créé partout dans le monde. Les premières expositions avicoles ont lieu et des institutions comme la Société Nationale d’Aviculture française, fondée en 1891, contribuent au statut économique des poules. Institut international d'agriculture L'aviculture dans le monde. I: Situation générale de l'aviculture et état actuel des recherches sur l'alimentation des volailles. II: État de l'aviculture dans les pays européens, 1933 Ce n’est que pendant les « Trente Glorieuses » que l’Homme industrialisa fortement les poules. Dès lors, elle connut une transformation exponentielle. En eet, la fertilité des poules devient une question centrale de leur élevage. L’utilisation des Lois de Mendel a permis de « concevoir » des poules plus productives. Par exemple, en Amérique, des recherches scientifiques plus poussées ont donné d’excellentes pondeuses comme les « Rhode-Island » : ces « poules machines » ont débarqué partout dans le monde et les races locales ont été laissées de coté.SA TAILLE 1957 1978 2005905 g 1808 g 4202 g CIWF France, La vie misérable des poules à croissance rapide, Consulté en 2020 : https://cutt.ly/ojJD4dDFigure .23Figure .22Figure .24Figure .29Figure .27Figure .26Figure .25Figure .28p. 14
MOI POULE Documentaire Société, Poulets en batterie - Le reportage Choc [video] Consulté en 2020 : https://cutt.ly/pjDbklc FOURCAUT Annie, Les banlieues populaires ont aussi une histoire, 2017 Consulté en 2020 : https://cutt.ly/djDQvZq LEGRAND Marine, La mise en ordre écologique des parcs urbains. Savoirs, pratiques et paysages, 2015 Consulté en 2020 : https://cutt.ly/NjDQWCi ARNDT Milton, Battery Brooding,1931 ARNDT Milton, Battery Brooding,1931 p. 15Figure .30Figure .31Ces poulaillers ultramodernes permettent de résoudre des problèmes d’espace, car on pouvait concentrer plus de poules de façon verticale sans qu'elles semarchentles unes sur les autres.Ces cages ultra modernes sont aussi dotées des dernières technologies, des systèmes d’eau qui le longent et qui alimentent chacune des cages.Dans les zones couvertes, le chauage au sol est possible grâce à un faux plancher en grille ainsi que des bandes capables de transporter et centraliser les œufs, mais surtout les poules ne marchent plus sur leurs fientes.Ces conditions innovantes ne sont pas très diérentes de celles proposées dans les cités-jardins. Les besoins de la poule trouvent un mimétisme certaincomparativement aux besoins de l’homme à tel point qu’il nous est possible de tracer un parallélisme entre son habitat et celui de la poule et aussientre l’évolution des changements de modes vie de cet animal et de l’homme lors des derniers siècles. L'arrivée de l’industrie bouleversa la vie de l’homme et avec elle celle de la poule.Ce phénomène attirera des milliers de personnes vers les grandes villes avec la promesse d’un nouvel avenir.De nombreux paysans seront incités à laisser tomber leur mode de vie et à abandonner la campagne.C’est ce qu’on appellera l’exode rural. Les villes modernes proposaient de nombreux avantages comparés à la campagne, une ore de travail plus importante et l’accès rapide aux services publics comme les soins et l’administration.Néanmoins, à la fin duXIXèmesièclela croissance démographique vertigineuse de grandes villes comme Paris et Lyon ont produit unehaussedes prix du logement qui ne cessera que d’augmenter.La vie urbaine devient de plus en plus chère et les personnes les moins favorisées se verront forcées à déménager vers les banlieues.Loin des cœurs administratifs de villes, les banlieues sont démunies d’équipement urbain, comme l’eau courante et le traitement des déchets.Ces zones insalubres accueilleront davantage la main-d'œuvre industrielle qui se verra menacée par l’arrivée de nouvelles technologies.Cette crise économique de début du XXème siècle obligera l'industrie à baisser encore plus son coût. Les animaux vivront indirectement la même destinée, tout particulièrement les poules.Grâce à leur petite taille, elles seront embarquées dans le «rêve urbain» accompagnant leurs maîtres dans la ville pour continuer à répondre à leurs besoins alimentaires.Or, l’espace précaire et le coût élevé de leur nourriture obligeront les anciens agriculteurs à abandonner cette activité fermière. L'arrivée de l’industrie agroalimentaire prend rapidement le pas sur les élevages domestiques avec l’invention des premiers poulaillers d'élevage massif.Sans aucun contrôle, ces premiers poulaillers aménagés au sol ne cesseront de croitre de manière démesurée.Ils chercheront à répondre à la croissante demande de chaire et d’œufs, et cela, en dépit des conditions sanitaires ou du bien-être animal. Les aménagements de ces poulaillers au sol étaient dans certains cas tout à fait hors du commun.Les poules avaient chacune le droit à moins d’espace qu’une feuille A4.Le sol était revêtu de leurs excréments qui se cumulaient tout au long de leur séjour,les murs tapissés de «ténébrions», petits insectes porteurs de maladies qui devenaient les seuls compagnons des poules et la lumière n’était pas une priorité, car les poules ne verront jamais la lumière du jour.Ainsi, beaucoup d’entre elles n'avaient droit qu’à une seule balade dans leur vie, celle qui les menaientt à l’abattoir. L’entre-deux-guerres ajoutait au panorama une crise du logement.Des lotissements insalubres et diiciles d’accès, dépourvus d’eau et de sanitaires, avec des sols remplis de boue et des murs tapissés de punaises, voient camper plus de 400 000 ex-parisiens dans les banlieues lointaines.Ces conditions inquiétantes devenaient alors rapidement un problème d’ordre général. En 1928, la loi Sarraus finance l’aménagement des voies, des services publics de première nécessité et réglemente les lotissements sauvages.Ces zones insalubres deviennent alors le rêve populaire grâce à la création des «cités-jardins» qui se présentent comme une solution pertinente à la crise de logement et ouvrent une nouvelle perspective de vie avec l’accès à la propriété.Dans le même temps, les premiers poulaillers en batterie sont conçus.MiltonArndtnous en parle dans son ouvrage BatteryBrooding publié en 1931 et décrit les nombreux avantages des poulaillers en batterie, notamment plus salubres que l’élevage au sol.
« Pouvait-on encore parler d’élevage ou fallait-il désormais parler d'usine ?Le directeur de l’entreprise avicole(DUC )se posait lui-même la question, mais reconnaissait la nécessité d'industrialiser cette production pour répondre aux besoins du consommateur.«C’est notre ambition d'avoir une optique d'industriel.» VEYRET-VERNER Germaine, Note sur l'évolution démographique mondiale depuis 1945, 1955 INA.fr, lorsque l'élevage industriel des poules se développait, 1968 consulté en 2021: https://cutt.ly/wjSm9WQ FOURCAUT Annie, Les banlieues populaires ont aussi une histoire, 2017 Consulté en 2020 : https://cutt.ly/djDQvZq LUPIERI Stefano, 1929. La cité-jardin plutôt que le ghetto,Enjeux les Echos, LesEchos.fr, 2007 consulté en 2021: https://cutt.ly/bjSQo5U VIEILLARD-BARON Hervé,«Sur l'origine des grands ensembles», dans Frédéric Dufaux, Annie Fourcaux (dir.),Le monde des grands ensembles. France, Allemagne, Pologne, Russie, République tchèque, Bulgarie, Algérie, Corée du Sud, Iran, Italie, Afrique du Sud,2004 La volaille de Brest, Des volailles de Bresse bien élevées. consulté en 2021: http://www.pouletdebresse.fr/elevage-artisanal-et-bien-etre-animal/ Des volailles de Bresse bien élevées. Figure .34Figure .36Figure .37Figure .38Le cas des poulaillers ne sera pas très diérent.Les cages en batterie seront brevetées par SamuelDuen 1957.Le recours à ce mode d’élevage industriel sera adopté de plus en plus dans le monde entier.À la fin des années 1980, 75 % des poules sont élevées en batterie.Pour le coup, elles sont composées de nombreux étages et les conditions d’élevage ne sont pas toujours aux normes sanitaires.Ces poulaillers géants hébergent des milliers de volailles en même temps.Les conditions seront parfois précaires.Elles généreront chez les poules des conflits sociaux, de l’anxiété, du stress collectif, de la peur constante ou encore du cannibalisme. Durant les années 80, une préoccupation pour le patrimoine français s’est réveillée et cela a concerné aussi les poules.On était «fiers» de notre poule vedette.Néanmoins, son monopole était largement critiqué et a causé quasiment la disparition des races emblématiques.Des amateurs et professionnels ont alors entrepris la tâche de«reconstruire»ce patrimoine.Bien qu’en faible nombre, nos campagnes se verront à nouveau habitées par des poules fermières. Figure .32À la fin de la deuxième guerre mondiale, la croissance économique encourage des nouveaux phénomènes comme le baby-boom, l’immigration provinciale et étrangère.L’alux urbain ne cesse de croître et la crise du logement devient plus critique que jamais.Durant les années 50, grâce à l’engagement social de l’Abbé Pierre, une réforme du logement est revue.Dès lors, des grands ensembles d’habitation ont été construits partout en France.Or, l’industrialisation du marché immobilier et l’invention du béton armé encouragent à la construction de bâtiments parfois trop simples.Ils sont constitués de logements de petites tailles et souvent dépourvus d’équipements, ce qu’on appellera les cités-dortoirs.. De surcroît, l’importante demande de main d’œuvre, couplée à une croissance démographique conséquente provoquera en France durant les années 70 la conception précoce de 2millions d'habitations grand-format hébergeant jusqu’à 1000 logements concentrés dans un même endroit.En France, on appellera ces ensembles de façon vulgaire des «clapiers», faisant allusionaux cages des lapins.Ces programmes cherchant à répondre à la crise de logementn'avaientplus rien à voir avec ceux conçus durant les années 30.En eet, leur but premier d’améliorer les conditions des populations les moins favorisées comme les cités-jardins restait progressivement oublié Figure .33Aujourd’hui en France, il est interdit d’élever des poules en cages classiques.Nos rayons aux supermarchés sont alors aujourd'hui inondés d’œufs qui revendiquent de meilleures conditions de vie pour les poules. En eet, la France a pour but en 2022 d'atteindre 50 % des poules issues d’élevages alternatifs.L’autre moitié devra rester encore dans l’ombre.Néanmoins, c’est seulement une des résolutions parmi d’autres qui témoignent de notre inquiétude pour les conditions de vie de cet animal et la santé de ceux qui les consomment. L’artiste belge Koen Vanmechelen utilise la poule comme une métaphore à «l'animal-humain» pour questionner la diversité biologique et culturelle de notre planète. Son œuvre « The Cosmopolitan Chicken Project » en 1999, s'interroge sur l'avenir des poules. Ce projet cherche à obtenir une poule qui porterait les gènes de toutes les races de poulets de la nôtre planète. La question qu’il faudrait éventuellement se poser est la suivante :les changements de la poule sont-ils symptomatiques ou annonciateurs de nos propres changements ?Est-ce que l’élevage et les besoins de cet animal nous renvoient à nos propres besoins,à nos mêmes modes de vie… Un exemple parfait est le poulet de Bresse.Ces poules sont élevées dans des conditions de rêve.On fera le maximum pour leur donner une vie sereine.Leur alimentation sera choisie avec soin et elles vivront dans des grandes parcelles proches de la nature.Tous ces eorts ne sont pas vains, puisqu'on parle ici du meilleur poulet du monde.En eet, il est délicieux à déguster.Pour cela, il grandit tranquillement en 4 mois, soit trois fois plus de temps que la poule industrielle.En outre, il peut se déplacer librement et mener une vie sociale épanouissante. Même si ce mode d’élevage a un but économique, le bien-être animal est primordial.En eet, notre vision sur la qualité de vie qu’on donne aux poules change radicalement par rapport aux années présentant,on ne voit plus ses animaux comme de simples produits industriels.On s’interroge aujourd’hui sur la qualité de leur aliment, leur maladie, la place qu’elles disposent pour bouger, et même sur leur état d’esprit. «La critique des grands ensembles, chronique depuis les années 60 avec l’émergence du thème de la «sarcellite» ou maladie des grands ensembles, qui générerait ennui, suicide, violence, délinquance» p. 16VANMECHELEN Koen, The Cosmopolitan Chicken Project MARIS virginie, La Part sauvage du monde [video] Consulté en 2020 : https://cutt.ly/ujDnThC
Les animaux m’ont intrigué depuis toujours, d’une forme ou d’une autre, ils ont toujoursété présents dans ma vie.J’avais depuis toujours cette envie profonde de travailler avec les animaux et cette année était parfaite pour approfondir ce désir.Les animaux ont les mêmes besoins essentiels que nous :ils ont besoin de se protéger, de se nourrir, de se reproduire et de s'épanouir au sens d’une société.Je suis parti à la recherche de l’animal ou d’un groupe d’animauxqui pouvait être regardé par le prisme de mes études, l’architecture d’intérieur et le design, j’interrogeais chezles lépidoptères que je collectionne et ensuite chez les insectes en général.Enfin, lors d’un atelier d’architecture à la villa Noailles, l’architecte PaulVincentdemandeaux enfantsde confronter des sujets d’architecture aux poules et sonpoulailler.Les proportions étaient étonnantes.Ces animaux n’étaient pas vus comme celui qui produit de la chair et des œufs au service de notre alimentation, mais plutôt vu comme notre égal.Plusieurs de ces enfants ayant vécu le premier confinement ont vu arriver dans leur jardin des poules.Ils souhaitaient concevoir des habitats pour ces animaux, mais ils ne voulaient pas des simples cages, ils ont conçu des maisons, des villas et des complexes d’habitation qui ressemblaient plus à celles d’êtres humains que d’animaux.La seule diérence, les poules s’approprieraient de leur habitat en dépit de leur choix, puisque nous ne pourrions jamais leur indiquer où sont leurs chambres ou leurs salons. Cette réponse n’est pas entonnante quand nous découvrons que la représentation des poules soit iconographique ou soit symbolique est présente partout dans notre société.Les poulesnous accompagnentdepuis notre enfance, dans les fables, les dessins animés et nos équipes sportives.Elles font partie de notre quotidien.Et d’ailleurs,nous leur attribuons plus souvent des caractéristiques plus humaines qu’animales.La poule est un exemple parfait d’anthropomorphisme dans notre société.Ces constats m’ont poussé à m’interroger sur cet animal qui fait partie de notre imaginaire, il est finalement très proche de nous et à la fois sa réalité aujourd'hui nous est très distante.C’est au fur et à mesure que j’arrive à une perspective de la poule que je ne connaissais pas lors du démarrage demes recherches.Je découvre que son rôle dépasse nos fins alimentaires,qu'ellea été un symbole religieux pour des peuples comme lesLapitaset lesGrecques, qu'ellea été l'ambassadrice de guerre pour lesRomaineset même qu’elle est aujourd'hui l’animal vivant sur terre le plus proche des dinosaures génétiquement parlant. C’est curieux à quel point un animal qui est domestique nous tient tant compagnie alors que ce n’est pas oiciellement aujourd’hui considéré comme un animal de compagnie.Progressivement, jecontinue à m'interroger sur l’histoire de la poule et je comprendsqu’elles estun bouc émissaire dans notre société.Au long de notre histoire, on lui a demandé d’endosser des responsabilités qui ne sont pas les siennes et aujourd'hui, nous avons entre nos mains le destin d’une espèce qui ne nous a jamais rien demandé. La poule est donc une partie essentielle d’un enjeu, celui du changement des modes de vie vers lesquelles on souhaite venir.Aujourd’hui la prise du recul sur les demeures que nous avons produit niveaux environnemental, sanitaire et des droits des animaux nous obligent à nous interroger sur les produits que nous consommons et la façon dont on les consomme.La poule est le pionnier parfait, puisque en s’approchant d’elle, elle peut contribuer à notre indépendance alimentaire, elle pourrait nous permettre de prendre conscience de l’impact de nos produits et peut participer à requestionner la proximité que nous avons vers ces animaux source, proximité qui n’existe plus aujourd’hui.Nous connaissons rarement l’origine et les moyens d’élevage et de production des produits alimentaires qu’on consomme. La poule est le seul animal capable de nous proportionner une source de protéine animale qui n’implique pas de tuer un être vivant, puisque les poules ovulent toutes les 24 heures. Ses œufs ne nécessitent pas un emballage pour être conservésou transportés, carla coquilleest déjà un emballage qui garantitla qualité des œufs. La poule pourrait être d'ailleurs le premier pas vers ce changement de mode de vie, puisque nous bénéficions de la poule de façon immédiate avec ses œufs.Nous ne devons pas attendre des mois d’élevage pour profiter de sa viande ou qu’elle soit fécondée pour bénéficier des œufs.Son apport à notre alimentation est immédiat et pédagogie puisque le bien-être de la poule se voit reflété directement dans sa ponte.Si elle n'est pas bien elle pondra moins ou la qualité des œufs sera mauvaise. Les besoins et comportements de cet animal semimétisentparfaitement aux besoins de l’être humain à tel point que nous en tirons pleins d’expressions que j’ai vous ait déjà fait découvrir.La façon d’aménager un poulailler avec ses multiples fonctions nous permet de tracer un parallèle avec l’habitat de l’Homme et cela nous engage ànous interroger aujourd'hui sur le bien-être de cet animal.Mais même avant cela, il est important de s’interroger :quelle est la poule de demain ?Peut-être que la poule de demain sera la poule domestique, mais dans le vrai sens du terme, qui veut dire :ce qui concerne la vie à la maison, la vie en famille, ou encore l’animal qui vit auprès de l'homme pour l'aider ou le distraire.Selon ces définitions, les poules d'aujourd'hui ne sont pas vraiment des animaux domestiques, elles vivent éloignées de nos habitations, et leur destinest loin de concerner notre vie en famille.La poule de demain est donc peut-être la poule d'hier, celle qui occupait et occupera une place digne dans notre société, et même dans nos habitats, celle qui sera vraiment domestique qui vivra a nos côtés. Je m’apprête maintenant à essayer de déchirer ce nouveau lien qui se construit entre la poule et l’Homme, à lui redonner une place au sein de nos habitations.À travers la conception d’un poulailler qui devra répondre à la fois au besoin quotidien de la poule, son abri, son alimentation, son repos, puisqu'elle sera l’utilisatrice du poulailler et aux demandes de l’Homme,puisque c’est lui qui bénéficiera de la poule, de sa compagnie de ses œufs frais tout le matin, mais aussi du poulailler.C’est donc le sujet sur lequel je souhaite me concentrer, et je rajoute à ce cahier des charges que je viens de vous citer l’aspect esthétique, un poulailler qu’il ne faudra pas cacher au fond du jardin, il pourrait même être central comme une fontaine dans un jardin à la Française, un poulailler dont on sera fier de montrer nos poules de «Luxe ». Mais encore,pourquoi la poule ?En eet, la poule est l’animal domestique le plus nombreux sur la planète, on estime en 2019 que plus des 52 milliards des poules partagent la Terre avec 7,8 milliards d’être humain.Je rappelle que le pouletà été omniprésente dans l’histoire de l’humanité, qu’elle a été probablement un des premiers animaux approchés par l’Homme, il y a environ plus de 10 000 ans, ses capacités de reproduction et d'adaptation à des régimes alimentaires et à des environnements variés lui ont permis de se retrouver dans tous les continents.Elle a une petite taille et se reproduit très rapidement. La poule représentepleins d’avantages :il est très facile pour nous de contrôler la qualité desœufs, carelle dépend de l’alimentation qu’on proportionne à la poule, elle est relativement peu chèreàélever, carelle peut manger jusqu'à 150 kilos denos déchets alimentaires par ans, elle a une petite taille et se reproduit rapidement et ne nécessite que peu de place pour être épanouie comparé aux autres animaux domestiques, comme lesvaches, lesmoutons ou les cochons. p. 17Les besoins et comportements de cet animal semimétisentparfaitement aux besoins de l’être humain à tel point que nous en tirons pleins d’expressions que j’ai vous ait déjà fait découvrir.La façon d’aménager un poulailler avec ses multiples fonctions nous permet de tracer un parallèle avec l’habitat de l’Homme et cela nous engage ànous interroger aujourd'hui sur le bien-être de cet animal.Mais même avant cela, il est important de s’interroger :quelle est la poule de demain ?Peut-être que la poule de demain sera la poule domestique, mais dans le vrai sens du terme, qui veut dire :ce qui concerne la vie à la maison, la vie en famille, ou encore l’animal qui vit auprès de l'homme pour l'aider ou le distraire.Selon ces définitions, les poules d'aujourd'hui ne sont pas vraiment des animaux domestiques, elles vivent éloignées de nos habitations, et leur destinest loin de concerner notre vie en famille.La poule de demain est donc peut-être la poule d'hier, celle qui occupait et occupera une place digne dans notre société, et même dans nos habitats, celle qui sera vraiment domestique qui vivra a nos côtés. Je m’apprête maintenant à essayer de déchirer ce nouveau lien qui se construit entre la poule et l’Homme, à lui redonner une place au sein de nos habitations.À travers la conception d’un poulailler qui devra répondre à la fois au besoin quotidien de la poule, son abri, son alimentation, son repos, puisqu'elle sera l’utilisatrice du poulailler et aux demandes de l’Homme,puisque c’est lui qui bénéficiera de la poule, de sa compagnie de ses œufs frais tout le matin, mais aussi du poulailler.C’est donc le sujet sur lequel je souhaite me concentrer, et je rajoute à ce cahier des charges que je viens de vous citer l’aspect esthétique, un poulailler qu’il ne faudra pas cacher au fond du jardin, il pourrait même être central comme une fontaine dans un jardin à la Française, un poulailler dont on sera fier de montrer nos poules de «Luxe ». MOT DE FIN Je souhaiterais vous parler de mon histoire et de comment, j'en suis arrivé à ce sujet.Je suis d'origine colombienne et ça fait cinq ans que je suis arrivé en France.J’ai grandi dans une région où la présence d'animaux de toute sorte fait partie du quotidien, plus précisément àSogamoso, un village agricole.Mes grands-parents étaient fermiers, j’ai donc grandi entre les poules, les vaches, les moutons qu’ils élevaient.J’ai vu mon grand-père tuer des moutons pour leur viande,magrande mère déplumer les poules pour les repas, et à chaque fois que nous voulions un verre delait, nous devions traire les vaches, les animaux existaient dans ma vie pour nous rendre service avectoutce qu’ils pouvaient nous apporter.Plus tard, j'ai eu une deuxième approche aux animaux, celle qui m’ontappris mes parents puisqu'ils sont biologistes. Les animaux de mon entourage étaient alors à mes yeux vus comme des espèces et pas comme des individus.Monregard sur les animaux était nettement scientifique, ce quiétaitimportantavant toutétaitleur étude et leur conservation.Finalement, à mes 12 ans, j’ai développé par moi-même une nouvelle approche.J’ai commencé à m’intéresser à l'aspect des animaux et à l’esthétique visuelle qu'ils dégageaient.Je m’intéressais à leurs couleurs, à leurs formes et à leurs allures.Je commence à collectionner des lépidoptères très colorés, je fais l’élevage des poissons d’ornement comme les combattants et je reproduit des oiseaux puisque leur chant et leur plumage coloré me fascinent.
TABLE DES MATIÈRES 05CHAPITRE I LA POULE AVANT LA POULE- LA POULE T-REX 07CHAPITRE IILE MESSAGER DES DIEUX 09CHAPITRE IIILE COQ VAINQUEUR 11CHAPITRE IV LE MESSAGER DES DIEUX 13CHAPITRE V « DESSINER » LA POULE DE L’AVENIR INTRODUCTION AVANT PROPOS AIDE À LA LECTURE AVANT LA POULE AVANT L’OEUF 0304MOT DE FIN 1719BIBLIOGRAPHIE 20ICONOGRAPHIEMOI POULE 15p. 18
BIBLIOGRAPHIE AGRICULTURE Cesaro, jean-daniel, élevage et urbanité, dans les villes développées ou en développement, quelles oppositions et quelles complémentarités? 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J.-C L’ANCIEN Pline Naturalis Historia, livre X, chapitre 48, an 77 Palladius l’Opus Agriculturae HUMOUR Extrait de la transcription du court-métrage, l'enfer c’est les oeuf, aaa productions, 2003 CHAVAROT André https://cutt.ly/HjSE6sy Francebienvenue2 explications des expressions utilisés dans le court-métrage, l'enfer c’est les oeuf, aaa productions, 2003 https://cutt.ly/tjSRd0P LITTÉRATURE-PHILOSOPHIE « ANONYME » Roman de Renart, 1310-1315 http://classes.bnf.fr/renart/ DE LA FONTAINE Jean fables, français, poche, 2005 ÉCOLE DE REIMS Haecpertus, Physiologus de Berne, 825 - 850HAVARD Christian, La poule, commère de la basse-cour, Milan, mini patte, 2000 LATINI Brunetto Li livres dou trésor MANE Perrine Black hen lays white egg or Chicken and medieval poultry houses XÉNOPHONLe Banquet, Traduction en français par Eugène Talbot, tome I, 1859 https://journals.openedition.org/ ethnoecologie/3246 SYMBOLE-RELIGION BLANC Nicole Pullus, gallus et gallina : déclinaisons antiques, in La Poule, Pratiques d’élevage et histoire culturelle,2017 https://cutt.ly/hjSoloB DE SAMOSATE Lucien, Le Songe ou le Coq, cité in Rita – H. Régnier, Oiseaux : héros et devins, l’Harmattan, Paris, 2007, p. 29-30. Bible de Vivien Première Bible de Charles le Chauve, 845-851 La Bible Nouveau testament, Evangile selon Saint Luc, Luc 22 : 59-61BNFManger en chrétien, Expositions virtuelles Bnfhttps://cutt.ly/8jDnfgf p. 19ARTVANMECHELEN Koen The Cosmopolitan Chicken Project
PSITT !ICONOGRAPHIE Le Poulailler, monographie des poules indigènes et exotiquesFigure 1, 3, 14, 15 CHARLES-ÉMILE Jaques Figure 2 Les « dinosaures reptiliens à la hanche » dont l'os pubien pointait vers l'avant, comme les reptiles, et les « dinosaures à la hanche d’oiseau. Figure 4 Le tyrannosaure pouvait atteindre maximum 19 km à l’heure.Collage numerique Figure 5 Étude, similitudes morphologiques poule-tyrannosaure Collage numerique Figure 6 L´être humain est de plus en plus grand. En un siècle, hommes et femmes ont pris plusieurs centimètres Figure 7 Un coq Gaulois LE PETIT Alfred Figure 8 Cage des poulets sacrés. Relief funéraire de Grottaferrata I détail. Rome, villa Albani Turcan Figure 9 Resserre pour les poules, au sein même de l’habitation. Rubrique : Œuf de poules. Ibn Butlan, enluminé vers 1450 en Rhénanie Tacuinum sanitatis Figure 10Poulailler aux murs en moellons et au toit en coupole, enluminé au xive siècle en France Roman de Renart Figure 11Poulailler sur pilotis. Rubrique : Œuf de poules. Ibn Butlan, Tacuinum sanitatis, vers 1395 en Lombardie Figure 12Poulailler dans les combles au-dessus de l’étable. Heures de la Vierge d'Hennessy, enluminées vers 1530 à BrugesBENING Simon et son atelier Figure 13 Mue. Rome, San Clemente, mosaïque de l’abside, xiie siècle Figure 16 Structure mobile pour les poules. Rubrique : Poules. Ibn Butlan, Tacuinum sanitatis, enluminé vers 1450 en RhénanieFigure 17 Poulailler dans la maison. Boccace, Décaméron, enluminé vers 1440 dans le nord de la France Figure 18 Vue de la Ville de Lyon en 1650 : gravure Figure 19Fermière et ses poules : Aquarelle sur Papier. 1912. L'oeuvre fut exposée au Salon de Dijon de 1912. COTARD DUPRÉ Thérèse Figure 20 Dirasa Lebih Mahal, Pilih Ternak Ayam Cemani , 2018 blokbojonegoro Figure 21Gallus œneus Figure 22Vincent Auriol à l'exposition avicole, Paris, porte de Versailles, 1947 Vin Figure 23, 25, 26, 28 Arrêt sur images : Le futur de l'élevage : l'élevage industriel Oice national de radiodiusion télévision française Figure 24 Figure 29 Couverture d’un livre à destination des agriculteurs, très populaire dans les années 1920-1930 Figure 30 Elevage industriel : Greenpeace épingle la Bretagne. La région répond Tanneau Figure 31 Chicken coop / battery cages in the 1950s: African American man dressed in white wearing a hat in a chicken coop. He is taking eggs out of the chicken cages. SLOAN Figure 32Arrêt sur image : En 2022, tous les œufs en boîtes devront être issus d'élevage de plein airLe Figaro Figure 33 Les cités dortoirs de banlieue sont conçues suivant les principes de la charte d'Athènes: des immeubles hauts, standardisés, non alignés sur la rue au milieu de "jardins" Paris projet ou vandalisme Figure 34 Poulailler en baterie Figure 35 Les immeubles de Lyon La Duchère, 9e arrondissement France Info Figure 36 J. -P Elléouët, sauveur de la Coucou de Rennes Le Télégramme Figure 37 La poule gasconne pond moins que les autres races gauloises. - Facebook "Noire d'Astarac-Bigorre - poule gasconne France bleu Figure 38 Poulet de Bresse la Volaille de Bresse.frCollage numerique Tacuinum sanitatis Tacuinum sanitatis Maison Rustique Poule-Rhode island SYLVESTRE JulesFigure 27Poule de chair Merci d'avoir pris le temps de me lire ! Je serai ravi de savoir ce que tu penses de mon travail ? N’hésite surtout pas à m'appeler... À m'écrire... À me contacter ! +33 (0)7 83 93 23 96 CAMILLO BERNAL Architecture intérieure & design Ecole camondo, diplôme 2021@camillo_bernal nestorcamilo.bernalacosta@ecolecamondo.net France 2020